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18.janvier.202218.1.2022 // Les Crises

Ukraine, Taïwan, Iran : Les 3 zones d’escalade géopolitique de 2022

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C’est la première fois que ce sont d’autres pays qui dictent leur loi à l’Occident plutôt que de recevoir des instructions sur la manière de se conformer aux lignes rouges américaines.

Source : Strategic Culture Foundation, Alastair Crooke
Traduit par les lecteurs du site Les-Crises

Photo : REUTERS/Handout

Un soupir de soulagement presque audible a résonné dans les couloirs du monde occidental. Bien qu’il n’y ait eu aucune avancée lors de la réunion virtuelle du couple Biden-Poutine, les discussions ont, sans surprise, été principalement centrées sur le sujet de préoccupation immédiat : L’Ukraine – dans un contexte de crainte généralisée que le volcan ukrainien n’entre en éruption à tout moment.

Lors de la réunion : un accord a été trouvé sur la proposition d’entamer des discussions de gouvernement à gouvernement « à un niveau hiérarchique moindre » concernant les lignes rouges fixées par la Russie et sur tout arrêt de l’expansion de l’OTAN vers l’est. Jake Sullivan a toutefois versé un peu d’eau froide sur cette proposition en soulignant avec fermeté que les États-Unis n’avaient pris aucun engagement au sujet de ces deux points. Biden (comme annoncé à l’avance), a mis en garde, menaçant de sévères sanctions économiques et autres si toutefois la Russie intervenait en Ukraine.

Ce qui a été plus remarquable, cependant, c’est que les États-Unis se sont seulement contentés de menacer de sanctionner la Russie ou d’envoyer plus de troupes dans la région, ce qui est bien différent d’une menace explicite d’intervention militaire de l’Occident et de l’OTAN en Ukraine. Dans des déclarations antérieures, Biden et d’autres responsables américains étaient restés vagues quant à la réponse de Washington si il devait y avoir une invasion russe : ils ont mis en garde à plusieurs reprises contre les « conséquences », tout en réaffirmant leur volonté de défendre la souveraineté de l’Ukraine.

Alors, pouvons-nous tous nous remettre à respirer ? Eh bien, non. En fait, le caractère d’urgence de la question ukrainienne a toujours été une sorte de faux-fuyant : La Russie n’a aucune envie de s’enfoncer dans la boue épaisse et poisseuse d’un bourbier régional, même si certains Occidentaux adoreraient ça. Les forces de Kiev sont fatiguées, dépenaillées et démoralisées après avoir croupi des mois dans des tranchées glacées le long de la ligne de contact. Elles n’ont guère envie d’affronter les milices du Donbass (à moins d’être aidées de l’extérieur).

Rien n’a été résolu sur ce qu’il convient de faire au sujet de la sombre dystopie au sens large qu’est l’Ukraine – dans toutes ses diverses manifestations. Le président Poutine a évoqué l’accord de Minsk, mais personne n’a, semble-t-il, mordu à l’hameçon ; la ligne de pêche est restée inerte. Il n’y a pas eu non plus d’accord sur ce qu’il fallait faire des débris accumulés de ce qu’on appelait autrefois les relations diplomatiques américano-russes. Ce dernier terme (relations diplomatiques) n’est plus qu’une mauvaise blague.

La célébration n’est donc pas de mise. Les factions viscéralement anti-Poutine aux États-Unis et à Kiev sont furieuses : un sénateur républicain américain, Roger Wicker, a averti que dans toute impasse concernant l’Ukraine, « je n’exclurais pas une action militaire. Je pense que notre erreur commence quand nous ne gardons pas toutes les options sur la table, j’espère donc que le président gardera cette option-là sur la table. » Interrogé sur la nature de ce que serait une action militaire contre la Russie, Wicker a répondu que cela pourrait vouloir dire « que nous nous positionnons avec nos navires en mer Noire, et que nous détruisons les capacités militaires russes », ajoutant que les États-Unis ne devraient pas non plus « exclure une action nucléaire de première frappe » contre la Russie.

La situation en Ukraine s’envenime donc. Si une accalmie devait se dessiner, ce ne serait que cela, une accalmie. Les faucons américains et européens n’ont pas brandi le drapeau blanc : l’Ukraine est une arme trop bien adaptée à leurs besoins pour être mise de côté à la légère.

