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14.juin.201714.6.2017 // Les Crises

Trump est le symptôme, pas la maladie, par Chris Hedges

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Source : Truthdig, Chris Hedges, le 14 mai 2017

Publié le 14 mai 2017

Par Chris Hedges

Mr. Fish / Truthdig

Oubliez le limogeage de James Comey. Oubliez la paralysie du Congrès. Oubliez l’idiotie d’une presse qui relate notre chute dans la tyrannie comme s’il s’agissait d’un concours sportif entre les Républicains et les Démocrates, tous deux liés au monde des affaires, ou un reality-show mettant en vedette notre président délirant et les crétins qui l’entourent. Oubliez le bruit. Les politiciens qui dirigent notre gouvernement dysfonctionnel n’incarnent en rien la crise que nous traversons. Elle est le résultat d’un coup d’État institutionnel qui s’est produit au ralenti pendant quatre décennies, qui a rendu le citoyen impuissant, qui nous a laissés sans aucune institution démocratique authentique et qui a donné un pouvoir total aux entreprises et aux militaires. Cette crise a engendré un système électoral où la corruption est légale, et elle a donné le pouvoir aux personnalités en vue qui maîtrisent les arts du divertissement et de l’artifice. Si nous ne renversons pas les forces néolibérales du monde des affaires qui ont détruit notre démocratie, nous continuerons à régurgiter toujours plus de monstruosités aussi dangereuses que Donald Trump. Trump est le symptôme, pas la maladie.

Notre chute dans le despotisme a commencé avec le pardon de Richard Nixon, dont les crimes, susceptibles de mener à la destitution, sont maintenant légaux, ainsi qu’avec les attaques extra-judiciaires, comme les assassinats ciblés et l’emprisonnement, menées contre des dissidents et des extrémistes, particulièrement les extrémistes noirs. Cela a commencé avec les fondations et les organisations financées par les grandes entreprises qui ont pris le contrôle de la presse, de la justice, des universités, de la recherche scientifique et des deux principaux partis. Cela a commencé avec le pouvoir donné à une police militarisée de tuer des citoyens désarmés, et l’inflation de notre horrible système d’incarcération de masse et de peine de mort. Cela a commencé avec le détricotage de nos droits constitutionnels les plus basiques – l’intimité, les procédures judiciaires légales, l’habeas corpus, des élections sans fraude et une opposition respectée. Cela a commencé quand d’importantes ressources financières ont été employées par des acteurs politiques tel que Roger Stone, un proche conseiller de Donald Trump, pour créer des publicités politiques non constructives et des histoires fausses destinées à tromper le public, métamorphosant les débats politiques en une parodie. Nous avons perdu sur tous ces fronts. Nous sommes pris au piège comme des rats dans une cage. Un imbécile narcissique peut envoyer ou couper des décharges électriques, mais le problème réside dans le lien de l’État avec les grandes entreprises, et tant que nous ne l’aurons pas démantelé, nous serons condamnés.

Le plus célèbre prisonnier politique en Amérique, Mumia Abu-Jamal m’a dit la semaine dernière par téléphone de la prison de Frackville en Pennsylvannie où il est incarcéré : « Ce dont a absolument besoin l’État, c’est l’illusion de la normalité, de la légalité […]. À Rome, les empereurs avaient besoin de pain et de jeux. En Amérique, nous avons besoin des « Housewives of Atlanta ». Nous avons besoin du sport. D’histoires vertueuses de bons flics et de vilains criminels. Parce que une fois que vous avez cela… il n’y a aucune pensée critique en Amérique de nos jours. Nous avons [uniquement] de l’émotionnel. Lorsque je vois quelqu’un qui est diabolisé, je peux tout lui faire [à lui ou à elle]. Je peux tout lui faire. C’est comme ça que l’État fonctionne, en diabolisant des personnes et en les confinant dans des endroits où ils sont pratiquement invisibles. »

Il a continué en disant : « Telle est la réalité. L’Amérique n’a jamais pu faire face à ce que nombre d’universitaires et de penseurs nomment le péché originel. C’est parce que ce dernier est toujours présent. Ce pays se vante d’avoir été fondé sur le principe de la liberté. Il a été fondé sur l’esclavage. Il a été fondé sur un holocauste. Il a été fondé sur un génocide. Après l’abolition de l’esclavage, après que la constitution a été réécrite et amendée, nous avons eu les amendements de reconstruction, les treizième, quatorzième et quinzième amendements. Mais qu’a fait le Sud ? Ils les a ignorés pendant un siècle. »

« Il a fallu attendre les années 60 pour voir cette éclosion profonde, féconde de personnes luttant pour des droits qui avaient été entérinés dans la Constitution un siècle auparavant [entre 1865 et 1870] », m’a-t-il dit. « C’est parce que chaque état du Sud et beaucoup de ceux du Nord avaient la possibilité de faire des exceptions à la Constitution lorsqu’il s’agissait des noirs. Nous avons appris que ce n’était pas seulement une réalité sudiste. Vous ne pouvez pas parler de l’AEDPA, la loi anti-terroriste et de peine de mort effective de 1996 [Antiterrorism and Effective Death Penalty Act of 1996] à moins que vous n’ayez le même état d’esprit qui a fait de la Constitution un document exceptionnel. »

