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29.octobre.201829.10.2018
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[RussEurope-en-Exil] La situation économique de la France aujourd’hui, par Jacques Sapir

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(Cet article paraîtra dans un prochain numéro de la revue russe « Le Messager de la Philosophie et des Sciences Sociales » / Вестник философии и социальных наук)

La France connaît une situation difficile, marquée par une croissance faible, et ce depuis la fin de la crise de 2008-2010. Si la chute de la production au moment de la crise a été modérée, la France est au sein de l’Union européenne un des pays où la croissance a été particulièrement faible dans années post-crise. La situation économique du pays montre un changement net avec la période des années 1999-2006 où la croissance française était à l’époque supérieure à la moyenne des autres pays de l’Union européenne, et en particulier supérieure à la croissance économique allemande[1]. Très clairement, le pays affronte une crise de compétitivité. Mais, ce n’est pas la seule raison de la situation actuelle. L’économie française doit aussi faire face à une demande déprimée, une situation qui résulte à la fois des politiques conduites par les gouvernement Fillon (2010-2011) mais aussi par les gouvernements qui se sont succédés sous la Présidence de François Hollande (2012-2017). Le chômage reste donc très élevé, et s’aggrave même tandis que la situation financière du pays n’est pas stabilisée. Nous sommes donc loin des discours sur la « start-up nation », tenus par Emmanuel Macron au début de son mandat.

Une amélioration en trompe-l’œil ?

La première chose qui frappe est la différence avec l’année précédente, ainsi que les espoirs qu’elle avait suscités. La France a en effet connu cinq années de très faible croissance, de 2011 à 2016.

Graphique 1

Source : Données de l’INSEE. Le chiffre pour 2018 est une estimation.

Mais, alors que l’année 2017 avait été marquée par un relatif rebond de la croissance (1,9%), les six premiers mois de 2018 ont été décevants. Ils annoncent une croissance qui pourrait se situer entre 1,2% et 1,5%. La France semble donc engluée dans une situation de faible croissance économique qui fragilise sa position au sein de l’Union européenne. Il faut donc commencer par tenter de comprendre ce qui se passe.

Pour le deuxième trimestre 2018, le produit intérieur brut (PIB) en volume a progressé au même rythme qu’au premier trimestre : +0,2 %. Cette croissance a été plus faible que ce qui avait été prévu par le gouvernement. Les dépenses de consommation des ménages ont légèrement fléchi (−0, 1 % après +0,2 % au premier trimestre), tandis que la formation brute de capital fixe (investissement) se redresse nettement (FBCF : +0,8 % après +0,1 % au premier trimestre). Au total, la demande intérieure finale hors stocks contribue autant à la croissance qu’au premier trimestre (+0,2 point). Cette croissance de la demande est, pour la France, le principal moteur de la croissance actuellement. Mais, ce qui frappe est le fléchissement des dépenses de consommation des ménages, qui est à peine compensé par un investissement particulièrement fort.

Le commerce extérieur continue de faire sentir une influence négative sur la croissance. Les importations se sont fortement accrues ce trimestre (+0,7 % après −0, 6 %) et ce en dépit d’une croissance nettement plus faible de la demande des ménages ; il ne semble donc pas que celle-ci tire particulièrement les importations. Dans une moindre mesure, les exportations se sont aussi accrues (+0,1 % après −0, 4 %). Au total cependant, le déficit commercial de la France s’est encore aggravé. Cela traduit la persistance des problèmes de compétitivité de l’économie française. On constate ainsi que le solde extérieur contribue négativement à la croissance du PIB : −0, 2 point après +0,1 point au premier trimestre. À l’inverse, les variations de stocks y contribuent positivement (+0,2 point après −0,1 point). On voit que structurellement le commerce extérieur exerce un effet négatif sur la croissance, alors que les stocks n’exercent un effet positif que conjoncturellement (ils avaient baissé fortement fin 2017).

Revenu des ménages et politique fiscale du gouvernement

Le revenu disponible brut (RDB) des ménages se redresse en euros courants au deuxième trimestre 2018 (+1,1 % après +0,1 %)[2]. Cette évolution semble positive. Pourtant, on constate qu’elle ne se traduit pas par une hausse corrélative de la consommation des ménages. Ce qui pose la question de la répartition de cette hausse moyenne du revenu disponible brut sur la population. En fait, on peut penser que cette hausse a été concentrée sur les hauts revenus, ce qui expliquerait son faible impact sur la consommation des ménages.

Le léger ralentissement de la masse salariale brute (+0,7 % après +0,9 % au premier trimestre) est largement compensé par la baisse des impôts sur le patrimoine, principalement due au remplacement de l’impôt de solidarité sur la fortune (ISF) par l’impôt sur la fortune immobilière (IFI). Mais, cela signifie que ces baisses d’impôts ne vont être ressenties que par les ménages les plus riches (ceux qui payaient l’ISF). Or, la consommation est plutôt le fait des ménages à revenus modestes. Les prestations sociales reçues par les ménages progressent au même rythme qu’au trimestre précédent (+0,5 %). D’une manière générale, la politique fiscale du gouvernement tend à favoriser les ménages les plus aisés, ce qui aboutit à déformer la structure du revenu disponible net après impôts.

Les prix de la consommation des ménages ralentissent légèrement (+0,4 % après +0,6 %) en raison principalement de la hausse moins marquée des prix de l’énergie, de sorte que le pouvoir d’achat rebondit nettement au deuxième trimestre (+0,7 % après −0,5 %). Mesuré par unité de consommation pour être ramené à un niveau individuel, il rebondit également (+0,6 % après −0,6 %). Mais, les fortes augmentations du prix du gaz naturel devraient avoir directement et indirectement un impact négatif sur la consommation aux troisièmes et quatrièmes trimestres. Au deuxième trimestre 2018, la consommation des ménages a d’ailleurs fléchi légèrement alors que leur pouvoir d’achat se redresse. Par conséquent, le taux d’épargne augmente nettement : il s’établit à 14,3 % après 13,7 % au premier trimestre 2018. Cela indique que les ménages ne sont pas convaincus que la situation économique du pays va s’améliorer dans les prochains 18 mois, et qu’ils épargnent en conséquence.