Cependant, focaliser à ce point sur la crise ukrainienne revient à ‘voir les arbres, et pourtant ne pas voir qu’il s’agit d’une forêt’ : nous avons trois – et non une – mines à retardement, prêtes à se déclencher. Trois fronts : chacun d’entre eux est distinct, mais tous sont étroitement liés, et ils sont désormais soumis à des objectifs stratégiques et des synergies d’un niveau inconnu : l’Ukraine, Taïwan, et l’accord chancelant de Vienne sur le nucléaire iranien – qui suscite maintenant une angoisse indicible à Tel Aviv.

Cette forêt qu’on ne voit pas à cause des trois arbres, on la retrouve au travers des enjeux non maîtrisés de la construction de la sécurité européenne ; de la question de la sécurité du Moyen-Orient, et en fait, dans la construction d’une sécurité mondiale. L’ordre existant, fondé sur des règles, a dépassé sa date de péremption : il n’assure pas plus la sécurité qu’il ne reflète la réalité des équilibres actuels entre les grandes puissances. Il est devenu pathogène. Pour dire les choses simplement, il est trop fossilisé dans la leitkultur de l’après-guerre [leitkultur peut se traduire par « culture directrice », moins littéralement par « culture commune », NdT].

Dans une récente interview sur CNN, Fareed Zakaria a demandé à Jake Sullivan, le conseiller de Biden pour la sécurité : et donc, on en est où, après tous vos discours musclés, sur quoi vous êtes-vous mis d’accord avec la Chine, qu’avez-vous réussi à négocier ? « Mauvaise question », telle fut la réponse tranchante de Sullivan. « Mauvaise équation », a-t-il dit sans ambages : Ne posez pas de questions sur des accords bilatéraux – demandez plutôt ce que nous avons obtenu d’autre. La meilleure manière de considérer cette question, a-t-il dit, est la suivante : « Avons-nous fixé les termes d’une concurrence efficace dans le cadre de laquelle les États-Unis sont en mesure de défendre leurs valeurs et de faire avancer leurs intérêts – pas seulement dans la région indo-pacifique, mais dans le monde entier ? »

« Nous voulons créer toutes les conditions pour que deux grandes puissances puissent fonctionner dans un système international pour un avenir prévisible – et nous voulons que les termes de ce système soient en faveur des intérêts et des valeurs américains : Il s’agit plutôt d’une disposition favorable qui permettra aux États-Unis et à leurs alliés de façonner les règles internationales du jeu relatives aux types de questions qui vont fondamentalement compter pour les habitants de notre pays [l’Amérique] et pour les habitants du monde entier. […] »

C’est cette leitkultur maximaliste qui nous amène à un point où ces trois questions explosives risquent conjointement de provoquer une convulsion fondamentale de l’ordre mondial. Il nous faut remonter loin dans le temps pour trouver un moment où notre monde a été aussi vulnérable à un changement soudain de destinée – ce qu’Ambrose Evans-Pritchard, dans le Telegraph, appelle « Le cauchemar de l’Occident : une guerre sur trois fronts. »

De quoi parle-t-on ici ? Eh bien, il s’agit certainement de quelque chose de très vaste portée. Et pourquoi les États-Unis insistent-ils sur une position aussi absolutiste en matière d’ordre mondial, une position en vertu de laquelle les autres grandes puissances n’ont pas le droit de fixer leurs propres lignes rouges en matière de sécurité ? Eh bien, c’est à cause… des « quatre cavaliers » des grandes transitions :

La pandémie – qui débouche sur un système mondial de réglementation de la santé ; l’urgence climatique – qui débouche sur un régime mondial de crédits et de débits de CO2 ; la révolution technologique et de l’intelligence artificielle – qui nous fait entrer dans l’ère mondiale de l’automatisation et des robots (et des pertes d’emplois) ; et enfin, la transition entre l’économie classique et la Théorie monétaire moderne mondiale [La théorie monétaire moderne est une théorie économique d’inspiration néochartaliste. Descriptive et normative, elle fournit à la fois un cadre d’interprétation des phénomènes économiques ainsi que des recommandations de politique économique, notamment pour le plein emploi et la stabilité des prix, NdT], qui exige une mise à plat de la gigantesque dette mondiale qui ne sera jamais remboursée.

