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2.juin.20172.6.2017 // Les Crises

Sur le front du faux, par François-Bernard Huyghe

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Source : François-Bernard Huyghe, 05-05-2017

« Nous ne sommes pas des “fake news”. Nous ne sommes pas des organisations de presse en difficulté. Et nous ne sommes pas l’ennemi du peuple américain” proclame le président de l’association des correspondants de presse à la Maison blanche, lors d’un dîner annuel (29 avril), d’où était absent Donald Trump, contrairement à tous ses prédécesseurs. À la même heure, loin de Washington, célébrant les cent jours de sa présidence, ce dernier soutenait la thèse inverse et faisait conspuer la presse bobo, rétive aux “faits alternatifs”. Ceux qui accusent Trump de s’être fait élire sur les délires des réseaux sociaux s’opposent ainsi à ceux qui pensent que les médias du système endorment le peuple pour maintenir leurs privilèges.
Pour confirmation : la même semaine, Donald Trump produit une vidéo où il explique qu’il a accompli des choses inouïes, à commencer par se faire élire, et ce en dépit des médias hostiles, tandis qu’Hillary Clinton parlant au « Women for Women International event” à New York, soutient qu’elle aurait certainement été élue s’il n’y avait pas eu la déclaration de James Comey du FBI annonçant une enquête sur l’utilisation non sécurisée qu’elle faisait de ses mails privés, ni les révélations qu’elle attribue aux services russes de courriels du parti démocrate. En somme Trump aurait gagné malgré les médias mainstream (y compris lorsqu’ils révélaient des vidéos privés montrant son attitude en matière de sexualité) et Clinton perdu à cause de mails privés (mais, soit dit en passant authentiques) répandus sur les réseaux sociaux (par les Russes, Wikileaks, la trumposphère, etc.). La vieille phrase « c’est la faute au médias” prend ici un sens tout à fait nouveau. Pour Trump ils sont la forme de l’hégémonie idéologique à combattre, pour H. Clinton, le lieu du débat public menacé par la violence de la transparence et les complots des faussaires.

Preuve de notre américanisation, le débat Le Pen contre Macron reproduit un schéma comparable. On en a largement souligné la violence populo contre techno (« Vos amis de la haut finance » contre « Vous dites des bêtises »). Mais s’est immédiatement posée la question du faux (et des déclarations de MLP sensées révéler le « vrai » Macron). Dans la nuit et a a fortiori dans le Monde du lendemain, il n’était question que des «  dix neuf mensonges » de Marine le Pen ou de ses allusions visiblement nourries par les rumeurs des réseaux sociaux. Comme si la fonction des médias « classiques », visiblement sans prise sur une partie de l’opinion, était de dresser l’ultime digue de la vérification et de la preuve contre des communautés qui croyaient ce qui flatte leurs fantasmes. Ou comme si l’ultime pouvoir de ceux qui furent les faiseurs d’opinion, était dans un monde où il n’y a pas d’alternative (en économie, en politique, face à la mondialisation, à la mondialisation ou aux « demandes de la société ») que d’empêcher une vision alternative de se nourrir de faits alternatifs.

Le dissensus ne porte pas sur le souhaitable, le bon ou le juste, mais sur l’établissement des faits. Et l’accusation devient symétrique : « vous gobez n’importe quoi” versus « vous nous cachez tout”. Élites contre populisme, haut contre bas, périphérie contre centre, Amérique diplômée, à l’aise et urbaine contre ploucs inquiets, belles âmes contre cols bleus, mondiaux universalistes contre blessés de l’identité : on connaît l’explication sociologique. Elle suggère la base économique, géographique et culturelle d’un affrontement indéniablement idéologique.

Or justement qu’y a-t-il de plus idéologique que de décréter ce qui est vrai, ce qui fait autorité et ce qui n’est pas discutable ? Le camp de l’évidence (il y a des certitudes scientifiques établies, il n’y a pas d’alternative à certains principes économiques et politiques, la modernité va dans un certain sens) rencontre une contestation inédite : ceux qui croient peut-être ce que leur dictent leurs peurs et leurs instincts, mais certainement plus la légitimité médiatique ou le discours des élites. Ce moment se nommerait “post-vérité« .

Formulation paradoxale. Y eut-il jamais une ère de la vérité où politiciens, médias, communicants, officines et autres aient dit vrai et le peuple cru seulement en des faits avérés ? Un âge sans rumeurs, désinformation, intoxication ou impostures ? Pourtant l’expression a tant fleuri, en version anglaise ”post-truth », que l’Oxford dictionary l’a consacrée “mot de l’année 2016”. Il expliquerait le succès du Brexit ou de Trump par des fausses nouvelles en ligne, d’où vote contraire aux choix rationnels (Remain et Clinton). Face à un public hostile à toute notion d’expertise, d’autorité ou de vérification, photos, témoignages chiffres seraient sans prise sur les préjugés.

En France, dire « nous sommes à l’ère de la post-vérité” sur un plateau de télévision, c’est préparer la dénonciation d’une rumeur en ligne (sur des financements imaginaires à E. Macron ou des abus supposés des migrants p.e.). Et manifester sa surprise, non dénuée de mépris de classe, que les électeurs croient pareilles absurdités au lieu d’écouter les compétents. La fonction des intellectuels critiques devenant alors de ramener aux médias classiques, tandis que leur critique ou celle de l’idéologie dominante prend a contrario des connotations populistes (il nous semble qu’il n’en fut pas toujours ainsi).

Source : François-Bernard Huyghe, 05-05-2017

 

De la désinformation à la post-vérité

François-Bernard Huyghe, 06-05-2017

La propagande, par définition séduisante et ostensible, se veut positive (votez, militez..). Elle vante les réalisations d’un régime ou exalte le camp du bien. La désinformation, offensive et secrète dans ses mécanismes, est une falsification destinée à tromper l’opinion (et surtout à délégitimer l’autre) ; elle se distingue de la simple intoxication des dirigeants adverses (leur fournir de faux tuyaux pour les pousser à de mauvaises décisions) par la largeur de sa cible. Le terme désinformation est apparu au temps de la guerre froide, même si, la pratique de la tromperie et du stratagème est bien plus ancienne : des théoriciens comme Enée le Tacticien ou le Chinois Sun Tzu en traitaient, dès l’Antiquité.
Mais la dénonciation d’une méthode destinée à tromper, démoraliser et diviser le camp adverse, et liée aux mass médias modernes est relativement récente. Vladimir Volkoff essaie – dans Le montage, Grand prix du Roman de l’Académie française en 1982 – de cerner les principales méthodes de la désinformation. En 1997, sa « Petite histoire de la désinformation » en donne une définition, « une manipulation de l’opinion publique, à des fins politiques avec une information traitée par des moyens détournés ». La désinformation suppose la propagation d’une information fabriquée en vue d’un effet déstabilisateur (sur un gouvernement, une entreprise, un mouvement d’idées). Dans mon ouvrage « L’ennemi à l’ère numérique », j’avais proposé : « la désinformation. consiste à propager délibérément des informations fausses en les faisant apparaître comme venant de source neutre ou amie pour influencer une opinion et affaiblir un adversaire ». Soulignons qu’elle est d’abord pratiquée par des services d’État avant de passer dans les mains d’agences d’influence (des « officines » mais avec une grosse surface sociale) dans les années 90.