Tableau 1

IR

Au deuxième trimestre 2018, le besoin de financement des administrations publiques (excès des dépenses par rapport aux recettes) augmente de 0,1 point : le déficit public s’établit à 2,5 % du PIB après 2,4 % et ceci sans préjuger de ce qu’il sera à la fin de l’année. Le gouvernement table sur un déficit public consolidé de 2,8% du PIB pour 2018. On sait que le gouvernement a fait de la réduction du déficit public l’un des principaux objectifs de sa politique. Mais, cet objectif ne pourra être atteint que si la croissance correspond aux estimations, car une large partie des recettes fiscales (la TVA notamment) dépend de la croissance du PIB nominal (aux prix courants). Aussi, avec une croissance réelle qui sera inférieure aux prévisions et une hausse des prix qui n’accélère pas, il est probable que le déficit soit supérieur aux prévisions.

Les dépenses sont pourtant en léger repli (−0,2 % après +0,6 %). En effet, les montants versés aux entreprises au titre du remboursement de la taxe à 3 % sur les dividendes continuent de baisser. Par ailleurs, la contribution française au budget européen et les subventions ralentissent, après un premier trimestre dynamique du fait notamment de la hausse du taux du CICE applicable aux salaires versés en 2017.Mais, de leur côté, les recettes fléchissent quelque peu (−0,3% après +0,1%), et cela principalement en raison du net repli des impôts sur le revenu et sur le patrimoine et de la moindre croissance de la TVA qu’espérée. Ce recul est dû à la baisse du taux de l’impôt sur les sociétés pour les bénéfices allant jusqu’à 500 000 €, et au remplacement de l’ISF par l’IFI.

La persistance du chômage de masse

La persistance d’un taux de chômage élevé dans l’économie française est un problème majeur de cette dernière depuis environ une quinzaine d’années. On l’a montré dans une précédente publication[3]. Il convient cependant d’aller plus loin. Le chômage au sens du BIT se situe autour de 9% de la population active. Mais, l’analyse des chiffres de la DARES nous donne une vision plus fine du problème.

Il faut savoir que, dans les publications courantes, seul les chiffres de la catégorie « A » sont retenus dans les publications « grand public » et dans la communication du gouvernement. Or, cette catégorie pose actuellement de nombreux problèmes. Or les chômeurs ne sont pas recensés QUE dans cette catégorie. Elle ne comptabilise que « demandeurs d’emploi tenus de faire des actes positifs de recherche d’emploi, sans emploi ». Or, nous avons aussi les catégories « B » et « D » des comptes de la DARES qui semblent toutes aussi pertinentes. Ces catégories sont ainsi définies :

  1. Catégorie B : demandeurs d’emploi tenus de faire des actes positifs de recherche d’emploi, ayant exercé une activité réduite courte (i.e. de 78 heures ou moins au cours du mois). On constate qu’il s’agit là de personnes employées à temps partiel inférieur à 50% de la durée légale du travail, sans que ce temps partiel résulte d’une demande de leur part.
  2. Catégorie D : demandeurs d’emploi non tenus de faire des actes positifs de recherche d’emploi (en raison d’un stage, d’une formation, d’une maladie, d’un congé maternité,…), sans emploi. Cette catégorie correspond à des personnes de la catégorie « A » qui ont été exemptées, pour des raisons diverses (mais toutes justifiées) de faire des « actes positifs de recherches d’emplois». Ces personnes correspondent donc bien à une partie des chômeurs.

On conçoit alors que quelqu’un ayant travaillé moins de 78h dans le mois corresponde, en réalité, à un chômeur tout comme un demandeur d’emploi non tenu de faire des actes positifs de recherche d’emploi et qu’il serait logique de tenir compte non pas de la catégorie « A » mais de l’agrégat des catégories « A », « B » et « C » pour avoir une vision plus réaliste de l’ampleur du chômage en France. Regardons alors l’évolution des chiffres depuis la fin de 2015 :

Tableau 2

Chiffres des catégories de la DARES, en milliers.

France métropolitaine.

Corrigés des variations saisonnières

A B D
T3-2015 3 550,1 705,9 282,9
T4-2015 3 579,2 713,4 278,6
T1-2016 3 561,7 715,7 272,2
T2-2016 3 519,9 721,1 291,1
T3-2016 3 510,5 725,9 320,8
T4-2016 3 470,8 722,7 338,7
T1-2017 3 484,6 719,5 318,4
T2-2017 3 485,4 727,4 300,3
T3-2017 3 499,5 751,6 285,2
T4-2017 3 469,2 747,4 276,4
T1-2018 3 435,9 760,8 261,8
T2-2018 3 440,5 755,5 255,3
T3-2018 3 456,8 771,6 269,9

Source : Base de données de la DARES. Chiffres pour la France métropolitaine.

Le total pour la catégorie « A » correspond bien à une diminution de 7 300 demandeurs d’emplois sur un an (du 3ème trimestre 2017 au 3ème trimestre 2018). Mais, du 3ème trimestre 2017 au 3ème trimestre 2018, la catégorie « B » a augmenté de 20 000 personnes, tandis que la catégorie « D » baissait de 15 300 personnes. Ainsi, l’ensemble pertinent pour mesurer le « chômage » n’a donc diminué que de 2 600 personnes. Il est ici évident que l’accroissement des « stages », payés par le gouvernement, est l’une des causes principales de la baisse de la catégorie « A ». Au total, le nombre de chômeurs s’élève à 4,498 millions alors que la catégorie « A » de la DARES n’en recense que 3,456 millions. La différence entre les deux modes de calcul s’établit à plus d’un million de personnes soit une accroissement de 30,1 % quand on calcule sur la base de l’agrégat proposé et non sur la seule catégorie « A ».

Dans le même temps, les catégories considérées comme représentatives du « quasi-chômage », soit des personnes qui sans être au chômage au sens strict du terme pourraient y retomber si la situation devenaient plus mauvaises, ont elles connu un accroissement important. C’est le cas de la catégorie en particulier de deux catégories, la catégorie « C » qui totalise les temps partiels contraints supérieurs à 50% de la durée légale du travail et qui a vu le nombre de personnes s’accroître de 55 600 du 3ème trimestre 2017 au 3ème trimestre 2018, ainsi que celle des emplois aidés, soit des emplois qui ne sont possibles que du fait de subventions directes de l’Etat, c’est à dire la catégorie « E » qui a elle diminué de 63 800 personnes. Ceci correspond à la décision du gouvernement de mettre fin a nombre de contrats aidés. L’ampleur du nombre des temps partiels contraints frappe à la lecture du tableau 3. Près de 1,421 personnes n’arrivent pas à trouver un emploi à temps plein, du fait de la mauvaise volonté des employeurs. Il y a 1,774 millions de personnes dans des situations de quasi-chômage. Il s’agit, pour l’essentiel, d’emplois dans les services et le commerce. Ce sont ces emplois qui fournissent la grosse majorité des « travailleurs pauvres » en France, mais ce sont aussi dans ces emplois que l’on rencontre le plus des conditions de travail scandaleuses, comme c’est le cas avec cette caissière d’Auchan qui a fait une fausse-couche faute de pauses[4].

