Par Ballast – 27 juillet 2015
Résumons à très grands traits. Le 25 janvier 2015, Syriza remporte les élections législatives grecques sur un programme de rupture ; le 5 juillet, c’est un tonitruant « OXI », à 61 %, qui envoie les petits barons de l’ordre européen dans les cordes ; le lendemain, Yánis Varoufákis, ministre des Finances grec, est poussé vers la sortie ; le lundi 13 juillet, le tout-venant apprend que les dix-huit heures de bataille psychologique, à la fameuse « table des négociations », ont eu raison des espoirs mis dans le gouvernement grec : capitulation en rase campagne, entend-on. La couleuvre de l’austérité avalée contre un hypothétique rééchelonnement de la dette. « J’assume la responsabilité d’un texte auquel je ne crois pas », affirme Tsipras à la télévision publique grecque. Mercredi, le comité central de Syriza rejette l’accord et dénonce « un coup d’État contre toute notion de démocratie et de souveraineté populaire ». Les ministères démissionnaires partent en claquant la porte, le texte passe avec les voix de la droite et de la social-démocratie grecques, les grèves générales repartent et la place Syntagma s’enflamme. « Trahison » ; la messe est dite. Pour Stathis Kouvélakis, philosophe francophone, membre du Comité central de Syriza et figure de la Plateforme de gauche, l’équation s’avère toutefois plus complexe, si l’on tient à prendre toute la mesure de ces récents événements. Entretien pour y voir plus clair et, surtout, organiser la riposte.
Vous émettez des réserves quant à la critique de Tsipras en termes de « trahison », qui revient pourtant fréquemment dans les gauches radicales européennes depuis l’accord du 12 juillet. Pourquoi la considérez-vous comme inefficace ?
Je ne nie pas que le terme de « trahison » soit adéquat pour traduire une perception spontanée de l’expérience Syriza. Il est évident que les 62 % qui ont voté « non » au référendum et les millions de gens qui ont cru en Syriza se sentent trahis. Néanmoins, je nie la pertinence analytique de la catégorie de trahison car elle repose sur l’idée d’une intention consciente : consciemment, le gouvernement Tsipras aurait fait le contraire de ce qu’il s’était engagé à faire. Je pense que cette catégorie obscurcit la réalité de la séquence en cours, qui consiste dans la faillite d’une stratégie politique bien précise. Et quand une stratégie fait faillite, les acteurs qui en étaient les porteurs se retrouvent uniquement face à de mauvais choix ou, autrement dit, à une absence de choix. Et c’est très exactement ce qui s’est passé avec Tsipras et le cercle dirigeant du gouvernement. Ils ont cru possible de parvenir à un compromis acceptable en jouant cette carte de la négociation – qui combinait une adaptation réaliste et une fermeté quant à des lignes rouges, dans le but d’obtenir un « compromis honorable ».
« La notion de « trahison » empêche d’analyser et de remettre en cause la stratégie ; elle rabat tout sur les « intentions des acteurs » et se fonde sur l’illusion naïve selon laquelle ceux-ci sont maîtres de leurs actes. »
Or la Troïka des créanciers n’était nullement disposée à céder quoi que ce soit, et a immédiatement réagi, en mettant dès le 4 février le système bancaire grec au régime sec. Tsipras et le gouvernement, refusant toute mesure unilatérale, comme la suspension du remboursement de la dette ou la menace d’un « plan B » impliquant la sortie de l’euro, se sont rapidement enfermés dans une spirale qui les amenait d’une concession à une autre et à une détérioration constante du rapport de force. Pendant que ces négociations épuisantes se déroulaient, les caisses de l’État grec se vidaient et le peuple se démobilisait – réduit à un état de spectateur passif d’un théâtre lointain sur lequel il n’avait prise. Ainsi, quand Tsipras affirme le 13 juillet qu’il n’avait pas d’autre choix que de signer cet accord, il a en un sens raison. À condition de préciser qu’il a fait en sorte de ne pas se retrouver avec d’autres choix possibles. Dans le cas précis de la Grèce, on assiste à une faillite flagrante de cette stratégie pour la simple raison qu’elle n’avait prévu aucune solution de repli. Il y a un véritable aveuglement de Tsipras et la majorité de Syriza dans l’illusion européiste : l’idée qu’entre « bons européens », nous finirons par nous entendre même si, par ailleurs, demeurent des désaccords importants ; une croyance dure comme fer que les autres gouvernements européens allaient respecter le mandat légitime de Syriza. Et, pire encore, l’idée de brandir l’absence de « plan B » comme un certificat de bonne conduite européiste, qui fut le comble de cet aveuglement idéologique…
La notion de « trahison » empêche d’analyser et de remettre en cause la stratégie ; elle empêche de parler en termes d’analyse stratégique et point aveugle idéologique ; elle rabat tout sur les « intentions des acteurs » – qui resteront toujours une boîte noire – et se fonde sur l’illusion naïve selon laquelle ceux-ci sont maîtres de leurs actes. Par ailleurs, elle empêche de saisir le cœur du problème, à savoir l’impuissance de cette politique : la violence de la réaction d’un adversaire a été sous-estimée alors même que le gouvernement Syriza, par son existence même, était allé suffisamment loin pour la déclencher.
De plus en plus de voix s’élèvent dans l’Europe du Sud pour dénoncer le carcan de la monnaie unique. Ce débat a-t-il sérieusement eu lieu au sein du gouvernement Tsipras et de Syriza ? Yánis Varoufákis, après avoir démissionné, a affirmé avoir proposé un plan de sortie de l’euro ou, du moins, la mise en circulation d’une monnaie nationale au plus dur des négociations.
Ce débat n’a jamais véritablement eu lieu — ou, plutôt, il n’a eu lieu que de façon limitée, au sein de Syriza, pendant les cinq dernières années. Et ce fut toujours contre la volonté de la majorité de la direction du parti, par une sorte d’état de fait créé par le positionnement d’une minorité substantielle en faveur d’une sortie de l’euro, comme condition nécessaire pour la rupture avec les politiques d’austérité et le néolibéralisme. La majorité de la direction du parti n’a jamais vraiment accepté la légitimité de ce débat. La sortie de l’euro n’était pas présentée comme une option politique critiquable avec des inconvénients qui justifiaient un désaccord. Elle était purement et simplement identifiée à une catastrophe absolue. Systématiquement, il nous était reproché que si nous défendions la sortie de l’euro, nous étions des crypto-nationalistes ou que la sortie de l’euro entraînerait un effondrement du pouvoir d’achat des classes populaires et de l’économie du pays. En réalité, c’étaient les arguments du discours dominant qui était repris par nos camarades. Ils ne cherchaient donc pas un véritable débat argumenté mais à nous disqualifier symboliquement, à disqualifier la légitimité de nos arguments à l’intérieur de Syriza et de la gauche radicale. Ainsi, quand Syriza est arrivé au pouvoir, la question s’est posée par la logique même de la situation, puisqu’il est rapidement devenu évident que ces négociations n’aboutissaient à rien. Déjà, l’accord du 20 février indiquait bien que Syriza était contraint de reculer au cours de ce bras de fer. Mais cette discussion s’est déroulée à huis clos : jamais de façon publique et jamais avec le sérieux nécessaire — si l’on excepte bien sûr les prises de position de la Plateforme de gauche de Syriza.