FALSIFICATION D’ÉTAT

L’un des cas les mieux connus et quasi inaugural de la disinformatzya d’État est celui du massacre de Katyn, perpétré par les hommes du NKVD soviétique ; ils ont exécuté des milliers d’officiers et de cadres polonais dans une forêt de Biélorussie où les Allemands ont découvert l’immense charnier en 1943. Ce crime est imputé à la Wehrmacht par les Soviétiques lors du procès international de Nuremberg contre les dirigeants nazis. Au cours des années soixante, un assez large consensus semblait s’établir à ce propos, y compris chez certains historiens, dont Alain Decaux lui-même. Il a fallu la fin de l’URSS et l’aveu de la culpabilité soviétique par Mikhaïl Gorbatchev pour que la vérité s’impose. Durant la guerre froide, les partis communistes, au moment de la Guerre de Corée lancent une campagne accusant les Américains de recourir à la guerre bactériologique, ce qui valut au général Ridgway son surnom de « Ridgway la Peste ». Dans le même esprit, au cours des années 80, se développe le bruit que le virus du SIDA aurait été conçu dans un laboratoire américain au contrôle duquel il aurait échappé. La guerre froide a ainsi été particulièrement favorable au développement de la désinformation. La désinformation diabolise souvent.

Pendant la guerre froide, les Congrès pour liberté de la culture, organisés par le mouvement anticommuniste mondial, relèvent plus de la public diplomacy, la guerre culturelle et idéologique ; ils ont remporté de notables succès en mobilisant des intellectuels tels que Raymond Aron ou Thierry Maulnier mais comment désinformer la Pravda ? Avec la chute de l’URSS et l’avènement éphémère d’un monde unipolaire sous l’hégémonie nord-américaine, la désinformation est intégrée dans la panoplie occidentale. Cela consiste souvent à imputer à l’adversaire des crimes imaginaires.
Le cas le plus exemplaire est sans doute, en 1990, celui des bébés arrachés aux couveuses et agonisant sur le sol d’une maternité koweitienne. Une remarquable enquête de la télévision canadienne a montré qu’il s’agissait d’un montage grossier : « l’infirmière » éplorée qui racontait l’épisode était en fait la fille de l’ambassadeur koweitien à Washington, de plus absente du Koweit au moment des faits présumés. Une agence de communication avait fabriqué de bout en bout ce récit destiné à discréditer le régime de Saddam Hussein et à justifier l’intervention militaire sous l’égide américaine avec l’accord de l’ONU. Il y avait eu, en 1989, le précédent du charnier de Timisoara – où l’on « découvrait » des milliers de victimes du régime – utilisé pour accélérer l’élimination du président roumain Ceausescu, tout comme les rumeurs répandues sur l’omnipotente Securitate, la police du régime. L’effet recherché est rapidement atteint et l’on ne s’aperçoit qu’ensuite de l’énormité des mensonges avancés (cadavres « empruntés » à une morgue, etc.). Les mêmes procédés furent utilisés pour discréditer le pouvoir serbe à la fin des années 90, notamment au Kosovo. Les massacres de « civils » imputés aux Serbes et les images de trains « déportant » les Kosovars, qui avaient vocation à rappeler de manière subliminale les déportations de la Seconde Guerre mondiale, furent largement utilisés et l’on se souvient des insultes lancées contre Régis Debray pour avoir eu le malheur de constater, dans un témoignage donné au Monde, que la vie était tout à fait normale à Pristina. Que dire des accusations de détention d’armes nucléaires et chimiques lancées contre Saddam Hussein par Colin Powell devant l’Assemblée générale des Nations Unies ? C’était pour justifier, en 2003 cette fois, la seconde intervention américaine contre l’Irak. La désinformation peut s’inscrire dans le champ des rivalités économiques. On voit bien comment des acteurs américains ont su compromettre la réussite commerciale du Concorde et il en va de même des manoeuvres dirigées contre un groupe comme Total, concurrent des majors anglo-saxonnes sur le terrain pétrolier. En même temps, certaines actions de désinformation sont devenues, au fil du temps, plus faciles à décrypter, à la fois parce que le phénomène est mieux connu, notamment en économie, et parce que les ressources du Net vont permettre une vérification par tous.

DÉMOCRATISATION DU FAUX

Le phénomène le plus remarquable de ces dernières années réside sans doute dans la « démocratisation » de la désinformation sur les réseaux sociaux. Elle est utilisée dans tous les sens et bénéficie des possibilités qu’offre la technique contemporaine. On peut réaliser en numérique des faux remarquables, notamment en matière de photographies, les diffuser et les faire reprendre par sa « communauté », mais leur repérage est également techniquement plus facile ; ainsi se développent parallèlement les possibilités de diffusion ou de dénonciation sur les réseaux sociaux ; les méthodes de vérification aussi sont assez aisées à mettre en oeuvre. Reste que la désinformation sur ces nouveaux supports explose du fait d’initiatives d’individus ou de groupes idéologiques : ils compensent leur faible représentativité politique par un activisme très soutenu sur la toile, sans oublier les actions qui continuent à conduire les Etats.

Une proportion (que certains sondages estiment à 15%) du public ne croit plus au discours médiatique dominant, et se persuade que celui-ci véhicule pour l’essentiel des mensonges au service d’intérêts inavouables : cela encourage les internautes à chercher la vérité « ailleurs ». Le cas des attentats du 11 septembre 2001 est à cet égard exemplaire. Sans apporter des interprétations alternatives cohérentes, des milliers d’internautes ont mis en doute le discours « officiel » concernant l’événement. Et ce avec un certain succès entretenu par les doutes apparus à propos de l’enquête ou des légèretés pointées quant à l’action des services de renseignement… Le complotisme correspond à un système mental ; il offre une relecture des événements sur la base d’une démarche a priori hypercritique (coïncidences bizarres, contradictions dans la « version officielle », etc.) mais qui aboutit à la conclusion que tout est truqué par des manipulateurs tout-puissants (services gouvernementaux, sociétés secrètes…). Le problème de cette pseudo-explication est qu’un trucage de cette ampleur impliquerait beaucoup trop de monde, des milliers de complice parfaits et qui gardent le silence des années. Ce n’est guère crédible, quand on pense à ce qu’impliquerait la falsification du 11 septembre. Plus généralement, « tout » ne peut avoir une cause unique, elle-même réductible à la volonté d’une minorité. Il faut compter, dans l’Histoire, avec le hasard et l’imprévu : les prospectives imaginées dans le passé se sont bien rarement confirmées dans les faits à l’horizon ne serait ce que de quelques décennies. A fortiori les plans de conquête du monde ou des esprits.
Ne confondons pas le « système » en place, au sens d’une réalité qui combine la soumission des intérêts économiques ou sociaux et le pouvoir d’une nomenklatura politico-médiatique qui se présente comme autorité morale exclusive, et, d’autre part, un supposé « complot », thèse qui séduit incontestablement des groupes et des réseaux importants mais qui s’effondre sous l’inflation des explications concurrentes. Le complotisme, en somme, c’est imaginer que tout est désinformation, sauf un fait imaginaire : qu’un groupe d’hommes tout puissants puisse entièrement mettre en scène le réel.
Parallèlement, la désinformation étant ainsi banalisée, à portée de souris, l’accusation de désinformation portée contre toute thèse qui contrarie la vision idéologique dominante prospère. C’est l’escalade dans l’accusation mutuelle de désinformation : le manipulateur c’est l’autre.