Tableau 3

Evolutions des catégories « C » et « E », en milliers.

France métropolitaine

Données corrigées des variations saisonnières

C E
T3-2015 1 152,9 403,9
T4-2015 1 160,2 418,4
T1-2016 1 185,6 425,0
T2-2016 1 185,4 428,1
T3-2016 1 234,9 429,9
T4-2016 1 275,9 425,4
T1-2017 1 303,3 421,1
T2-2017 1 337,7 419,2
T3-2017 1 365,4 417,0
T4-2017 1 404,3 393,5
T1-2018 1 424,3 373,0
T2-2018 1 432,0 355,7
T3-2018 1 421,2 353,2

Source : idem tableau 2.

Il convient alors de remarquer que les chiffres du chômage et du quasi-chômage se traduisent, aussi, une détérioration rapide des conditions de travail et du droit du travail[5]. Dans les faits, la dégradation du travail, et du droit du travail est une réalité massive en France, et cette réalité va de concert avec le chômage. Ce qui provoque le chômage n’est pas une quelconque « rigidité » du contrat de travail, car aujourd’hui près de 80% des nouveaux emplois sont des emplois à durée déterminée ou des emplois précaires, mais bien le coût du travail, comparé aux autres pays, et en particulier à l’Allemagne, dans le cadre de l’Euro.

Le graphique (2) montre aussi que la crise de 2008-2010 n’est pas la cause principale de l’accroissement du chômage ces dix dernières années. Considéré au sens des trois catégories (A, B et D), le nombre de chômeurs saute de 2,6 millions à 3,5 millions du début 2008 au milieu de 2010. Il se stabilise alors pour repartir à la hausse du milieu de 2011 (réformes de François Fillon) au milieu de 2015 où il atteint 4,55 millions. Cette augmentation de 30% a eu lieu alors que la crise financière avait épuisé ses effets. Elle est donc directement imputable aux politiques d’austérité menées à cette période, mais aussi à la perte progressive de compétitivité de l’économie française. Cela montre bien l’importance de l’impact des politiques macroéconomiques sur la question du chômage.

Graphique 2

Données trimestrielles.

Source : Base de données de la DARES

On peut donc conclure sur ce point en affirmant qu’une partie non négligeable du nombre des chômeurs et des quasi-chômeurs résulte de la politique économique des divers gouvernements qui se sont succédés depuis une dizaine d’années, tandis qu’une autre partie renvoie à des causes plus structurelles comme le manque de compétitivité de l’économie française qui s’est aggravé depuis le début des années 2000.

La question de la compétitivité

La question de la compétitivité de l’économie française est donc un autre problème majeur qui doit être abordé dans toute tentative de bilan de la situation économique. La France, qui était en excédent commercial de 1998 à 2007, a basculé vers une situation de déficit commercial. En 1998, la France réalisait un excédent important, évalué à 55 milliards de dollars par le FMI. En 2018, la balance courante de la France devrait être en déficit de 25 milliards de dollars. Le décalage entre l’excédent commercial de l’Allemagne (plus de 260 milliards d’euros) et le déficit de la France (près de 22 milliards d’euros)[6] est donc marquant. La question de la compétitivité conduit à un débat entre la compétitivité liée à la qualité des produits et celle liée à leur coût[7]. La dimension de qualité est importante, mais elle est loin d’épuiser la question. En effet, les études récentes réalisées par le FMI montrent que la question du coût, et donc du taux de change, reste néanmoins fondamentale.

Graphique 3

Source : Fonds Monétaire International, World Economic Outlook Database, octobre 2018

En fait, les études du FMI[8] sur le commerce extérieur posent à nouveau le problème de l’Euro, et donc celui d’une sortie de ce dernier accompagnée de l’éclatement de l’Union Economique et Monétaire. Rappelons que la zone Euro a été instituée en 1999 pour la monnaie scripturale avant d’être étendu à la monnaie fiduciaire en 2002. L’Euro s’était déprécié fortement dans les premières années, et cela avait modéré l’impact négatif qu’il pouvait avoir sur les échanges internationaux. Mais, à partir de 2006 il commence à s’apprécier face au Dollar.

Cela a déséquilibré le commerce international de pays comme la France, l’Italie et l’Espagne. Mais, ces déséquilibrent se sont aussi manifestés dans le commerce à l’intérieur de la zone Euro. Ces derniers déséquilibres, souvent ignorés par les journalistes, ont un impact important car les pays de la zone Euro font entre 50% et 70% de leur commerce international au sein de la zone Euro. Ces déséquilibres ont été estimés dans plusieurs études réalisées par le FMI, en 2015, 2016 et 2017 sur la base de ce que l’on appelle le « taux de change réel » qui compare alors l’inflation entre les pays, les mouvements de la productivité et qui établi ainsi le niveau auquel devrait se trouver le taux de change pour que le commerce international soit à l’équilibre.

Cela permet alors de calculer le besoin en ajustement du taux de change réel, soit par une dépréciation, soit par une appréciation de la monnaie et permet ainsi de vérifier quels sont les pays dont le taux de change est surévalué et quels sont les pays dont le taux de change est sous-évalué.

L’écart potentiel entre la France et l’Allemagne apparaît bien dans ces études. L’économie française souffre à l’évidence d’une surévaluation liée à l’existence de l’Euro[9] qui l’empêche d’ajuster normalement son taux de change, surévaluation que l’on peut estimer entre 26% et 43% avec l’Allemagne.