Yánis Varoufákis, de son côté, avait posé à divers moments la question d’un plan B. Panayótis Lafazánis et la Plateforme de gauche mettaient régulièrement sur la table ces propositions. Il faut préciser que le plan B ne se limite pas simplement à la reprise d’une souveraineté monétaire. Il met en avant l’interruption du remboursement des créanciers, le placement des banques sous contrôle public et un contrôle de capitaux au moment du déclenchement de l’affrontement. C’était, d’une façon générale, prendre l’initiative plutôt que d’être à la traîne de négociations qui amenaient un recul après l’autre. Le gouvernement n’a même pas fait les gestes minimaux afin d’être en mesure de tenir bon quand les Européens appuyèrent sur le bouton nucléaire, c’est-à-dire en arrêtant totalement l’approvisionnement en liquidité avec l’annonce du référendum. Le référendum lui-même aurait pu être conçu comme le « volet politique » du plan B : il a donné une idée d’un scénario réaliste conduisant à la rupture avec les créanciers et la zone euro. Le raisonnement aurait pu être le suivant : Le mandat initial de Syriza, celui issu des urnes du 25 janvier, était de rompre avec l’austérité dans le cadre de l’euro ; nous avons bien vu que c’était impossible dans ce cadre ; donc nous nous présentons de nouveau devant le peuple ; le peuple confirme son mandat en disant « Non à l’austérité et faites le nécessaire ». C’est effectivement ce qui s’est passé avec la victoire écrasante du « non », lors du référendum du 5 juillet, mais il était déjà trop tard ! Les caisses étaient déjà vides et rien n’avait été fait pour préparer une solution alternative.
Vous soulignez les rapports de force qui ont traversé Syriza depuis 2010. Comment expliquer que la frange acquise à l’Union européenne et l’euro l’ait emportée ?
Il faut replacer ces débats dans un cadre plus large : celui de la société grecque, et d’une façon plus générale, celui des sociétés de la périphérie européenne. Avant la crise de 2008-2010, les pays les plus europhiles au sein de l’Union européenne étaient précisément ceux du sud et de la périphérie. Il faut bien comprendre que, pour ces pays, l’adhésion à l’UE signifie une certaine modernité, à la fois économique et politique, une image de prospérité et de puissance que l’euro vient valider à un niveau symbolique. C’est l’aspect fétichiste de la monnaie que Karl Marx a souligné : en ayant la monnaie commune dans sa poche, le Grec accède symboliquement au même rang que l’Allemand ou le Français. Il y a ici quelque chose de l’ordre du « complexe du subalterne ». C’est notamment ce qui nous permet de comprendre pourquoi les élites dominantes grecques ont constamment joué avec la peur de la sortie de l’euro — leur carte maîtresse depuis la début de la crise. Tous les « sacrifices » sont justifiés au nom du maintien dans l’euro. La peur du Grexit est étrangère à la rationalité économique. Elle ne repose pas sur les conséquences éventuelles d’un retour à la monnaie nationale ; par exemple : les difficultés pour les importations ou, à l’inverse, les nouvelles facilitées à l’exportation. Au niveau du « sens commun », la sortie de l’euro charrie une sorte de tiers-mondisation symbolique. Pour le Grec moyen qui résiste à l’idée d’une sortie de la zone euro, la justification de son refus renvoie à la peur d’une régression du pays au rang de nation pauvre et retardataire – qui était effectivement le sien il y a quelques décennies. N’oublions pas que la société grecque a évolué très rapidement et que le souvenir de la misère et de la pauvreté est encore présent dans les couches populaires et dans les générations âgées.
« Une foule enthousiaste s’est formée derrière lui et l’a conduit en triomphateur jusqu’à la marée humaine de la place du Parlement. Quelle a été la réaction de Tsipras ? Il a pris peur et a abrégé les trois quarts du discours qu’il avait préparé. »
Ce que je viens de dire explique aussi l’apparent paradoxe du vote massif du « non » chez les jeunes. Le journal Le Monde fait son reportage en disant : « Toutes ces générations des 18-30 ans qui ont grandi avec l’euro et l’Union européenne, qui ont bénéficié des programmes Erasmus et des études supérieures [le niveau d’accès à l’enseignement supérieur en Grèce est parmi les plus élevés d’Europe], comment se fait-il qu’elles se retournent contre l’Europe ? » La raison est en fait que les jeunes générations ont moins de raisons que les autres de partager ce complexe de la subalternité ! Cet « européisme » ambiant de la société grecque est resté toutefois hégémonique, y compris dans les forces d’opposition aux politiques néolibérales — à l’exception du Parti communiste, très isolé et sectaire. Et cela explique pourquoi Syriza a choisi, dès le début, de s’adapter à l’européisme et d’avoir une stratégie électoraliste à court terme plutôt que d’entrer dans un travail de pédagogie qui consisterait à dire : « Nous ne sommes pas contre l’Europe ou l’euro par principe, mais si eux sont contre nous, et qu’ils nous empêchent d’atteindre nos objectifs, il nous faudra riposter. » C’est un discours qui demandait un certain courage politique, chose dont Tsipras et la majorité de la direction de Syriza s’est révélée être totalement dépourvue.
Le référendum n’était donc en rien la possibilité d’une rupture mais un simple mouvement tactique afin de renforcer Tsipras dans les négociations ?
Tsipras est un grand tacticien. Penser que tout ce qui s’est passé est conforme à un plan préétabli serait se tromper lourdement. C’est une gestion au jour le jour de la situation qui a prévalu, sans vision stratégique autre que celle de la recherche de l’illusoire « compromis honorable » dont j’ai parlé auparavant. Le référendum a été conçu, d’emblée, comme un geste tactique, comme une issue à une impasse dans laquelle le gouvernement s’est trouvé à la fin du mois de juin, lorsque le plan Juncker a été présenté sous la forme d’un ultimatum. Mais, en annonçant le référendum, Tsipras a libéré des forces qui sont allées bien au-delà de ses intentions. Il faut ici souligner le fait que l’aile droite du gouvernement et de Syriza ont très bien perçu, elles, le potentiel conflictuel et de radicalisation que comportait objectivement la dynamique référendaire, et c’est pour cela qu’elles s’y sont fortement opposées. Je vais vous livrer une anecdote. Le jour du grand rassemblement du vendredi [3 juillet], une foule immense s’était rassemblée dans le centre-ville d’Athènes. Tsipras est allé à pied de la résidence du Premier ministre à la place Syntagma, séparées par quelques centaines de mètres. C’est une scène de type latino-américaine qui s’est produite : une foule enthousiaste s’est formée derrière lui et l’a conduit en triomphateur jusqu’à la marée humaine de la place du Parlement. Quelle a été la réaction de Tsipras ? Il a pris peur et a abrégé les trois quarts du discours qu’il avait préparé.
Vous racontez qu’Euclide Tsakalotos, ministre des Finances grecques après la démission de Yánis Varoufákis, préparait son intervention devant l’Eurogroupe comme un professeur d’université prépare sa contribution à un colloque. Ne pointez-vous pas ici un des problèmes de la gauche radicale : une parfaite analyse des phénomènes mais une incapacité à mener des rapports de force, à établir des stratégies gagnantes, à jouer sur les contradictions de l’adversaire ? Est-ce dû à la promotion des savoirs académiques au sein de la gauche radicale au détriment d’autres profils ?
Je suis très réticent par rapport aux explications sociologistes : je ne pense pas qu’elles permettent de comprendre la situation. Dans un entretien à Mediapart¹, Tsakalotos expliquait en effet que, lorsqu’il est allé à Bruxelles, il avait préparé ses argumentaires de façon très sérieuse. Il s’attendait à entendre des contre-arguments et, au lieu de cela, il s’est retrouvé face à un mur de technocrates répétant des règles et des procédures. Il avait été choqué du faible niveau de la discussion – comme s’il s’agissait d’un colloque universitaire où le meilleur argument l’emporte. Or tout en étant moi-même universitaire, et même un ancien camarade de parti de Tsakalotos (nous avons milité dans le Parti eurocommuniste grec dans les années 1980), je n’en suis pas moins en désaccord profond avec lui. Par ailleurs, s’il y avait un reproche à lui faire, c’est justement un défaut d’analyse ! La gauche, dans son ensemble, a considérablement sous-estimé la nécessité d’analyser sérieusement l’Union européenne. Au lieu de cela, nous avons eu droit, pendant des décennies, au recours à une longue litanie de vœux pieux : « l’Europe sociale », « l’Europe des citoyens », « faire bouger les lignes en Europe », etc. Ce genre de discours sont répétés inlassablement depuis des décennies alors qu’ils ont fait la preuve flagrante de leur impuissance et de leur incapacité à avoir la moindre prise sur le réel.