L’Etat et les élites tendent à dénoncer le « danger intellectuel » et moral du « complotisme », à exploiter cet argument sur le terrain idéologique et, par là, à disqualifier la critique comme produit d’esprit paranoïaques (ou de malheureux naïfs égarés par les délires qui traînent sur Internet). C’est sur ce terrain qu’est notamment attaqué l’intellectuel américain Noam Chomsky, critique redoutable du modèle états-unien. Or il y a quand même une différence entre dénoncer le pouvoir de la finance et croire au pouvoir occulte des Illuminati ou des extra-terrestres.
L’accusation de « complotisme » se transforme en argument incapacitant pour borner le débat aux propositions « acceptables ». L’usage du mot peut se comparer à celui du terme « populisme » utilisé, sans avoir fait l’objet d’une définition précise, contre tous ceux remettent en cause l’ordre établi dans la sphère occidentale. En économie, le seul discours ayant droit de cité dans le cadre du libéralisme dominant est présenté par les « experts » du « cercle de la raison », sans que les tenants de propositions alternatives aient vraiment voix au chapitre. Ceci reflète en retour l’incapacité des « élites » dominantes à comprendre que l’on puisse s’opposer à elles, sauf à être considéré comme des victimes de la « désinformation » ou des fakes. Pour reprendre la formule de Guy Debord, « le vrai est devenu un moment du faux » ; mais il y a une consolation :, l’accès rapide aux énormes archives que la technologie rend accessibles suscite des situations nouvelles. Notamment celles révélée par l’affaire des « lanceurs d’alerte ». J. Assange, E. Snowden ou le soldat Bradley : ces gens étaient intégrés dans des bureaucraties telles que l’Armée ou la NSA, et, par un scrupule moral qui les conduit à détruire leur vie, ils diffusent des documents authentiques révélant des crimes ou des dysfonctionnements. Les révélations de ces nouveaux dissidents sont relayées et expliquées par des titres de la presse mondiale. La technologie et la production par les bureaucraties de gigantesques archives numériques impliquent ce risque de diffusion : le même principe vaut aussi, on l’a vu récemment pour l’Etat islamique.
Dans le « brouillard du réel », il est facile de construire autour d’un groupe une version particulière d’une réalité qui fait l’objet d’interprétations concurrentes et de se renforcer collectivement dans ses convictions. Nous sommes ainsi passés au stade où l’on se réfère théoriquement au même monde, mais chacun produisent des images radicalement différentes de la réalité.

FAKES ET COMPLOTS

L’anti-complotisme se modernise sous forme de dénonciation de la post-vérité et de chasse aux « fakes ». Post-vérité ? Cela sonne paradoxal : y eut-il jamais une ère de la vérité où politiciens, médias, communicants, officines et autres aient dit vrai ? Un âge sans rumeurs, désinformation, ou impostures ? Pourtant l’expression a tant fleuri en anglais, « post-truth », que l’Oxford dictionnary l’a consacrée « mot de l’année 2016 ». Il expliquerait le succès du Brexit ou de Trump : des fausses nouvelles ou « fakes » en ligne responsables d’un vote contraire aux choix rationnels (Remain, Clinton), moquant toute notion d’expertise, d’autorité ou de vérification. En France, dire « nous sommes à l’ère de la post-vérité » sur un plateau de télévision, prélude souvent à la dénonciation d’une rumeur en ligne (financements imaginaires à E. Macron ou abus supposés des migrants). Et reflète la surprise, non dénuée de mépris de classe, que les électeurs (ou du moins les populistes mélanchonistes ou marinistes) croient pareilles absurdités au lieu d’écouter les sachants.
Le concept de « post-vérité » offre en fait au moins trois niveaux d’interprétation.
Le discours « accusatoire » contre l’impudence des démagogues et sophistes qui abusent les masses. Ainsi Trump affirmant que plus d’un million de votes illégaux avaient été à sa rivale, ou la porte-parole soutenant que l’investiture de Trump avait rassemblé plus de monde que jamais. Contre-évidences dont les médias feraient forcément des gorges chaudes preuves à l’appui. Mais la théorie du culot éhonté n’explique rien : le problème n’est pas qu’il y ait des fabulateurs, mais qu’ils soient crus et ce contre l’opinion/réfutation inverse quasi unanime des mass médias.
Le discours « décadendiste » sur le sens moral affaibli (sous l’effet du relativisme, de la téléréalité, de la perte de l’éthique républicaine ?). Les gens seraient moins abusés par des mensonges d’autrui qu’indifférents à l’idée même de vérité, goguenards devant toute compétence et prêts à croire tout ce qui satisfait leurs passions. « L’ère de la post-vérité », tel était le titre d’un livre de 2004 (R. Keyes) et qui se référait à des travaux fort sérieux sur le « bullshit » (dont la traduction française la plus polie serait « baratin ») tel « On Bullshit » du philosophe H.G. Frankfurt. La thèse était en effet qu’au-delà du simple mensonge (relation délibérément erronée de faits que l’on sait vrais), s’imposait socialement une rhétorique déconnectée de la réalité, pourvu qu’elle séduise ou qu’elle sidère. Nos sociétés où tout est affaire d’image et où règne l’insignifiance produirait donc à la chaînes des individus qui enjolivent leur propre image, s’attachent à tout ce qui brille et croient volontiers tout ce qui correspond à leur fantasmes.

Le discours « technologique » pointant la faute des réseaux sociaux. Ils permettent non seulement de produire de pseudo nouvelles ou des images truquées avec uns simple logiciel, mais aussi de les diffuser par des relais et de faire coopérer des réseaux (qui « likent », recommandent, citent, créent des liens, etc. ). Le faux s’est démocratisé, au stade de la fabrication, de la diffusion ou de la réception. Des algorithmes recommandent des contenus comparables à ceux que l’on vient de recevoir et, par un effet de « bulle », (chaque communauté tend à s’isoler, chacun se rapprochant de plus en plus avec ceux qui confirment ses préjugés) la vérité se perdrait donc dans le cyberespace. Le réel serait à la carte, en somme, puisque toutes les versions sont disponibles.
D’où la panique des médias classiques qui traquent les « fakes » proliférant en ligne, rectifient les erreurs du peuple naïf, chassent les intox et ramènent au cercle de la raison. Comme si, leur fonction de « gardes-barrières » d’une information qu’ils recueillaient puis répandaient étant menacée, il devaient garder le contrôle sur l’information sauvage venue d’en-bas, celle que chacun s’approprie et que tous bricolent à leur gré. La lutte contre la post-vérité disqualifie toute opinion anti-élitiste comme irrationnelle et s’accorde le monopole de la vérification.
Ce qui ne manque pas de nourrir le conspirationisme en un cercle vicieux.