Tableau 4

Ampleur des appréciations/dépréciations des taux de change en Euro par rapport au taux de change réel (REER)

Ajustement moyen Ajustement maximal Ecart avec l’Allemagne

(normal-Maxi)

Ecart avec la France

(normal-Maxi)

France +11,0% +16,0% 26-43%
Italie +9,0% +20,0% 24-47% +2/-4%
Espagne +7,5% +15,0% 22,5-42% +3,5/+1%
Belgique +7,5% +15,0% 22,5-42% +3,5/+1%
Pays-Bas – 9,0% -21,0% 6-6% -20/-37%
Allemagne -15,0% -27,0% -26/-43%

Source : écart des taux de change réels dans le FMI External Sector Report 2017

Voir http://www.imf.org/en/Publications/Policy-Papers/Issues/2017/07/27/2017-external-sector-report

Une surévaluation est indiquée par un (+) et une sous-évaluation pat un (-).

 

Cela est dû à la fois à la surévaluation générale impliquée par l’existence de l’Euro (par rapport au Dollar ou au Yuan), mais aussi à la sous-évaluation qu’entraîne l’Euro spécifiquement pour l’Allemagne[10]. On voit que le montant de l’écart est tel qu’il ne peut être combattu par des changements dans la structure de la fiscalité (et de la parafiscalité) en France, car ces changements jouent au maximum sur 5% à 10% du coût. Si des pays comme l’Italie et comme l’Espagne ont retrouvé un équilibre de leur balance commerciale c’est essentiellement en comprimant brutalement leur demande intérieur et en diminuant ainsi le montant de leurs importations. Leurs exportations ne se sont pas améliorées significativement ces dernières années.

Retenons de que les prix nominaux entre la France, l’Italie, l’Espagne et la Belgique et l’Allemagne seraient en forte variation, d’une moyenne de 23% à un maximum de 43%. Cette variation serait due en priorité à la réévaluation du « nouveau Deutschemark » bien plus qu’à la dépréciation des monnaies des 4 pays considérés. Les taux de change entre ces 4 pays ne bougeraient que peu. Par rapport au « reste du monde » (i.e. la « zone Dollar » et les pays n’utilisant pas l’Euro), le décalage serait bien moindre, de 10% à 15% en moyenne.

On doit tenir compte de la différence entre la situation de la France et celle de l’Italie, l’Espagne et la Belgique. La France est un des pays les moins intégrés dans l’UEM. Elle ne réalise, en moyenne, que 55% de ses échanges avec les autres pays de l’UEM. Par contre, le niveau d’intégration de l’Italie, de l’Espagne et de la Belgique est bien plus élevé, variant entre 65% et 70%.

L’Euro apparaît bien comme la raison principale de la perte de compétitivité française et, de ce point de vue, porte une très forte responsabilité sur le maintien du chômage à un niveau très élevé et sur une croissance particulièrement faible.

La situation économique de la France apparaît donc comme difficile alors que l’année 2018 se termine. La conjoncture reste maussade, et cela traduit notamment l’impact des politiques macroéconomiques poursuivies depuis maintenant de nombreuses années. La politique mise en œuvre par Edouard Philippe, le Premier-ministre d’Emmanuel Macron, n’échappe pas à la règle. Ces politiques macroéconomiques amplifient le ralentissement de la croissance qui se manifeste dans la zone Euro depuis ces derniers mois. Mais, les problèmes de l’économie française vont au-delà de la conjoncture, comme le montre le problème du chômage. Ils s’enracinent autour d’un problème majeur de compétitivité, problème lui-même relié à l’existence de l’Euro. Tant que le gouvernement français n’affrontera pas cette réalité, il sera condamné à des politiques économiques relevant d’un bricolage futile et pleinement incapables de ramener la France sur le chemin d’une forte croissance, qui est seule capable de faire significativement diminuer les chiffres du chômage.

Notes

[1] Ragot X., Le Moigne M., « France et Allemagne : une histoire du désajustement européen », Revue de l’OFCE, n°142, 2015, pp : 177-232.

[2] Le pouvoir d’achat rebondit au deuxième trimestre – Informations rapides – n° 247 | Insee, https://www.insee.fr/fr/statistiques/3615422

[3] Sapir J. « Le chômage et la honte de nos gouvernants », note postée sur RussEurope le 27 décembre 2016, https://russeurope.hypotheses.org/5551

[4] http://www.ouest-france.fr/economie/entreprises/auchan/une-salariee-accuse-auchan-de-negligence-apres-sa-fausse-couche-4706736

[5] https://fr.sputniknews.com/radio_sapir/201612221029306182-chomage-bilan-francois-hollande/

[6] http://www.lepoint.fr/economie/france-le-deficit-commercial-se-creuse-encore-en-novembre-09-01-2018-2185003_28.php

[7] Marty, Frédéric (2012), « Concurrence et politique industrielle : analyse de logiques distinctes », in de Beaufort V. (s.d.), Entreprises stratégiques nationales et modèles économiques européens, Bruxelles, Bruylant.

[8] Voir http://www.imf.org/en/Publications/Policy-Papers/Issues/2017/07/27/2017-external-sector-report et http://www.imf.org/en/Publications/Policy-Papers/Issues/2016/12/31/2016-External-Sector-Report-PP5057

[9] Stiglitz, Joseph (2016), L’Euro : comment la monnaie unique menace l’avenir de l’Europe, Paris, Les liens qui libèrent.

[10] Ces travaux ont été confirmés par l’étude réalisée par S. Villemot, B. Ducoudré et X. Timbeau, « TAUX DE CHANGE D’ÉQUILIBRE ET AMPLEUR DES DÉSAJUSTEMENTS INTERNES À LA ZONE EURO » in, Revue de l’OFCE, n° 156 (2018), pp : 1-32.

Commentaire recommandé

david // 29.10.2018 à 07h58

On arrêtera de rêver sur le dos des générations futures… et on paiera nos importations à leur vrais prix. On générera de l’inflation au lieu de la dette.
Accessoirement,on rebâtit un appareil productif en phase avec notre économie…
Bref de la sueur, du sang et des larmes mais c’est le prix du destin humain.

41 réactions et commentaires

  • Jiojio // 29.10.2018 à 07h41

    L’euro est une chose, mais quid du reste ? Quand on en serait débarrassé que ferait on (« Putain qu’est-ce qu’on va faire maintenant ? Comme Chirac ? » )

      +3

    Alerter
    • david // 29.10.2018 à 07h58

      On arrêtera de rêver sur le dos des générations futures… et on paiera nos importations à leur vrais prix. On générera de l’inflation au lieu de la dette.
      Accessoirement,on rebâtit un appareil productif en phase avec notre économie…
      Bref de la sueur, du sang et des larmes mais c’est le prix du destin humain.

