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26.novembre.201826.11.2018 // Les Crises

Un réalignement majeur au Moyen-Orient ?

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Source : Colin P. Clarke & Ariane M. Tabatabai, 31-10-2018

Pourquoi la Turquie se tourne vers l’Iran et la Russie

Par Colin P. Clarke et Ariane M. Tabatabai

31 octobre 2018

Après avoir longtemps critiqué la politique américaine au Moyen-Orient, le président Donald Trump a tracé les contours d’une nouvelle approche de la région. Le mois dernier, son gouvernement a dévoilé sa nouvelle stratégie syrienne, marquant le passage d’une mission axée sur la lutte contre l’État islamique à une mission visant à contenir l’Iran. Mais ces nouveaux plans ne tiennent pas compte d’un défi crucial : les changements d’alignement dans la région, qui se sont intensifiés après l’assassinat du journaliste saoudien Jamal Khashoggi au consulat saoudien d’Istanbul.

Les alignements au Moyen-Orient ont depuis longtemps déplacé des plaques tectoniques. Pendant des décennies, les puissances régionales – en particulier l’Iran, l’Irak, Israël, l’Arabie saoudite et la Turquie – ont rivalisé pour maximiser leur puissance dans le contexte des interventions de la Russie, du Royaume-Uni et, plus tard, des États-Unis. Jusqu’à récemment, les États-Unis et leurs alliés régionaux – Israël, la majorité des États arabes du Golfe et la Turquie – étaient alignés contre l’Iran. Au lendemain de l’accord nucléaire iranien de 2015, il semblait certain que ces puissances régionales, soutenues par Washington, réussiraient à isoler les mollahs. Mais une myriade de facteurs nationaux, régionaux et internationaux se sont combinés pour déjouer ce statu quo de longue date. Le résultat le plus significatif de ces développements a été l’éloignement de la Turquie des États-Unis vers l’Iran et la Russie.

Plusieurs raisons expliquent l’alignement d’Ankara sur Téhéran et Moscou. Tout d’abord, l’accession de Recep Tayyip Erdogan à la présidence turque en 2014, qui a consolidé son pouvoir après plus d’une décennie comme Premier ministre, a marqué un changement dans la politique du pays. Erdogan a renforcé les factions religieuses et éloigné le pays du célèbre laïcisme d’Ankara, qui remonte à son fondateur, Kemal Atatürk, au début du XXe siècle. La vision du monde d’Erdogan partage de nombreux principes avec ceux de la République islamique et de la Russie. Comme Moscou et Téhéran, Ankara est aujourd’hui plus anti-occidentale qu’à aucun autre moment de l’histoire récente. En ce sens, la Turquie s’éloigne de l’OTAN et se tourne vers les deux puissances révisionnistes [les États dits « révisionnistes » s’opposent aux États de statu quo ; ce sont les pays qui n’acceptent pas leur place dans le système ou l’ordre international, comme la Corée du Nord, l’Iran, la Russie etc… NdT].

Les croyances d’Erdogan façonnent sa perception de l’ordre régional. Le président turc semble se considérer comme un sultan des temps modernes, l’héritier légitime des dirigeants sunnites. Il est même allé jusqu’à prétendre que son pays « est le seul qui puisse diriger le monde musulman ». Cela fait de la dynastie des Saoud moins un allié qu’un concurrent.

L’assassinat de Khashoggi n’est que le dernier d’une série d’événements qui ont exacerbé les tensions entre la Turquie et l’Arabie saoudite.

En effet, l’assassinat de Khashoggi n’est que le dernier d’une série d’événements qui ont exacerbé les tensions entre la Turquie et l’Arabie saoudite. Dans le clivage en cours dans le golfe Persique, où l’Arabie saoudite et ses alliés ont rompu les liens avec le Qatar (apparemment en raison de la politique étrangère affirmée et indépendante du Qatar, mais en réalité en raison des tensions croissantes découlant de l’approche saoudienne de l’Iran et de la guerre au Yémen), Ankara a rejoint Téhéran pour soutenir Doha. Pour la Turquie, l’État du Golfe était un allié important dont la vision régionale s’alignait sur la sienne. Les liens économiques entre les deux pays étaient également importants pour Ankara. Avant même la crise, la Turquie avait signé un protocole militaire avec le Qatar et ouvert sa première base militaire dans la région en 2015. Plus récemment, la Turquie a signé un accord pour l’achat de systèmes de missiles S-400 de fabrication russe, ce qui a incité le ministre américain de la Défense, James Mattis, à avertir la Turquie qu’elle devrait reconsidérer sa décision, car l’OTAN ne serait pas en mesure d’intégrer ces armes dans son ordre de bataille.