Au stade actuel, la dénonciation des falsifications commence à tenir une place incroyable dans les médias classiques. Prenons un exemple (6 juin 2017), à la veille du deuxième tour des élections présidentielles françaises. Après des pages entières consacrées aux erreurs et mensonges de Marine le Pen pendant le débat télévisé avec Emmanuel Macron, on apprend le même jour :
Qu’il y aurait une intox qui circulerait sur les groupes qui ont chahuté la candidate à Reims
Que certains croiraient qu’Emmanuel Macron avait une oreillette pendant le débat
Que, deux jours après l’accusation fait à Macron d’avoir un compte aux Bahamas, des documents (vrais, faux, un mélange des deux ?) piratés sur son site informatique circulent sur les réseaux sociaux, une affaire qui semble faire écho à celles des mails du parti démocrate en 2016.
Qu’il y a deux versions contradictoires d’une déclaration de Marine le Pen, traitant ou pas François Fillon de merde pour un journal italien
Que des médias russes veulent poursuivre Emmanuel Macron pour falisification.
Etc.

De tout cela, on peut conclure suivant son orientation idéologique, soit qu’Emmanuel Macron candidat de la vérité est l’objet d’une opération gigantesque de désinformation menée par une coalition russo-mariniste, soit qu’il est très habile à le faire croire et pratique génialement ce que l’on nommait autrefois « métapropagande », c’est-à-dire l’art de dénoncer tout ce qui lui est défavorable comme émanant de la propagande ennemie (et quiconque y croit comme une victime d’un opération de falsification).
Mais la véritable question est qu’une part considérable de l’attention médiatique (entendez celle des médias « classiques » ou « mainstream ») est consacrée désormais à la lutte contre les réseaux sociaux et leurs contenus présumés faux et répondant à un dessein de déstabilisation stratégique (ce que l’on aurait nommé autrefois la subversion).
La bataille idéologique se déroule désormais autour de la « fuite » (corollaire de notre culte de la transparence), du faux et de l’incrédulité de masse.

François-Bernard Huyghe, 06-05-2017

Nous vous proposons cet article afin d'élargir votre champ de réflexion. Cela ne signifie pas forcément que nous approuvions la vision développée ici. Dans tous les cas, notre responsabilité s'arrête aux propos que nous reportons ici. [Lire plus]Nous ne sommes nullement engagés par les propos que l'auteur aurait pu tenir par ailleurs - et encore moins par ceux qu'il pourrait tenir dans le futur. Merci cependant de nous signaler par le formulaire de contact toute information concernant l'auteur qui pourrait nuire à sa réputation. 

Commentaire recommandé

Duracuir // 02.06.2017 à 08h59

J’attends toujours que la presse Française fasse son boulot et publie la déclaration du chef de la cybersécurité française à lAFP comme quoi il n’y a eu AUCUN HACKING RUSSE sur la campagne de Macron.

Et de la même manière, j’attends que SAMUEL LAURENT fasse son boulot et dénonce Macron pour propagation de fake-news quant à des propos diffamatoires fantômes diffusés par RT ou Sputnik sur leur petit timonier.

38 réactions et commentaires

  • Arnaud // 02.06.2017 à 05h34

    « y compris lorsqu’ils révélaient des vidéos privés montrant son attitude en matière de sexualité »

    J’ai du les rater. De quelles vidéos s’agit-t-il ?

    Je n’ai vu que la video filmée par Access Hollywood ou il avait un micro, mais ce n’est clairmeent pas une vidéo privée.

      +3

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    • alan bic // 03.06.2017 à 09h06

      La presse et les medias officiels ont réalisé un véritable hold-up sur l’information

        +3

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  • DocteurGrosDois // 02.06.2017 à 06h56

    Les media cherchent-ils à faire croire ou à faire savoir?

    La croyance est une impression, susceptible d’être manipulée, alors que le savoir suppose l’acquisition raisonnée d’une connaissance. Chaque science a sa pseudo science (astrologie-astronomie), chaque art a sa contrefaçon (journalisme-propagande).

    Se poser la question de « que cherche-t-on à me faire croire et/ou à me faire savoir » permet d’aborder sainement une information, et de séparer les faits des opinions. Essayez, c’est rigolo.

    Je n’ai as inventé l’eau chaude, ça sort tout droit du Gorgias de Platon dont je vous conseille la lecture car toute cette problématique s’y trouve.

      +23

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    • DUGUESCLIN // 02.06.2017 à 08h04

      « Les médias cherchent-ils à faire croire ou à faire savoir? »
      J’abonde dans votre sens, la question est clairement posée. On ne devrait jamais aborder des informations sans se poser cette question.
      On peut également s’interroger sur le but recherché, avoué ou non, par tel ou tel groupe politique ou groupe d’intérêt, dont les actions entreprises sont révélatrices d’une finalité, pour deviner la possible transformation des faits, et des mensonges, comme une logique prévisible en regard de cette finalité.
      Exemple: la supposée utilisation de l’arme chimique par l’armée syrienne, dans une zone, qui n’apporte rien sur le plan militaire, et encore moins sur le plan politique, permet de mettre en doute la véracité de l’information lorsqu’elle émane de ceux qui veulent se débarrasser du président syrien.

        +13

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      • Louis Robert // 02.06.2017 à 12h25

        Je m’interroge en effet dès lors que s’adresse à moi quiconque a l’ambition avouée de dominer le monde en tout et absolument (« full spectrum dominance »).

          +5

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  • Lysbeth Levy // 02.06.2017 à 08h36

    C’est tellement une évidence, les médias, journaux, presse, télévision sont « la voix du Maitre », donc du « pouvoir » : http://bibliotheques-specialisees.paris.fr/ark:/73873/pf0000841213/v0001.simple.selectedTab=record Honoré de Balzac écrivait ceci : http://gallica.bnf.fr/ark:/12148/bpt6k1065498g/f103.item en 1840 bien que de nos jours tous les médias sont achetés par ce « pouvoir » et peux donc exercer la « Justice médiatique » a son profit .: http://arretsurinfo.ch/le-role-des-medias-guerre-de-manipulation-par-la-desinformation/ Il n’y a plus rien de censé dans la presse quand on lit autant d’inepties, comme les mensonges, procès d’intention contre une personne « hait par l’Etat » ou dont on veux réduire la « liberté d’expression ». Et quand on déclencher des agressions militaires, les milliardaires qui l’ont « achetée » (la presse) ne se gènent pas pour lancer des bombardements a travers ces mensonges encore répétés alors que l’on sait en haut lieu qu’on a perdu sur le terrain : .https://www.mediapart.fr/journal/international/010617/comment-bachar-al-assad-gaze-son-peuple-les-plans-secrets-et-les-preuves?onglet=full Le droit d’informer est devenu le droit de tuer ou assassiner !