        +27

      Alerter
      • jules vallés // 29.10.2018 à 09h52

        Et les générations futures quand vont elles nous rembourser les investissements structurels qu’on a payés ? à commencer par les maternités (celles qu’on n’a pas encore fermées)* ?
        *On les ferme pour diminuer les remboursements de dettes pour les « générations futures », alors, on ne pense pas à eux?

          +5

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        • BOURDEAUX // 29.10.2018 à 15h45

          Faut arrêter avec ces fallacieux « investissements structurels ». Quand on construit une maternité l’année 1, une école l’année 2, un pont l’année 3, etc…vos investissements structurels portent un nom : FRAIS DE FONCTIONNEMENT. Le genre de frais qu’il vaut mieux payer cash, dans la vraie vie…

            +3

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          • Larousse // 30.10.2018 à 18h04

            Qu’est-ce que ça veut dire « fallacieux investissements structurels » ??? Si les Français arrêtaient de faire plus d’enfants que les autres européens, alors pas besoin de maternités en plus ! d’écoles à rénover ou à agrandir ! non ? et par là arrêtons d’entretenir les routes, trous, nids de poule en plus ! donc des accidents en plus ou des amortisseurs ou roues qui se voilent ! des morts ou des handicapés à vie, pourquoi pas !!! Et par temps de pluie, c’est déjà plus de marquages blancs visibles parce que très peu repeints ! ( au point de rouler entre 60 et 70 pour éviter le fossé même sur des nationales ou alors c’est le chacun pour soi avec des automobilistes qui trichent avc des ampoules led surpuissantes et bleues, merci ! merci quand ils ne règlent même plus la hauteur de leurs phares !!! alors qu’on nous bassine depuis 2 ans avec des voitures autonomes – au fait un marquage blanc fluorescent est nécessaire à certaines caméras non ?
            D’accord pour arrêter d’investir n’importe quoi, mais il faut quand savoir de quoi vous parlez et mettre tout mais vraiment tout sur la table !!!

              +1

            Alerter
            • BOURDEAUX // 31.10.2018 à 09h13

              vous ne m’avez pas compris. Je conteste juste ce mauvais argument de « l’investissement productif » pour justifier de financer toutes nos infrastructures par la dette. Car je constate que des maternités, des écoles, etc…on en construit tous les ans : donc,finalement il faudra bien un jour que l’état ajuste ses ressources pour payer tous ce trucs-là chaque année. Ca permettra à chacun de se remettre les yeux en face des trous !

                +0

              Alerter
      • K // 29.10.2018 à 16h31

        David fait simplement remarquer que l’euro fait baisser les performances de l’économie francaise. Cette baisse devrait se traduire par une baisse du niveau de vie. Mais puisque la génération actuelle veut rester dans l’euro mais ne veut pas supporter la baisse du niveau de vie qui va avec, l’Etat s’endette pour maintenir le niveau de vie. Mais puisque le deficit d’aujourd’hui est l’impot de demain, cela veut dire que l’on maintient le niveau de vie de la génération actuelle en dimininuant celui de la prochaine génération. Tout le monde reconnaitra que ce n’est pas très élégant que de faire payer ses factures par ses petits enfants (de surcroit sans leur consentement).

        Quant aux petites maternités, leur maintient ne bénéficie pas aux bébés (ça ne change rien pour eux) mais aux parents (pour leur éviter d’acoucher à 100km de leur domicile). L’exemple est donc mal choisi.

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        • Le Minotaure // 03.11.2018 à 15h52

          La dette mondiale représente aujourd’hui 325% du PIB mondial. Le problème de la dette touche la quasi totalité des pays du monde. Elle trouve sa source dans deux tendances contradictoires : 1. La nécessité pour les entreprises de baisser le coût du travail (direct ou différé via les systèmes de retraites ou les services publics) pour dégager des marges de profit 2. La nécessité pour les même entreprises d’écouler leurs produits sur un marché globalement stagnant, du fait de la même baisse du coût du travail. Cette contradiction irrésoluble à long terme ne peut être surmontée (un temps) que par l’explosion de l’endettement. Endettement des ménages,des entreprises et des Etats.

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    • Marie // 29.10.2018 à 08h47

      On redeviendrait maître de notre politique budgétaire et de notre politique monétaire, donc libres de dévaluer (ou l’inverse), et en période d’échanges internationaux croissants, on pourrait améliorer nos balances, commerciale et des paiements.Entre autres…

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  • Pierre D // 29.10.2018 à 08h09

    Il va y avoir un moment où il va falloir arrêter de considérer la baisse du PIB et l’augmentation du chômage comme des calamités.

    Il faut savoir ce qu’on veut au pays de la Cop 21… causer ou faire.

    La libération de l’homme du travail et la diminution de la gabegie de la loi de l’offre capitaliste sont de bonnes nouvelles.

    L’augmentation des taxes sur les carburants va dans le bon sens en diminuant la pollution automobile et en dissuadant le stockage des paquets de nouilles sur autoroutes par les entreprises de logistique et en contribuant activement à la baisse du PIB.

    … de l’anti-Trump (… primaire).

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    • Pepin Lecourt // 29.10.2018 à 09h24

      «  » Il va y avoir un moment où il va falloir arrêter de considérer la baisse du PIB et l’augmentation du chômage comme des calamités.  »
      Le plus difficile sera de le faire comprendre au chomeur, surtout lorsqu’on viendra lui couper l’électricité, le gaz et l’eau !
      Ces gens là sont peu disposés au débat !

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      • Pierre D // 29.10.2018 à 16h41

        Alors attendez-vous à ce qu’il y ait de moins en moins de débats si nous ne changeons pas notre regard sur le chômage.

        https://www.businessinsider.fr/robots-remplacent-emplois-humains-impact-important-pays-riches

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        • step // 05.11.2018 à 17h18

          en l’occurrence de plus en plus !!
          petite coquille dans le texte du grand jacques:’mais de l’agrégat des catégories « A », « B » et « C » »… « A,B, et D » évidemment.