Ces événements se sont produits dans le contexte du conflit syrien, où les États-Unis et l’Arabie saoudite sont restés unis par un partenariat de longue date, leur hostilité respective envers l’Iran et la guerre en cours au Yémen. Pour la Turquie, le lien Iran-Russie semble maintenant mieux convenir que l’OTAN. Ankara est préoccupée par la stabilisation de la Syrie, même si cela signifie que le président Bachar al-Assad reste au pouvoir. Cet objectif s’aligne sur les objectifs iraniens et russes. Moscou et Téhéran ont travaillé en étroite collaboration en Syrie – la Russie fournissant une couverture aérienne aux troupes terrestres de l’Iran – pour assurer à la fois l’emprise d’Assad sur le pouvoir et leur propre statut régional. Ces deux pays et la Turquie ont intérêt à préserver l’intégrité territoriale de la Syrie, ce qui pourrait les aider à éviter une éventuelle fragmentation régionale et une faillite de l’État qui pourraient déborder et menacer leur propre survie.

La Turquie semble également plus préoccupée par les Kurdes que par l’EI, autre facteur qui l’aligne davantage sur l’Iran et la Russie que sur les États-Unis et l’Arabie saoudite. L’Iran est peut-être mieux placé que les États-Unis et l’OTAN pour aider à apaiser les inquiétudes de la Turquie concernant l’avenir des Kurdes. Bien qu’apparemment aucun parti ne souhaite voir les Kurdes se dissocier de leurs États respectifs, l’Iran – comme la Turquie – semble se sentir gravement menacé par une population kurde autonome. Pour l’Iran comme pour la Turquie, le démembrement de la Syrie et une scission kurde du pays pourraient conduire à une pente glissante qui encouragerait leurs populations kurdes et constituerait une menace pour leur intégrité territoriale et leur unité nationale.

La présence résiduelle de l’EI, quant à elle, fournit au quatuor Ankara-Téhéran-Moscou-Damas une excuse pour maintenir leurs armées actives sur le théâtre. Cela ne veut pas dire que ces capitales ne perçoivent pas légitimement l’EI comme une menace. En fait, Erdogan est même en train de resserrer ses liens avec Tahrir al-Sham, un groupe terroriste lié à Al-Qaïda, principalement actif en Syrie et comptant environ 10 000 combattants. Le groupe, semble croire Erdogan, peut être dirigé contre les Unités de protection du peuple (YPG), une milice kurde que les Turcs considéreraient comme renforcée par les efforts américains et saoudiens en Syrie.

Certes, l’Iran, la Russie et la Turquie nourrissent encore une certaine méfiance les uns envers les autres. Et leur méfiance est enracinée dans une histoire de rivalité. Après tout, les trois pays se sont affrontés dans des guerres dévastatrices et se sont disputés le pouvoir dans la région. En même temps, ils ont actuellement un certain nombre d’intérêts communs et de perceptions communes des menaces, ce qui les amène à travailler en étroite collaboration dans plusieurs domaines, notamment dans les domaines militaire et économique.

CE QUE CELA SIGNIFIE POUR WASHINGTON

Dans le bourbier géopolitique du Moyen-Orient, la Turquie semble être la grande gagnante, profitant de ce réalignement pour améliorer son image dans le monde musulman en tant que nation leader prête à tenir tête à l’Arabie saoudite, dont les relations plus étroites avec Israël et le rôle de premier plan dans la guerre désastreuse au Yémen ont terni la réputation. Ankara semble jouer sur les deux tableaux du conflit syrien, peut-être dans le but de maximiser son influence dans les négociations futures. En effet, le succès de la politique syrienne des États-Unis dépend en partie de la Turquie. En conséquence, Washington devrait comprendre les principaux objectifs régionaux d’Ankara et évaluer la capacité de l’OTAN à prévenir un changement indésirable dans l’équilibre régional des pouvoirs.

L’apparent réalignement de la Turquie affectera probablement la nouvelle campagne américaine en Syrie et la viabilité de la politique de Washington au Moyen-Orient dans son ensemble. Face à cette évolution, les États-Unis devraient envisager d’utiliser leur siège à la table des négociations pour montrer qu’ils ont à la fois les moyens et la volonté politique de contribuer à une Syrie stable. Ils devraient indiquer qu’ils peuvent être un intermédiaire honnête – même si ce serait probablement une pilule difficile à avaler, étant donné que presque tout accord de paix viable laissera Assad en place. Assad a commis d’innombrables atrocités, y compris l’utilisation d’armes chimiques contre son propre peuple, mais les perspectives que les États-Unis le chassent du pouvoir sont de plus en plus ténues. Plutôt que de se concentrer sur la destitution d’Assad, l’administration Trump devrait examiner la situation dans son ensemble et protéger les intérêts américains dans la région. Il est essentiel que la Syrie ne puisse pas rester un refuge sûr pour les groupes terroristes internationaux qui planifient des attentats dans le monde entier – comme ils l’ont fait récemment avec des complots déjoués contre l’Allemagne et les Pays-Bas.

