Source : SCMP, Jun Mai
Traduit par les lecteurs du site Les-Crises
- Les États-Unis « constatent avec inquiétude les tentatives actuelles d’intimidation à l’encontre de ses voisins, incluant Taiwan », déclare le Département d’État
- « Nous demandons instamment à Pékin de cesser ses pressions militaires, diplomatiques et économiques à l’encontre de Taïwan et d’engager plutôt un véritable dialogue » poursuit-il.
« Les Etats-Unis notent avec inquiétude la persistance de Pékin à tenter d’intimider ses voisins, y compris Taïwan », a déclaré le Département d’Etat américain.
La déclaration ne faisait pas explicitement référence à l’incursion des avions de guerre chinois signalée quelques heures plus tôt.
« Nous demandons instamment à Pékin de cesser ses pressions militaires, diplomatiques et économiques à l’encontre de Taïwan et d’engager plutôt un dialogue constructif avec les représentants démocratiquement élus de Taïwan », précise la déclaration, l’une des premières concernant Taïwan depuis que Joe Biden est devenu le président des États-Unis.
Le ministère de la défense de Taiwan a rapporté plus tôt samedi que huit bombardiers de l’Armée de libération du peuple et quatre avions de chasse avaient pénétré dans la partie sud-ouest de la zone d’identification de la défense aérienne de l’île et que sa propre armée de l’air avait déployé des missiles pour « observer » l’incursion.
La déclaration américaine stipulait que Washington continuerait de soutenir une résolution pacifique des problèmes entre Pékin et Taipei, en accord avec les vœux et l’intérêt supérieur du peuple taïwanais.
Elle précisait que le soutien des États-Unis envers Taïwan est « solide comme le roc » et contribue au maintien de la paix et de la stabilité dans la région.
Il n’y a pas eu de réponse immédiate de la part du gouvernement chinois.
Ces dernières semaines, Pékin a présenté les efforts de l’administration sortante de Trump pour approfondir les relations avec Taïwan comme la « folie finale » des responsables sortants. Mais l’administration Biden n’a montré que peu de signes d’une rupture majeure avec la politique de Trump à l’égard de Taïwan.
La semaine dernière, l’ambassadeur de facto de Taïwan aux États-Unis, Hsiao Bi-khim, est devenu le premier représentant taïwanais à assister à une investiture présidentielle américaine depuis des décennies. Trump n’avait pas lancé une telle invitation pour son investiture en janvier 2017, mais l’année précédente, en tant que président élu, il avait eu un échange téléphonique avec le président taïwanais Tsai Ing-wen.
Le secrétaire d’État américain, Antony Blinken, a déclaré lors de son audition de confirmation la semaine dernière que Biden veillerait à ce que Taïwan soit en capacité de se défendre.
Wang Huiyao, président du Centre for China and Globalisation, un groupe de réflexion basé à Pékin, a déclaré que la déclaration américaine était une réponse mesurée suite au signalement de l’incursion dans l’espace aérien de Taiwan.
« Les États-Unis pourraient se sentir obligés de réagir après les efforts de Taïwan pour rendre l’incursion publique, mais, en se référant à quelques lignes du ministère, il est encore trop tôt pour savoir quelle est la position de Biden sur la question », a-t-il déclaré.
Pékin a augmenté sa pression militaire sur Taïwan en 2020. Le chef de la défense de l’île a compté 1 710 sorties aériennes et 1 029 incursions maritimes dans la zone d’identification de la défense aérienne de l’île au cours des neuf premiers mois de l’année.
Samedi également, plusieurs porte-avions américains emmenés par l’USS Theodore Roosevelt sont entrés en mer de Chine méridionale.
Le groupe d’attaque devrait mener des opérations de routine « pour assurer la liberté des mers, construire des partenariats qui favorisent la sécurité maritime », a déclaré samedi le Commandement Indo-Pacifique américain.
