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18.juillet.201518.7.2015 // Les Crises

[Traduction exclusive] « Il lit dans le marc de café » : un expert allemand conteste le scoop photo de Bellingcat sur le MH17

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Des unités défensives de missiles Bouk dans la région de Donetsk, à 5 kilomètres de la ville de Donestk, le 4 juillet 2014. Photo fournie par le ministère de la défense russe.

Un expert légal en imagerie allemand a contesté l’analyse du groupe d’investigations en ligne Bellingcat, qui a accusé la Russie d’avoir altéré des images satellite du désastre du MH17. Selon lui, l’enquête était « subjective » et « pas entièrement fondée sur la science ».

Le vol MH17 de la Malaysia Airlines a été abattu en Ukraine de l’Est le 17 juillet de l’année dernière, tuant la totalité des 283 passagers et des 15 membres d’équipage. Kiev et les rebelles de l’est de l’Ukraine ont échangé des accusations. Kiev a également affirmé qu’il n’y avait pas de jet ukrainien ni de système anti-aérien à proximité du crash.

Quand il s’est agi de fournir des preuves, malgré tout, les récits n’ont pas été si faciles à étayer. A la fin juillet, le ministre de la défense russe a publié des données de surveillance militaire montrant que des jets militaires de Kiev suivaient le vol MH17 peu avant le crash. Le ministère a aussi posté des images satellite de zones proches où Kiev avait déployé des unités de défense aérienne.

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Le jour du crash, « l’armée ukrainienne avait trois ou quatre bataillons de défense anti-aérienne équipés de systèmes Bouk-M1 SAM déployés dans les environs de Donetsk », a déclaré le lieutenant-général Andreï Kartapolov, des forces armées russes, alors qu’il décrivait les données recueillies par les renseignements militaires.

Quelques journalistes occidentaux ont rejeté les données satellite en arguant de leur « fausseté ». Bellingcat est allé jusqu’à conduire une « analyse » des images.

Mais, dans une interview accordée au Spiegel, l’expert légal en imagerie allemand Jens Kriese a déclaré qu’il est impossible, en fait, de dire si les images ont été manipulées ou non.

Du point de vue de l’expertise légale, l’approche de Bellingcat n’est pas très solide. La base de ce qu’ils font tient à ce qu’on appelle de l’Error Level Analysis (ELA). La méthode est subjective et n’est pas entièrement fondée sur la science », a-t-il dit au Spiegel.

« Ce que Bellingcat fait revient à lire dans le marc de café. L’ Error Level Analysis est une méthode utilisée par les amateurs », a dit Kriese, un professionnel de l’analyse d’images et un ex-chercheur scientifique.

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Must : un rapport de @Bellingcat révèle les trucages des photos du MH17 par le ministère de la défense russe http://ow.ly/NIaCD

L’analyste a continué en expliquant qu’ELA ne fournit pas des résultats clairement lisibles et que les conclusions se fondent toujours sur l’interprétation humaine.

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Ensuite nous pensons que nous allons voir le site de lancement et le champ avec des traces le 16 juillet, voyez si elles y sont

Sur l’accusation formulée par Bellingcat d’une prétendue utilisation de Photoshop par les Russes pour manipuler leurs images des lanceurs de missiles ukrainiens Bouk, Kriese est sceptique.

« En réalité, l’indication d’une utilisation de Photoshop dans les métadonnées ne prouve rien », a-t-il dit. « Bien sûr, les Russes ont dû recourir à un programme quelconque pour mettre en forme leurs images satellite, de façon à pouvoir les présenter. Ils ont ajouté des cadres et des blocs de texte afin d’expliquer l’image au public. Les artéfacts identifiés peuvent en être un résultat. Ils peuvent aussi provenir de sauvegardes répétées au format JPG. »

« Il n’y a aucun moyen de savoir si ces photos montrent ce que Moscou déclare », a ajouté Kriese. « Cependant, on peut dire que les ‘analyses’ en question n’ont abouti à rien, sauf à faire connaître Bellingcat. »

Dans son rapport, Bellingcat a accusé le gouvernement russe de « tentative évidente de tromper le public, la communauté internationale et les familles des victimes du vol MH17. »

Les déclarations de Bellingcat sont largement fondées sur une analyse des images satellite conduite à l’aide du site internet FotoForensics.com. Cependant, il semble que même le fondateur du site ait des doutes sur la validité du travail du groupe.