La conception de « l’avenir prévisible » de Sullivan s’articule principalement autour de ce projet d’« ordre supérieur » : La pérennisation des « règles du jeu » mondiales, conçues pour protéger les « intérêts des États-Unis et de leurs alliés », en tant que socle à partir duquel les mécanismes des « transitions » – santé, changement climatique, technocratie managériale et monétaire – peuvent être soustraits du champ des prérogatives parlementaires nationales pour être confiés à un niveau supranational d’entreprises et de collectifs d’« expertise » managériale technologique (qui n’ont absolument aucun compte à rendre à un contrôle parlementaire national).

Quand on les sépare ainsi en plusieurs sphères, telles que les précautions en matière de santé, le changement climatique, la promotion des « miracles » de la technologie et l’émission de la monnaie dissociée de la fiscalité – ils semblent indépendants de toute idéologie et, d’une certaine manière, presque utopiques.

Il était bien entendu que toutes ces transitions bouleverseraient des modes de vie humains ancestraux et profondément enracinés, et déclencheraient inévitablement des dissidences – c’est pourquoi les nouvelles formes de « discipline » sociale et le transfert du contrôle de la responsabilité nationale vers le niveau supranational sont si importants. Cela ne rend certainement pas les gens « heureux » (selon Davos).

Hmmm ! … les dessous idéologiques de cette reconfiguration d’un « ordre supérieur » peuvent être masqués, comme non partisans, mais c’est pourtant cet ordre supérieur qui décide des normes internationales, des protocoles, des critères et des règles de ces transitions, et qui est souverain – comme l’a fait remarquer Carl Schmitt.

Sullivan au moins fait preuve d’intégrité en étant franc quant à l’idéologie cachée de la reconfiguration : « Nous voulons que les termes de ce système soient favorables aux intérêts et aux valeurs américains : il s’agit plutôt d’une disposition avantageuse par laquelle les États-Unis et leurs alliés peuvent façonner les règles internationales du jeu concernant le genre de problèmes qui vont avoir une importance fondamentale pour les habitants de notre pays [l’Amérique] et pour les habitants du monde entier… ».

Nous parlons ici de quelque chose qui clairement va bien au-delà de la dimension des sommets de Biden avec Xi et Poutine, et des pourparlers de Vienne sur le PAGC. Le président Poutine a prévenu que toute intrusion des infrastructures ou des forces de l’OTAN en Ukraine ne serait pas acceptée. Et que la Russie agirait de manière énergique pour l’empêcher. De même, l’Iran a déclaré explicitement qu’aucune attaque israélienne contre ses installations nucléaires ne serait tolérée. Elle entraînerait la destruction par l’Iran des infrastructures vitales israéliennes sur l’ensemble du territoire.

Et la position de l’Iran et de la Russie est identique à celle de la Chine à l’égard de Taïwan : Le président Xi l’a clairement indiqué lors du sommet virtuel qu’il a tenu avec Biden le 15 novembre. Xi a prévenu que toute tentative de sécession de Taïwan était inacceptable et entraînerait une réponse militaire.

À Vienne, l’Iran a simplement énoncé ses « lignes rouges » : aucune discussion sur les missiles balistiques iraniens ; aucune discussion sur le rôle régional de l’Iran ; et aucun gel de l’enrichissement – tant qu’il n’y a pas un accord sur le mécanisme de levée des sanctions et de garantie de leur non-réapparition – appelant de fait à un retour au cadre initial de l’accord de 2015. L’Iran exige des garanties contraignantes pour que les sanctions ne soient pas réimposées de manière arbitraire ; que la normalisation du commerce ne soit pas à nouveau entravée de manière indirecte allant ainsi à l’encontre des termes de l’accord, comme cela s’est produit sous Obama (le département du Trésor américain a mené sa propre politique anti-commerciale, en désaccord avec celle de la Maison Blanche) ; et que toutes les sanctions soient levées.

Ce qu’il faut souligner ici, c’est le contexte : il convient de noter que la position iranienne est presque identique dans son contenu à celle énoncée par la Russie, vis-à-vis des États-Unis, en ce qui concerne l’Ukraine : La demande de Poutine à Washington est que les intérêts et les « lignes rouges » de la Russie soient officiellement reconnus et acceptés ; que des accords juridiquement contraignants soient conclus en ce qui concerne la sécurité de la Russie en Europe de l’Est ; l’exigence absolue que l’OTAN ne progresse plus vers l’Est, et qu’un veto soit opposé à toute infrastructure de l’OTAN qui serait délocalisée en Ukraine.