      +11

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  • Toff de Aix // 02.06.2017 à 08h36

    On ne peut que renvoyer vers de sains réflexes d’auto défense intellectuelle, telle que la lecture de l’article de Viktor Dedaj « médias et information, il est temps de tourner la page »(article repris sur ce site il y a quelques temps, et c’est normal vu le nouveau slogan des crises.fr!)

    Le problème est multiple dans cette affaire :
    – l’abandon de l’enseignement de la rhétorique par exemple, abandon théorisé par Ingrid Riocreux (dont je conseille les ouvrages), qui a laissé toute une frange de la population complètement démunie face aux manipulations. Cet abandon n’est pas nouveau, et il n’est pas le seul en cause :mais combien de gens connaissent réellement les figures de rhétorique, ainsi que les mécanismes psychologiques en œuvre dans la propagande, qu’elle soit médiatique ou commerciale (oui, je parle de la pub !)

    Il y a une évidence majeure : des gens sont formés, et rompus à l’art de la « comm' », c’est à dire de la propagande. Et en face la majeure partie de la population n’a plus qu’un enseignement de consommateur…

    -autre télescopage : la fin d’un cycle civilisationnel, ce que pointe bien ce billet. La tempête parfaite de la crise, qui n’est pas, qui n’est plus qu’une simple crise, mais le point de conjonction de multiples problématiques carrément insolubles à court/moyen terme, pour une civilisation aussi spécialisée et aussi fragile, car dépendante de l’énergie pétrole, que la nôtre. Ça n’est pas pour rien que « plus personne n’écoute plus personne ». Le degré de décadence d’une civilisation se mesure à la décadence de ses mœurs, et au recul moral que cela engendre. Je ne parle pas de morale au sens chrétien, mais de morale au sens « Conscientisation » du terme.

    Quand le vivre ensemble n’est plus perçu que comme une contrainte indépassable, quand l’argent, l’égoïsme et la flatterie du moi (Twitter, Facebook et compagnie) deviennent les seuls horizons d’une humanité en perte de son vrai et authentique soi (l’altruisme, la bonté, la compassion, l’empathie, l’ouverture aux autres, la générosité….), quand tout ceci est occulté par le gonflement démesuré de la peur et de l’ego, alors l’anomie survient.

    Les médias ne sont que l’expression de ce problème bien plus vaste, car il touche une grande majorité de la population.

    L’anomie, c’est le dernier stade avant la décomposition sociale et la guerre du tous contre tous.

      +36

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    • olivier // 02.06.2017 à 18h21

      « Je ne parle pas de morale au sens chrétien, mais de morale au sens “Conscientisation” du terme. »
      Tres spinoziste comme remarque, à qui l’on dois la relégation de la foi de tradition a une foi de conviction, donc de subjectivité et d’individualisme. Vous dénoncez l’individualisme et l’anomie qui en découle. Vous dénoncez un effet mais vous en chérissez la cause ? La valeure creuse du « vivre ensemble » mais qu’est ce donc si ce n’est un appel à des relations ethnoculturelles apaisées sur le territoire Français ? « bien vivre » (Leo Strauss) et « bien commun » sont plus adaptés a une communauté de destin. Enfin, définir et réduire – « l’authentique soi » a des valeurs positiviste me semble bancale. C’est bien ces valeurs qui dirigent aujourd’hui les consciences et forment l’horizon moral indépassable. Et c’est bien lui qui empêche toute reforme et écrase de son dikta toute interrogation légitime. En réalité nous sommes très loin de toute absence de contrôle. Ce dernier se renforce chaque jour un peu plus et c’est bien le propos des articles ci-dessus. A vous lire je crois au contraire à une résurgence d’une morale naturelle, adossé sur l’indignation. Une morale de l’intuition. Sans métaphysique, donc le jouet du pathos et des « idéologies suspectes » (Simone Weil). Il conviendrais de délaisser « les espérances creuses qui réchauffe le coeur ».

        +2

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      • Toff de Aix // 02.06.2017 à 20h32

        Vous me prêtez des intentions qui m’honorent, mais désolé pour vous, je ne les ai pas 🙂

        Je suis tout simplement d’inspiration zen, je pratique la méditation de la pleine conscience régulièrement, et suis responsable syndical, et militant actif, à la cgt cadres. Je sais, ça doit vous déranger, comme ça surprend beaucoup de monde en général, toutes ces « contradictions »..

        Rassurez vous, ça ne m’empêche pas de dormir ou d’agir, je pense que ça vous dérange uniquement parce que vous avez l’habitude de ranger les gens dans des cases. C’est un peu le mal du siècle.

        L’être humain peut bien intellectualiser toutes les « valeurs » qu’il veut, s’il ne les vit pas, s’il ne les expérimente pas, alors elles ne veulent rien dire, et ne servent à rien. L’authentique « métaphysique » pour reprendre vos termes, c’est celle de l’expérience de sa propre conscience reliée à la source… Dans cette optique, bien et mal n’existent pas, et ne sont que des constructions du mental et des systèmes de dominance,basés sur des schémas reptiliens (peur principalement).

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        • olivier // 02.06.2017 à 23h12

          Merci 🙂 Sur la désertion de la morale, c’est bien le contraire qui se passe : loi de moralisation politique, Loi progressistes, criminalisation des questions morale, dérapages, antiracisme, antisémitisme, islamophobe, … Autant de sujet qui font mille fois la une des journaux. Ce sont bien des questions morales en expansion. Le concept « fakenews » est morale. Qui va définir le bien et le mal ? vous ? Vous déplorez une baisse de la morale, mais vous affirmez qu’elle n’est pas réelle. Pourquoi pas Heraclite avec son «  Polemos » ? Surtout quand on regarde l’histoire du Zen (nationalisme japonais de la WW2), ou l’arrière plan tribal et violent du bouddhisme tibétain. Le reptilien c’est aussi l’attaque : Hobbes fonde la société sur cette peur, mais c’est contestable (homme comme animal politique). Alors oui l’action est supérieure à la conceptualisation car la vérité est expérimentale (simone weil). Mais agir est facile. Le mal du siècle est bien plus le manque de cohérence causé par le poison du relativisme. La recherche du centre et de la lumiere interieure ce fait dans la rectitude, plus confucéenne. Car même dans zazen, il y a nécessité d’être droit. « Un vieil étang. Une grenouille. Quel vacarme ! »

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          • Toff de Aix // 03.06.2017 à 09h04

            Encore des petites cases… J’ai dit « d’inspiration zen » pour essayer de complaire à votre besoin de tout categoriser, je me rends bien compte de mon erreur. J’aurais autant pu dire « pleine conscience » que ça aurait été pareil : vous ne savez pas, ne connaissez pas, et vous jugez. C’est à mille lieues du zen japonais… Ou du zazen.

