Source : The Intercept, Maryam Saleh, 04-01-2018
Quand Mohammed ben Salmane d’Arabie a réussi a mener un coup d’État et a renversé son rival politique en juin, le président Donald Trump en a tiré un crédit personnel. « Nous avons mis notre homme au pouvoir ! » a-t-il dit à ses amis, comme l’écrit Michael Wolff dans son livre bientôt publié Fire and Fury inside the Trump White House.
Le roi d’Arabie Saoudite Salmane, a évincé son neveu Mohammed ben Nayef en tant que prince couronné et a l’a remplacé par son fils de 31 ans ,ben Salmane, bousculant la lignée de succession et s’en prenant à des décennies de tradition dans la famille royale. Le coup a été annoncé au milieu de la nuit et c’était juste une autre étape dans la montée de ben Salmane au pouvoir dans le royaume durant ces dernières années. Le roi a aussi retiré à ben Nayef, qui fut un temps une figure puissante dans l’appareil de sécurité du pays, son poste de ministre de l’intérieur.
Juste un mois plus tôt, Trump avait fait une visite en Arabie saoudite durant son premier voyage outre-mer, rencontrant des leaders du Moyen-Orient et signant un contrat ambitieux de vente d’armes de 110 millions de dollars avec les chefs du royaume. Quand ben Salmane fut couronné prince, Trump l’a appelé et l’a félicité pour « sa récente promotion ».
Wolff décrit le voyage deTrump chez les saoudiens comme « un cadeau du ciel pour s’en sortir à bon compte », comme s’il s’agissait de s’échapper de Washington juste après qu’il eut renvoyé le directeur du FBI James Comey. « Il n’y aurait pas eu de meilleur moment pour faire la une des journaux loin de Washington. Un road trip qui pouvait tout changer. »
Le livre est basé sur 18 mois d’entretiens et d’approches de Trump et de son équipe dirigeante. Mais Wolff a dans le passé prouvé qu’il était un narrateur non fiable, et des questions ont déjà été posées sur la véracité de ses affirmations. Trump, pour sa part, est choqué par le livre, qui contient des passages accablants pour lui et sa famille, attribués à son ancien conseiller stratégique Steve Bannon. L’avocat du président a demandé que Wolff et ses éditeurs arrêtent et renoncent à la publication de ce livre.
Bannon, parlant à un think-tank de Washington en octobre, a fait le lien entre la visite de Trump aux Saoudiens et le changement de succession. « Si vous regardez l’Arabie Saoudite, ils ont vécu un énorme changement fondamental depuis le sommet », a dit Bannon. « Le vice-prince de la couronne est à présent le prince couronné. Je pense que, il y a deux ou trois semaines, il y a eu 1000 religieux, arrêtés et assignés à résidence, ou quelque chose comme cela. Je réalise que le parti d’opposition parle d’eux en tant que « érudits libéraux », dans le New York Times. »
Trump a invité ben Salmane à la Maison Blanche pour mars, au cours de ce que Wolff a appelé « un geste de diplomatie agressif ». La famille royale saoudienne « a utilisé cette accolade avec Trump comme partie du son jeu de pouvoir dans le royaume ». Et la Maison Blanche de Trump, admettant toujours que cela soit le cas, l’a laissé faire. « En échange », écrit Wolff, ben Salmane « a offert un panier de transactions et d’annonces qui coïncident avec la visite de Trump en Arabie saoudite, offrant une victoire au président ».
Il paraît que le gendre du président et conseiller de confiance Jared Kushner est proche de ben Salmane. Kushner a visité l’Arabie saoudite en octobre, où lui et le prince régnant ont passé des nuits jusqu’à 4 heures du matin, « a échanger des histoires et à mettre au point des stratégies », comme le rapporte le Washington Post. Quelques jours après, ben Salmane a fait arrêter presque une douzaine de membres de l’élite gouvernante saoudienne.
