Source :Facebook, Paul Moreira, 01-07-2019
Voilà, c’est fini. Toutes les instances de la justice française se sont prononcées, de la 17ème chambre correctionnelle à la Cour de Cassation. Son arrêt émis le 18 juin 2019 est définitif. L’auteur d’un article mensonger du « Comité Ukraine », un blog hébergé par Libération, est condamné pour m’avoir diffamé.
L’article avait été écrit par la porte-parole du groupe Euromaïdan, Anna Chesanovska. Elle avait travaillé quelques jours comme traductrice pour mon enquête sur les milices nationalistes : « Les masques de la révolution », diffusée sur Canal Plus en 2015. Anna Chesanovska avait traduit les interviews de deux leaders d’extrême-droite. Le chef néo-nazi de la brigade Azov : Andreyi Biletsky. Et un député du « Parti Radical » : Igor Moïssichuk, autre figure musclée qui avait torturé des opposants devant les caméras et posté les vidéos sur You Tube.
Durant les trois jours où elle était venue apporter un renfort à la traduction, j’ai compris qu’Anna Chesanovska nourrissait une admiration enthousiaste pour ces deux hommes. Elle fut un peu déçue du résultat. Elle ne fut pas la seule. L’ambassade d’Ukraine a demandé la censure du film. Les réseaux liés aux nationalistes ukrainiens ont mobilisé tous leurs soutiens, chez les militants, trolls, « experts » ou journalistes amis.
Une petite tempête a déferlé sur internet. Sur les réseaux sociaux, des injures et menaces de mort. Ma page Wikipedia vandalisée. Des critiques de quelques journalistes couvrant la région, d’autant plus violentes que je mettais en lumière des évènements qu’ils avaient eux-mêmes soigneusement maintenus dans l’ombre, notamment le massacre d’Odessa. 43 civils brûlés vifs par des milices nationalistes ukrainiennes.
Mais la plupart de ces attaques restaient dans les limites du débat polémique.
En revanche, le blog « Comité Ukraine », auréolé d’une réputation de sérieux, avait publié un texte volontairement mensonger. L’article d’Anna Chesanovska accourait en défense des deux chefs de milice et affirmait que j’avais manipulé sciemment leurs interviews afin de les faire passer pour des « bêtes féroces ». Son attaque avait les apparences de la révélation. Elle avait participé à l’équipe, elle se targuait d’un statut de témoin. Mais ce qu’elle affirmait était tout simplement faux. Les questions étaient franches mais ils avaient pu se défendre sans que leurs propos soient tronqués. C’était vérifiable en regardant simplement le documentaire. J’ai donc envoyé un long message à Renaud Rebardy, l’un des gestionnaires du blog « Comité Ukraine », avec les citations exactes et lui demandant de regarder par lui-même et rétablir les faits. Message resté sans réponse. Je nourrissais jusqu’alors un certain respect pour le « Comité Ukraine », formé d’universitaires et anciens diplomates. J’étais surpris qu’ils ne réagissent pas. J’ai donc porté plainte en diffamation contre l’auteur de l’article.
La justice a donc examiné les faits et tranché.
Ce périple judiciaire a été pour moi particulièrement révélateur. A ce jour, le « Comité Ukraine » n’a toujours pas corrigé l’article. On reconnait les propagandistes à ce qu’ils préfèrent toujours un mensonge utile à une vérité dérangeante. Depuis le film, les milices nationalistes n’ont cessé de prendre de l’espace. Des pogroms ont été commis contre les Roms. Avec des scènes dignes des années 30 où des camps sont détruits et des civils sont poignardés. Pas un mot dans les publications du « Comité Ukraine ». La justice m’a alloué la possibilité d’acheter un encart afin de rendre publique cette décision de justice. Nous pensions pouvoir publier ce communiqué judiciaire dans l’espace blogs de Libération afin d’y rétablir un semblant d’équilibre. Le journal Libération a refusé de nous vendre un espace pour cette publication.
Source :Facebook, Paul Moreira, 01-07-2019
Nous vous proposons cet article afin d'élargir votre champ de réflexion. Cela ne signifie pas forcément que nous approuvions la vision développée ici. Dans tous les cas, notre responsabilité s'arrête aux propos que nous reportons ici. [Lire plus]Nous ne sommes nullement engagés par les propos que l'auteur aurait pu tenir par ailleurs - et encore moins par ceux qu'il pourrait tenir dans le futur. Merci cependant de nous signaler par le formulaire de contact toute information concernant l'auteur qui pourrait nuire à sa réputation.
