Source : The Nation, Timo Kohlenberg, 11-07-2018
Lettre ouverte de Gloria Steinem, Noam Chomsky, John Dean, le gouverneur Bill Richardson, Walter Mosley, Michael Moore, Valerie Plame et d’autres.
Par The Nation
11juillet 2018
Timo Kohlenberg / CC 2.0)
De nombreux Américains demeurent profondément préoccupés par les informations faisant état d’ingérence russe dans les élections de 2016. Entre-temps, les relations entre les États-Unis et la Russie sont à leur niveau le plus bas et le plus dangereux depuis plusieurs décennies. Dans l’intérêt de la démocratie au pays et de la sécurité nationale, nous devons trouver un terrain d’entente pour sauvegarder les intérêts communs – en prenant des mesures pour protéger les élections nationales et empêcher la guerre entre les deux superpuissances nucléaires mondiales.
Quelle que soit la vérité concernant les diverses accusations d’ingérence de la Russie dans les élections, il ne devrait y avoir aucun doute que l’infrastructure américaine de l’ère numérique pour le processus électoral a un besoin urgent de protection. Le point essentiel est que le système est vulnérable aux pirates informatiques potentiels, où qu’ils se trouvent. Les solutions exigeront un niveau de sécurité beaucoup plus élevé pour tout, depuis les dossiers d’inscription des électeurs jusqu’au dépouillement des bulletins de vote avec des traces papier vérifiables. En tant que nation, nous devons renforcer notre système électoral contre les intrusions illégales ainsi que les politiques officielles de limitation des électeurs.
En même temps, les gouvernements américain et russe montrent de nombreux signes qu’ils sont sur la voie de la confrontation. La diplomatie a cédé la place à l’hostilité et aux expulsions consulaires réciproques, ainsi qu’à des dizaines de quasi-affrontements militaires en Syrie et dans le ciel au-dessus de l’Europe. Les deux parties vont de l’avant avec d’importants programmes de mise au point d’armes. Contrairement aux époques antérieures, il y a maintenant un manque alarmant de procédures normalisées pour maintenir les forces armées des deux pays dans une communication suffisante pour prévenir une escalade qui pourrait mener à une attaque conventionnelle ou même nucléaire. Ces tensions s’installent entre deux pays qui possèdent de grandes quantités d’armes nucléaires en état d’alerte, mais les fixations partisanes actuelles à Washington ne prennent toujours pas en compte les dangers qui menacent la stabilité mondiale et, en fin de compte, la survie de l’humanité.
Les États-Unis devraient mettre en œuvre un changement d’approche marqué à l’égard de la Russie. Aucun avantage politique, réel ou imaginé, ne pourrait compenser les conséquences si une fraction des arsenaux américains et russes devait être utilisée dans un échange thermonucléaire. La prétention tacite que l’aggravation des relations américano-russes n’aggrave pas les chances de survie des générations futures est profondément fausse. Des mesures concrètes peuvent et doivent être prises pour apaiser les tensions entre les superpuissances nucléaires.
ANDREW BACEVICH, Professeur émérite, Université de Boston.
RÉVÉREND DR. WILLIAM BARBER II, président maître conférencier de Repairers of the Breach, et professeur invité de théologie publique, Union Theological Seminary
PHYLLLIS BENNIS, membre de l`Institut d`études politiques.
Noam Chomsky, Professeur, auteur, and militant
STEPHEN F. COHEN, professeur émérite d’études et de politique russes, Université de New York et de Princeton, et membre du conseil d’administration de l’American Committee for East-West Accord.
John Dean, ancien conseiller à la Maison-Blanche de Nixon
PHIL DONAHUE, journaliste et pionnier des émissions-débats.
THOMAS DRAKE, ancien cadre supérieur de la NSA et lanceur d’alerte.
DANIEL ELLSBERG, activiste, dénonciateur des « Pentagone Papers » et auteur de « The Doomsday Machine : Confessions of a Nuclear War Planner ».
RÉVÉREND JESSE JACKSON SENIOR, fondateur et président de la Rainbow PUSH Coalition.