          Sinon, il passe sous silence pour moi une catégorie de chomeur bien mal estimée. Ceux qui sont sans emploi et qui ne FONT PLUS de démarche de recherche de travail… et qui pourtant n’en ont pas. les découragés ? combien de centaines de milliers ??

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    • Les Mouches // 02.11.2018 à 13h28

      La « pollution automobile », comme si nous n’étions pas capables de faire des voitures propres…et vous ignorez que les 40 plus gros portes conteneurs polluent autant que le parc auto mondial, donc la meilleure lutte contre la pollution c’est la dé-mondialisation, le produire local, ce que nous ne pouvons pas faire dans notre chère UERSS. Ils me font rire ceux qui parlent d’écologie à grands coups de cop 21…croire en ce genre de traité, c’est aussi ridicule que de croire au Père Noël…

      Lorsque la baisse du PIB se traduira par l’arrêt du progrès technologique, de la diminution de la qualité de vie, nous reparlerons de « ne pas considérer cela comme une calamité ».

      Et que l’augmentation du chômage ne soit pas important pour vous démontre le peu d’intérêt que vous portez pour la personne humaine. Si se retrouver au chômage avec une famille à nourrir, voir des dettes sur le dos et aucune visibilité à horizon quelques mois ne trouvent pas de respect à vos yeux je vous propose de laisser votre emploi à un autre…

      Bref, comme beaucoup malheureusement, on devine beaucoup d’idéologie dans vos propos, peu de raisonnements basés sur le réel…mais une fierté d’être « anti-Trump », une âme égarée en somme.

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  • calal // 29.10.2018 à 08h22

    demande deprimee?
    lol bien sur puisque les babyboomers, nombreux et riches, sont en train de passer l’arme a gauche.
    Et encore, j’en connais qui a un age etonnant,ont eu l’approbation de leur LOA pour leur voiture.A 75ans,c’est la premiere fois de leur vie qu’ils roulent en mercedes…
    on vit une epoque formidable…

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    • Malthus // 29.10.2018 à 11h05

      C’est ça le problème: il y en a toujours qui veulent AVOIR plus que les autres. Au lieu de réfléchir à ce dont ils ont réellement besoin. Et de s’en contenter.

      Quant à la demande déprimée, elle est une conséquence des politiques d’austérité et d’une répartitions TRÈS inégalitaires des revenus et des fortunes qui s’investissent pour une grande partie dans les circuits financiers (comprendre jeux de casino ou de monopoly – aucun intérêt pour l’économie réelle, sauf que celle-ci peut être mise en danger par celle financière). Et des délocalisations qui font diminuer sur le plan national la circulation de l’argent entre les acteurs économiques.

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      • Pinouille // 29.10.2018 à 11h42

        « C’est ça le problème: il y en a toujours qui veulent AVOIR plus que les autres. »
        Connaissez-vous beaucoup d’individus qui veulent avoir moins que les autres?
        Connaissez-vous un moyen d’empêcher de vouloir?

        Quand un problème n’a pas de solution, ce n’est pas un problème, mais une donnée d’entrée.

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        • jp // 29.10.2018 à 16h25

          « Connaissez-vous beaucoup d’individus qui veulent avoir moins que les autres? » oui, ma fille, mon gendre et moi.
          On se traine une réputation de radin, c’est le plus difficile à assumer, quoique avec le mot « décroissant » on s’en tire

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        • moshedayan // 30.10.2018 à 18h26

          Vous allez hurler mais en Tchécoslovaquie socialiste, tout le monde roulait en Skoda, Lada ou parfois Wartburg et mes amis me disent qu’on était pas plus malheureux, on avait un sentiment d’égalité relative ! Donc y avait pas de quoi lorgner avec envie sur les autres ! Le soin de l’ascension socialiste consistait surtout à avoir un maison confortable ou une maison secondaire et là encore les inégalité étaient moindres.

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          • Pinouille // 30.10.2018 à 20h35

            « Vous allez hurler  »
            Du tout. Je ne suis pas opposé « par principe » à une société plus égalitaire. Bien au contraire, je suis tout comme vous convaincu qu’une société plus égalitaire serait plus pacifiée, peut-être même (pas systématiquement) globalement plus heureuse, etc…
            Mais je me borne à constater qu’un tel système nécessite d’une manière ou d’une autre la réduction des libertés individuelles. Or ces libertés individuelles sont à la base de toute création, et notamment de création de richesses. La nature humaine est ainsi faite.
            Aussi, tout projet égalitariste sera, quoi qu’on en dise, économiquement moins performant qu’un projet libéral. Et comme l’économie est un point central à la survie d’une organisation, son destin est scellé en concurrence avec un projet libéral un peu bien ficelé.

            En toute sincérité, je pense que cette position n’a absolument rien de dogmatique/idéologique. Elle résulte juste d’une représentation qui se veut la plus neutre/objective du monde et des hommes. Et si cette représentation est amenée à changer, je n’en ferais pas un drame: aucune passion.

            En revanche, toute considération qui prétend changer la nature humaine (ref: empêcher les hommes de vouloir avoir plus que les autres, éduquer/formater les hommes pour les rendre plus compatibles avec les idéaux égalitaires ou autres, etc… les propositions de ce genre ne manquent pas sur ce blog) EST un dogme. Le problème, c’est la confrontation de ces dogmes avec la réalité: ça-ne-mar-che-pas.

            Ce qui m’interpelle (ou me fait hurler pour reprendre vos termes, mais ce n’est pas trop mon style), c’est la réaction hostile/haineuse de beaucoup à toute critique de ce qui m’apparaît être des dogmes qui ne peuvent pas marcher.