Une dernière remarque à propos du statut sociologique du discours européiste : je fais partie d’un département d’Études européennes dans une université britannique. Je peux vous assurer que mes collègues, qui sont du côté mainstream, qui sont donc universitaires mais qui connaissent de façon intime la machine européenne, ont toujours refusé de prendre au sérieux la vision de Syriza. Ils n’arrêtaient pas d’ironiser sur les naïfs qui pensaient qu’à coups de négociations et d’échanges de bons arguments on arriverait à rompre avec le cadre des politiques européennes, c’est-à-dire avec l’austérité et le néolibéralisme. Personne n’a pris ce discours au sérieux chez les gens informés, alors, qu’à l’inverse, il déclenchait une sorte d’extase parmi les cadres et bon nombre de militants des formations de la gauche radicale européenne. Nous avons ici affaire à une question de politique avec un grand « P », à la puissance de l’idéologie dominante et à une déficience d’analyse et de pensée stratégique, loin de toute explication réductrice en termes de position sociologique des acteurs.
Slavoj Žižek a écrit le 20 juillet que « Syriza devrait exploiter, en montrant un pragmatisme impitoyable, en pratiquant le calcul le plus glacial, les fêlures les plus minces de l’armure de l’adversaire. Syriza devrait instrumentaliser tous ceux qui résistent à la politique hégémonique de l’Union européenne, des conservateurs britanniques à l’UKIP, le parti pour l’indépendance du Royaume-Uni. Syriza devrait flirter effrontément avec la Russie et la Chine, elle devrait caresser l’idée de donner une île à la Russie afin que celle-ci en fasse sa base militaire en Méditerranée, juste pour effrayer les stratèges de l’OTAN. Paraphrasons un peu Dostoïevski: maintenant que le Dieu-Union européenne a failli, tout est permis². » Y souscrivez-vous ?
Il y a ici deux questions en une. Tout d’abord, il s’agit de s’interroger sur les contradictions internes à l’Union européenne et, ensuite, de se demander que faire en dehors de ce cadre. Quant à la première, la stratégie du gouvernement Tsipras consistait justement à exploiter ses contradictions internes, réelles ou, surtout, supposées. Ils pensaient pouvoir jouer sur l’axe Hollande-Renzi – vus comme des gouvernements plus « ouverts » à une approche anti-austérité –, Mario Draghi – vu également sur une ligne divergente de l’orthodoxie rigoriste de Wolfgang Schäuble [Ministre allemand des Finances] – et, enfin, sur le facteur américain – perçu comme pouvant faire pression sur le gouvernement allemand. Tout cela s’est révélé une illusion complète. Bien entendu, il ne s’agit pas de nier l’existence de contradictions dans le bloc adverse : le FMI, par exemple, a une logique de fonctionnement et des priorités en partie distinctes de celles de la Commission européenne. Ceci dit, toutes ces forces convergent sur un point fondamental : dès qu’une menace réelle émerge, et Syriza en était une car il remettait en cause l’austérité et le néolibéralisme, toutes ces forces ont fait bloc pour la détruire politiquement. Voyons le numéro de François Hollande. Il essaie d’endosser auprès de l’opinion française un rôle soi-disant amical vis-à-vis des Grecs. En réalité, il n’a été qu’un facilitateur de l’écrasement du gouvernement grec par le gouvernement allemand : ces acteurs-là sont d’accord sur l’essentiel, à savoir sur une stratégie de classe — les divergences ne portent que sur des nuances.
« Hollande n’a été qu’un facilitateur de l’écrasement du gouvernement grec par le gouvernement allemand : ces acteurs-là sont d’accord sur l’essentiel, à savoir sur une stratégie de classe. »
Que faire maintenant, en dehors du cadre de l’Union européenne ? Penser pouvoir s’appuyer sur l’administration Obama est une fausse bonne idée, on l’a vu. Quant à la Russie, c’était sans doute une carte à explorer. Syriza l’a tentée sans vraiment y croire ; en réalité, la diplomatie russe est très conservatrice. Elle ne vise pas du tout à favoriser des ruptures dans le bloc européen. La Russie, dans ses pourparlers avec Syriza, souhaitait un gouvernement dissonant quant à l’attitude antirusse des Occidentaux suite à l’affaire ukrainienne et aux sanctions économiques. Mais à condition de rester dans le cadre de l’Union européenne et de l’euro ! En dépit de quelques bonnes paroles, la Russie n’a été, à aucun moment, un allié du gouvernement Syriza : il me semble douteux de croire qu’elle serait disposée à faire davantage si les choses étaient allées jusqu’à la rupture.
D’aucuns avancent que Tsipras temporise et attend les élections générales espagnoles de novembre pour avoir le soutien de Pablo Iglesias – en pariant sur une victoire de Podemos. Cela vous semble-t-il crédible ?
Ce genre de propos relève d’une tromperie manifeste. En signant cet accord, la Grèce est soumise à un carcan qui va bien au-delà de celui imposé par les mémorandums précédents. C’est un véritable mécanisme institutionnalisé de mise sous tutelle du pays et de démembrement de sa souveraineté. Il ne s’agit pas simplement d’une liste – comme les naïfs peuvent le croire – de mesures d’austérité très dures, mais de réformes structurelles qui remodèlent le cœur de l’appareil d’État : le gouvernement grec perd en effet le contrôle des principaux leviers de l’État. L’appareil fiscal devient une institution dite « indépendante » ; elle se retrouve en fait dans les mains de la Troïka. Un conseil de politique budgétaire est mis en place, qui est habilité à opérer des coupes automatiques sur le budget si le moindre écart est signalé par rapport aux objectifs en matière d’excédents, fixés par les mémorandums. L’agence des statistiques devient elle aussi « indépendante » ; en réalité, elle devient un appareil de surveillance en temps réel des politiques publiques directement contrôlé par la Troïka. La totalité des biens publics considérés comme privatisables sont placés sous le contrôle d’un organisme piloté par la Troïka.
Privé de tout contrôle de sa politique budgétaire et monétaire, le gouvernement grec, quelle que soit sa couleur, est désormais dépossédé de tout moyen d’agir. La seule chose qui reste sous contrôle de l’État grec est l’appareil répressif. Et on voit bien qu’il commence à être utilisé comme avant, c’est-à-dire pour réprimer des mobilisations sociales. Les gaz lacrymogènes déversés sur la place Syntagma du 15 juillet, suivis d’arrestations de militants, de passages à tabac et maintenant de procès devant les tribunaux de syndicalistes, ne sont qu’un avant-goût de ce qui nous attend lorsque la situation sociale se durcira, lorsque les saisies des résidences principales se multiplieront, lorsque les retraités subiront de nouvelles coupes dans leur retraite, lorsque les salariés seront dépossédés du peu de droits qu’ils leur restent. Le maintien du très autoritaire Yannis Panoussis comme ministre responsable de l’ordre public, et qui se voit également confier le portefeuille de l’immigration, est un signal clair du tournant répressif qui s’annonce. Ceux qui évoquent donc une stratégie de « gain de temps » ne provoquent chez moi qu’un mélange de dégoût et de révolte.
Vous analysez les résultats du référendum du 5 juillet comme un vote de classe. Pensez-vous, comme Frédéric Lordon en France, que l’Union européenne et l’euro sont l’opportunité historique donnée à la gauche radicale de reconstruire une frontière de classe dans nos sociétés européennes ? Faut-il, d’après vous, profiter des élans d’une sorte de « patriotisme émancipateur » (« Défendre les Grecs contre la Troïka », dit-on) – pour constituer des identités politiques « nationales-populaires » (Gramsci), comme en Amérique latine ?