C’est très nouveau : en géopolitique, des co-occurences de cette nature ne se produisent pas spontanément. Il est évident que les trois puissances sont stratégiquement alignées, politiquement et très probablement militairement aussi.

Les États occidentaux sont abasourdis : C’est la première fois que d’autres leur dictent leur conduite – en définissant leurs propres lignes rouges – plutôt que de recevoir des instructions sur la manière de se conformer aux lignes rouges américaines. Ils sont déconcertés et ne savent plus ce qu’il sont maintenant supposés faire. Et, comme le note astucieusement Anatol Lieven [Auteur britannique, journaliste lauréat du prix Orwell et analyste politique, NdT],, certaines actions auraient de graves conséquences stratégiques : « Mis à part les dommages économiques mondiaux qui résulteraient d’une guerre en Ukraine et la façon dont la Chine tirerait parti d’une telle crise, l’Occident a d’excellentes raisons d’éviter une nouvelle guerre : il serait perdant. » Lieven poursuit : « Cette situation risquerait également de se transformer en une guerre mondiale ; car il est pratiquement certain que la Chine tirerait parti d’une guerre entre les États-Unis et la Russie, exposant ainsi les États-Unis au risque de deux guerres concomitantes – et à une défaite dans les deux cas ».

Pour l’instant, les États-Unis et leurs alliés réitèrent les habituelles banalités selon lesquelles « toutes les options sont sur la table », ils parlent de sanctions draconiennes et mentionnent la constitution en cours d’une coalition internationale pour faire pression et s’opposer à ce non-respect des règles. En effet, si les protagonistes ne se conforment pas aux règles (ou si ces trois États ne sont pas isolés politiquement et condamnés), le grand projet d’élever ces transitions apparemment « non idéologiques » au niveau d’une sphère supranationale dotée de normes, de protocoles et autres (les « modalités du système », selon les termes de Sullivan) ne sera pas réalisé. Il ne sera pas possible de télécharger une mise à jour du logiciel du « consensus de Washington » si ces trois États refusent tout simplement les « règles » de Sullivan.

Une réinitialisation stratégique ne sera cependant pas facile. L’Occident est plongé dans la guerre des mèmes [Un mème [mɛm] est un élément culturel reconnaissable, reproduit et transmis par l’imitation du comportement d’un individu par d’autres individus, NdT], ce qui rend d’autant plus difficile une redistribution de l’ordre stratégique. Tout compromis sur l’idée que la Russie ne peut pas avoir ses propres lignes rouges ; qu’elle ne peut pas se prononcer sur une éventuelle adhésion de l’Ukraine à l’OTAN ; pas plus que déterminer où l’OTAN installe ses missiles et ses armes nucléaires, risque de faire passer Biden pour un faible. Les Républicains ont déjà, de manière préventive, dénoncé ce qu’ils appellent la « faiblesse » de Biden d’avoir encouragé un « aventurisme dangereux » de Moscou.

Mais là encore, peut-être que ces deux sommets – ainsi que la position de l’Iran par rapport au traité de Vienne – représentent le début de la fin d’un ordre basé sur les règles occidentales, et le compte à rebours vers un nouvel équilibre géostratégique entre les deux axes – et donc, en fin de compte, vers la paix ou la guerre.

Source : Strategic Culture Foundation, Alastair Crooke, 13-12-2021
Traduit par les lecteurs du site Les-Crises

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Commentaire recommandé

Jean // 18.01.2022 à 11h08

@Morne Butor,

=> Mais je ne comprends pas que l’Europe n’ait pas voulu se construire avec une certaine indépendance de vision.

Pour obtenir ce résultat les USA ont fait ce que font tous les empires pour maintenir leur domination sur leurs colonies, ils achètent les responsables politiques locaux et menacent ou éliminent tous ceux qui n’acceptent pas de se soumettre.