            Et en plus vous n’écoutez pas non plus : quand je disais qu’il ne suffisait pas d’intellectualiser des valeurs (j’y incluais aussi vos lois »morales ») mais qu’il fallait les vivre, les ressentir pour que le monde puisse enfin changer… Vos lois sur la « moralisation » de la vie publique et politique veulent tout dire: merci de confirmer ce que je disais, il n’y a jamais eu autant de lois qu’à notre époque, et jamais elles n’ont été aussi peu appliquées par ceux qui les ont fait voter….

            Enfin bon, je ne chercherai pas à vous convaincre, je sais très bien que ces discussions sont d’une stérilité tout à fait caractéristique de l’egotique qui prévaut à cette époque. Je vous souhaite une bonne journée.

              +1

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            • olivier // 03.06.2017 à 12h30

              Sur le fond, nous sommes en désaccord, mais il est toujours intéressant de débattre sur des vues contradictoires, c’est le principe démocratique de la critique ou alors c’est l’idéologie du consensus.

              Vous avez raison d’invoquez la morale pour les fakenews. Sur la forme, soyez plus clair, je me contente de pointer les incohérences de vos propos (« oui, mais en fait non »). Au delà du « je je je » (et de vos jugements) vous ne répondez en rien à ce que je soulève : vous définissez «  l’authentique soi » avec des valeurs « positivistes » mais vous déclarez ensuite que ce ne sont que des constructions subjectives. Pourquoi vos définitions ? Je répète ma question, s’il faut de la morale : qui définit le bien et le mal ? Apres nous discuterons de les incarner, ou alors commençons par l’incarnation et voyons ce qui sors (le conflit que vous pointez ?) Changer le monde et l’homme est un vieux rêve prométhéen. Peut-il changer ? Tout les totalitarismes ont leur morale.

              Ensuite ces lois sont appliquées. Elles constituent bien une obligation non écrite et tacite qui traverse la société et elles ont plus de force qu’une loi écrite. Mais oui, par pour eux. Le second tour des présidentielles en est un exemple.

              Enfin, les cases existent grâce au prédicat du verbe être. Nous le devons aux Grecs. Ce n’est pas excluant mais complémentaire à la méditation. Expliquez-moi, j’aime comprendre.

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  • Duracuir // 02.06.2017 à 08h59

    J’attends toujours que la presse Française fasse son boulot et publie la déclaration du chef de la cybersécurité française à lAFP comme quoi il n’y a eu AUCUN HACKING RUSSE sur la campagne de Macron.

    Et de la même manière, j’attends que SAMUEL LAURENT fasse son boulot et dénonce Macron pour propagation de fake-news quant à des propos diffamatoires fantômes diffusés par RT ou Sputnik sur leur petit timonier.

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    • Toff de Aix // 02.06.2017 à 09h08

      Mais la presse française fait son boulot mon cher, elle fait même du « très bon boulot » 😉

      Seulement ce boulot n’est pas celui que vous croyez : parler de « la liberté de la presse » et c’est comme parler de « la liberté de licencier », ça n’a aucun sens.

      Le jour où on me parlera de « liberté d’informer », là je serai OK. D’ici là, la presse (qui n’est qu’une industrie), fait ce pourquoi elle existe : elle manipule, elle oriente, elle travaille l’opinion publique dans le bon sens, celui qui est utile au pouvoir.

      « dans une société bien huilée, on ne dit pas la vérité, on ne dit que ce qui est utile au pouvoir « (chomsky).

        +39

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      • Thierry // 02.06.2017 à 10h41

        Il faudra alors qu’on m’explique pourquoi « Le Monde » (et autres journaux à la suite) dénonce dans chaque édition les agissements de Richard Ferrand, à quelques semaines des législatives crutiales pour que Macron puisse appliquer son programme.

        Quel « pouvoir » les manipule ?

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        • Duracuir // 02.06.2017 à 11h55

          Alibi. Attaquer Ferrand, un inconnu du grand public il y a encore moins de 10 jours, et sur un sujet qui n’amène même pas une mise en examen franche ça fait haaaachement rebelle sans aucun risque pour Macron.
          C’est ça la vraie manipulation.
          Mais pour ceux qui ont un minimum de neurone, la ficelle est très grosse.
          Une vraie presse, surtout avide de traquer les fake-news aurait du titrer:
          « Macron invente la vérité relative sur l’info Russe ».
          ou
          « Le président justifie une atteinte au droit de la presse par une fake-news ».
          Ou
          « Non, le président ment, pas de fausses nouvelles sur RT ou Sputnik »
          oU
          « le Président a menti, aucun hacking de sa campagne par les Russes ».

          Mais non, c’est « Monsieur Untel, sous ministricule de trifouillis les oie a parlé durement à une vieille dame ».

          De qui se moque-t-on?

          A ses pires heures de lèche pour Sarkozy, la presse avait fait la même chose, ce qui avait même permis à l’affreux de dire qu’il était persécuté par celle qui l’encensait effrontément.

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          • Lysbeth Levy // 02.06.2017 à 17h36

            Un cas suisse et italien de la part de Mme Cattori sur les méfaits de la « presse » aux ordres : http://www.silviacattori.net/spip.php?article2839
            C’est édifiant mais rare que des journalistes soient puni pour fausses nouvelles et accusations mensongères.: »Cela se passe en Italie, comme cela se passe aux États-Unis, comme cela se passe en France. Le scandale, le sensationnalisme, le « scoop » à tout prix, poussent souvent le journaliste, parfois inconsciemment, parfois de manière préconçue ou de manière délibérée, à altérer la réalité, à forcer le trait, à présenter les évènements de façon exagérément dramatique, exacerbée ou scandaleuse, alarmiste ; parce que de cette façon on accroche l’attention du lecteur. Et comme c’est l’objectif des journaux, de susciter la curiosité, de vendre le plus grand nombre d’exemplaires, et de réaliser ainsi un profit ; dans tout cela, l’individu, perd tout pouvoir de négociation. »..

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          • Thierry // 02.06.2017 à 18h45

            Donc si je comprends bien, les vrais patron de la presse font censurer le traitement d’une histoire douteuse d’emploi fictif vielle de 20 ans d’un looser politique sur le retrour, et pas celles actuelle d’un homme ministre en excercice…. Tout ça pour imposer ‘leur’ candidats.

            Effectivement, je dois manquer de neurones pour comprendre ses subtilités. Ca ressamble de plus en plus à du complotisme, non?

            A noter par ailleurs que personne ne sait si le hacking vient des russes ou d’ailleurs. C’est ce que dit le patron de la cybersécurité française dans l’interview (qui a été relativement mal retransmise par RT). Il est donc normal qu’une ‘vrai’ presse n’ai pas publié le titre que vous proposez.

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            • kriss34 // 03.06.2017 à 09h50

              Beaucoup de complotisme parmi les commentateurs parfois, c’est vrai. Néanmoins on attendrait plus de reserve d’un Président: ou alors qu’il apporte la preuve de ce qu’il assène.