Je me situe, de par ma formation intellectuelle au sein du marxisme, à la convergence de ces deux dimensions : associer la dimension de classe et la dimension nationale-populaire. Cela me paraît d’autant plus pertinent dans le cadre des pays dominés comme la Grèce. Disons-le sans ambages : l’Union européenne est une construction impérialiste – par rapport, certes, au reste du monde, mais aussi en interne, au sens où elle reproduit des rapports de domination impériale en son sein. On peut distinguer au moins deux périphéries : la périphérie Est (les anciens pays socialistes), qui sert de réservoir de main-d’œuvre bon marché, et la périphérie Sud (c’est un sud géopolitique, et non géographique, qui inclut l’Irlande). Ces pays sont soumis à des régimes de souveraineté limitée de plus en plus institutionnalisés via la mécanique des mémorandums. Quant à la force du vote « non » au référendum, elle vient de l’articulation de trois paramètres : la dimension de classe, la dimension générationnelle et la dimension nationale-populaire. Cette dernière explique pourquoi le « non » l’a emporté même dans les départements de tradition conservatrice. Je pense que pour devenir hégémonique, la gauche a besoin de tenir les deux bouts. D’abord, une identité de classe adaptée à l’ère du néolibéralisme, du capitalisme financier et des nouvelles contradictions qui en résultent — la question de la dette et des banques est un mode essentiel (mais non unique) sur lequel repose aujourd’hui l’antagonisme entre Travail et Capital. Par ailleurs, ces forces de classe doivent prendre la direction d’un bloc social plus large, capable d’orienter la formation sociale dans une nouvelle voie. Il devient ainsi bloc historique qui « se fait Nation » , autrement dit, qui assume une hégémonie nationale-populaire. Antonio Gramsci a beaucoup travaillé là-dessus, oui : articuler la dimension de classe et nationale-populaire.
« Je pense que pour devenir hégémonique, la gauche a besoin de tenir les deux bouts : la dimension de classe et la dimension nationale-populaire. »
Il s’agit d’une question complexe, qui se pose différemment selon chaque histoire nationale. En France, ou dans les nations anciennement coloniales et impérialistes, la notion nationale-populaire ne se pose pas de la même façon qu’en Grèce ; comme elle ne se pose de la même façon en Grèce qu’en Tunisie, ou dans un pays asiatique ou latino-américain. L’enjeu est d’analyser les contradictions propres des formations sociales. Ceci étant dit, la force de Syriza, et plus largement de la gauche radicale grecque (qui a un enracinement profond dans l’histoire contemporaine du pays et dans les luttes pour la libération nationale), est qu’elle combine la dimension de classe et la dimension nationale-populaire.
Le scénario grec a permis de dessiller les yeux des défenseurs de l’« autre Europe ». N’est-ce pas là le grand succès de Syriza : avoir révélé en quelques semaines la nature anti-démocratique des institutions européennes ? Par exemple, le dernier vote au Parlement grec a donné à voir un spectacle ahurissant : des députés qui doivent se prononcer sur un texte de 977 pages, reçu 24 heures plus tôt…
Il faut bien que les défaites servent à quelque chose ! Malheureusement, ce que je vois dominer, même maintenant, dans la gauche radicale, ce sont des réflexes d’auto-justification : malgré tout, il faut trouver des excuses à ce que fait Tsipras, tourner autour du pot, laisser croire qu’il ne s’agit que d’un mauvais moment à passer, etc. J’espère que ce n’est qu’un mécanisme psychologique transitoire face à l’étendue du désastre et que nous aurons rapidement le courage de regarder la réalité en face, le courage de réfléchir sur les raisons de ce désastre. Je ne sais pas, pour ma part, ce qu’il faut de plus comme démonstration éclatante de l’inanité de la position selon laquelle on peut rompre avec le néolibéralisme dans le cadre des institutions européennes ! L’un des aspects les plus choquants des développements qui font suite à la signature de l’accord est qu’on est revenu exactement à la situation de 2010-2012, en matière de démocratie, ou plutôt de sa négation ! À savoir que même les procédures formelles de la démocratie parlementaire – on voit d’ailleurs qu’elles ne sont pas que formelles au regard des efforts déployés pour les supprimer – ne sont pas respectées. Les députés n’ont eu que quelques heures pour prendre connaissance de pavés monstrueux qui changent de fond en comble le code de procédure civile : 800 pages, qui faciliteront la saisie des maisons ou renforcent la position juridique des banques en cas de litige avec des emprunteurs. En outre, on trouve dans ce même projet de loi la transposition d’une directive européenne sur l’intégration au système bancaire européen, qui permet, en cas de faillite des banques, de pratiquer ce qu’on appelle un « bail-in », c’est-à-dire un prélèvement sur les dépôts bancaires pour renflouer les banques. Le cas chypriote se généralise à l’échelle de l’Europe. Tout cela a été voté le 22 juillet par les mêmes procédures d’urgence que Syriza n’avait cessé de dénoncer durant toutes ces années, et qu’il est désormais obligé d’accepter puisqu’il a capitulé devant les créanciers. Le mot « capituler » est sans doute faible. J’ai vraiment des réactions de honte quand je vois un parti dont je suis toujours membre être au gouvernement et se livrer à ce type de pratiques, qui tournent en dérision les notions les plus élémentaires du fonctionnement démocratique des institutions.
Après le vote par le Parlement grec de l’accord d’austérité et desdites « réformes structurelles », comment se redéfinit l’échiquier politique grec ? Va-t-on vers une scission de Syriza ou, du moins, une recomposition des forces de gauche radicale ? D’autant que les grèves repartent et la place Syntagma se remplit de nouveau…
La recomposition est certaine et elle sera de grande ampleur. Il est peut-être trop tôt pour en avoir les contours exacts mais j’aimerais insister sur deux éléments. Le premier est la situation interne de Syriza. Il faut bien comprendre que les choix du gouvernement Tsipras n’ont pas de légitimité au sein du parti. La majorité des membres du Comité central a signé un texte commun, dans lequel l’accord est rejeté et considéré comme le produit d’un coup d’État contre le gouvernement grec. Une convocation immédiate du comité central est exigée — et elle s’est heurtée à une fin de non-recevoir de Tsipras, président du parti élu, lui-aussi, directement par le Congrès. La quasi-totalité des fédérations du parti et des sections locales votent des motions dans le même sens. On est devant une situation de blocage. Du côté des proches de Tsipras, le ton devient extrêmement agressif envers ceux qui sont en désaccord avec les choix qui ont été faits. Il est très choquant de voir que certains membres du parti reprennent mot pour mot les arguments propagés par les médias, jusqu’aux calomnies qui présentent les défenseurs de plans alternatifs, comme Varoufákis ou Lafazanis, comme des putschistes, des comploteurs de la drachme, des alignés sur le Grexit, façon Schäuble. Nous avons donc peu de raisons d’être optimistes quant à l’évolution de la situation interne de de Syriza.
Mais l’essentiel est ailleurs. La gauche de Syriza, dans ses diverses expressions (même si la Plateforme de gauche en constitue l’épine dorsale), se fixe à présent comme objectif la traduction et la représentation politique du peuple du « non » aux mémorandums et à l’austérité. La situation nouvelle créée est que le bloc social, avec ses trois dimensions – de classe, de génération et national-populaire –, se retrouve désormais orphelin de représentation politique. C’est à cette construction politique qu’il faut maintenant s’atteler. Il s’agit de rassembler, de façon très large, des forces politiques à l’intérieur et l’extérieur de Syriza. Les premiers signes qui nous parviennent sont positifs. Mais il est vital d’impliquer également dans ce nouveau projet des acteurs non strictement politiques, qui ont mené la bataille du « non » par en-bas, dans le mouvement social. C’est absolument extraordinaire : les initiatives, que ce soit sur les lieux de travail ou dans les quartiers, ont littéralement fusé en l’espace de quelques jours ; d’autres se sont créées dans la foulée du référendum ou se constituent actuellement.
L’image que véhiculent les médias, selon laquelle « en Grèce, tout le monde est soulagé, Tsipras est très populaire », est très loin de la réalité. Il y a un très grand désarroi, de la confusion, une difficulté à admettre ce qui s’est passé. Un ami a utilisé le terme de « choc post-traumatique ». Cela signifie qu’une partie de l’électorat du « non » est dans un tel désarroi qu’elle ne sait plus sur quel pied danser et se dit qu’il n’y avait peut-être pas d’autre choix possible. Mais nombreux sont ceux, surtout parmi les secteurs sociaux les plus massivement engagés dans le « non » – à savoir les jeunes et les milieux populaires –, qui sont révoltés et disponibles pour participer ou soutenir un projet alternatif. La Plateforme de gauche tient son premier meeting public au grand air à Athènes, lundi prochain [27 juillet — aujourd’hui]. Le titre de cette manifestation sera : « Le non n’est pas vaincu. Nous continuons. » Il faut construire de façon nouvelle la voix du « non » de classe, démocratique et anti-Union européenne.