23 réactions et commentaires

  • Dorian // 18.01.2022 à 07h19

    Il apparaît qu’on se dirige tranquillement vers l’affrontement. Guerre? Pas forcément. Les Russes ont l’air d’être sérieux sur leur détermination à interdire l’OTAN de continuer ses manigances à ses frontières.
    Ma seule question est de savoir si les USA disposent d’une botte secrète, cybernétique ou autre qui lui conférerait une telle supériorité absolue qu’elle puisse se sentir autorisée à pousser le bouchon si loin? En ce cas, cette suite de provocations délibérées ne serait qu’une invite à un affrontement qui laisserait la Russie à poil.
    Ou alors les USA sont ils dans un hubris délirant qui les mettent en danger d’un désastre stratégique majeur?
    Ou alors les USA se servent-ils seulement de la Russie pour asservir définitivement leurs vassaux européens en les coupant pour de bon de l’espace eurasiatique.
    USA+UE+autres alliés, c’est 70% du PIB mondial.
    Je ne vois pas d’autres perspectives:
    – établissement mondial d’un mélange de 1984 et le meilleur des mondes.
    OU
    – effondrement occidental
    OU
    – enfoncement dans une sorte de distopie woke en circuit fermé.

    Si quelqu’un a d’autres perspectives…
    Surtout plus réjouissantes.

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  • Jean // 18.01.2022 à 10h25

    Visiblement les ricains n’ont pas encore compris qu’il ne sont plus des leaders économique, technologique et culturel alors que l’occident devient, en matière de respect des libertés individuelles et de santé publique, l’exemple à ne pas suivre. La grenouille que sont devenue les US peut se gonfler d’orgueil en imaginant qu’elle ressemble à un bœuf, elle peut croasser avec arrogance, mais elle peut surtout entrainer le monde dans un conflit nucléaire avant d’imploser. C’est même le seul véritable pouvoir qu’il lui reste et c’est ce que certains politiciens américains espèrent pour redorer le blason d’une nation qu’ils estiment indispensable alors que l’irresponsabilité, qui consiste à envisager une action nucléaire de première frappe, ne fait que démontrer au reste du monde l’insanité d’une telle prétention. Les USA ne peuvent plus être les maitres du monde mais ils peuvent toujours le détruire comme un mauvais perdant qui renverserait l’échiquier lorsqu’il prend conscience qu’il ne peut plus gagner la partie. C’est ce que sont aujourd’hui les US : une nation exceptionnellement menaçante pour le monde libre.

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    • Dorian // 18.01.2022 à 19h11

      Mouai …
      Pas enterrer le bestiau trop vite.
      Si les USA rejettent l’Eurasie dans une autarcie forcée, met bien son empire a la botte et le force à stopper tout commerce avec, disons, l’OTSC plus la Chine, l’Iran, tous les « stand »la Birmanie et le Cambodge, alors l’empire US représente plus de 70% du PIB mondial et 60% de la production industrielle.

        +1

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      • Jean // 19.01.2022 à 06h56

        @Dorian,

        Les US et l’Europe n’ont pas de la possibilité de pouvoir se passer de l’industrie chinoise et l’Europe ne peut se passer de l’énergie fournit par la Russie. Les USA ne rejetteront pas la Chine parce que sans elle, leurs multinationales ne pourraient plus faire de profit. D’autant que les classes laborieuses, en occident, vont continuer à s’appauvrir et que le marché chinois va devenir de plus en plus attractif. L’occident devra aussi affronter les conséquences de sa politique monétaire et de son endettement. Des révoltes éclateront lorsque l’illusion spéculative se dissipera et que les citoyens prendront consciences que c’est la corruption endémique qui les aura ruinés. Et vous serez alors probablement étonné de constater à quelle vitesse s’effondre les empires qui ne peuvent plus susciter ni l’espoir, ni la crainte.

          +7

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  • Morne Butor // 18.01.2022 à 10h35

    Excellent article qui résume bien la situation.
    Ce que je ne parviens pas à comprendre, c’est à quel point les USA ont empêchés la construction d’une idéologie propre à l’Europe, ce qui, de mon point de vue, aurait été la seule façon de construire une vraie force armée européenne. Je comprends que les USA n’aient pas voulu d’une nouvelle forme de pensée européenne trop différente de la leur. Mais je ne comprends pas que l’Europe n’ait pas voulu se construire avec une certaine indépendance de vision. Peur d’elle même sans doute…

      +2

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    • Jean // 18.01.2022 à 11h08

      @Morne Butor,

      => Mais je ne comprends pas que l’Europe n’ait pas voulu se construire avec une certaine indépendance de vision.