Entre-temps, le ministre japonais de la défense Nobuo Kishi et le secrétaire américain à la défense Lloyd Austin, récemment confirmé, ont convenu dimanche de renforcer l’alliance de leurs pays dans le contexte de la puissance maritime croissante de la Chine.
« Nous avons décidé de nous opposer à toute tentative unilatérale de changer le statu quo dans les mers de Chine méridionale et orientale », a déclaré Kishi aux journalistes suite à un échange téléphonique avec son homologue américain.
Les ministres ont réaffirmé que l’article 5 du traité de sécurité entre le Japon et les États-Unis, qui oblige les États-Unis à protéger le Japon contre une attaque armée, concerne bien les îles Diaoyu, situées dans la mer de Chine orientale, qui sont administrées par Tokyo mais revendiquées par Pékin, a-t-il ajouté.
La Chine a exercé une pression vigoureuse pour faire valoir ses revendications territoriales dans les deux mers, ce qui a accru les tensions avec le Japon et d’autres pays asiatiques.
Rapport complémentaire de Kyodo
Jun Mai est un journaliste primé et traitant la politique, la diplomatie, les affaires juridiques, l’activisme social et les actualités générales de la Chine depuis une décennie. Avant son affectation actuelle à Pékin, il était basé à Hong Kong et a également effectué un stage à Washington DC.
Source : SCMP, Jun Mai, 24-01-2021
Traduit par les lecteurs du site Les-Crises
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« « Nous avons décidé de nous opposer à toute tentative unilatérale de changer le statu quo dans les mers de Chine méridionale et orientale », »
Ah, oui comment? En déclenchant une guerre contre la Chine? Les navires yankees qui font des ronds dans l’eau forment des cibles parfaites pour les missiles hypersoniques.
» Nous demandons instamment à Pékin de cesser ses pressions militaires, diplomatiques et économiques à l’encontre de Taïwan et d’engager plutôt un dialogue constructif avec les représentants démocratiquement élus de Taïwan » »
Nous demandons instamment à Washington de cesser ses agressions militaires, diplomatiques et économiques (pillage du pétrole syrien, entre autres) à l’encontre de nombreux pays et d’engager plutôt un dialogue constructif avec les représentants démocratiquement élus de ces pays.
20 réactions et commentaires
« « Nous avons décidé de nous opposer à toute tentative unilatérale de changer le statu quo dans les mers de Chine méridionale et orientale », »
Ah, oui comment? En déclenchant une guerre contre la Chine? Les navires yankees qui font des ronds dans l’eau forment des cibles parfaites pour les missiles hypersoniques.
» Nous demandons instamment à Pékin de cesser ses pressions militaires, diplomatiques et économiques à l’encontre de Taïwan et d’engager plutôt un dialogue constructif avec les représentants démocratiquement élus de Taïwan » »
Nous demandons instamment à Washington de cesser ses agressions militaires, diplomatiques et économiques (pillage du pétrole syrien, entre autres) à l’encontre de nombreux pays et d’engager plutôt un dialogue constructif avec les représentants démocratiquement élus de ces pays.
+72
AlerterMouais, c’est du classique « whataboutism » comme disent les anglophones – on pourrait le traduire par « qu’enest-il-de » : plutôt que de se concentrer sur les actes inacceptables d’une superpuissance, on détourne le sujet pour s’intéresser aux actes inacceptables d’une autre superpuissance (et au passage discrètement escamoter le débat).
+6
AlerterNon, ça s’appelle dénoncer l’hypocrisie et les phrases creuses de politique. Ces accusations de « whataboutism » sont la classique défense des libéraux pro occident quand on leur montre leur biais et leur cynisme.
>actes inacceptables
Les chinois n’ont encore envahis personne, et ils sont bien gentils de ne pas avoir déjà envahi taiwan, ce qui serait dans leur intérêt géopolitique et une intervention plus légitime que toutes celles jamais entreprises par les USA ces 70 dernières années.