JACK F. MATLOCK JR, ancien ambassadeur des États-Unis en URSS et membre du conseil d’administration du American Committee for East-West Accord.
MICHAEL MOORE, cinéaste, lauréat d’un Oscar du meilleur film documentaire et auteur à succès.
Walter Mosley, écrivain et scénariste.
JOHN NICHOLS, correspondant pour les questions nationales, The Nation
VIET THANH NGUYEN, romancier lauréat du prix Pulitzer.
Frances Fox Piven, professeur émérite, CUNY Graduate School
FRANCES FOX PIVEN, Professeure émérite distinguée, de L’École doctorale de l’université de la Ville de New York
VALERIE PLAME, ancien agent des opérations secrètes de la CIA et auteure.
Adolph Reed Jr., Professeur de science politique, Université de Pennsylvanie
Bill Richardson, ancien gouverneur du Nouveau-Mexique.
Patricia Schroeder, ancienne représentante au Congrès
Norman Solomon, coordinateur de RootsAction.org
Gloria Steinem, écrivaine et organisatrice féministe
ADLAI STEVENSON III, ancien sénateur américain et président du Adlai Stevenson Center on Democracy.
KATRINA VANDEN HEUVEL, Rédactrice en chef et éditrice, The Nation.
Alice Walker, écrivaine, poète et militante.
JODY WILLIAMS, professeure et lauréate du prix Nobel de la paix.
JAMES ZOGBY, Président de l’Institut arabo-américain
Les signataires ont signé cette Lettre Ouverte en tant qu’individus et non au nom d’une organisation.
Si vous êtes d’accord avec ces écrivains et militants, vous pouvez ajouter votre nom pour soutenir cette lettre ouverte historique pour des élections sécurisées et une véritable sécurité nationale.
Fondé par des abolitionnistes en 1865, The Nation a fait la chronique de tous les aspects de la vie politique et culturelle, depuis les débuts du télégraphe jusqu’à l’essor de Twitter, servant de voix critique, indépendante et progressiste dans le journalisme américain.
Source : The Nation, Timo Kohlenberg, 11-07-2018
Nous vous proposons cet article afin d'élargir votre champ de réflexion. Cela ne signifie pas forcément que nous approuvions la vision développée ici. Dans tous les cas, notre responsabilité s'arrête aux propos que nous reportons ici. [Lire plus]Nous ne sommes nullement engagés par les propos que l'auteur aurait pu tenir par ailleurs - et encore moins par ceux qu'il pourrait tenir dans le futur. Merci cependant de nous signaler par le formulaire de contact toute information concernant l'auteur qui pourrait nuire à sa réputation.
Commentaire recommandé
« dépouillement des bulletins de vote avec des traces papier vérifiables »
Je pense que l’intégralité de l’appel (lettre ouverte) est fait pour obtenir ça. Les signataires doivent sans doute plus craindre les magouilles internes lors du comptage (en particulier le problème du vote électronique) que les ingérences externes.
11 réactions et commentaires
Un texte signé par des hommes de bonne volonté, un plaidoyer pour l’apaisement des relations avec la Russie. Enfin. Et il ménage habilement l’opinion des Américains qui croient de bonne foi que leur élection présidentielle a été perturbée par des interférences, d’où qu’elles viennent. Le passage sur le « dépouillement des bulletins de vote avec des traces papier vérifiables » est savoureux, quand on se rappelle les bulletins plus ou moins bien perforés en Floride (2000) qu’il a fallu compter et recompter (des p’tits trous, des p’tits trous, encore des p’tits trous) : https://www.usnews.com/news/articles/2008/01/17/the-legacy-of-hanging-chads
+7
AlerterEn résumé : « arrêtez de faire les c… »
Bon, ça mange pas de pain.
Et puis ce « Les signataires ont signé cette Lettre Ouverte en tant qu’individus et non au nom d’une organisation. »pourquoi les signataires alignent leurs titres ( ex le dernier: président d’un machin arabo-americain, ç’est pas de la gnognotte…).
Araok, abonné à EDF et à la Saur.