      Pour obtenir ce résultat les USA ont fait ce que font tous les empires pour maintenir leur domination sur leurs colonies, ils achètent les responsables politiques locaux et menacent ou éliminent tous ceux qui n’acceptent pas de se soumettre.

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  • Myrkur34 // 18.01.2022 à 14h00

    Ce texte transpire la mauvaise foi et le « c’est comme çà et pas autrement » coté Jake Sullivan.
    Quand les républicains vont reprendre le pouvoir dans 3 ans, faîtes des réserves alimentaires ou une cave aménagée car ils sont dingues au point de déclencher une guerre plutôt que d’être numéro 2 mondial ou partager un peu, une partie du gâteau.
    McCarthy à coté, c’est de la bibine..

      +1

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  • David D // 18.01.2022 à 17h03

    L’Ukraine est en pourrissement de l’intérieur, les russes attend qu’elle soit à genoux, elle n’a aucun intérêt à l’envahir. A la limite, du point de vue de l’émotion humaine, avec le sentiment qu’il faut enfin aider les russophiles pris dans ce pays fou. Mais une invasion suppose une occupation du territoire avec une partie de population fanatiquement hostile, et occuper d’Odessa à Dniepopetrovsk et Kharkov, l’opinion internationale n’y serait pas favorable ou ferait une opposition de principe, et l’Otan s’installerait dans l’ouest de l’Ukraine ensuite. S’il y a une guerre, cela ira donc au-delà des objectifs de terres à réintégrer à la sphère russe. Ensuite, une guerre serait plus logique de destruction des bases de l’Otan dans les états baltes, en Pologne en Roumanie, guerre conventionnelle qui serait dure en pertes quoique rapide (je pense à la Pologne qui s’y croit mais qui sera nombreuse en hommes). L’Otan fera quoi et se plaindra comment si c’est leurs bases qui sont visées au lieu d’une invasion de l’Ukraine ?

      +5

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    • Candide // 22.01.2022 à 07h57

      Effectivement, la Russie n’a vraiment aucun intérêt à envahir l’Ukraine (et de prévenir avant en massant des troupes à la frontière depuis 6/8 mois… bonjour la surprise).
      C’est plus un bluff stratégique qu’autre chose ou une propagande occidentale pour « simplifier » la complexité des enjeux.
      La seule initiative forte serait d’annexer le Dombass, acquise d’avance par les populations locales, contrairement au reste de l’Ukraine. Exactement comme en Crimée.
      Alors, non, les Américains ne déclencheront pas une guerre pour quelques milliers de russophones ukrainiens qui ne veulent pas d’eux ni de l’UE.
      Et en Europe, parmi les populations, qui voudrait d’une guerre « américaine » à 1h de Berlin ?
      Les Russes sont (hélas) en position de force (gaz, Kaliningrad, Donbass, Crimée, Mer Noire… etc), face à l’absence total d’Europe dans ces manoeuvres.

      Quand votre seule carte est la menace de l’affrontement, c’est que vous êtes bien faible.

        +2

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  • Savonarole // 19.01.2022 à 13h51

    Réussir à glisser pas si subrepticement « un système mondial de réglementation » dans un article qui parle de conflits de frontières dans lesquels les US on mis les doigts sans y être légitimes , c’est un poil trop gros pour que ça passe.
    Ça pue tellement l’impérialisme envers et contre tout que c’est à se demander si certaines crises n’auraient pas été fabriquées de toutes pièces pour arriver malgré tout cet objectif de « gouvernance mondiale ». En tout cas ça ne serait pas la première fois.

      +5

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  • martin // 19.01.2022 à 14h13

    Crooke est toujours intéressant, mais la situation est on ne peut plus simple.

    Il y a 6 mois, la situation était celle-ci, avec (U) pour Usa, (R) pour Russie, et (C) pour Chine:

    UR-CU

    Le « pok » subi par un sous-marin US au large de Taiwan a modifié le shéma de la façon suivante:

    UR C -> U

    L’ultimatum russe prépare ceci (il semble qu’on s’orient vers une option Mourmansk BN):

    U<–R-C

    Au total, on assiste donc à une double éjection.

    "Basique", comme dit Orelsan.