Juste quelques semaines avant que ben Salmane n’assume son rôle de prince régnant, l’Arabie saoudite a coupé les relations diplomatiques avec le Qatar et lancé un embargo contre la péninsule voisine. Trump en a revendiqué le crédit sur Facebook.
Durant mon voyage récent au Moyen-Orient, j’ai annoncé qu’il ne pouvait plus y avoir de financement d’une idéologie radicale. Les leaders ont désigné le Qatar- regardez !]
Ben Salmane a joué un rôle essentiel dans le royaume durant la guerre de deux ans contre le Yémen et depuis novembre, il mène une lutte acharnée contre ses rivaux politiques et autres élites saoudiennes, des centaines d’entre eux ont depuis été détenus au Ritz-carlton de Riyad depuis lors.
Trump a tweeté son approbation
[J’ai une grande confiance dans le roi Salmane et le prince régnant d’Arabie Saoudite, ils savent exactement ce qu’ils font…]
Photo du haut : Le président Donald Trump se dirige vers son avion Air Force One à Riyad le 22 mai 2017.
Source : The Intercept, Maryam Saleh, 04-01-2018
Traduit par les lecteurs du site www.les-crises.fr. Traduction librement reproductible en intégralité, en citant la source.
Commentaire recommandé
Je ne crois pas que la succession du roi Salmane va se faire aussi facilement malgré la popularité de MBS auprès des jeunes Saoudiens.
Si MBS a le soutien du clan Trump, Mohammed ben Nayef avait celui de la CIA et des Britanniques et je crains que les rivalités Trump-establishment dérivent sur l’Arabie saoudite.
Ma principale crainte est cependant le jeune âge de MBS, pas à cause de son inexpérience mais plutôt parce que son arrivée à la tête du pays bloquerait pour cinquante ans toute possibilité pour les autres clans tribaux d’arriver au pouvoir et cela, c’est contraire à l’esprit des successions adelphiques en vigueur jusqu’à présent en Arabie saoudite.
Il a un détail à changer dans l’article : il s’agit de 110 milliards de dollars de contrats d’armement.
13 réactions et commentaires
Je ne crois pas que la succession du roi Salmane va se faire aussi facilement malgré la popularité de MBS auprès des jeunes Saoudiens.
Si MBS a le soutien du clan Trump, Mohammed ben Nayef avait celui de la CIA et des Britanniques et je crains que les rivalités Trump-establishment dérivent sur l’Arabie saoudite.
Ma principale crainte est cependant le jeune âge de MBS, pas à cause de son inexpérience mais plutôt parce que son arrivée à la tête du pays bloquerait pour cinquante ans toute possibilité pour les autres clans tribaux d’arriver au pouvoir et cela, c’est contraire à l’esprit des successions adelphiques en vigueur jusqu’à présent en Arabie saoudite.
Il a un détail à changer dans l’article : il s’agit de 110 milliards de dollars de contrats d’armement.
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AlerterEt surtout, il s’agit bel et bien d’une intervention dans les affaires intérieures d’un pays autrement plus grave que la soit-disant intervention russe en… sa faveur, s’agissant en l’occurrence non pas d’une tentative maladroite d’influence électorale, mais de la mise en place délibérée d’un autocrate sanguinaire financier de terroristes.
Conception de la « Démocratie » de plus en plus dévoyée et de moins en moins acceptable.
Ce monde ne pourra jamais être redressé autrement que par la violence brutale et aveugle de populations déchaînées. C’est vraiment lamentable
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Alerter« la violence brutale et aveugle de populations déchaînées. A corriger pour coller aux faits, au moins en Arabie Séoudite: « la violence brutale et aveugle de mercenaires(privés ou étatiques) bien payés ».
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AlerterAh c’est bien, Trump assume enfin sa responsabilité in fine des horreurs et d’une des plus terrible crise humanitaire faite volontairement au Yemen.