C’est la stratégie qu’aurait dû entreprendre la gauche radicale française suite à la victoire du « non » au référendum sur le Traité Constitutionnel Européen en 2005, non ?
Exactement. Et au lieu de ça, elle a régressé et s’est empêtrée dans des luttes de boutique internes. Au lieu de pousser la critique de l’UE plus loin, à partir de l’acquis de la campagne du « non », elle est revenue en arrière et n’a cessé de rabâcher la litanie de « l’Europe sociale » et de la réforme des institutions européennes…
Le projet d’une plateforme commune des gauches radicales sud-européennes, afin d’établir un programme concerté de sortie de l’euro, est-il envisageable ?
« Ce qui m’intéresse est une stratégie anticapitaliste pour ici et maintenant, dans un pays européen et dans la conjoncture où nous vivons. »
Depuis 35 ans, j’essaie d’être un militant communiste. Ce qui m’intéresse est une stratégie anticapitaliste pour ici et maintenant, dans un pays européen et dans la conjoncture où nous vivons. Et je considère effectivement que cela serait la médiation nécessaire afin d’établir une stratégie anticapitaliste effective, non pas basée sur un propagandisme abstrait ou sur des velléités de répétition des schémas anciens dont on sait pertinemment qu’ils ne sont plus valides, mais sur les contradictions actuelles ; une stratégie qui tire les leçons des expériences politiques récentes, des luttes, des mouvements sociaux et qui essaie d’avancer dans ce sens, en posant la question du pouvoir et de la stratégie politique. Ce n’est donc pas simplement un projet prétendument « anti-européen », ce n’est d’ailleurs pas un projet limité à l’Europe du Sud, mais un projet authentiquement internationaliste — qui suppose en effet des formes de coordination plus avancées des forces d’opposition au système. Ce qu’il faut, c’est une nouvelle gauche anticapitaliste. Et l’une des conditions, non pas suffisante mais nécessaire pour y parvenir, est d’ouvrir un front résolu contre notre adversaire actuel, c’est-à-dire l’Union européenne et tout ce qu’elle représente.
Dans vos interviews, écrits et articles, vous avez pris l’habitude d’écrire systématiquement entre guillemets « la gauche de la gauche » ou « la gauche radicale ». Cette incapacité à se définir clairement – sans ambages ni guillemets – marque-t-elle le signe que les identités politiques héritées du XXe siècle sont, pour partie, devenues obsolètes ?
Le terme de « gauche radicale » est sans doute utile car il correspond à cette situation mouvante. On est dans un entre-deux et les formulations souples sont nécessaires, ou du moins inévitables, pour permettre aux processus de se déployer de façon nouvelle, en rupture avec des schémas préétablis. Ce qui caractérise Syriza sont ses racines très profondes dans le mouvement communiste et la gauche révolutionnaire grecque. En d’autres termes, Syriza est issu de la recomposition de mouvements dont le but commun était la remise en cause, non pas seulement des politiques d’austérité ou néolibérales, mais du capitalisme lui-même. Il y a donc d’un côté un aspect de radicalité réelle, mais de l’autre, on a vu que la stratégie choisie était profondément inadéquate et renvoyait à des faiblesses de fond et, par là même, à des contradictions dans la constitution de Syriza, qui n’a pas résisté à cette épreuve terrible du pouvoir gouvernemental. La contradiction a ainsi fini par éclater. Il s’agit à présent d’assumer ce fait et de passer à une étape suivante pour que cette expérience chèrement acquise par le peuple grec et les forces de la gauche de combat servent au moins à ouvrir une perspective d’avenir.
NOTES
1. Entretien accessible en ligne.
2. « Le courage du désespoir », accessible en ligne.
Source : http://www.revue-ballast.fr
Nous vous proposons cet article afin d'élargir votre champ de réflexion. Cela ne signifie pas forcément que nous approuvions la vision développée ici. Dans tous les cas, notre responsabilité s'arrête aux propos que nous reportons ici. [Lire plus]Nous ne sommes nullement engagés par les propos que l'auteur aurait pu tenir par ailleurs - et encore moins par ceux qu'il pourrait tenir dans le futur. Merci cependant de nous signaler par le formulaire de contact toute information concernant l'auteur qui pourrait nuire à sa réputation.
Commentaire recommandé
Bien que les masques tombent, rares sont ceux qui voient les rictus avides derrière l’apparence si respectable et rassurante des institutions.
Tous les medias le répètent à l’envi :
Il n’y a pas d’alternative,
à l’Europe,
à l’€uro,
au TAFTA/TTIP…
Pas d’alternative à ce monde fini, mais articulé sur le principe d’une croissance économique infinie?
Ce monde où sur les 2000 milliards d’€ ou de $ échangés quotidiennement sur les marchés,
seuls 2% correspondent à une économie réelle et tangible?
Ce monde où l’économie réelle et tangible devient la variable d’ajustement de la spéculation?
Ce monde où nos institutions affirment que la Grèce doit rembourser ses dettes, même si les Nobels d’économie (Stiglitz, etc…) certifient qu’elle ne le pourra jamais?
Ce monde où la finalité des impôts et des taxes n’est plus de financer les biens d’équipement des nations, mais de rembourser des dettes publiques en croissance monstrueuse, de véritables cancers métastasiques agressifs?
Ce monde où les Etats se sont volontairement interdit la création monétaire pour éloigner le spectre de l’inflation par la planche à billet?
Ce monde où, depuis que la création monétaire est devenue l’apanage des banques privées, on n’a jamais créé autant d’argent depuis que l’humanité existe?
Sérieusement, comment a-t-on pu croire une seconde, qu’une banque, qui détient le privilêge de créer la monnaie d’une nation, va limiter vertueusement ce qui lui assure des intérêts et bénéfices.
Nous boirons donc la coupe, jusqu’à la lie amère de la cigüe financière.
Seule l’amertume d’un crash mondial déliera les langues et dessillera tous ces yeux « soigneusement fermés ».
Mais ne nous « réjouissons » pas trop vite, nul doute que tout celà ne se passera pas dans la paix le la bonne humeur.
Nous sommes ici légitimes à parler d’une gâchis planétaire.
36 réactions et commentaires
Bien que les masques tombent, rares sont ceux qui voient les rictus avides derrière l’apparence si respectable et rassurante des institutions.
Tous les medias le répètent à l’envi :
Il n’y a pas d’alternative,
à l’Europe,
à l’€uro,
au TAFTA/TTIP…
Pas d’alternative à ce monde fini, mais articulé sur le principe d’une croissance économique infinie?
Ce monde où sur les 2000 milliards d’€ ou de $ échangés quotidiennement sur les marchés,
seuls 2% correspondent à une économie réelle et tangible?
Ce monde où l’économie réelle et tangible devient la variable d’ajustement de la spéculation?
Ce monde où nos institutions affirment que la Grèce doit rembourser ses dettes, même si les Nobels d’économie (Stiglitz, etc…) certifient qu’elle ne le pourra jamais?
Ce monde où la finalité des impôts et des taxes n’est plus de financer les biens d’équipement des nations, mais de rembourser des dettes publiques en croissance monstrueuse, de véritables cancers métastasiques agressifs?
Ce monde où les Etats se sont volontairement interdit la création monétaire pour éloigner le spectre de l’inflation par la planche à billet?
Ce monde où, depuis que la création monétaire est devenue l’apanage des banques privées, on n’a jamais créé autant d’argent depuis que l’humanité existe?
Sérieusement, comment a-t-on pu croire une seconde, qu’une banque, qui détient le privilêge de créer la monnaie d’une nation, va limiter vertueusement ce qui lui assure des intérêts et bénéfices.
Nous boirons donc la coupe, jusqu’à la lie amère de la cigüe financière.
Seule l’amertume d’un crash mondial déliera les langues et dessillera tous ces yeux « soigneusement fermés ».