Les forces racistes, violentes et despotiques ont toujours fait partie du paysage américain et ont souvent été tolérées et renforcées par l’État pour persécuter les noirs pauvres et les dissidents. Le pouvoir absolu est refusé à ces forces tant qu’une majorité de citoyens a la parole au sujet de leur propre gouvernance. Les élites du monde des affaires, cependant, effrayées par ce que le politologue Samuel Huttington a appelé un « excès de démocratie », concept dont l’origine remonte aux années 60, ont méthodiquement détruit l’édifice démocratique. Elles ont empêché les citoyens de participer au gouvernement. Et ainsi, elles se sont assurées que le pouvoir basculerait entre les mains des ennemis de la société ouverte. Quand les institutions démocratiques cessent de fonctionner, quand le consentement des gouvernés devient une farce, les despotes, les manipulateurs, les excentriques, les théoriciens de la conspiration, les escrocs, les généraux, les milliardaires et les proto-facistes occupent le vide politique. Ils laissent libre cours à la frustration et à la colère populaires tout en donnant à l’État les armes pour faire à la majorité ce qu’il a longtemps fait à la minorité. Cette histoire est aussi vieille que la civilisation. Elle s’est déroulée dans la Grèce et la Rome antiques, l’Union soviétique, l’Allemagne nazie, l’Italie fasciste et l’ex-Yougoslavie.

Trump, grave embarras pour l’État corporatiste et les organes de sécurité intérieure, peut être destitué de la présidence, mais une telle révolution de palais ne ferait que consolider encore davantage le pouvoir de l’État profond, et intensifierait les mesures internes de répression. Des millions de personnes, les sans-papiers, les condamnés pour crime, les prisonniers dans des cages, les personnes de couleur qui vivent dans la pauvreté, ont déjà été dépouillés de leurs droits et certains ont même été assassinés systématiquement par la police. La réalité d’une terreur quotidienne de l’État à l’encontre de ces minorités, à moins que ce processus de pillage institutionnel ne s’interrompe, s’étendra et deviendra normal avec ou sans Trump.

Le livre de Abu-Jamal « En direct du couloir de la mort (Live From Death Row) », raconte sa protestation lors d’un rassemblement tenu en 1968 à Philadelphie par le ségrégationniste George Wallace pendant l’une des campagnes du gouverneur de l’Alabama pour l’investiture démocrate à l’élection présidentielle. C’est un rappel de ce que le racisme de Trump et l’appétit de violence font depuis longtemps partie du caractère américain.

Abu-Jamal évoque ce rassemblement auquel il a assisté avec trois autres adolescents noirs :

« Nous devions être fous. Nous nous sommes promenés dans le stade, quatre haricots noirs dégingandés dans un pot de fayots blancs surchauffés. La fanfare a joué « Dixie ». Nous avons crié, « Black Power, Ungowa, le pouvoir aux Noirs ! » Ils ont crié, « Wallace Président ! Le Pouvoir aux Blancs ! » Et « Renvoyez ces nègres en Afrique ! » Nous avons crié, « Black power, Ungowa! » (Ne me demandez pas ce que signifie « Ungowa ». Nous ne savions pas. Tout ce que nous savions, c’est que ça provoquait une sacrée réaction) « Le Pouvoir aux Noirs ! » Ils ont sifflé et hué. Nous nous sommes levés de nos sièges et nous avons fièrement fait le salut du Black Power. En réponse, nous avons reçu le cadeau douteux des crachats des gens des sièges au-dessus. Des patriotes ont arraché de leur mât les drapeaux américains et nous ont balancé les mâts. Wallace, entouré de rugissements approbatifs, a redoublé d’éloquence. « Quand je serai président, ces radicaux sales et mal torchés devront passer en Union Sovi-èè-tique ! Vous savez, tout au long de cette campagne, ces extrémistes ont manifesté contre George Corley Wallace. Eh bien, j’espère qu’ils auront l’estomac de se coucher devant ma voiture. Je leur passerai direct dessus ! » La foule est devenue survoltée. »

« Des policiers et d’autres membres de la sécurité sont arrivés, m’a raconté Abu-Jamal à propos de l’épisode. Ils nous ont escortés. Nous pensions hey, nous nous sommes bien amusés. Nos voix ont été entendues. Nous sommes allés à l’arrêt de bus. Et deux ou trois d’entre nous étaient montés dans le bus. Un jeune homme nommé Alvin et un jeune homme nommé Eddie. J’étais généralement le plus lent, alors j’étais derrière eux. Un mec s’est approché et m’a frappé avec une matraque. Il m’a jeté à terre. Il a sorti Eddie et Alvin du bus. On a reçu des coups de pied au cul. Il ne nous est pas venu à l’esprit que c’étaient des flics. Ils ne peuvent pas juste s’amener et nous tabasser [que je pensais]. »

« Je me souviens d’avoir vu passer la jambe d’un policier », m’a-t-il dit. « J’ai crié au secours ! Au secours, police ! » Le gars m’a regardé. M’a regardé d’en haut. Il s’est approché et m’a donné un coup de pied en plein dans la figure. Alors, j’ai soudain compris que tous ces gars étaient des flics. C’était un petit aperçu de [ce qui se passerait plus tard à] Philadelphie. Un prélude aux traumatismes. Nous le voyons aujourd’hui. Je peux entendre Trump dire : « Flanquez leur une bonne raclée ! » C’est comme dans le temps. Ce n’étaient pas des jours heureux. C’étaient des jours moches. Et le jour moche, c’est aujourd’hui aussi. »

« Depuis lors, j’ai été reconnaissant à ce flic sans visage », écrit Abu-Jamal au sujet de cette agression, « car il m’a envoyé directement chez les Black Panthers ».