+4
AlerterVoilà, plutôt que de s’intéresser au fait et au message, on ne s’intéresse qu’au messager. Et le whataboutism n’est pas une « classique défense des libéraux pro occident quand on leur montre leur biais et leur cynisme », où avez-vous vu les dirigeants US se comparer à la Chine ou à l’Arabie Saoudite pour justifier leur bellicisme ? Ils ont d’autres défenses classiques mais pas du tout celle-ci.
Curieusement la Chine évite soigneusement de dénoncer cette hypocrisie… forcément elle préfère que chaque superpuissance commette ses horreurs chacune dans leur pré-carré.
Et pour votre dernier argument, encore du whataboutism : puisque eux ont fait de grosses choses inacceptables, nous on pourra bien en faire des petites. Merci pour votre dévouement à illustrer ce point.
+3
Alerter« Les Chinois n’ont encore envahi personne ». Expliquez donc cela aux Tibétains…
Et aux Vietnamiens qui ont affronté l’armée chinoise en 1978 et 1984.
Quant à dire que les Chinois « sont bien gentils de ne pas avoir déjà envahi Taïwan », c’est du grand n’importe quoi. Ils ne l’ont pas envahi en raison d’un rapport de force militaire jusqu’ici défavorable, pas parce qu’ils seraient « gentils ».
Les relations internationales ne sont pas faites par des Bisounours mais par des hommes et des femmes assoiffés de pouvoir. N’idéalisez pas la Chine à cause du contre-pouvoir qu’elle représente contre les Etats-unis.
+5
AlerterLa politique de la canonnière est réservée au camp du Bien. Sinon, il s’agit d’une intolérable agression.
Excellent documentaire sur France 5, « Irak, destruction d’une nation » : le camp du Bien à la manœuvre.
+29
AlerterEt dans quelques années Arte pourra tourner « Syrie, destruction d’une nation »
+19
AlerterEt dans quelques années Arte pourra tourner « Libye, destruction d’une nation ».
Où on nous apprendra que c’est Kadhafi qui a détruit son pays et surtout pas la France menée par ses deux grandes lumières: Nicolas le petit et l’entarté.
+28
AlerterLe monde « constate avec inquiétude les tentatives actuelles d’intimidation à l’encontre tant de ses voisins, que des pays lointains »
« Nous demandons instamment à Washington de cesser ses pressions militaires, diplomatiques et économiques à l’encontre de Cuba, de la Russie, de la Chine, du Venezuela, de l’Iran, de la Syrie, de la Corée du Nord, de la Biélorussie, du Yemen (liste sans doute non exhaustive) et d’engager plutôt un véritable dialogue »
+40
AlerterNous sommes tous bien d’accord que c’est l’hôpital qui se fiche de la charité mais l’article est surtout intéressant pour son compte-rendu de l’absence de modification de la politique USaméricaine à propos de la Chine après l’arrivée des Démocrates au commandes à Washington.
+31
AlerterAh Formose! Ce n’est pas demain que sera résolue cette question. Ni après demain d’ailleurs.Et ceux qui comptent sur la possibilité que Taïwan soit lâchée vont attendre longtemps. Pour les US lâcher Taïwan serait perdre toute l’Asiue maritime en fait.Donc cela ne sera pas. Et la Chine n’est pas dirigée par des imbéciles,et n’ira donc pas à l’affrontement militaire. le plus comique dans l’affaire est que certains pensaient vraiment que Biden et Harris allaient changer de ligne dans cette partie du monde. Curieux,non?
+12
AlerterLe plus triste, ou comique c’est selon, est de savoir le nombre de ceux tombant dans la contre-propagande russo-chinoise juste sous prétexte d’avoir démasqué la propagande « occidentale ».
L’UE fait un traité de libre échange avec le Vietnam ou le Brésil : pas bien.
La Chine fait un traité de libre échange avec notamment le Japon : bien car gagnant gagnant e(xactement ce qu’ont dit les « libéraux » occidentaux pendant 50 ans).
La Chine colonise l’Afrique et le moment venu « achétera » une grande partie de la production agricole : fabuleux, génial, co-partenariat.