      +0

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  • martin // 19.01.2022 à 14h27

    J’ajoute que les conséquences sur la ploutocratie occidentale vont être terribles:

    > Adieu l’OTAN et les pétromilitaires de Washington.
    > Quid de l’UE et de sa bureaucratie financière?
    > Quid des minables qui nous gouvernent?
    >Goob Bye Wall-Street et la City!

    Ca vaut la peine de mesurer tout ça!

    OUCH!

      +1

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  • Ernesto // 20.01.2022 à 00h15

    On oublie toujours en parlant de la Russie le prix qu’a payé l’ex URSS pour vaincre la barbarie nazie: 27 millions de morts! Aucune autre nation n’a subi pareille tragique saignée, chaque famille compte au moins un disparu ayant donné sa vie pour défendre « la mère patrie ». La guerre, ses horreurs, ses destructions et ses désastres, sur son propre territoire, ça ne donne pas envie de remettre ça.

    La Russie fixe des lignes rouges pour préserver sa sécurité et celle des populations russophones mais ce n’est pas elle quI frappera en premier. Elle fera tout, diplomatiquement, pour tenter d’apaiser les tensions, régler pacifiquement les conflits, pour ne pas en arriver à la dernière extrémité: la guerre localisée ou totale.

    Si celle-ci est malgré tout déclenchée par l’impérialisme US et ses affidés occidentaux, alors on peut être sûr qu’il y aura du poil d’arraché. L’ours russe peut être bonhomme et supporter bien des provocations l’incitant à perdre son sang froid, mais gare à ses griffes et ses coups de pattes ravageurs!

      +10

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    • moshedayan // 20.01.2022 à 21h29

      Vous avez peut-être raison… mais une seule remarque. L’Occident se fout de l’histoire de la Russie…Et si vous écoutez regardez Vecher s Vladimirom Soloviovim du 16.01.22 ..une seule conclusion – la Guerre est inévitable, les Russes y sont prêts, ils n’ont pas du tout oublié la Yougoslavie…Ils savent que l’Occident n’a aucune parole et que l’OTAN prépare une provocation énorme avec les nationalistes ukrainiens pour déclencher les hostilités….Les renseignements russes ont décidé de laisser se développer cette provocation, même si dans les 3 premiers jours des centaines de civils à Lugansk et Donetsk seront tués… après la réponse sera globale…jusqu’aux pays baltes et à la Pologne….

        +3

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      • Candide // 22.01.2022 à 08h12

        D’accord avec vous sur l’Histoire russe.
        Pour le reste, vu l’hostilité des polonais et des populations Baltes envers les russes, cela m’étonnerais très fortement que les Russes décident de ce type de stratégie. La perspective d’un tel bourbier n’est pas envisageable pour un état major. Pur fantasme. (je vis à Vilnius depuis 15 ans).

          +0

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        • moshedayan // 22.01.2022 à 12h51

          D’accord avec vous la Russie ne veut pas du tout envahir la Pologne ou les Etats baltes, mais n’ont plus aucun état d’âme pour infliger de lourdes conséquences aux élites baltes et polonaises .SI l’Otan agresse… les Russes ont la capacité de détruire des objectifs majeurs dans ces pays, sans envahir…

            +2

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          • Candide // 22.01.2022 à 15h57

            A débattre. Car les russes ont certes un pouvoir de nuisances (main d’oeuvre à bas coup, importations, gaz… ) mais il n’y a aucun « objectif majeur » dans ces pays. De l’agriculture, du bois, quelques Multinationales IT « de l’ouest » à Riga et Vilnius mais rien de plus. Et les bases de l’Otan ne regroupent qu’une poignée de mécaniciens (+/-150) pour les 4 / 5 avions qui y stationnent régulièrement (surement un peu plus en Pologne).
            Cependant, je pense qu’il faut résister à cette propagande de la peur et de la guerre qui n’est là que pour masquer les vrais enjeux.. comme le dit finalement l’article.
            Merci pour cet échange.

              +1

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  • Christian Gedeon // 21.01.2022 à 16h44

    Je suis frappé par la légèreté avec laquelle on parle de guerre. L’ours russe sur les Crises l’aigle us sur d’autres blogs et coups de menton et c’est moi qui ait la plus forte, Monsieur. La guerre messieurs c’est l’horreur. Le sang la souffrance et les odeurs de chairs brûlées et de merde des ventres crevés. De grâce faites au moins semblant de ne pas vous en réjouir, sur les Crises comme ailleurs. Quel que soit votre côté.