L’expérience de Abu-Jamal incarne le racisme endémique et l’effondrement du système de justice américain qui conduit directement de jeunes hommes et femmes noirs en prison et dans le couloir de la mort. Le Bureau Fédéral d’Investigation l’a placé sous surveillance quand il avait 15 ans. Son dossier au FBI est épais, 700 pages. Son crime était d’être un dissident. Il a été suivi, embarqué au hasard pour être interrogé, menacé.

« Un jour où je je me rendais au travail, écrit-il, je suis passé près d’une voiture de flics roulant au ralenti. J’ai jeté un coup d’œil au conducteur – blanc, avec des cheveux bruns, et portant des lunettes noires. Il a « souri », a sorti une main par la fenêtre, et a pointé un doigt vers moi, le pouce recourbé comme sur le chien d’un revolver : bang-bang-bang- son doigt a sauté comme sous l’effet du recul, et le flic a soufflé à la façon d’un cow-boy sur l’arme imaginaire avant de la remettre dans un étui tout aussi imaginaire. Lui et son collègue ont rigolé. Et la voiture a accéléré. »

Pendant les années 1960 et 1970, il y a eu une guerre contre les extrémistes noirs, avec l’assassinat par le FBI de dirigeants tels que Fred Hampton. Cette guerre contre les extrémistes, la prétendue bataille pour « la Loi et l’Ordre » du président Nixon, a placé la police, le FBI et les autres organes de sécurité intérieure en dehors du périmètre de la loi. Leur pouvoir n’a fait que se développer depuis. Nous sommes tous sous la surveillance de l’État. Et nous pouvons tous devenir des victimes si l’État nous considère comme une menace. La perte du contrôle citoyen, ainsi que le manque de transparence, sont inquiétants.

Abu-Jamal a été reconnu coupable en 1981 du meurtre de Daniel Faulkner, un policier blanc de Philadelphie. Son procès a été un simulacre. Il y a eu des fausses preuves, des témoins de la défense refoulés, des témoins à charge qui contredisaient leur témoignage antérieur, un avocat commis d’office, comme souvent dans ce système, à qui on avait attribué peu de fonds et qui avait peu envie de défendre son client, une série de décisions juridiques inconstitutionnelles prises par un juge pour condamner le prévenu. Terri Maurer-Carter, sténographe au procès, a depuis signé un affidavit affirmant que pendant le procès, elle a entendu le juge Albert F. Sabo dire d’Abu-Jamal : « Ouais, je vais les aider à frire le nègre ». Sabo, pendant la durée de sa magistrature, a envoyé 31 personnes dans le couloir de la mort, plus que tout autre juge de Pennsylvanie. Abu-Jamal, qui a grandi dans les cités du nord de Philadelphie, est en prison pour nos péchés.

En 1977, Abu-Jamal, ébranlé par les querelles internes qui déchiraient les Black Panthers, avait développé une relation étroite avec les membres de l’organisation MOVE de Philadelphie. Les membres de MOVE vivaient en communauté, prêchaient le radicalisme tiers-mondiste, mangeaient des aliments naturels et dénonçaient les leaders noirs établis comme des marionnettes des blancs, des élites capitalistes dominantes.

La police de Philadelphie, qui a constamment harcelé le groupe, a assiégé l’immeuble de MOVE à partir de la fin de 1977. Le 7 août 1978, une bataille armée a éclaté entre les personnes de l’immeuble et la police à l’extérieur. Un policier a été tué. Delbert Africa, membre de MOVE, a été sauvagement battu devant les caméras de télévision. Neuf membres de MOVE allaient être accusés de meurtre. Le procès, comme celui d’Abu-Jamal quatre ans plus tard, était une farce. Il était clair, comme l’a écrit Abu-Jamal à propos du lynchage légal des membres de MOVE, que « la loi n’avait pas d’importance ». Deux des neuf personnes inculpées, Merle et Phil Africa, sont morts en prison. Les sept autres membres de MOVE restent, comme Abu-Jamal, enfermés et leur libération est refusée par les commissions de libération conditionnelle. Abu-Jamal a été laissé en vie sans libération conditionnelle après avoir été sorti du couloir de la mort par les tribunaux.

La police de Philadelphie et le FBI étaient déterminés à extirper de la ville ce qui restait de MOVE et à le faire avec assez de brutalité pour décourager tous autres extrémistes noirs de s’organiser.

« Le 12 mai [date à laquelle ont commencé les deux jours d’assaut ], un dimanche, le jour de la Fête des Mères de 1985, notre maison a été entourée par des centaines et des centaines de policiers qui sont venus pour tuer non pas en raison de plaintes de voisins mais à cause de notre lutte sans relâche pour nos frères et sœurs du MOVE, connue sous le nom de MOVE 9 », m’a raconté Ramona Africa que j’ai interviewée la semaine dernière. (Les autorités, en guise de justification pour agir contre le MOVE, ont cité entre autres des plaintes du voisinage concernant les activités et les conditions de vie dans l’immeuble) « Nous avons été attaqués et arrêtés en 1978. Trente-neuf ans plus tard, en ce mois d’août, ils sont encore en prison. Ils sont devenus éligibles à la libération conditionnelle en 2008. La commission des libérations conditionnelles refuse juste de les libérer ». [L’interview de Chris Hedges avec Ramona Africa commence à 11 minutes dans la vidéo.]