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          • BOURDEAUX // 31.10.2018 à 09h36

            Je partage entièrement la réponse de pinouille. Le problème avec ce système socialiste fatalement autoritaire (nature humaine oblige…), c’est le nombre d’heures de travail qu’il fallait pour s’acheter un manteau ou une paire de chaussures, c’est l’obligation de glisser la pièce au médecin pour se faire soigner (la prétendue médecine socialisée est un mythe), et en fin de course, la nécessité de museler la presse, la nécessité du parti unique, pour empêcher que quiconque puisse faire le constat que le pays s’appauvrit. Le capitalisme libéral a, certes, des défauts insupportables, mais j’observe que les mouvements migratoires du monde sont faits de pauvres diables qui fuient des pays socialisés pour aller chercher de meilleures conditions de vie dans « l’enfer capitaliste », jamais en sens inverse…

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        • Pierre C // 02.11.2018 à 14h22

          Je ne veux pas « plus » que les autres, je veux avoir « suffisamment ». C’est un exemple non représentatif limité à ma personne mais bon. La différence tient entre autres à :
          – la non comparaison en terme de valeur entre mes possessions et celles de autres. Je compare plutôt mon bonheur à celui des autres (totalement subjectif je l’accorde).
          – mon éducation qui me fait penser en terme de valeur plutôt qu’en quantité. Mon père m’a simplement dit qu’un objet devait être solide, sinon il est inutile.
          – ma propre vision du monde, vision de jeune de 20 ans, qui considère la planète comme un écosystème dans lequel je vais vivre moi et mes enfants, et que mes parents et grands parents ont salopé. Comme je ne compte pas mourir prochainement (contrairement à la plupart d’entre qui me lisez, c’est statistique) je fais gaffe à ne pas trop niquer mon espace de vie. Donc consommer moins, polluer moins, réfléchir plus, et me contenter de moins, que tous les vieux.

          Finalement, tous ces cancers et polluants risquent de tuer les principaux responsables du massacre des peuples et du vivant, bien avant les pseudos révolutionnaires du salon présents sur ce site ! (Vous êtes néanmoins très intéressants à lire 🙂 )

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          • Pinouille // 07.11.2018 à 15h36

            Ma réponse est tardive et a peu de chance d’être lue…

            Je reconnais dans votre réponse la gouaille d’un jeune de 20 ans plutôt bien éduqué: sentiment un chouia naïf de supériorité intellectuelle et morale sur les anciennes générations, qui transpire malgré une humilité affichée, et peut-être un peu sincère 🙂 . Nous avons eu votre âge.

            Deux remarques sur votre commentaire:
            – En admettant que des dispositions comme la vôtre puissent permettre de vivre plus sereinement et sauver l’environnement, encore faut-il qu’elles soient largement partagées. C’est souhaitable, mais je ne puis réprimer un fort doute à ce propos: pourquoi votre génération serait-elle plus sage que les autres? Pourquoi serait-elle mue par d’autres mécanismes que ceux qui ont gouvernés l’humanité depuis la nuit des temps? Certains s’accrochent à l’espoir que l’éducation puisse transformer l’homme. Ce n’est vrai que dans une certaine proportion. Et par ailleurs, votre génération a subi de fortes inégalités en terme de qualité d’éducation. Bref: je doute que votre état d’esprit soit représentatif de celui de votre génération. Et peut-être serez-vous amené à en changer: vous verrez bien.
            – Mais admettons tout de même que votre génération adopte d’un seul chef ce mode de vie en France. Allons au bout du scénario. Cela signifie décroissance acceptée et pacifique. Donc baisse des richesses (au sens cla$$ique). Donc baisse de la force commerciale et militaire. Donc perte de pouvoir et d’influence à l’international. Un tel pays devient vite la proie facile de puissances prédatrices. Et la tentation sera d’autant plus forte que la France serait alors un des rares pays où la nature est préservée, ce qui représentera une richesse convoitée. En résumé: vous ouvrirez peut-être le flanc à la vassalisation.

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  • Henry // 29.10.2018 à 10h28

    Si j’ai bien compris, une des causes de nos problèmes est qu’on « échange » (commerce) peu avec nos voisins Européens, alors que l’UE nous a été vendue avec cet argument.

    Questions :
    1/ Pourquoi ? pourquoi commercons-nous si peu avec nos voisins ?
    2/ Si ce n’est pas avec nos voisins, avec qui commercons nous ? La Chine ?

    Questions subsidiaires :
    L’article évoque la qualité des produits français, et leurs couts. Cela signifie t’il que nous produisons de bons produits, mais trop cher ?
    Ceci m’ennuie, car quand on parle de « baisser le cout du travail » cela signifie en fait baisser les salaires.
    Et je vois mal comment fabriquer de la qualité avec des salariés mal payés…
    Et qu’on ne me parle pas des Chinois ou des Allemands. Je parle de travailleurs, pas d’esclaves.

    Merci et bonne journée.

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    • Les Mouches // 02.11.2018 à 13h33

      Baisser le coût du travail n’implique pas nécessairement la baisse des salaires…Avec de l’argent public bien géré, la France pourrait être à l’équilibre budgétaire et ainsi effectuer des baisses de charges.
      Entre les charges patronales et salariales, il y a un joli pactole à redonner soit aux entreprises soit aux salariés.
      Il faut simplement faire des choix budgétaires courageux: lutte contre la fraude fiscale, le budget européen, la fraude sociale, la lourdeur administrative, etc…effectivement, ceci suppose de sortir de l’UE mais le jeu en vaut la chandelle!

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  • Sam // 29.10.2018 à 11h07

    « Ramener la France sur le chemin d’une forte croissance »…
    Il va falloir faire vite alors, parce que la planète ne nous supportera plus très longtemps…

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  • Freddi // 29.10.2018 à 12h06

    Il faudra qu’on arrête de nous bassiner avec la sacro-sainte Croissance (alléluia).
    En thermodynamique, croissance du PIB = croissance du CO2.
    Et si on parlait plutôt de la croissance du partage des biens qui remettrait à jour ce qu’on appelle la fraternité.

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    • Dominique65 // 29.10.2018 à 12h46

      « En thermodynamique, croissance du PIB = croissance du CO2. »
      Cette équation est économique, pas physique. L’augmentation du CO2 est évidemment proportionnelle à l’essence brûlée dans les activités terrestres. En ce qui concerne la circulation automobile, plus on remplacera l’essence par le gasoil, plus on augmentera l’émission de CO2, sans que la croissance y gagne quoi que ce soit (et ça qui augmente le déficit). A ce propos, j’ai dernièrement loué une Clio en vacances, effectué 950 km avec 26 litres de gasoil. On peut dire que c’est 26 litres de trop, mais combien aurait-ce été avec une voiture essence ?

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      • Antoine // 01.11.2018 à 21h49

        « plus on remplacera l’essence par le gasoil, plus on augmentera l’émission de CO2 »

        Non, c’est l’inverse! Les moteurs Diesel rejettent moins de CO2 que les moteurs à essence du fait de leur meilleur rendement.