      +0

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    • martin // 21.01.2022 à 19h27

      > Je ne pense pas que la constatation du caractère inévitable de la guerre soit équivalent à son approbation. C’est même tout le contraire. Une attitude intelligente de l’occident pourrait tout arrêter. Mais la Russie ne peut plus reculer, « pas un pas en arrière » comme en Juillet 1942.
      > Pour ce qui est de la description « Gore », je pense qu’il faut sortir du 20ème siècle une bonne fois pour toutes. Voici le genre de chose que la Russie a déjà commencé à faire: en Décembre, les américains ont placé le porte-avion Harry Truman en méditerranée occidentale pour « assurer leurs alliés de leur soutien ». Un sous-marin russe de classe Kilo a tourné autour du PA de façon totalement furtive, sauf quand il se montrait de temps en temps pour confirmer sa présence. Les marins us ont été ciblé par du Kalibr pendant dix jours, sans rien pouvoir faire. Finalement le PA a été déplacé dans l’Adriatique.
      >Voilà le genre d’action qui va se développer face aux occidentaux. Pas de sang dans cette affaire, mais des marins américains en parfaite santé et totalement démoralisés, contemplant d’un air morne leur plateau-repas tout en songeant à leur prochaine démission. C’est ça la guerre moderne dans le style russe. Il s’agît d’une guerre non pas cinétique, mais INFORMATIONNELLE.

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      • Christian Gedeon // 22.01.2022 à 00h01

        Ah bon! C’est que vous avez l’air de vraiment y croire. Dieu vous entende.

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  • martin // 21.01.2022 à 20h19

    En revanche, si Kiev ordonne une attaque sur le Donbass, l’armée ukrainienne aura aussitôt les russes dans le dos sur une ligne Karkhiv-Odessa, tandis qu’une autre force bloquera toute tentative de « secours » otanienne depuis l’ouest. Le tout bien sûr sous bulle S.400, avec des su Sukhoi 30 et 34 dans les airs. Bon courage!

    Dans cette configuration, il faut conseiller vivement aux ukrainiens et à leurs « conseillers » de cesser immédiatement le combat. Gare à l ‘infanterie mécanisée russe! Tout le monde les mains en l’air, et on arrête les bêtises. Fin de la récréation, et vérification des identités par la police militaire.

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  • martin // 22.01.2022 à 10h37

    La Russie aurait préféré une belle photo à la une du NYT, montrant une poignée de main ferme et joyeuse entre Poutine et Biden, les deux grands artisan d’un nouvel âge de paix et de respect du droit international. Magnifique! Mais Washington n’a pas voulu, le parti de la guerre a gagné.
    La guerre est un « second best » pour les russes, c’est certain. L’autre branche eut été si belle et glorieuse! Mais ça ne veut pas dire que la branche non optimale n’a pas été duement préparée. Ce que les russes ont a faire, ils le feront bien, et même impeccablement. Les russes explorent les options secondaires avec la même rigueur implacable que l’option principale. Ils sont prêts.

    Ils viennent d’exiger l’évacuation des systèmes menaçants de Bulgarie et de Roumanie. Comme d’habitude, c’est un « no » cinglant en retour. Les bellicistes US sont « totally nuts ».

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  • martin // 22.01.2022 à 19h47

    Et, pour ne rien laisser de côté, chacun aura remarqué que les américains semblent avoir oublié l’option nucléaire dans leurs menaces de contre à l’égard de la Russie.On comprend pourquoi.

    En supposant que quelques cygnes blancs (Tupolev 160) n’aient pas détruit préventivement les trois bases Minuteman US, une partie des vecteurs restera dans les silos (brouillage spatial) tandis que le restant sera détruit dans l’espace par des missiles Nudol (hypersoniques) et par la bulle multicouche S.500/S.400 à l’approche du territoire russe.

    Aucun coup au but américain ne peut être garanti. Loin de là.

    A ce moment, une salve Avanguard aura transformé depuis longtemps la côte est des Etats-unis en un désert humain, quelque soit l’option choisie: vitrification, tsunami géant (vraiment géant!) ou broyage mécanique.

    Avis aux amateurs!

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