« Ce que les gens ont vraiment besoin de comprendre, c’est qu’ils sont allés là-bas [en 1985] pour tuer, et non pour arrêter », a-t-elle déclaré. « Ils auraient pu procéder à des arrestations à tout moment. Ils ne sont pas du tout venus à cause d’une plainte des voisins. Ceux qui dirigent ce pays, tout ce système mondial, ne se sont jamais préoccupés de Noirs se plaignant de leurs voisins. Cela n’a jamais été un problème. Manifestement, c’était pour autre chose. C’était pour notre lutte sans relâche pour les membres de notre famille qui sont encore en prison. Ils ont tiré plus de 10 000 balles sur nous en 90 minutes. Ils ont lâché une bombe. »

La bombe a déclenché un incendie qui a détruit un immeuble de 61 appartements.

« Les pompiers, qui étaient là-bas dès le début, ont immédiatement compris qu’il y avait un incendie sur notre toit », a-t-elle déclaré. « La décision consciente a été prise de ne pas combattre le feu. De laisser brûler. Lorsque nous avons réalisé que notre maison était en feu, nous avons immédiatement essayé de sortir nos enfants, nos animaux et nous-mêmes de cet enfer de flammes. À l’instant où les flics nous ont vus, nous nous sommes heurtés à un tir de barrage de la police qui nous empêchait d’échapper au feu. Après plusieurs tentatives pour sortir, je suis sortie en premier. J’ai pu attraper un de nos enfants, un petit garçon nommé Birdie. Nous avons immédiatement été placés en garde à vue. Je cherche le reste de ma famille. Essayant de voir si je pouvais voir quelqu’un d’autre. C’est un peu après qu’ils nous ont mis en garde à vue que j’ai découvert que personne d’autre [dans le groupe MOVE] n’avait survécu ».

Onze membres de MOVE, y compris le fondateur du groupe, John Africa et cinq enfants, ont été tués dans l’assaut de la police.

« Les gens qui ont tué ma famille n’ont jamais été accusés, jamais poursuivis, jamais emprisonnés pour quoi que ce soit », a-t-elle déclaré. « Pendant ce temps, du début à la fin, mes neuf sœurs et frères du MOVE [condamnés pour la fusillade de 1978], Mumia Abu-Jamal, Leonard Peltier [un activiste amérindien emprisonné pour meurtre dans le Dakota du Sud], sont restés en prison sous accusation de meurtre. »

Abu-Jamal écrit: « Le 13 mai 1985 est plus qu’un jour d’infamie, le jour où une ville a mené une guerre contre ceux qu’elle prétendait être ses citoyens, mais aussi où elle a commis un massacre et l’a fait dans la plus parfaite impunité ; où des bébés ont été abattus et brûlés vifs avec leurs mères et leurs pères ; où les tueurs ont été récompensés par des honneurs et des pensions, pendant que les politiciens parlaient et les médias médiatisaient le meurtre de masse. Ce jour-là, la ville, armée et soutenue par le gouvernement des États-Unis, a lâché une bombe sur une maison et a appelé cela « la Loi ». Les pompiers ont regardé les bâtiments s’embraser comme des allumettes dans le désert et ont coupé l’eau. Nos tribunaux ont détourné le regard, ont scellé leurs orbites avec de la boue, et ont poursuivi Ramona Africa pour avoir eu le courage de survivre à un holocauste urbain, l’emprisonnant pour le crime de n’avoir pas brûlé à mort. Onze hommes, femmes et enfants sont morts, et aucun des tueurs n’a été accusé du moindre délit. »

Ramona Africa, accusée d’émeutes, a passé sept ans en prison.

[Pour une vidéo de 69 secondes montrant l’explosion de la bombe sur le toit de l’immeuble de Philadelphie en 1985, cliquez ici. Pour un documentaire de 56 minutes sur l’assaut de l’immeuble et ses circonstances, cliquez ici.]

Notre incapacité à défendre ceux qui sont diabolisés et persécutés nous laisse tous diabolisés et persécutés. Notre incapacité à exiger justice pour tout le monde nous laisse tous sans justice. Notre incapacité à stopper l’écrasement des mouvements populaires qui se mettent explicitement du côté des opprimés nous laisse tous opprimés. Notre incapacité à protéger notre démocratie nous laisse sans démocratie. La persécution de Mumia Abu-Jamal, des membres de MOVE et tous les extrémistes durant quatre décennies ne sont pas une histoire ancienne. C’est la genèse du présent. Elle a engendré le coup d’État et le mécanisme de la terreur d’État. Nous allons payer pour notre complaisance.

Source : Truthdig, Chris Hedges, le 14 mai 2017

Traduit par les lecteurs du site www.les-crises.fr. Traduction librement reproductible en intégralité, en citant la source.

Commentaire recommandé

Toff de Aix // 14.06.2017 à 07h45

Il est sain que certaines voix s’élèvent dans ce pays qui part à la dérive: des voix telles que celles de Chris edges, qui nous rappellent que tout n’est pas à jeter au pays de Mac Donald’s, de Trump et de la guerre perpétuelle au terrorisme…

Il n’empêche que l’effondrement civilisationnel n’est jamais mieux illustré que par l’arrivée au pouvoir des pires des incompétents, et le plus rigolo c’est que ça fait toujours vendre. Trump génère toujours autant de « clics » dans une civilisation connectée qui tourne en boucle sur son nombril, pendant que son environnement crève de la pollution et de l’exploitation effrénée des ressources, et que les quatre cinquièmes de l’humanité n’ont pas accès à ce « progrès » dont nous sommes les privilégiés… Ils ont Trump, nous avons macron, à part le look, au fond, quelle différence ?