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        • Dominique65 // 02.11.2018 à 12h14

          Oui, bien sûr. Je voulais dire plus on remplacera le gasoil par l’essence, comme le démontre la suite du post. Et pourtant je me relis.

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    • Les Mouches // 02.11.2018 à 13h38

      Donc vous ne tenez pas compte du fait que le progrès technologique, s’il n’était pas bloqué par une oligarchie en place, pourrait nous permettre de largement fausser votre équation.
      Il suffit d’une maîtrise de la fusion pour la rendre caduque.

      La croissance peut aussi être bien gérée et les choix peuvent être bons.

      Que les inégalités soient un des problèmes au progrès, les travaux de Stiglitz là-dessus sont clairs, mais ils ne sont pas une finalité, c’est une mafia de technocrates qu’il faut faire chuter. Le partage sans contreparties n’a jamais apporté de « fraternité », à part en cours de communisme soviétique.

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  • Macarel // 29.10.2018 à 13h07

    Sortir de l’euro pour retrouver la croissance, soit.

    Mais croissance de quoi, et décroissance de quoi ? C’est bien cette question qu’il faut se poser.

    Car si l’on retrouve le franc pour continuer les mêmes conneries en terme de destruction de l’environnement, je ne vois pas l’intérêt.

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    • Max // 29.10.2018 à 15h09

      C’est une question de timing. Avec le retour de la grande pauvreté en France, il y a un grand besoin de respiration, de prospérité partagée par tous, avant d’entreprendre des changements de plus long terme.

      Par exemple, beaucoup de gens plus ou moins précaires font des kilomètres pour aller travailler. Dans l’immédiat, un certain nombre d’entre eux ne peuvent pas forcément s’en sortir autrement, et on ne peut pas réorganiser instantanément la société pour éviter ça.

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    • K // 29.10.2018 à 19h17

      Vous ne voyez pas l’intérêt?!
      L’intérêt est de faire baisser le chomage, améliorer les revenus, éviter que tous les jeunes emigrent, donner un future au pays et à ses habitants… Rien que ça

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    • red2 // 30.10.2018 à 17h44

      Mais croissance chez nous peut aussi vouloir dire re-equilibrage avec l’Allemagne (hausse du pib chez nous, perte du PIB indu qu’ils ont piqué a leurs voisins chez eux …) donc au total pas forcement un augmentation globale

        +0

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  • jdautz // 29.10.2018 à 14h17

    « Une amélioration en trompe-l’œil ? » Tssssss, encore un ignare qui maîtrise mal le Français politique et n’a pas compris l’essence des concept comme l’amélioration négative ou la destruction positive, voire la création de valeur par la destruction du capital et des moyens, l’amélioration du taux de chômage par la destruction des emplois et tout ça…

    Ça me fait penser que il y a quelques années les retraités jouaient contre les jeunes et pour « leur sécurité », dans un conflit générationnel soigneusement orchestré, et il arrive ce qu’on avait prédit a l’époque, ils l’ont maintenant à leur tour dans le [### CENSORED ###].

    Pas de défense possible contre les gros prédateur sans solidarité. C’est vrai aussi pour les immigrés actuellement. Il y a un truc sur lequel on gagne a tous les coups avec les gens qui oublient a quoi sert d’être solidaire : « Ayez peur, je m’occupe du reste ».

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  • Nanie // 30.10.2018 à 07h09

    Le redressement économique souhaité est certes inhérent à la compétitivité et à l’euro…..ce qui implique la nécessité de produire davantage et toujours plus au détriment des salariés qui seront réduits à l’esclavage coûte que coûte…ou au chômage en masse lorsqu’ils seront remplacés par des robots…

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  • Cédric // 31.10.2018 à 08h35

    ma génération de quadra a déjà été sacrifiée, la suivante j’en parle même pas. tout ça pour une certaine idéologie qui nous coûte la peau du cul, mais bien sûr faut pas en parler. la suite va être vraiment drôle, j’ai hâte.

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  • Bernadette // 31.10.2018 à 16h22

    Merci Monsieur Sapir pour l’analyse économique actuelle.
    Encore et encore des tableaux, des diagrammes,
    des histogrammes qui ne reprennent que des données triées informatiquement.
    Pensez vous qu’il faille bloquer le pays le 17 novembre pour faire le coût des carburants ?

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  • Derek // 01.11.2018 à 11h30

    Pour une fois que je peux lire un article de Sapir sans m’étrangler. Ca me fait plaisir de voir qu’il rejoint l’école monétariste en attribuant les causes de notre stagnation avant tout à un facteur monétaire. Encore un peu d’effort, et on sera proche de Milton Friedman.
    Je note quand même qu’au milieu d’une argumentation scientifique assez bien construite et difficile à challenger, il nous glisse un petit couplet sur la responsabilité des politiques d’austérité sur la faible croissance… de la pure idéologie qui n’a rien à voir avec le reste de l’article et son fil scientifique. C’est un peu bête, ça décrédibilise le reste de l’argumentation … En plus, ça me paraît contradictoire: si le problème actuel principal est le manque de compétitivité dû à une monnaie surévaluée, la demande intérieure ne pèse pas grand chose. D’ailleurs, il s’emmêle les pinceaux en expliquant que la croissance récente du revenu disponible n’influe pas sur la demande intérieure parce que ce sont les riches qui en touchent les dividendes et qu’ils ne dépensent pas (ce qui est faux et contraire aux faits), encore une assertion idéologique non prouvée qui réduit l’impact de ce très bon article.

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  • Jacques // 01.11.2018 à 19h46

    Certains des « arguments » que l’on peut lire ici sont rien moins qu’hallucinants !
    J’ai une « méthode » bien plus simple pour résoudre la crise …

    – suppression du SMIC

    – suppression des pensions de retraites

    – suppression des remboursements de frais médicaux

    – suppression des allocations chômage

    – augmentation des impôts (notamment la TVA sur les produits alimentaires car il est impossible de s’en passer)

    Prévoir aussi, avant l’annonce de ce « plan » de rigueur, de mobiliser l’armée avec ordre de tirer à vue sur tout rassemblement de plus de trois personnes sur la voie publique !

    Ne pas oublier de prévoir l’usage de la bombe à neutrons qui présente l’avantage de détruire la vie en empêchant les cadavres de pourrir sans provoquer pour autant de destructions massives des bâtiments …

    Comme chacun peut le voir, en matière d’imbécilité , je surpasse tout le monde !

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