Le FMI prête de l’argent à la Zambie : abominable, néo-colonialisme. La Chine fait la même chose et refuse de participer à la restructuration et renonçant à une partie de sa dette comme le propose les autres créditeurs essentiellement « occidentaux » : pas un mot sur le sujet…
Après s’être enthousiasmés pour l’URSS et Mao, les voilà à plat ventre devant le néo-libéralisme russo-chinois.
+12
Alerter« La Chine fait un traité de libre échange avec notamment le…ram! ram! rapataplam!… JAPON! »
Pas « L’ASEAN +3 fait un traité de libre échange avec la SUISSE »
Une légère teinture de l’Histoire de la Chine et du Japon changerait l’éclairage de la situation…
+1
AlerterLa Chine ne colonise personne
Vous ne devez pas savoir ce qu’est la colonisation pour dire de telles énormités
Les occidentaux n’ont pas renoncés a la dette zambienne ils ont d’ailleurs décidés de ne rembourser personne
Si le FMI et considéré comme neo colonial c’est parce qu’il conditionne ses prêts a des exigeances politiques et economiques qui détruisent les services publiques dont la santé ce que ne fait pas la Chine
Tout le reste n’est que fantasme sinophobe et russophobe de votre part
+5
AlerterSi en partie, sinon on appellerait pas cela une restructuration si on ne changeait rien. Ce sont les créditeurs « privés » chinois (en fait l’état indirectement car il y a des banques publiques dans le lot) qui bloquent.
C’est vrai : la Chine prend parfois des actifs en garantie comme des infrastructures.
La Chine ne colonise personne : mais l’occident non plus depuis un demi-siècle dans ce cas.
En outre, le FMI réclame des réformes structurelles mais les chinois eux amènent tout leur personnel.
Croire au gentil capitalisme russo-chinois est ridicule car dans cette expression le mot qui compte n’est pas russe ou chinois mais capitaliste…
+3
AlerterJ’ajoute qu’outre son emplacement géostratégique, Taïwan est le numéro 1 mondial des semi-conducteurs qui sont la ressource fondamentale de tout le secteur des télécommunications et du numérique. C’est encore plus sensible que le pétrole.
Personne ne peut accepter un changement de statu quo sur Taïwan.
+1
Alerterterrible cynisme de la part de la nation la plus agressive de toute l humanité
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AlerterParce qu’on a bâti notre civilisation européenne grâce à des fleurs et des bisous ?
Me demande ce qu’on aurait fait si on avait autant de pétole qu’au usa lol
+1
AlerterA propos du statut de Taïwan je vous propose cet article de Paola Olla Brundu* du 19 avril 2007
qui se conclue par ces mots :
…/… Au travers de cette recherche on a pu apprécier la finesse dont la diplomatie chinoise était capable mais ceci seulement grâce à la documentation des autres pays et surtout à la libéralité avec laquelle la documentation américaine est mise à disposition des chercheurs. Il ne reste qu’à attendre la déclassification de la documentation chinoise pour vérifier les conclusions qu’on a tirées ainsi que pour mieux évaluer la portée historiographique des réflexions de deux diplomates italiens. …/…
https://www.diplomatie.gouv.fr/IMG/pdf/ONU_paolla_olla_brundu.pdf
*Professeur à l’Université d’État de Milan
+1
AlerterLes USA intimident le monde entier et reprochent à la Chine de relever la tête. C’est le voleur qui crie au voleur.
Taïwan est chinoise et la France ne reconnaît qu’une seule Chine, pas deux. Les USA aussi d’ailleurs, mais ça ne les a pas empêchés de rencontrer des partis indépendantistes taïwanais ni de les inviter à l’investiture de Biden.
Les manœuvres US en mer de Chine et « au nom de la liberté de circuler » n’ont qu’un but, encercler la Chine, lui interdire de naviguer dans ses propres eaux et de protéger ses côtes.
+2
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