40 réactions et commentaires

  • Palbosa // 14.06.2017 à 06h14

    C’est marrant ce texte. Le titre est clickbait (attrape clics) au possible. Seul le début est en rapport avec… Mais lui aussi est trompeur, il n’est là que pour que le lecteur s’intéresse en pensant que le texte va parler d’un sujet … Puis part dans une autre direction totale. Pour parler d’un cas particulier qui, n’étant pas sans intérêt, n’a rien a voir avec le sujet du titre et du premier paragraphe…

    Je hais vraiment ce genre de manipulation. Si vous voulez parler d’un sujet particulier, parlez en ! Pas besoin de faire de la fausse publicité.

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    • Raoul // 14.06.2017 à 10h05

      Vous avez raison, et cela m’a gêné aussi, mais il faut tenir compte du contexte. Ce texte s’adresse aux États-uniens. Si, dans le titre vous annoncez que vous allez parler d’Abu-Jamal, vous avez déjà perdu une bonne partie de vos lecteurs.

      Chris Hedges, qui déteste Trump, veut mettre les nombreux détracteurs de Trump bien pensants devant leurs lâchetés ou leurs contradictions (car ils connaissent Abu-Jamal, tout de même, et celui-ci est toujours en prison et toujours en attente d’exécution).

      Et ce cas particulier est tout de même significatif. Il démontre parfaitement que les États-Unis sont malades, que la maladie ne date pas d’hier et qu’ils ne sont pas près de guérir.

        +14

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      • Chris // 14.06.2017 à 13h25

        Les méandres du texte ne m’ont pas du tout dérangée, bien au contraire : ils relient entre eux une mosaïque de faits soigneusement éparpillés, à savoir des mensonges, des abus, des non-droits, en un mot des manipulations à tous les étages pour justifier l’injustifiable : un état sans foi ni loi autre que la prédation, le fric et la frime.
        Voilà qui justifie pleinement l’appréciation d’Einstein (et Tocqueville avant lui !) :
        « Les Etats-Unis d’Amérique forment un pays qui est passé directement de la barbarie à la décadence, sans passer par la civilisation »

        Comme le rappelle Hedges en début d’article : Ce pays se vante d’avoir été fondé sur le principe de la liberté (alors qu’) il a été fondé sur l’esclavage. Il a été fondé sur un holocauste. Il a été fondé sur un génocide.
        Et c’est ce peuple de « sauterelles » à l’ADN génocidaire et pillard qui se pose en modèle mondial : pas étonnant que nous allions si mal !
        J’ai toujours eu une profonde répulsion pour cette nation d’immatures (je reste polie). Et au fur et à mesure que je lis sur elle, je constate que mon instinct ne m’avait pas trompée.

          +28

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        • RGT // 14.06.2017 à 19h46

          Je trouve aussi ce texte très intéressant, et ses sauts d’un fait à l’autre permettent de ne pas se concentrer sur un seul sujet mais de constater que l’ampleur du désastre est immense, très variée.

          Se cencentrer sur un seul sujet n’aurait pas permis d’avoir une vue d’ensemble aussi évidente.

          Concernant les USA, n’oublions jamais que ce pays a été, tout comme l’Australie, peuplé à l’origine de tous les « indésirables » dont le Royaume Uni ne voulait pas…
          Ces « exilés » n’étaient pas des enfants de cœur et leurs descendants n’ont pas trop cherché à améliorer leur mentalité car leurs « élites » ont entretenu cette violence afin d’en profiter au mieux de leurs intérêts.

            +7

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      • brams49 // 14.06.2017 à 18h58

        et que dire des européens qui se mettent aveuglément sous la coupe de cet état voyou

          +9

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    • reneegate // 14.06.2017 à 11h47

      Pour avoir vécu la même chose (arrêté dans un bus, matraquage et plus pendant 2 jours comme pistolet chargé sur la tempe) lorsque j’étais étudiant en France, je peux vous assurer n’avoir aucun problème avec ce titre, ni aucune difficulté à établir une relation avec le contenu. Une petite relecture peut être?

        +7

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      • Palbosa // 14.06.2017 à 12h41

        Je suis vraiment désolé de ce qui vous ait arrivé, ça n’aurait pas du et ça ne devrais pas arriver a personne.

        Mais ça serait comme dire que Macron serait la dérive de ce qui vous ait arrivé. Ça n’a pas de sens.

        La preuve, c’est que le mot « Trump » n’apparaît plus du tout, même pas une fois, a partir de la moitié du texte. Il est juste dans le titre pour attraper des clics.

        Par contre je tiens a préciser que le contenu du texte est intéressant. Rien à redire la dessus, c’est juste la méthode de clickbait qui me dérange.

          +2

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        • lvzor // 14.06.2017 à 19h18

          « La preuve, c’est que le mot “Trump” n’apparaît plus du tout, même pas une fois, a partir de la moitié du texte »

          Vu le titre, il est a priori normal que Trump ne soit que très peu cité, et au début, puisque ce titre signifie, au cas où vous ne l’auriez pas remarqué, que le sujet qu’il s’agit d’aborder n’est justement pas Trump.

            +5

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          • tepavac // 14.06.2017 à 23h25

            Vous devez voir dans la réactions par coms, une position qui dérange, qui bouscule non pas les convictions, mais la « liberté d’expression ».
            C. Hedges évoque les caractéristiques de l’histoire des États-Unis, c’est une image figée, peut-être caricaturale, mais néanmoins réelle.

            Je préfère la dimension dynamique exprimée par P. Buchanan;
            https://translate.googleusercontent.com/translate_c?depth=1&hl=fr&rurl=translate.google.com&sl=auto&sp=nmt4&tl=fr&u=http://buchanan.org/blog/nearing-civil-war-127177&usg=ALkJrhh9lzJh3CDyLSA8KA7ovtY_53QFrg

            Qui lui donne davantage de relief et de consistance.