Le docteur Neal Krawetz, fondateur du site Fotoforensics, est un expert légiste. Répondant sur Twitter à des questions sur le travail de Bellingcat, le fondateur du site a écrit que « en matière d’analyse d’images, c’est tout ce qu’il ne faut pas faire. »

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@hackerfactor les fans de Bellingcat sont très malheureux parce que quelqu’un révèle leur charlatanisme. Ils ont passé toute la journée à se disputer avec des vrais scientifiques

@DonDonblizz1 Honnêtement, je n’ai pas même pas fait attention à Bellingcat. J’ai seulement remarqué que leur rapport avait mal utilisé mon outil

Toutefois, le rapport du groupe britannique Bellingcat a immédiatement été repris par les médias internationaux. Leurs déclarations sont apparues notamment sur le Daily Mail, le Telegraph et sur Deutsche Welle.

Mais toute la presse mondiale n’était pas d’accord. Outre les avis critiques d’experts, un blogueur russe bien connu sous le nom Tima alias ntv, a démoli les accusations. Il dit avoir trouvé plusieurs erreurs évidentes dans le travail de Bellingcat.

Le blogueur a analysé des photos du site de Bellingcat et dit avoir trouvé les mêmes preuves de manipulation à l’aide de Photoshop que celles qui font l’objet d’accusations contre Moscou.

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Il a ensuite expliqué que le recours au logiciel Adobe Photoshop CS5 est en fait une méthode courante de redimensionnement d’images, ce qui est la raison la plus probable de son utilisation par le ministère de la défense russe.

Le blogueur a totalement rejeté la méthode ELA. ELA est utilisé pour rechercher des zones dont les taux de compression diffèrent dans une image – un signe de modification de l’image. Bellingcat déclarait avoir découvert cinq de ces zones.

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Après avoir utilisé ELA pour analyser des photos non modifiées, Tima a découvert une variété de taux de compression différents, ce qui, selon lui, prouve que la méthode ELA est incohérente et qu’on ne peut pas s’y fier.

Le fondateur de Bellingcat, Eliot Higgins alias Brown Moses, a été invité à l’émission sur RT « In The Now » pour commenter son rapport. Il a ignoré la demande et s’est rabattu sur des moqueries sur sa page Twitter.

Higgins a posté sur son compte Twitter une vidéo de la série télévisée d’animation Les Simpsons pour montrer combien il pense que ses propos seraient fortement déformés par RT.

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Russia Today m’a envoyé un mail pour me demander de participer à leur documentaire sur le MH17. Je pense que ça se passerait un peu comme ça https://www.youtube.com/watch?v=gVQuZf1FewU

Ce n’est pas la première fois que le travail de Higgins se heurte à des critiques sévères. En février dernier, the Guardian a dû corriger un article dont Higgins était coauteur, qui accusait l’armée russe d’avoir tiré sur l’armée de Kiev depuis la frontière russe.

Cette semaine, le fabricant du système de missile Bouk Almaz-Antey a annoncé les résultats de sa propre enquête sur le crash du MH17. L’entreprise russe d’armement a conclu qu’il ne subsiste plus de doute sur le fait que l’avion ait été abattu par un missile antiaérien, très probablement un missile BUK-M1 que l’entreprise ne produit plus depuis 1999.

Selon Almaz-Antey, la Russie n’a plus ce type d’arme en service. En revanche, selon l’ingénieur en chef de la compagnie Makhail Malyshev, l’Ukraine en possédait presque un millier en 2005.

Les enquêteurs néerlandais n’ont pas encore terminé leur examen de la tragédie du vol MH17, mais certaines fuites aux médias suggèrent que l’impact d’un missile Bouk reste la théorie la plus acceptée.

Les autorités ukrainiennes et l’Occident ont mis sur le dos des milices de Donetsk le fait d’avoir abattu l’avion, disant qu’elles ont utilisé un missile sol-air Bouk fourni par la Russie. Ces accusations ont été rejetées par les insurgés, tandis que Moscou a appelé à la retenue jusqu’à ce que l’enquête soit terminée.

Source : RT, le 05/06/2015

Traduit par les lecteurs du site www.les-crises.fr. Traduction librement reproductible en intégralité, en citant la source.

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