Source : Le Monde, AFP, 08-05-2019
Le texte a suscité la colère des défenseurs des droits de l’homme, des géants des nouvelles technologies et de la presse, qui dénoncent une entrave à la liberté d’expression.
Le Parlement de Singapour a voté mercredi 8 mai une loi drastique pour lutter contre les infox, qui permettra aux autorités d’ordonner le retrait de contenus, malgré les protestations de géants des nouvelles technologies, de médias et de défenseurs des droits de l’homme.
Cette loi donne au gouvernement le pouvoir d’ordonner à des sites comme Facebook et Twitter d’ajouter des messages de « correction » à côté des posts jugés faux par les autorités singapouriennes, voire de les retirer. Les compagnies risquent une amende pouvant aller jusqu’à un million de dollars de Singapour (658 000 euros). Les personnes reconnues coupables encourent des peines de prison pouvant aller jusqu’à dix ans.
« Des pouvoirs sans contrepoids »
Le gouvernement de la cité-Etat, critiquée de longue date pour les entraves à la liberté d’expression, a expliqué que ces mesures étaient nécessaires afin de lutter contre les fausses informations qui, selon lui, menacent la sécurité nationale et peuvent semer la division au sein de ce pays de 5,6 millions d’habitants.
Alors qu’Internet a été jusque-là un espace d’expression relativement libre à Singapour, le texte a suscité la colère des défenseurs des droits de l’homme, des géants des nouvelles technologies et des représentants de la presse. La nouvelle législation « donne aux autorités de Singapour des pouvoirs sans contrepoids pour réprimer des opinions exprimées en ligne qu’elles désapprouvent », a estimé Nicholas Bequelin, le directeur régional d’Amnesty International pour l’Asie de l’Est et du Sud-Est. Pour la Coalition Asie Internet, une association regroupant notamment Facebook, Google et Twitter, la nouvelle législation est la « plus radicale dans son genre à ce jour ».
S’exprimant mardi devant le Parlement, le ministre de l’intérieur, Kasiviswanathan Shanmugam, a cependant estimé qu’on ne pouvait pas compter sur les grands groupes pour qu’ils se régulent eux-mêmes : « Nous devons leur montrer que nous sommes justes, mais également fermes. » Le gouvernement assure que cette loi cible les fausses affirmations, et non les opinions, et qu’ordonner d’adjoindre des « corrections » à côté des messages jugés faux sera la première réponse, avant toute amende ou peine de prison.
Source : Le Monde, AFP, 08-05-2019
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Commentaire recommandé
La prochaine étape sera un message qui apparaît avant d’écrire un post du genre « Il est demandé à l’utilisateur de réfléchir au contenu qu’il va diffuser qui peut être sanctionné par des amendes et des peines pouvant aller jusqu’à la peine de mort voulez vous continuer ? Si oui mettez vous à genou en attendant l’intervention des autorités qui sont en route pour évaluer la peine adéquat ».
9 réactions et commentaires
« fallait pas commencer » comme dirait l’autre. Je m’attends pas à ce que les autorités locales soient plus « neutres » que facebook/google/etc sur ce qui est admissible et ce qui ne l’est pas, mais à partir du moment où on a filé les clés à Big Silicon Brother pour « dire LA vérité », faut pas venir pleurer que d’autres s’arrogent le même délirant pouvoir
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AlerterLa prochaine étape sera un message qui apparaît avant d’écrire un post du genre « Il est demandé à l’utilisateur de réfléchir au contenu qu’il va diffuser qui peut être sanctionné par des amendes et des peines pouvant aller jusqu’à la peine de mort voulez vous continuer ? Si oui mettez vous à genou en attendant l’intervention des autorités qui sont en route pour évaluer la peine adéquat ».
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AlerterLa même chose nous pend au nez d’ici peu en France…
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AlerterC’est déjà le cas sous d’autres formes…
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AlerterSincèrement, qu’est-ce qui est le pire :
A. Que votre message soit diffusé avec une remarque.
B. Qu’il ne soit pas diffuser du tout (loi en préparation en Europe / France sur les contenus haineux / offensants / critiques).
C. Que votre site n’ait aucune visibilité sur les moteurs de recherche, ou sans rapport avec sa fréquentation. Exemple, les USA.
Je préfère la censure de la « dictature » singapourienne, elle est bien moins efficace que les 2 autres (bien que plus visible, mais ça l’affaiblit encore).
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AlerterDe toute manière, de plus en plus, seuls les Etats seront habilités à produire des fakes News sans contrôle aucun, propagande et survie oblige.
Les médias, sous emprise du consortium politico-oligarque, leurs ayant bien ouvert le chemin et donné depuis longtemps les clés de la maison impartialité, seuls les simplets et les intéressés participants, se faisant encore quelques illusions …!!!??
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Alerteron assiste surtout à une recombinaison des classes dirigeantes des états et des classes dirigeantes du nouveau capitalisme… ce qui est dans l’ordre des choses… un état étant l’expression de la domination d’une classe donnée… donc, il est normal que la classe dominante impose son idéologie et interdise les autres…
tenez, par exemple, chez nous, les tenants de la culture moderne ont totalement éradiqué la culture classique au nom de la tolérance, de la liberté et de la vérité (rien que ça !)… et ça ne choque plus personne… Les gens lisent Tintin comme on lisait naguère Shakespeare… et tout va bien dans le meilleur des mondes. A chaque époque son idéologie, ses dogmes, et sa cohérence
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AlerterEn ce qui concerne Facebook et Twitter, c’est l’arroseur arrosé, ils se sont crus au dessus des états et n’hésitants pas a fermer des comptes et a intervenir dans de multiples élections nationales.
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AlerterFèce-bouc, Touiteur et les autres pratiquent depuis longtemps la censure des messages postés sur leurs sites, mais uniquement ceux qui pourraient porter ombrage à leurs intérêts.
Ce qui les choque, ce n’est pas la « censure étatique » mais simplement de devoir intervenir « ouvertement » à la demande des états, ce qui mettrait leurs utilisateurs devant le fait que ces « défenseurs de la liberté » sont des censeurs comme les autres.
Et de plus, ils seront obligés de dépenser quelques $$$$ pour mettre leur site en conformité avec les règles étatiques sous risque d’amendes « scandaleusement élevées ». et c’est surtout là que ça les « titille » le plus.
Sur le fond, ce que demande Singapour n’est pas pire que ce que font les « états démocratiques » occidentaux.
Vous êtes pistés, catalogués, espionnés de partout et vos propos peuvent à tout instant tomber sur le coup d’une loi rétroactive qui n’est pas faite pour préserver la population mais destinée à « sauver les fesses » de « nos » élites.
À votre place, je commencerai à me méfier : Comme TOUT est archivé sur Internet vous pouvez vous retrouver inculpé à chaque instant pour des propos que vous avez tenu il y a 15 ans ou plus, propos qui résultaient d’une indignation bien réelle mais qui peut être sortie de son contexte et jetée en pâture à la Sainte Inquisition.
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