Mais ne nous « réjouissons » pas trop vite, nul doute que tout celà ne se passera pas dans la paix le la bonne humeur.
Nous sommes ici légitimes à parler d’une gâchis planétaire.
+82
AlerterQuand la jouissance est au plus fort,
la débandade n’est pas très loin ;o)
+24
Alerter« Du côté des proches de Tsipras, le ton devient extrêmement agressif envers ceux qui sont en désaccord avec les choix qui ont été faits. Il est très choquant de voir que certains membres du parti reprennent mot pour mot les arguments propagés par les médias, jusqu’aux calomnies qui présentent les défenseurs de plans alternatifs, comme Varoufákis ou Lafazanis, comme des putschistes, des comploteurs de la drachme, des alignés sur le Grexit, façon Schäuble »
La situation est alors plus grave que ce que je pensais du côté de tsipras et cie, je pensais qu’ils avaient au moins conscience qu’ils ont fait une boulette et qu’ils avaient identifié où se trouve le probleme… 1 ère étape de construction d’un parti socialiste à la française?
+7
Alerterouep, je me faisais un peu la même réflexion.
Illustration parfaite des problèmes des structures partisanes, avec un »chef » élu par un comité interne, qui perd le contrôle quand le chef mène une politique invalidé et va en appeler au respect des règles si on remet en cause sa légitimité.
Illustration (bis) parfaite qu’on ne change pas un système et sa politique (cantonal, régional, étatique, ou super-étatique comme l’europe) en participant au système.
C’est peut être ces questions là que devrait se poser en premier syriza, et vu l’environnement politique en grèce on ne peut pas dire qu’il n’y ait pas des alertes sur tout ces travers de la »politique conventionnelle », sytème politique mis en place et perfectionné par la bourgeoisie. Comment peut on encore y croire (en grèce et ailleurs) ??
Comme disait l’autre: »si les élections pouvaient changer les choses elles seraient interdites »
+14
AlerterAu nom du Ciel, PITIÉ!!!
Pas de « parti socialiste à la française », de grâce!!! Mieux vaut le Vide Plein, voire le Néant.
+7
AlerterToute l’impuissance du discours de gauche intellectuelle dans cet interview de Kouvelakis :
1/ tourne autour du pot : l’explication laborieuse de la « non trahison » de Tsipras, totalement démentie par la suite du propos (si Tsipras avait seulement été naïf, il aurait démissionné) ;
2/ une « finesse d’analyse » très universitaire qui tourne à la complexité et coupe son auteur de toute possibilité d’adhésion populaire.
Moralité : faites simple, les gars.
+33
AlerterAu contraire, il me semble c’est une analyse lucide. Il ne pose pas la position de Tsipras en termes de sincérité, de trahison ou de naïveté, mais en termes systémiques. L’impuissance était programmée par le déséquilibre initial, dès lors que l’Euro était une limite absolue. Puis l’hypothèse Syriza/Tsipras est abandonnée, avec force argument, en montrant que Syriza s’est enfermé avec le peuple grec et a jeté la clé. Ça a le mérite d’être clair. La nature et la force systémique des institutions européennes, comme gardiennes d’un ordre de classe impérialiste, est démontrée.
Ce n’est pas de la propagande; C’est un type qui dit « voyez comme les murs de la prison sont hauts, là où nous sommes ». Ce n’est pas fait pour nous caresser la couenne. C’est tout ce qu’il y a à comprendre, pour le moment.
Quant aux forces capables, avec le temps, avec du courage, avec des « si », avec de la chance, de s’agréger suffisamment pour contrer cette « dictamolle », on en est à faire des hypothèses, les siennes ne sont pas très compliquées non plus.
Faire simple, pfffff. Pas très efficace non plus, hein. C’est faire fort, faire longtemps, et faire juste qu’il faut.
+11
AlerterEn somme : déconstruire méthodiquement.
Atomiser le système pourraient simplifier l’ensemble mais ceux qui semblent en avoir la capacité n’ont pas l’air d’avoir la maîtrise de l’énergie qui serait pleinement libérée.
A noter, le brouhaha et le bordel ambiant ajoutent de la peine à chacun.
+1
AlerterLe système peut aller très loin. Il ira. La variable humaine semble n’avoir plus aucune importance. Le double langage est général.
La réalité s’imposera par la contrainte, la négociation n’est plus possible.
C’est à dire le réveil d’un monstre.
+0
AlerterYep,
J’apprécie beaucoup ces interviews de Kouvelakis par ce qu’elles révèlent du fonctionnement de Syriza.
Je peux même apprécier les lignes doctrinales, je m’en suis tappé une hier d’un académic US pas piqué des hannetons sur le cite The Real News Net (Baltimore) avec citation de Badiou et tout le déroulé marxiste relooké libertaire, démocratie participative de bas en haut, etc..
Mais, et c’est un gros mais, dans l’urgence et la brutalité des situations que nous subissons, les positions doivent être tranchées, nettes et définitives:
– sortie de l’euro, de l’UE et de l’Otan
et je me fiche bien de qui l’a dit le premier.
+34
AlerterCette interview a l’intérêt de montrer que même dans des partis radicaux, on ne réfléchie pas uniquement à coup de de slogans.
La réalité est complexe. Les jugement à l’emporte pièce c’est utile en cas de choix urgent à faire. Ce ne doit pas devenir une règle de vie.
Ne jamais prendre le temps de bien nommer les choses dans un objectif d’efficacité du discours, c’est faire régresser l’intelligence des choses et au final perdre en efficacité.
Cette interview n’a pas pour finalité d’haranguer des foules, mais de répondre de manière la plus claire et la plus exacte possible à des questions précises.
Et je ne le vois pas tourner autours du pot : se planter, se chercher des justifications à ce plantage et en vouloir à ceux qui nous foute le nez dans notre merde, ce n’est certes pas glorieux, mais ce n’est pas la même chose que trahir.
Tous les articles publiés dans ce blog n’ont pas le même intérêt, mais celui-ci en a beaucoup plus que la plupart.
+11
AlerterVincent
Je suis entièrement d’accord; la réflexion en profondeur, l’ajout de rappels historiques, les connaissances des luttes sociales et des théories qui les ont accompagnées, me semblent nécessaires, voir un indispensable processus menant à l’éveil d’une conscience politique.
Maintenant, les dernières démonstrations de la Troïka ne laissent place à aucune ambiguité.
Et juste après les èniennes interventions militaro-humanistes sponsorés par l’UE et les USA, seuls les soumis refusent de voir et d’en tirer les conséquences.
Il y a une cause à ce Mal, et la condition nécessaire (mais pas suffisante bien sur) est de détruire cette cause première: l’organisation centrale exigeant la soumission.
Par la force, la calomnie, et l’étranglement financier.
Elle a un nom l’Union Européenne et on a put admirer son visage, elle a un levier l’euro de la BCE et elle a un but: assurer l’hégémonie des USA en espérant une caresse affectueuse de son maître.
le salut est dans la fuite.
+11
AlerterJe suis d’accord, sans tomber dans le simplisme il faut faire simple.
Parce qu’en face les démagogues récupérateurs du FN, simpliste, ils savent faire, et ils marquent les esprits.
J’ai lu le « Hareng de Bismarck » de Mélenchon : « belle » charge anti-germanique, mais sur l’euro il tourne autour du pot la Méluche…
+2
AlerterC’est en effet symptomatique de toute la stérilité des arguties sans autre fin qu’elles-mêmes dont cette gauche soi-disant contestataire, mais à mon avis uniquement noyeuse de poissons, s’est fait une spécialité. Ça me fait penser à chaque fois à ce passage du Sacré Graal des Monty Pythons où les types glosent sans fin pour décider ce qu’il faut faire alors que le Christ est en croix 🙂
+1
AlerterMoi ce qui me frappe le plus, c’est ce passage :
« Pour le Grec moyen qui résiste à l’idée d’une sortie de la zone euro, la justification de son refus renvoie à la peur d’une régression du pays au rang de nation pauvre et retardataire – qui était effectivement le sien il y a quelques décennies. N’oublions pas que la société grecque a évolué très rapidement et que le souvenir de la misère et de la pauvreté est encore présent dans les couches populaires et dans les générations âgées. »
On peut en déduire que les grecs n’ont pas encore atteint le fond: apparemment les choses ne vont pas encore assez mal pour eux.