            Là nous sommes dans l’action, et cette action met en évidence la violence de ce pays, immature certes, mais espérons-le en devenir.

            Nul ne s’interroge sur le fait que ce pays de liberté est celui qui recèle le plus de morts violentes, qu’on y assassine les présidents élus plus que sur la planète entière, qu’une inconnue de révolte pousse de simple citoyen à trucider des députés, des collégiens, d’autres inconnus…?

            Qui a vraiment envi de vivre dans un tel environnement?

            Hé bien il semble que seuls ceux qui regardent les médias et les individualistes forcenés aspirent à cet Eldorado du far west.
            Ont devrait y mettre tous les macronistes, ils y seraient heureux.

              +2

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          • Chris // 15.06.2017 à 13h42

            En fait, l’auteur nous parle des symptômes de la maladie US, une infamie congénitale répliquée à l’envi, dont l’obésité devient évidente (au sens propre comme au sens figuré) : un corps malade, rongé, boursouflée par le cancer qu’il sécrète.
            Un Trump est totalement secondaire : un simple porte-voix de cette dégénérescence.
            Un cancer qui nous gagne…

              +0

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    • Pegaz // 14.06.2017 à 13h46

      @ Palbosa
      « C’est marrant ce texte » (pas vraiment !)
      Pour le choix du titre, c’est celui de l’auteur. Aux intentions que vous lui prêté, seul lui-même pourrait confirmer l’effet d’accroche voulu ou pas.
      Considérant que l’analyse de la maladie prévaut sur celle du symptôme, je n’y ai vu aucune tromperie ou manipulation.
      Que l’invitation à « oubliez » de l’auteur dans son 1er et bref chapitre est claire et n’est pas pour me déplaire. (Trump midi et soir depuis plus d’un an !)

        +5

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  • Fritz // 14.06.2017 à 07h01

    Le cas d’Abu Jamal est-il un symptôme de la dérive illustrée par Trump ? On peut en douter. Les émeutes de 1968 sont d’une autre époque, et George Wallace a été lui-même grièvement blessé quatre ans plus tard (il devait désavouer ses idées ségrégationnistes à la fin de sa vie).

    Pour ma part, je retiens la formule de « coup d’État au ralenti », un coup d’État dissimulé par le bruit médiatique (par le « divertissement », aurait dit Blaise Pascal). Et je regarde de ce côté-ci de l’Atlantique, vers la cohorte hallucinée des zombies que notre système fait marcher. Je suis Charlie, je suis Macron.

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    • Chris // 14.06.2017 à 13h28

      Ces manipulation n’ont pas d’époque. Elles sont couramment utilisées par les pouvoirs coercitifs.
      Allez faire un tour en Israël : c’est à ciel ouvert depuis 70 ans !

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    • Pacamoi // 14.06.2017 à 15h00

      Tu es Charlie ? Fais gaffe !
      L’intérêt principal de Charlie hebdo, c’est de faire croire qu’en France on a la liberté d’expression.

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  • Toff de Aix // 14.06.2017 à 07h45

    Il est sain que certaines voix s’élèvent dans ce pays qui part à la dérive: des voix telles que celles de Chris edges, qui nous rappellent que tout n’est pas à jeter au pays de Mac Donald’s, de Trump et de la guerre perpétuelle au terrorisme…

    Il n’empêche que l’effondrement civilisationnel n’est jamais mieux illustré que par l’arrivée au pouvoir des pires des incompétents, et le plus rigolo c’est que ça fait toujours vendre. Trump génère toujours autant de « clics » dans une civilisation connectée qui tourne en boucle sur son nombril, pendant que son environnement crève de la pollution et de l’exploitation effrénée des ressources, et que les quatre cinquièmes de l’humanité n’ont pas accès à ce « progrès » dont nous sommes les privilégiés… Ils ont Trump, nous avons macron, à part le look, au fond, quelle différence ?

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    • Thierry // 14.06.2017 à 23h09

      Je doute que Trump puisse lire des livres de Ricoeur ou de Machiavel, et s’en inspirer.
      Ça fait au moins une différence avec Macron.

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      • Chris // 15.06.2017 à 13h46

        On voit que vous n’avez jamais travaillé dans les banques. Ces gens ont une construction mentale de sous-marins : compartiments étanches.
        Ça donne des profils assez détonants, la main gauche ignorant ce que fait la main droite, même chez les gens les plus cultivés.

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        • Thierry // 15.06.2017 à 22h30

          Pas convaincu. Macron a été banquier d’affaire (ce qui n’a rien à voir avec celui de conseillé de clientèle dans votre banque) seulement 4 ans. Beaucoup moins que le temps passé comme haut fonctionnaire suivant un parcours presque classique ENA, inspection des finances, secrétariat de l’Élisée, ministre.

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    • christian gedeon // 16.06.2017 à 11h40

      Les pires des incompétents donc! C’est une assertion risquée,parce que les politiques issus du sérail supposé compétent traditionnel ont fait preuve d’une incompétence au moins égale ou supérieure à celle supposée de Trump( ou de Macron),compte tenu de la situation mondiale actuelle,n’est ce pas? Il est assez amusant de voir à quel point l’arrivée au pouvoir de gens inattendus et en tous cas qui n’ont pas été couvés dans le poulailler habituel entraîne automatiquement un procès en « incompétence ». Ce la en dit long sur les contradictions qui agitent le citoyen « révolté »…il ne veut pas ou plus de ceux qui sont en place et issu des couveuses habituelles,mais il ne veut pas non plus,(et surtout) des ovni. La question est, que veut il exactement ce citoyen révolté? Ben ,à mon humble avis,il ne le sait pas lui même.