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AlerterLa guerre du Yémen est d’abord et avant tout une guerre entre « arabes » et entre tribus. Le contentieux yéménite ne date pas d’aujourd’hui,et à l’intérieur même du Yémen les dissensions sont multiples et complexes. çà n’enlève rien à l’horreur des bombardements et des blocus,ni au cynisme sans bornes des « occidentaux « ,dont,au passage,la « communauté internationale » se fout éperdumment au cas où personne ne l’aurait remarqué.le « rôle » du camp occidental dans les affrontements eux même est des plus limité. On se contente de fournir armes et munitions,et de faire silence dans les « instances » sur ce qui se passe là-bas.
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Alerter@ c. gedeon : « le rôle du camp occidental dans les affrontements eux même est des plus limité. On se contente de fournir armes et munitions,et de faire silence dans les “instances ” sur ce qui se passe là-bas. »
Ah bon ? Le silence sur des massacres et la fourniture des moyens même de ces massacres, c’est pas déjà énorme comme responsabilité ?
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AlerterJ’aidit Que le rôle dans les combats était limité,pas que la responsabilité l’etait.
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AlerterSi nous n’avions pas prêté notre aide à l’intervention de l’union Arabe, cette guerre serait terminée depuis longtemps et le peuple yéménite aurait déjà commencé à se reconstruire, je vous recommande ce bon article sur le sujet : https://blogs.mediapart.fr/jerome-henriques/blog/040817/yemen-le-pays-martyr
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AlerterVous oubliez de mentionner la fourniture de renseignements et le soutien logistique. Et les forces occidentales auraient quelques forces spéciales sur le terrain que je n’en serais pas autrement étonné…
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AlerterOfficiel :
Les Etats-Unis ont annexé l’Union européenne.
L’Union européenne est aujourd’hui totalement soumise aux Etats-Unis.
Dernier exemple en date : la défense.
Jeudi 15 février 2018 :
L’UE reconnaît que la défense commune est une mission pour l’Otan seule (Mattis).
Les alliés européens ont reconnu que la défense commune est une mission pour l’Otan et pour « l’Otan seule », a affirmé jeudi le secrétaire à la Défense américain Jim Mattis à l’issue d’une réunion au siège de l’Alliance à Bruxelles.
« Il y a un accord clair pour inclure dans le document de l’UE que la défense commune est une mission pour l’Otan et pour l’Otan seule », a déclaré M. Mattis au cours d’une conférence de presse après une discussion sur l’initiative européenne de défense.
« Je pense que les doutes qui devaient être dissipés hier ont été dissipés d’une manière très importante »
https://www.romandie.com/news/L-UE-reconnait-que-la-defense-commune-est-une-mission-pour-l-Otan-seule-Mattis/890729.rom
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AlerterLes U.S.A. perdent le contrôle de l’U.E., ce que le réformateur impérial qu’est Monsieur Trump ne peut supporter.
D’autant plus que notre union pose de plus en plus de problème aux Etasunis.
Comment disait Charles Pasqua?
« Les promesses des hommes politiques n’engagent que ceux qui les perçoivent! »
Et que disait donc Monsieur Trump au sujet de l’O.T.A.N. lors de sa campagne électoral?
Qu’elle est obsolète!
Quand au reste…
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AlerterApparemment, les USA attendent surtout le versement de l’aumône pour tous les Otanistes, soit 2% du PIB pour financer ce pacifique boulet (Sommet de l’Alliance atlantique, septembre 2014).
Il est possible qu’avec ces financements les USA soient plus capables, et donc profitent de l’opportunité pour nous équiper de laisse et muselière.
Bruxelles y a peut être également un intérêt?
Mais qui connait Bruxelles?
A suivre…
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Alerter« Trump avait fait une visite en Arabie saoudite durant son premier voyage outre-mer, rencontrant des leaders du Moyen-Orient et signant un contrat ambitieux de vente d’armes de 110 millions de dollars avec les chefs du royaume »
Comprendre 110 milliards de dollars, sinon ça n’a rien d’ambitieux
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AlerterLes commentaires sont fermés.