Les constats de famine dans le nord de Gaza ont été corroborés par une myriade d’experts et de groupes humanitaires.
- Des Palestiniens se rassemblent pour recevoir de la nourriture préparée par une cuisine caritative dans le cadre d’une crise de la faim à Deir el-Balah, au centre de la bande de Gaza, le 19 décembre 2024. Majdi Fathi / NurPhoto via Getty Images
Un important organisme international de surveillance de l’insécurité alimentaire a rétracté un rapport mettant en garde contre une famine imminente dans le nord de la bande de Gaza, occupé par Israël, après que l’administration Biden a fait pression sur l’organisme pour qu’il le fasse, selon de nouvelles informations.
En début de semaine, le réseau FEWS NET (Famine Early Warning System Network) a publié un rapport avertissant que les décès dus à la faim atteignaient le seuil de la famine dans le nord de la bande de Gaza, alors qu’Israël bloque depuis des mois l’accès de la quasi-totalité de l’aide humanitaire à la région.
FEWS NET, financé par les États-Unis, est censé fournir des analyses impartiales de l’insécurité alimentaire dans les régions du monde. D’autres groupes, comme les chercheurs de la classification intégrée de la phase de sécurité alimentaire (IPC) soutenue par les Nations unies, ont également corroboré les conclusions d’une famine imminente dans le nord de Gaza, si ce n’est déjà le cas dans l’ensemble de la bande de Gaza. De nombreux défenseurs des droits humains ont noté que les déclarations officielles de famine sont souvent tardives, n’intervenant que longtemps après que les conditions ont atteint des niveaux catastrophiques.
Cependant, malgré la série de preuves montrant que la conclusion de FEWS NET selon laquelle les Palestiniens du nord de la bande de Gaza souffrent d’une famine est exacte, les responsables américains ont poussé FEWS NET à rétracter le rapport, a constaté l’Associated Press.
Citant des responsables de l’administration Biden, la publication affirme que l’Agence américaine pour le développement international (USAID) a directement demandé une rétractation. En début de semaine, l’ambassadeur des États-Unis en Israël, Jack Lew, a également publié une déclaration affirmant que les données utilisées pour le rapport étaient « obsolètes et inexactes » – bien que, même si les données sont anciennes, elles peuvent refléter de meilleures conditions que les bas niveaux records actuels de l’aide autorisée à Gaza par les autorités israéliennes.
Le site web de FEWS NET indique que le rapport est « en cours de révision » et qu’il devrait être publié à nouveau prochainement.
Les experts en droits humains ont condamné l’action de l’administration Biden, l’une des innombrables mesures témoignant d’une fidélité totale à Israël et à sa fureur génocidaire dans la bande de Gaza.
« Rejeter un rapport sur la famine dans le nord de la bande de Gaza en semblant se vanter du fait qu’elle a été nettoyée ethniquement avec succès de sa population d’origine n’est que le dernier exemple en date des fonctionnaires de l’administration Biden qui soutiennent, permettent et excusent la campagne de génocide claire et ouverte d’Israël à Gaza », a déclaré le Conseil des relations américano-islamiques (CAIR) dans un communiqué.
« Le fait que l’administration Biden ergote sur le nombre de personnes qui ont désespérément besoin de nourriture à Gaza semble être une diversion politisée par rapport au fait que le gouvernement israélien bloque l’accès à pratiquement toutes les denrées alimentaires », a déclaré l’ancien directeur exécutif de Human Rights Watch, Kenneth Roth.
Roth a souligné que l’administration Biden a probablement demandé la suppression du rapport afin de dissimuler le fait que les États-Unis sont le principal bailleur de fonds étranger de la campagne de famine et de l’agression militaire d’Israël à Gaza.
En effet, depuis des mois, les agences et les hauts fonctionnaires américains travaillent de concert pour occulter les conclusions, même internes, selon lesquelles Israël empêche l’aide humanitaire d’atteindre les Palestiniens, malgré la réalité évidente sur le terrain à Gaza, rapportée par une multitude de sources.
Au début du mois, l’ONU a indiqué que les disponibilités alimentaires à Gaza avaient atteint un niveau historiquement bas et que l’ensemble de l’opération d’aide était sur le point de s’effondrer en raison du blocus israélien, des attaques contre l’aide, qui autorisent et financent au besoin des gangs qui saisissent et pillent les convois d’aide.
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Sharon Zhang est rédactrice à Truthout et couvre la politique, le climat et le travail. Avant de rejoindre Truthout, Sharon a écrit des articles pour Pacific Standard, The New Republic, etc. Elle est titulaire d’un master en études environnementales. On peut la trouver sur Twitter et Bluesky.
Source : Truthout, Sharon Zhang, 27-12-2024
Traduit par les lecteurs du site Les-Crises
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Commentaire recommandé
Trump a signé un « executive order » pour suspendre les « aides américaines » pour tout le monde … sauf Israël. Pas besoin d’en dire beaucoup plus pour voir que sur ce dossier le « nouveau patron » sera sans doutes pas très différent de « l’ancien patron ».
Sur place, la politique militariste a l’air de laisser sa place à une politique de « pression maximume » sur les palestiniens. L’occident a braqué ses caméras sur les 90 otages libérés… pendant que dans le même temps Tsahal embastillait 60 habitants de Jenin et va sans doutes basculer la pression sur la Cisjordanie et les environs des territoires occupés du Golan où de nouvelles bases sont en construction.
Plus ça change et moins ça change !
3 réactions et commentaires
N’espérons pas une meilleure transparence du nouveau gouvernement étasunien.
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AlerterTrump a signé un « executive order » pour suspendre les « aides américaines » pour tout le monde … sauf Israël. Pas besoin d’en dire beaucoup plus pour voir que sur ce dossier le « nouveau patron » sera sans doutes pas très différent de « l’ancien patron ».
Sur place, la politique militariste a l’air de laisser sa place à une politique de « pression maximume » sur les palestiniens. L’occident a braqué ses caméras sur les 90 otages libérés… pendant que dans le même temps Tsahal embastillait 60 habitants de Jenin et va sans doutes basculer la pression sur la Cisjordanie et les environs des territoires occupés du Golan où de nouvelles bases sont en construction.
Plus ça change et moins ça change !
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AlerterLa fin d’une guerre, car elle arrivera, consiste à panser les blessures afin que le sang cesse de couler. Pour cela, on bâillonne aussi une partie des évènements car la sortie doit présenter des vainqueurs et des vaincus lavés, avec un reste de salissure pour les vaincus.
Cette justice, attendue, est toujours géopolitique, c’est la prochaine marche de l’histoire du monde humain.
Les états-unis ne veulent pas voir des représentants d’Israël jugés pour avoir affamé des populations civiles, leur indéfectible soutient s’en trouverait tâché.
En oblitérant certaines informations, on s’illusionne à donner un sens éthique à nos actions, il faut bien avancer… Marche donc… mais vers où?
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AlerterLes commentaires sont fermés.