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  • calal // 14.06.2017 à 08h21

    il semble que trump a ete eu plus de vote noir que clinton. il semble aussi qu’apres deux mandats d’obama,la situation des noirs aux us ne s’est pas amelioree. on verra les resultats de trump.

    ce que je retiens de l’article,c’est le(s) role(s) des forces de l’ordre en ces temps d’etat d’urgence en voie de normalisation.je repense a cet agriculteur tue par des gendarmes suite a des visites d’inspection de sa ferme. je repense a cette video de l’intervention des policiers anglais lors du dernier attentat a londres: j’ai eu une impression de « mess » avec un gros risque de balles perdues si on sort de son abri a la vue des voitures de police alors que l’intervention n’est pas finie.

    bref,j’ai pas confiance…

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  • Amora // 14.06.2017 à 10h37

    Je trouve que rien dans l’article n’est hors sujet. Il suffit de comprendre une triste réalité qui ne concerne pas que les Etats-Unis mais tout le monde occidental basé sur cette pseudo culture anglo-saxonne teutonique protestante et raciste, la race des supérieurs, addictes aux jeux(football, Hockey, baseball, etc.) et à l’Iphone/Ipad/ Aïe tout court…

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    • Fritz // 14.06.2017 à 12h37

      Les Angles, les Saxons, les Teutons (massacrés par Caius Marius) et les protestants vous remercient pour votre amalgame bienveillant.
      Pour ce qui est d’être « addict » aux jeux, comme on dit en franglais, les Romains avaient-ils une culture « anglo-saxonne etc. » ? « Panem et circenses », c’est de l’anglo-saxon ?

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      • Subotai // 14.06.2017 à 23h54

        «  »“Panem et circenses”, c’est de l’anglo-saxon ? » »
        C’est juste de la Politique.
        Il y a juste deux choix pour contrôler la Cité:
        l’adhésion à une transcendance commune ou le ventre plein ET du plaisir facile.
        Parfois c’est les deux en même temps.

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  • Sam // 14.06.2017 à 10h41

    1985, USA for Africa : We are the world (avec Mickael).
    C’est étonnant comment on peut instrumentaliser si facilement une émotion, et en tirer de substantiels bénéfices, sur un concept comme « la faim en Afrique », et accepter silencieusement de telles atrocités. C’est un peu comme Alep/Mossoul, une émotion vibrante contre le silence, pour un drame similaire.

    « Depuis lors, j’ai été reconnaissant à ce flic sans visage »
    « Nous allons payer pour notre complaisance. »

    Un témoignage magnifique et sans appel.

      +9

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    • Pierre Tavernier // 14.06.2017 à 18h30

      Les engagements d’artistes pour des « grandes causes » humanitaires sont également une bonne opportunité pour de l’auto-promotion à zéro frais, même si bien sûr il ne faut pas tous les réduire à cela. D’autre part, un artiste, même doué dans son domaine, n’est pas forcément plus malin que le vulgus pecum pour décrypter les problèmes mondiaux. Ils sont en règle générale tout aussi influencés par une campagne médiatique que n’importe qui.

        +3

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      • Sam // 14.06.2017 à 23h37

        Certainement. Je soulignais l’émotion, plutôt que les artistes. « la faim en Afrique », c’est vague, diffus, lointain. Il y a un cadre rassurant, des ONG, une communication à mesure et des « solutions » (donnez votre argent, on transmettra…).
        Ni témoin, ni complice, ni responsable, et en endossant une cause lointaine on peut passer pour un humaniste à peu de frais (je suis contre la faim, contre la guerre, contre le racisme, pour la paix, …).
        Ce serait comme un simulacre d’émotion. Le pouvoir, lorsqu’il nous en propose une (Alep, la dernière dont je me souvienne), soutient son agenda morbide (les pétrodollars), mais nous offre aussi un exutoire, une possibilité encadrée d’exprimer ce que nous ne savons plus exprimer. C’est libératoire et déculpabilisant, et lorsque le fascisme ordinaire frappe à coté, on peut toujours se dire que l’on a déjà donné…

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    • Chris // 15.06.2017 à 13h54

      La faim en Afrique… un concept développé et entretenu par les/nos multinationales !
      Pour endiguer les migrations subsahariennes, Merkel proclame la recette : investir en Afrique !
      Mais les investissements des multinationales en Afrique sont là depuis des décennies : c’est chez elles qu’il faut intervenir pour que cesse la dévastation socio-économique d’accords iniques :
      http://www.jeuneafrique.com/mag/379453/economie/contentieux-etats-africains-face-aux-multinationales/
      17 déc. 2016, Agence Ecofin : http://www.agenceecofin.com/gestion-publique/1412-43209-depuis-plus-de-20-ans-l-afrique-distribue-78-milliards-par-annee-au-reste-au-monde

      Ou est-ce juste une initiative occidentale pour contrer l’influence grandissante de la Chine (routes de la soie) qui investit massivement dans les infrastructures africaines, comme le train Nairobi-Monbassa, 472 kms de ligne inaugurés début juin après 3 ans de travaux : https://www.youtube.com/watch?v=V2gK200KR-U+feature=share

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  • Labelrouge // 14.06.2017 à 11h44

    « Ce pays se vante d’avoir été fondé sur le principe de la liberté. Il a été fondé sur l’esclavage. Il a été fondé sur un holocauste. Il a été fondé sur un génocide. « . Pour Russell Banks le premier péché originel c’est le génocide des Indiens. Et tant que ce péché originel ne sera pas reconnu, ne sera pas « parlé » , la nation américaine restera malade et pourrie.