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              Alerter
          • DUGUESCLIN // 02.06.2017 à 20h29

            C’est tout à fait ça. On focalise sur un cas pour faire bonne figure, paraître neutre, et on occulte les autres cas, peut-être beaucoup plus graves, qui, par déduction, paraissent honnêtes puisque qu’on montre bien, de façon ostentatoire, qu’on ne fait pas de cadeaux aux malhonnêtes. D’ailleurs nous avons bien élu un président honnête, sinon il aurait été inquiété sur son patrimoine; « on » ne lui aurait quand même pas fait de cadeau.

              +2

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            • Thierry // 03.06.2017 à 09h43

              Et tous les journaux participent à cette machination, depuis Le Canard jusqu’au Figaro an passant par Libé et Le Monde ?
              Ils sont tous « aux ordres » d’un même commanditaire qui leur aurait imposé d’enqueter sur un ministre et proche de Macron pour, en fait, faciliter la prise de pouvoir par celui-ci ?

              Je n’y crois pas une seconde.

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            • Caton l’Ancien // 04.06.2017 à 13h45

              Dire que la presse est « ‘sous influence », ce n’est quand même pas dire que « 100% des journalistes, de Valeurs Actuelles à la Tribune des Travailleurs, du pigiste à la star du 20h écrit sous la dictée ».

              Sur les journalistes s’exerce une pression qui les pousse à minorer ceci et exagérer cela (et qui pousse certains vers le mensonge pur et simple) ; par exemple, TF1 transmettra bien moins facilement les nouvelles défavorables à M. Bouygues. Puis, les plus hauts journalistes sont du même milieu que les hommes politiques donc pensent naturellement comme eux ; puis, certains rêvent d’être ministres et donc vont être parcimonieux contre certains…

              Voir le Monde Diplo, Acrimed, Halimi… Le fait que, de temps en temps, on voit un article de presse qui va à rebours du truc, peut s’expliquer par le fait que le déterminisme décrit n’est pas irrésistible ou par une volonté de se donner bonne image ou … bref, c’est compréhensible à qui se pose sincèrement la question.

              Après, je prends le pari que la presse va lâcher Macron pour des raisons qui lui seront propres. Mais elle ne lâchera pas son tropisme libertarien tant à la mode à la Silicon Valley ; autrement dit, elle dira de Macron qu’il n’est pas assez libéral.

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    • Thierry // 03.06.2017 à 20h49

      C’est fait.
      Il y a un article complet traitant de l’interview du ‘ chef de la cyber securite française’ dans Le Monde.
      Vous pouvez vérifier avec l’interview elle même : ce sont les médias russes qui en font un mauvais compte rendu et tentent de trompent les lecteurs.

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  • Pinouille // 02.06.2017 à 11h33

    Sans parler des fake news avérées, le présent site rappelle chaque jour que malgré la meilleur volonté que l’on peut supputer de la part des acteurs de l’information, certains faits restent excessivement difficiles à établir, et ouvrent dans tous les cas à un éventail d’interprétations (via prismes idéologiques) souvent très large, qui aboutit parfois à des conclusions opposées et irréconciliables. Au point qu’on voit fuser de temps à autre des accusations de complotisme, puisque chacun croit bien évidemment (vanité) être plus dans le vrai que l’autre.

    Et quand on sort du microcosme intellectuel/journaliste/politique, certains micro-trottoirs donnent la mesure, certes en forçant le trait, du néant rationnel sur lequel se forgent les convictions de certains.

    L’éducation et le travail de culture permettent indubitablement d’enrichir les raisonnements, mais il est illusoire, et certainement dictatorial, d’espérer qu’un jour tout le monde se rejoigne sur une unique vérité univoque: il existe certainement des climatosceptiques informés, rationnels et cultivés.

    Bref, la politique, le lobbying, le neuro-marketing, les diffamations, etc… ont encore de beaux jours devant eux, qui rempliront des livres d’histoire qui raconteront chacun des histoires différentes.

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  • Louis Robert // 02.06.2017 à 12h02

    Bref:

    1. les médias américains et européens dominants trompent et mentent sans cesse, allègrement et systématiquement (les autres leur font écho);

    2. ce faisant, cela crève les yeux, ils détruisent sous nos yeux les institutions occidentales dont ils font du reste parti;

    3. comme le notait déjà Orwell (« 1984 »), les citoyens ne s’en émeuvent pas davantage tout simplement parce qu’ils ne soupçonnent pas l’ampleur de l’abîme qui s’ouvre sous leurs pieds dès lors que le mensonge devient vérité, souvent « permanente ».

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  • kjhvkml // 02.06.2017 à 12h57

    « qu’y a-t-il de plus idéologique que de décréter ce qui est vrai » Aïe ! ca fait mal de lire ça.

    Si A=B et B=C alors l’affirmation A=C est vrai. C’est un raisonnement dénué de toute idéologie.

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    • Loxosceles // 02.06.2017 à 13h58

      Vous n’avez pas compris l’argument. Votre remarque serait juste si la vérité était une propriété mathématique. Or en philosophie, la vérité comporte un certain degré de relativité qui est inhérente à son incorporation à une vision des choses, c’est à dire à une idéologie.

      Même dans les sciences dures, différentes vérités totalement opposées peuvent cohabiter, temporairement ou de manière durable, parce qu’elles se complètent, répondent à des manières de poser une problématique donnée, suivant un angle donné, suivant ce qui est observé ou ce qui est recherché. Le meilleur exemple étant la mécanique quantique et la relativité générale, qui sont à ce jour inconciliables, et pourtant chacune vraies dans un certain consensus et un certain paradigme scientifique.

      Ce problème prend une toute autre ampleur lorsqu’il est question d’analyser des faits géopolitiques ou s’imbriquent des conflits d’intérêt, des visions idéologiques drastiquement opposés, voire sans rapport, l’angle de vision d’en haut (les élites) et celui d’en bas (le peuple). Dans ce cadre, la notion même de vérité devient à prendre avec des pincettes, qui oblige à distinguer les faits de la manière dont on les interprète… car même les faits dépendent de l’observateur… comme dans la science.

        +7

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    • M.D // 02.06.2017 à 17h17

      Vous oublier le sens des mots. Décréter n’est pas établir (ou démontrer).
      Quand vous écrivez :
      Si A=B et B=C alors l’affirmation A=C est vrai. C’est un raisonnement dénué de toute idéologie.
      Bien sûr. Car cette « vérité mathématique » a été déjà établie (d’une manière empirique et d’une manière théorique) donc vous ne décrétez rien vous l’utilisez.
      En revanche si en vous inspirant (utilisant un syllogisme simpliste) de cette première formule vous écrivez :
      A≠ B et B≠ C donc A≠ C est vrai, là vous décrétez une vérité qu’aucune personne avant vous n’a établie sans la démontrer.

        +2

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  • Manuel // 02.06.2017 à 13h25

    La désinformation a été toujours pratiquée dans le but d’avoir accès au pouvoir et dominer les autres. Le problème ces temps-ci, c’est qu’il existe une lutte acharnée entre deux groupes de pouvoir : le néo-libéralisme mondialiste et le nationaliste souverainiste raciste. Rien de nouveau.
    Ce qui est intéressant par contre pour moi, c’est l’invention du concept « post-vérité » en arme de combat par le premier groupe pour combattre le deuxième. S’il se souciait vraiment de l’avis général, ça se saurait.