Commentaire recommandé
« A ce jour, le “Comité Ukraine” n’a toujours pas corrigé l’article. »
« Nous pensions pouvoir publier ce communiqué judiciaire dans l’espace blogs de Libération afin d’y rétablir un semblant d’équilibre. Le journal Libération a refusé de nous vendre un espace pour cette publication. »
Tout est dit, il n’est pas nécessaire de chercher plus loin qui sont les seules victimes de la « loi contre les fèces niouzes » promulguée par nos « divins élus »…
12 réactions et commentaires
Anna Chesanovska-Jaillard a décidé de se pourvoir en cassation.
+0
AlerterEt alors? La cour de cassation ne se prononce que sur la forme, pas sur le fond. Elle étudie les erreurs de procédure mais ne met aucunement en cause le fond d’une affaire. De plus c’est indiqué en début d’article : »Toutes les instances de la justice française se sont prononcées, de la 17ème chambre correctionnelle à la Cour de Cassation. »
+33
AlerterSe pourvoir en cassation après un arrêt de la Cour de cassation ?
Ah, c’est vrai que nos dirigeants se sont pourvus en cassation après que leur TCE eut été cassé par le peuple souverain (29 mai 2005). Et ça nous a donné le traité de Lisbonne.
Selon Cécile V., les magistrats de la Cour de cassation feraient partie des réseaux du Kremlin.
+35
AlerterTiens, puisque l’on parle de l’Ukraine: quelques nouvelles récentes
https://reseauinternational.net/leffondrement-du-pouvoir-en-ukraine-a-commence/
+9
AlerterArrêt définitif de la cours de cassation d après MOREIRA…. a priori donc sans renvoi.
Vous êtes juste un troll ou vous ne lisez pas ?
+16
Alerter« A ce jour, le “Comité Ukraine” n’a toujours pas corrigé l’article. »
« Nous pensions pouvoir publier ce communiqué judiciaire dans l’espace blogs de Libération afin d’y rétablir un semblant d’équilibre. Le journal Libération a refusé de nous vendre un espace pour cette publication. »
Tout est dit, il n’est pas nécessaire de chercher plus loin qui sont les seules victimes de la « loi contre les fèces niouzes » promulguée par nos « divins élus »…
+52
AlerterPar ce refus, Libération reconnaîtrait-il enfin s’être libéré de l’éthique journalistique depuis belle lurette?
+44
AlerterCe qui est tout aussi sidérant c’est que Moreira ait été autant attaqué pour un documentaire finalement si consensuel (incluant les 10 premières minutes de Poutine bashing conventionnel). C’est vraiment la preuve qu’à Libération on soutient vent debout en pleine conscience les tristes sires énumérés plus haut, au delà même d’une critique contre la position de la Russie.
+16
Alerter» Les réseaux liés aux nationalistes ukrainiens ont mobilisé tous leurs soutiens, chez les militants, trolls, “experts” ou journalistes amis. »
Des noms?
+6
AlerterNe jamais oublier que derrière les nationalistes ukrainiens et le Comité ukraine, il y a bel et bien un ensemble d’idées racistes et ultra-violentes : pogroms, Maison des Syndicats à Odessa ( tirs mortels sur des personnes tentant de fuir le massacre et bombes incendiaires un quasi-holocauste – scène évoquant le souvenir d’un film « Va et regarde » d’Elen Klimov, sous le titre parfois de Requiem pour un massacre -les Oradours en Biélorussie).
Le plaignant aura – t-il des dommages et intérêts conséquents pour faire passer l’envie du « Comité ukraine » de recommencer, c’est cela qui est important car l’argent est hélas dans les sociétés occidentales le « nerf de la guerre ».
Bon courage à vous
+23
AlerterPour en savoir un peu plus. Ce n’est pas sa première condamnation.
Attention version du réseau des nazis!
http://euromaidanpress.com/2017/07/09/chesanovska-moreira-masks-of-the-revolution-france-ukraine/
+2
AlerterLe néo fascisme est encourragé par la structure de l’UE, on s’en est rendu compte depuis un moment et les preuves ne font que s’accumuler, malgré les slogans encore brandis du type « l’UE c’est la paix ».
Plus significatifs sont la veulerie, la dissimulation et le suivisme de la plupart des catñegories socioculturelles qui sont encore favorisées par ce projet-mirage européiste, destructeur de repères fondamentaux, d’intelligences et de solidarités.
+9
AlerterLes commentaires sont fermés.