+3
Alerter« dépouillement des bulletins de vote avec des traces papier vérifiables »
Je pense que l’intégralité de l’appel (lettre ouverte) est fait pour obtenir ça. Les signataires doivent sans doute plus craindre les magouilles internes lors du comptage (en particulier le problème du vote électronique) que les ingérences externes.
+10
AlerterCette lettre ouverte est un peu insuffisante. Avant l’élection US, il y a une inégalité d’accès au médias des candidats et une disproportion choquante des moyens financiers lors de la campagne électorale. Non seulement il y a un problème au niveau de l’inscription sur les listes électorales, avec des radiations massives, un risque de fraude lors du dépouillement, mais également un système électoral aberrant qui permet à un candidat de gagner l’élection bien qu’un autre candidat ai réuni plus de suffrage. Le fait qu’il n’y ai qu’un seul tour lors du vote est anti-démocratique car un candidat peut gagner contre une majorité dispersée entre plusieurs candidats.
+1
AlerterSignature apposée. Si nous en arrivions à ce point, il est évident que les pays otaniens dirigés par des caniches de Washington choisiraient leur camp, merci pour leurs populations !
Si les Étasuniens avaient perdu 25 millions de personnes durant la dernière guerre, ils joueraient certainement un peu moins avec le feu !
+4
AlerterMême les Américains de bonne volonté ne dénoncent pas les ingérences américaines manifestes dans les élections des autres pays (dernière exemple, l’organisation que Bannon met en place à Bruxelles pour soutenir les populistes) et ainsi dénoncer l’hypocrisie américaine de considérer inacceptable que les autres fassent – généralement en mode mineur – ce qu’ils font eux-mêmes
Autres arguments que l’on entend pas: comment se fait qu’avec seulement quelques centaines de milliers de dollars les autres peuvent avoir plus d’influence que les candidats eux-mêmes qui dépenses des dizaines, voire des centaines de millions de dollars.
+7
AlerterC’est surtout l’intervention des services diplomatiques et de la CIA dans les « révolutions de fleurs et couleurs » diverses qui posent problème, quitte à porter au pouvoir des néo nazis comme en Ukraine. Notre chance c’est que Poutine est un homme de sang froid bénéficiant d’une très forte côte de popularité dans son pays sur laquelle il peut s’appuyer en toutes circonstances. Il ne reculera jamais, mais sans provocation aucune, exemples la Crimée et la Syrie… Et, en fait, tout le monde ferme sa gueule !
+1
Alerter« ainsi que les politiques officielles de limitation des électeurs. »
Ils ont peur que lors des elections suivantes,une loi exige des votants de presenter une carte d’identite pour pouvoir voter? fini de faire voter des « habitants » qui ne sont pas « citoyens » mais immigres illegaux?
+2
AlerterRien ne vaut de bons vieux bulletins de vote en papier, dépouillés par des bénévoles qui s’entre surveillent dans des lieux publics gratuits et dont les chiffres sont communiqués au téléphone à la préfecture ! A quoi bon ces « machines » ? Pour gagner du temps? Une heure, deux heures? Quel intérêt? De l’argent? Sûrement pas pour l’état en tous cas, peut-être les fabricants des dites machines…
Ceci dit, selon de récents sondages, 1% seulement des américains s’intéresseraient au « Russiagate ». Pourquoi nourrir ce 1% avec des propositions affectant tout le monde?
+1
AlerterPourquoi pas une application basée sur la blockchain et le numéro de sécu par exemple ?
Tout le monde pourrais voter de n’importe où d’une façon parfaitement sécurisée .
+0
AlerterIl faudrait arrêter d’invoquer la bloc-chaîne comme la solution à tous les problèmes de l’humanité. Bien que la recherche continue à suivre son cours sur les possibilités cryptographiques pour sécuriser le vote pendant une élection, les garanties exigées pour un tel système (anonymité, infalsifiabilité, unicité, et vérifiabilité, à la fois individuelle et collective) ne sont pour l’heure pas en mesure d’être garanties par l’informatique. Cela laisse le système « archaïque » du bulletin papier comme la meilleure option disponible aujourd’hui.
+0
AlerterLes commentaires sont fermés.