Si les représentations de l’Union Européenne qu’ils ont dans leurs têtes (résultats de la propagande pro UE) restent encore positives, c’est qu’ils ne souffrent pas suffisamment dans leurs chairs.
Mais la suite des événements prévue par Kouvélakis promet d’être réjouissante.
Tsipras sera un pantin sans pouvoir, excepté celui de réprimer son peuple.
Et il va devoir taper très dur quand les expropriations vont commencer et que les gens vont perdre leur maison.
Depuis longtemps je me demandais: mais comment font les grecs ?
Ils n’ont pas de filet de protection sociale.
Lorsqu’ils sont au chômage de longue durée, ils ne touchent plus un centime.
Cette question m’intriguait : comment fait pour vivre quand on a aucun revenu ?
Il paraît que certaines personnes seraient capables de vivre de lumière ( sans aucune nourriture matérielle ), mais je n’ai pas eu connaissance d’une épidémie de « pranisme » chez les grecs.
Une info récoltée récemment m’a permis de comprendre peut-être ce qui se passait là-bas : 80% des grecs possèdent leur maison.
J’imagine donc que les grecs pauvres doivent se retrouver sous le toit familial de leur enfance : ils sont avec leurs parents, et peut-être grand-parents, et tout le monde vit sur les retraites des plus âgés.
La famille ne paye pas de loyer, a peut-être un potager, et au final s’en sort.
Désormais le programme Syriza ( merci la » gauche « radicale » » ) prévoit de couper les aides aux retraites les plus faibles d’ici 5 ans, et de diminuer encore l’ensemble des retraites.
Apparemment, d’après cet article, la saisie des maisons des grecs endettés se prépare.
On peut déduire de tout cela que probablement une partie des grecs vont devoir dans un futur assez proche habiter dans des cabanes en tôle, probablement posées sur des zones industrielles en ruine.
Le pouvoir de l’idéologie et de la propagande est proprement fascinant.
Quand est-ce que les grecs vont comprendre que rester dans l’UE va les ramener au moyen-âge ?
+18
AlerterPas besoin de remonter au moyen age, juste 100 ans en arrière…
+4
AlerterBeaucoup de grecs, de portugais ou d’espagnols, ont cru qu’il suffisait d’adhérer au « club des riches », pour devenir riche. Ce qu’ils n’ont pas encore compris c’est que les riches n’ont pas de coeur, mais que des intérêts. Les grecs commencent à s’en rendre compte, mais visiblement ce n’est pas encore suffisant, pour qu’ils comprennent complétement…
+3
Alerterdeux » ordres mondiaux » se mettent en place sous nos yeux
on se souviendra de la réunion d’Oufa (le monde d’après) comme un moment historique à partir duquel ce qu’on nomme » Occident » est devenu un concept dépassé (le monde d’avant)
hélas pour les choix de nos leaders..!
+5
AlerterTout ceci nous apporte la preuve irréfutable que la sortie de l’euro est la première condition au retour d’une véritable autonomie économique des États.
Condition nécessaire mais pas suffisante.
La reprise en main d’une la création (destruction) monétaire liée a la croissance (décroissance) par les Etats.
Conditions nécessaires mais pas suffisante.
L’association entre états sur la base de politiques économiques communes (Fiscalités, politiques de protections sociales, investissements à long termes) de manière à faire face à l’inévitable mondialisation.
Conditions nécessaires mais insuffisantes sans une véritable volonté populaire.
Donc:
En contre-point à la propagande mainstream, que le conte de la Grèce qui voulu transformer l’U.E. par l’intérieur…..et qui mourru….
soit expliqué (sur les marchés de village, sur les chantiers, chez l’épicier, dans les bureaux, dans les repas de famille, sur les terrains de pétanque, à la sortie de la messe, au bistrot… partout ou vous voudrez…) à tous ceux qui doutent encore de l’aspect dictatorial de cette union financière (Et non pas monétaire)
+7
Alerteril y a problème lorsqu’existe un parti marxiste et communiste qui ne partage pas l’analyse de la direction réformiste de Syriza ni l’eurocommunisme de l’ex-parti dit de l’intérieur et qui est présent dans le mouvement syndical. Je crois qu’à l’aspect critique il faudra montrer que les relations internationales libres ne sont possibles qu’à la façon des chinois ou des cubains avec le Venezuela, donc par la médiation des Brics et non les institutions internationales dépendant de l’empire du dollars ou de l’euro et des forces guerrières de l’otan comme on le voit avec la turquie voisine avec des alliés en grèce et à chypre.
+3
AlerterA force de rentrer dans les détails dans les analyses de qui que ce soit concernant la Grèce on finit par radoter et louper peut-être le principal qui nos concerne tous. Je commence à me lasser alors que le sujet est fondamental.
+5
AlerterJe comprends votre point de vue. Trop d’infos tue l’info dirons-nous. Je pense que Syriza ou la dette ne sont pas « le principal » effectivement. Si on prête sans conditions à l’Ukraine et pas à la Grèce, c’est bien la preuve qu’il n’y a aucun fondement économique derrière tout cela, mais de la géopolitique. Le principal pour le bloc atlantique, c’est que la Grèce reste dans l’OTAN, et ne cherche pas l’appui des BRICS.
Un peu plus à l’Est, Erdogan en Turquie, avec la signature du Turkish Stream, s’est attiré de gros problèmes avec ce fameux bloc atlantique. D’ailleurs l’accord est suspendu pour le moment, et la Turquie est au bord de la guerre civile.
Dans les Balkans, la montée du djihadisme menace la sécurité de la Serbie et de la Macédoine, cela risque également se poser des troubles dans la région.
Le plus fondamental avec la Grèce, c’est de voir le vrai visage de l’UE. Malheureusement, la propagande médiatique fait bien son boulot, et seuls les Grecs s’insurgent. Les autres peuples suivront uniquement quand sera venu leur tour.
+16
AlerterOn dirait que vous avez lu dans mes pensées.
+5
AlerterAnalyse intéressante qui éclaire bien le fonctionnement de l’UE ainsi que l’échec d’une stratégie grecque soit disante experte dans la théorie des jeux (lol).
Mais ce qui manque est : c’est quoi leur programme concrètement : économie, écologique, industrie, répartition des richesses, etc.
C’est frustrant ces constats où c’est facile d’être d’accord.
Mais comment mobiliser le peuple sur du constat.
Un article sur ce point est indispensable.
+2
Alerter« une stratégie grecque soit disante experte dans la théorie des jeux (lol). »
Une stratégie bien contrariée par Tsipras et l’aile droite de Syrisa ; aussi il est difficile de se faire un avis puisqu’elle n’a pas été mise en œuvre, ni même utilisée comme menace pour négocier une réduction de la dette..
Varoufakis n’a fait qu’obéir.
+3
AlerterC’est le temps des salauds sincères illusionnés, marxisme 2.0., game over.
+4
AlerterC’est en définitive la notion de fixer l’adversaire, de le désigner, de le dénoncer. Pour combattre Hollande et son pouvoir, ce n’est pas l’habit de capitaine de pédalo qu’il faut lui donner, mais celui d’un politique habile, louvoyant et libéral convaincu. Les infos de France 2 porte parole du pouvoir, mais aussi instrument de propagande très aiguisé maintenant, n’hésitent pas à dénoncer leurs adversaires : les chômeurs, les migrants, les Grecs, les Russes.
Il faut se battre pour obtenir quoique ce soit avec ces gens là. Il faut trouver le lieu de la confrontation qui nous sera favorable aussi.
C’est l’UE qui a fait de moi un souverainiste ou un nationaliste.
+13
AlerterL’important pour Tsipras comme pour les Grecs était-il de gagner ou de donner l’apparence de gagner?
Même question pour la Troïka?