    Point positif – c’est si rare –
    Mais là, j’ai envie de croire que c’est une aubaine, car les gens sont touchés pour la première fois par l’idée de l’esprit critique et tout le monde en parle. A voir les sites les-crises, @si, Mediapart, mais toutes les chaînes YT. Un problème, c’est que les journalistes pensent vraiment faire preuve d’objectivité, ce qui est absurde. Maintenant, je ne sais pas comment cela va évoluer, mais toutes les mentalités en sont marquées. Avoir dans 20 ans

      +0

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    • Dahool // 02.06.2017 à 19h14

      Bonjour

      Pourquoi raciste ?
      Je suis de ceux là et pourtant je ne suis pas raciste.
      Ouvrez votre esprit et ne voyez pas des méchants nationalistes partout, il y a du bon de ce côté, tout comme il y a du bon de l’autre. Le tout est de savoir reconnaître les qualités et défauts de chacuns, tout comme les siens, on vit mieux.

        +4

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    • Dominique // 03.06.2017 à 12h30

      « c’est qu’il existe une lutte acharnée entre deux groupes de pouvoir : le néo-libéralisme mondialiste et le nationaliste souverainiste raciste. »
      Explication très binaire, limite manichéenne, mais surtout très tendancieuse.
      Je suis personnellement contre le « néo-libéralisme mondialiste » et me sens insulté lorsqu’on me traite de « nationaliste souverainiste raciste ». C’est très éloigné de l’idée que je me fais de moi, m’essentialisant tout simplement comme humain. Surtout, je pense que néolibéralisme et raciste vont de paire, le premier imposant une concurrence forte entre les peuples.

        +4

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  • Dominique // 02.06.2017 à 14h16

    Dans les mensonges étasuniens bien connus à l’encontre de Sadam Hussein, il y a aussi l’« affaire de l’anthrax » qui s’est avérée être une affaire interne.

      +5

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  • Theoltd // 02.06.2017 à 14h19

    « Le complotisme correspond à un système mental ; il offre une relecture des événements …… qui aboutit à la conclusion que tout est truqué…….. Le problème de cette pseudo-explication est qu’un trucage de cette ampleur impliquerait beaucoup trop de monde, des milliers de complice parfaits et qui gardent le silence des années. Ce n’est guère crédible…. »

    C’est pourtant ce qu’on voit jour après jour sur les plateaux Tele: Des experts nous orientant tous dans un seul sens, des news a sens unique et, s’il vous plait, dans le meme ordre sur toutes les chaines. Et au meme moment !
    On voit aussi des accidents étranges arrivant a des moments clés de l’histoire (MH17, de Margerie)….
    Qu’il y ait beaucoup de gens impliqués, je n’en doute pas. Qu’ils gardent le silence, et bien, ils gardent le silence leurs privilèges et leur boulot. C’est pour cela qu’on les paye, et fort cher de surcroît…

      +7

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  • Dominique // 02.06.2017 à 14h24

    Bonjour.
    L’auteur nous explique sur le 11/9 que « Le problème de cette pseudo-explication est qu’un trucage de cette ampleur impliquerait beaucoup trop de monde, des milliers de complice parfaits et qui gardent le silence des années. Ce n’est guère crédible ». Je ne dis pas (surtout pas) que les explications alternatives sur cet événement soient exactes (du reste il y en a plusieurs et elles se contredisent), mais en suivant ce résonnement, on est obligé de conclure que le « projet Manhattan » (130 000 personnes impliquées selon Wikipedia) n’a jamais existé.

      +11

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  • Louis Robert // 02.06.2017 à 16h34

    “Le complotisme… aboutit à… tout est truqué… Le problème de cette pseudo-explication est qu’un trucage de cette ampleur impliquerait beaucoup trop de monde, des milliers de complice parfaits et qui gardent le silence des années. Ce n’est guère crédible….”

    Offensants, « populisme » et « complotisme » ne veulent plus rien dire.

    1. Tout n’est pas truqué. Mais…

    2. Les complots existent, ils abondent. Dans les renseignements, les opérations spéciales, le crime organisé etc., des millions de complices gardent le silence toute leur vie. Certains se mettent à table, d’autres sont liquidés avant d’y parvenir.

    3. J’en témoigne, dans et entre les premières corporations mondiales de pointe, avec la clientèle et le Pouvoir, on se rencontre, cause, s’informe; ensemble on étudie, on échange, on partage, on planifie, on contrôle, on se comprend, on s’entend et… étonnamment, les choses se mettent le plus souvent en place tel que planifié et convenu. « Complot(s) » permanent(s)? Mais non, « business as usual »…

      +4

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  • Dahool // 02.06.2017 à 18h38

    Bonjour

    Quelques remarques à ce très bon article, un peu lourd quand même…

    « Ceux qui accusent Trump de s’être fait élire sur les délires des réseaux sociaux s’opposent ainsi à ceux qui pensent que les médias du système endorment le peuple pour maintenir leurs privilèges. »
    Effectivement, le « l’un contre l’autre » prend tout son sens avec cet article, c’est un clivage important. Comment cohabiter entre têtes de mules ?

    « Un âge sans rumeurs, désinformation, intoxication ou impostures ? »
    Je suis tellement convaincu que c’est dans de grandes proportions que j’en arrive à douter de toutes les informations officielles. Plus je fouille, plus j’ai raison.

    « que les électeurs croient pareilles absurdités au lieu d’écouter les compétents »
    Le plus terrible, être pris pour un Rain man sans talent particulier incapable de mettre son slip alors QU’EUX savent.

    La désinformation ressemble à une attaque sous faux drapeau.

    Monde de dupe

      +4

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  • Dahool // 02.06.2017 à 19h33

    Autre chose,
    je viens de vous lire les crisis et ma remarque ne se réfère pas spécialement à cet article mais au sujet du vrai ou faux.

    Hurler au stop au « tout complotisme » tout en étant curieux du pourquoi du comment, se rendre compte que, quand même, beaucoup de vérités officielles sont fausses, et ne pas admettre que, quand même, ça commence à faire beaucoup, je pige pas.

    Je vais en faire du complotisme,
    Pourquoi les médias ne parlent pas des révélations de la cour des comptes ou l’on apprend que les chiffres officiels sont faux ?
    Parce qu’il faut sauver le soldat Macron qui n’était pas sans savoir !

    « Ce dahool, en prison »

      +5

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  • Didier // 02.06.2017 à 23h30

    Une question, beaucoup plus modeste:

    Il est donc avéré que l’histoire des couveuses du Koweït a été forgée de toutes pièces par une « agence de communication ». Bien. Ses dirigeants ont-ils été foutus en taule? A-t-elle été dissoute?

    Ou faut-il considérer, dans la plus pure tradition libérale, que puisque le contrat a été honoré, circulez, y’a rien à voir ?

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