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    • lvzor // 14.06.2017 à 19h30

      « tant que ce péché originel ne sera pas reconnu, ne sera pas “parlé” , la nation américaine restera malade et pourrie »

      S’il n’y avait que ça…

      Ajoutons l’esclavage, l’apartheid (encore aujourd’hui, même dissimulé), Hiroshima, les innombrables bombardements et interventions militaires dans les pays tiers, les lieux ex-territoriaux de détention et de torture, l’ingérence et l’espionnage permanents dans tous les pays y compris « alliés » (en fait vassaux), la pression soutenue pour provoquer une troisième guerre mondiale….

      C’est à mon avis un peu trop à se faire pardonner ; l’addition est trop lourde.

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    • Didier // 14.06.2017 à 22h22

      Oui oui. Certes. Jorion, qui a activement appelé à voter Macron pendant l’entre-deux tours, après avoir laissé ses lieutenants vomir à boyaux continus sur Mélenchon.

      Qu’il est simple de se refaire ensuite une virginité…

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  • vonel // 14.06.2017 à 15h44

    Ce pays n’est pas malade,il est ainsi depuis son origine récente,il est sans histoire
    Le vernis et les apparats qu’il s’est attribué notamment depuis le début du 20 éme siècle est d’élément en train de tomber.
    Notre regard et nos images sur ce petit monde d’affairiste et colonisateurs doit évoluer si nous ne voulons pas sombrer avec.
    La jungle dont ils sont la référence est mortifère pour l’humanité.
    NON ce n’est pas une maladie mais une malformation constitutive qui à la volonté de se reproduire à toute les organisations humaines
    Le grand remplacement de l’URSS est me néolibéralisme :le totalitarisme!

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  • christian gedeon // 14.06.2017 à 17h04

    Il en faut un. Je m’y colle. la contribution de Chris Hedges est…inutile,en fait.Si on continue à retourner les choses,à l’envers,à l’endroit et on recommence,on n’avancera pas d’un pouce…USA pays fondée sur un holocauste,sur l’esclavage,raciste,assassin,toatlitaire,fausse démocratie,et patin et couffin,et vas y que je te remets çà. Nous connaissons tous les « tares  » réelles ou supposées des USA…les répéter à l’envi ne fait pas avancer le schmilblick,n’est ce pas? Quant aux pays ou aux civilisations actuelles basées sur des massacres,du racisme carrément institutionnel et religieux et des « holocaustes « ,ma foi,je peux en citer un certain nombre qui ne sont pas les USA, ni anglo- saxons et je ne serais pas plus avancé pour autant,même si c’est vrai.Alors combattre l’ultralibéralisme,oui,certainement,parce qu’il nous mène droit dans le mur. Critiquer les USA,bien sûr parce qu’ils en sont un représentant éminent.(mais pas le seul,très loin s’en faut,n’est ce pas messieurs les chinois?) Mais faire des seuls USA le diable,c’est juste faux,oh combien…tout ce qui est excessif est insignifiant,au sens étymologique du terme.

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    • lvzor // 14.06.2017 à 19h36

      « faire des seuls USA le diable,c’est juste faux »

      Pas le diable, mais c’est jusqu’à preuve du contraire le seul pays qui se proclame explicitement, depuis au moins Albright, destiné à exercer son hégémonie sur l’ensemble du monde et qui traite explicitement en ennemi quiconque remettrait en cause cette hégémonie simplement en prétendant régir ses propres affaires dans le sens de son propre intérêt. Je comprends que comme beaucoup de contemporains vous soyez pétrifié de terreur par la « nation exceptionnelle et indispensable », mais je suis désolé de vous dire que rien dans la condamnation des US ne saurait être « excessif », pour reprendre votre terme.
      D’autres pays ont certes des régimes pourris, mais ils ne se prétendent pas missionnés par dieu pour en imposer la servitude aux autres.

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      • Christian gedeon // 15.06.2017 à 09h37

        Une fois de plus,je trouve que vous faites trop d’honneur aux US. Qu’ils se pensent investis dénué « mission » personne n’en doute ,bien sûr . Mais bon,on leur pave sérieusement le chemin,non? Rappelez vous la première’ coalition anti Saddam . Le ban et l’arrière’ ban de la planète y était,y compris la…Syrie! Et dans le deuxième,France a part, et Syrie et Algérie exclus,rebelote et dix de der ! Entre autres exemples.

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        • lvzor // 15.06.2017 à 10h39

          Si vous voulez dire que les suiveurs serviles sont tout aussi condamnables que la puissance dont ils se font les méprisables exécutants, je vous approuve sans réserve! Mais il importe néanmoins de saisir le mal à la racine.

          (…et le « regime change » auquel nous assistons actuellement en France en est une illustration 🙂 )

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    • Mr K. // 14.06.2017 à 23h01

      Une des citations portant les valeurs du site « Les-Crises.fr » :

      « Je suis citoyen des États-Unis et j’ai une part de responsabilité dans ce que fait mon pays. J’aimerais le voir agir selon des critères moraux respectables. Cela n’a pas grande valeur morale de critiquer les crimes de quelqu’un d’autre – même s’il est nécessaire de le faire, et de dire la vérité. Je n’ai aucune influence sur la politique du Soudan, mais j’en ai, jusqu’à un certain point, sur la politique des États-Unis. » [Noam Chomsky, The Guardian, 20 janvier 2001.]

      Chris Hedges parle juste de son pays.

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