Qui « mange son chapeau » actuellement, les grecs qui reçoivent 7,16 milliards pour rembourser la FMi et les échéances de juillet, ou les allemands qui voient la valeur de l’Euro chuter suite au Q.E?
Tsipras, et c’est à son honneur, se fout complètement de passer pour un traitre si son pays commence à émerger du cloaque dans lequel ses prédécesseurs l’avaient mis.
Ni Varoufakis, qui joue actuellement son rôle d’épouvantail en rappelant chaque jour que l’U.E est passée très prés du « commencement de sa fin », ni Kouvélakis, qui ne parvient pas à « crucifier » le 1er ministre, ne croient réellement à la version officielle.
Vous ne voudriez pas que la Troïka soit vaincue et en plus que ça soit flagrant!
+1
AlerterOn navigue de plus en plus dans un scénario à la Tolkien, avec l’euro dans le rôle de l’anneau unique, celui qui les tient tous, les orques du système qui appliquent sans état d’âme les instructions de Sauron-Système, et les bons elfes de la gauche totalement envoûtés par la magie noire moderniste…
http://www.dedefensa.org/article-la_n_cessaire_lutte_mort_avec_l_orque_26_07_2015.html
+7
AlerterQuelque chose est-il en train de se passer ?
UNE INSURRECTION CONTRE L’EURO ?
L’appel de Stefano Fassina contre l’euro, relayé et commenté (mais en étant prudent) par Jacques Sapir; puis développé aujourd’hui par Dedefensa, qui n’hésite pas, sans pudeur, à mettre les points sur les i ou les pieds dans le plat.
lien:http://www.dedefensa.org/article-une_insurrection_contre_l_euro__05_08_2015.html
+8
AlerterOui!!! Petit à petit les choses se précisent. L’appel d’air se concrétise.
Nous sommes quelques uns sur ce site à évoquer le rassemblement indispensable.
Pour ma part, plusieurs fois, j’ai insisté pour que l’on précise les contours de ce rassemblement . Il faut aller au-delà des limites de la gauche. Le site « dedefensa.org » va même très loin en posant la question du FN.
On ne peut accuser ce site (dedefensa.org), pas plus que Jacques Sapir, de favoriser l’extrême-droite.
Un tel rassemblement est peut-être l’outil pour détacher l’électorat populaire du FN.
Mettre en place cette « insurrection contre l’euro » est une mesure de salubrité publique.
+5
AlerterMerci pour ce lien.
Je suis de ceux qui pensent dans ce sens, notamment concernant l’abandon de toute référence idéologique afin de mener une lutte véritablement déterminée.
en profiter par la suite pour foutre les idéologue à la porte de tout pouvoir politique…; Mais là je rève… sauf à reconstruire une constitution allant dans ce sens.
Art x: Tout individu revendiquant son action politique selon le programme d’un parti, d’un dogme ou d’une religion ne sera admit à etre éligible.
+0
AlerterOui c’est bien.
il n’envisage pas un remake de la lutte des classes, ni une dictature du prolétariat qui aboutit chaque fois à mettre en avant les divisions des chapelles de gauche, pas assez représentative selon les pays.
Le NON au TCE avait ratissé large ( salariés artisans commerçants, les paysans avaient peur de perdre leur PAC, alors que c’est la France qui la paye ).
une sorte de canevas qui peut être repris par d’autres pays.
On peut lire parfois que l’ Allemagne aurait déjà imprimé ses marks.
Peut être que des gens comme Sapir et d’autres sommités internationales y auraient tout à fait leur place à titre d’experts s’ils ne veulent pas endosser le costard de politicien.
A plusieurs pays , on a une chance d’envoyer la troïka dans le fossé.
+2
AlerterIl semblerait que Die Linke (Gauche Allemagne, parti de Sarah Wagenknecht dont plusieurs vidéos ont été postés sur ce site) est peut-être!, à petits pas?, en train de réviser son attitude envers l’UE.
Juillet 2015, les auteurs sont deux membres, des parlementaires, de Die Linke. C’est mesuré et prudent, pas un brulot. Si ce type d’arguments, bien étalés, prend forme plus consistante et acquière de l’adhérence our ‘respect’, il y aura des changements, au moins de ce coté là.
(tous les liens en anglais.) Ici:
https://www.jacobinmag.com/2015/07/germany-greece-austerity-grexit/
En contraste, sur le site Euractiv, mai 2015, on peut lire
« We are not pursuing an anti-European election campaign, » campaign manager for Germany’s Left Party, Matthias Höhn, told EurActiv.de.
http://www.euractiv.com/sections/eu-elections-2014/german-left-party-eurosceptic-afd-our-political-opponent-302336
Et sur le site de Die Linke, juillet 2015, p. ex., titre:
Yes to Europe – No to Merkel’s Poisonous Politics
http://en.die-linke.de/nc/news/selected-news/detail/zurueck/selected-news/artikel/yes-to-europe-no-to-merkels-poisonous-politics/
+0
AlerterCet entretien avec Stathis Kouvélakis est, avec ceux de Varoufakis, de Konstantopoulou, etc., l’un des textes les plus forts que j’aie lus sur cette défaite, mieux, cette déroute suivie de l’anéantissement. Avantageusement, l’analyse présentée ici laisse loin derrière la dérisoire « traitrise », faisant plutôt la lumière sur l’anatomie d’une naïveté trop réelle mais que l’on peut à peine comprendre, menant inévitablement à cette terrible défaite de la « stratégie » des trop « bons gars » (1) contre rien d’autre et rien de moins que le capitalisme barbare et triomphant auquel Syriza eut un jour l’audace de s’attaquer… ce dont elle ne faisait pas secret, du reste.
Leçon, on ne joue pas à « chummy-chummy » (à bisounours?) avec — et surtout pas contre — le capitalisme et ses cerbères… pas davantage qu’avec les bêtes sauvages et féroces de son jardin zoologique favori.
+
Kouvélakis: « Privé de tout contrôle de sa politique budgétaire et monétaire, le gouvernement grec, quelle que soit sa couleur, est désormais dépossédé de tout moyen d’agir. La seule chose qui reste sous contrôle de l’État grec est l’appareil répressif. Et on voit bien qu’il commence à être utilisé comme avant, c’est-à-dire pour réprimer des mobilisations sociales… Ceux qui évoquent donc une stratégie de « gain de temps » ne provoquent chez moi qu’un mélange de dégoût et de révolte. »
Je me permets d’affirmer que si, par les bonnes grâces de l’UE ainsi que par la naïveté et l’impuissance perpétuelles (désormais légendaires!) de la gauche, la Grèce en est vraiment là, avec une « gauche » encore une fois divisée et en plein désarroi, l’avenir de la Grèce appartient désormais aux Nazis d’Aube dorée.
On nous rejouera donc très bientôt, je le prédis, l’air allemand de 1933. Oui, cela crève les yeux, suite à la répétition générale de Maïdan, on nous refera bientôt le coup de la peste brune. Le processus y menant est déjà trop bien engagé pour que nous fassions l’économie de cette ignominie.
« We Are All Greeks Now » (Chris Hedges). (2) Que cela nous plaise ou non, tous, nous sommes déjà Grecs. Il ne nous reste plus qu’à nous en rendre compte.
Et puisqu’il est déjà trop tard (même les revues de presse ont commencé à l’attester éloquemment), comme toujours, notre amour de la servilité (Huxley) et de Big Brother (Orwell), surtout à gauche, fera le reste… hélas!
___________
(1) Richard Desjardins, « Le bon gars ».
https://www.nomorelyrics.net/fr/Richard_Desjardins/Le_bon_gars-paroles.html
https://www.youtube.com/watch?v=a7gUdTYbdvY
(2) Chris Hedges, « We’re All Greeks Now »
http://www.truthdig.com/report/item/we_are_all_greeks_now_20150712
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AlerterQuand on n’a pas de plan B c’est que l’on accepte d’avance en cas de non-réalisation de notre plan A que l’autre partie impose son plan. C’est le gros bon sens. Autrement jugé, c’est une imposture et une insulte à l’intelligence. Il y a plein de gens obnubilé par l’enfumeur qu’est Tsipra qui nous servent des théories qui sont de vraies entourloupettes.
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