Alors que les rapports sur les événements entourant la mort de Khashoggi devenaient de plus en plus horribles, l’Arabie saoudite a fourni 100 millions de dollars aux États-Unis pour aider à stabiliser la Syrie. Mais il semble que Riyad ne sera pas en mesure de se sortir de cette situation. Cet argent pourrait suffire à prolonger les relations commerciales entre les États-Unis et les Saoudiens un peu plus longtemps. Mais il ne fera pas grand-chose pour arrêter la dynamique d’un paysage géopolitique en rapide mutation, dans lequel l’Iran, la Russie et la Turquie émergent comme un bloc cohérent. L’alignement de ces trois pays – enraciné dans des intérêts communs en Syrie – pourrait transcender ce théâtre spécifique et conduire à un réalignement plus fondamental du pouvoir dans toute la région, avec des conséquences à long terme pour les États-Unis.

Source : Foreign Affairs, Colin P. Clarke & Ariane M. Tabatabai, 31-10-2018

Traduit par les lecteurs du site www.les-crises.fr. Traduction librement reproductible en intégralité, en citant la source.

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Alfred // 26.11.2018 à 07h43

« La présence résiduelle de l’EI, quant à elle, fournit au quatuor Ankara-Téhéran-Moscou-Damas une excuse pour maintenir leurs armées actives sur le théâtre. » Petit soucis: les faits. Les russes, iraniens et syriens arrivent à exterminer l’ei partout où ils l’acculent (sans parler des irakiens). Les us et les ypg par contre n’arrivent pas à réduire une toute petite poche et y subissent des défaites. Damas et Moscou accusent les états unis de laisser survivre l’ei pour avoir un prétexte justement. Sans parler de la poche d’Al tanf ou sont entraînés de mystérieux combattants. Sans parler des moissons miraculeuses de matériel occidental par l’ei.
Enfin parler de erdogan et du Quatar et de leur brouille avec l’Arabie saoudite SANS parler des Frères Musulmans reléve de l’exploit intellectuel. Le genre d’exploit qui classe « foreign affairs » dans la case des propagandistes faiseurs de réalités virtuelles. Des « decrypteurs » encrypteurs, à la façon des decodeurs.

29 réactions et commentaires

  • Alfred // 26.11.2018 à 07h43

    « La présence résiduelle de l’EI, quant à elle, fournit au quatuor Ankara-Téhéran-Moscou-Damas une excuse pour maintenir leurs armées actives sur le théâtre. » Petit soucis: les faits. Les russes, iraniens et syriens arrivent à exterminer l’ei partout où ils l’acculent (sans parler des irakiens). Les us et les ypg par contre n’arrivent pas à réduire une toute petite poche et y subissent des défaites. Damas et Moscou accusent les états unis de laisser survivre l’ei pour avoir un prétexte justement. Sans parler de la poche d’Al tanf ou sont entraînés de mystérieux combattants. Sans parler des moissons miraculeuses de matériel occidental par l’ei.
    Enfin parler de erdogan et du Quatar et de leur brouille avec l’Arabie saoudite SANS parler des Frères Musulmans reléve de l’exploit intellectuel. Le genre d’exploit qui classe « foreign affairs » dans la case des propagandistes faiseurs de réalités virtuelles. Des « decrypteurs » encrypteurs, à la façon des decodeurs.

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  • Francois marquet // 26.11.2018 à 08h43

    Traiter la Russie de puissance révisionniste alors que Poutine et Lavrov plaident incessamment pour la prééminence de l’ONU et le respect des règles internationales me semble pour le moins saugrenu. Qui plaide pour le remplacement du droit international par l’’ingérence dite humanitaire? L’occident ou la Russie et la Chine? Qui pratique les sanctions unilatérales, se retire des traités de contrôle des armements et viole les règles de l’OMC? Les révisionnistes sont plutôt en occident, la Russie et la Chine, membres du conseil de sécurité, se satisferaient bien des règles actuelles! Sans parler de l’Iran qui aurait préféré qu’un accord de non-prolifération durement négocié soit respecté, avec ses contreparties.

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    • Chris // 27.11.2018 à 13h59

      Ben si, la Russie comme la Chine sont « révisionnistes?, ne vous déplaise.
      Ces deux nations rejettent la suprématie auto-proclamée des USA depuis 1989. Elles se posent donc en « rivales » pour affirmer leurs droits d’exister à égalité et tentent de réactiver les institutions internationales qui permettent et légifèrent cette égalité.
      Ce que ne fera jamais l’appendice européenne, sauf si les USA l’essorent trop !

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  • Nerouiev // 26.11.2018 à 08h44

    Sans négliger, bien évidemment le côté religieux de la Turquie, je pense qu’il est bon de rappeler qu’une partie du succès de Erdogan dans son pays est lié à l’augmentation du niveau de vie d’un point de vue matériel, ou tout au moins à son maintien. On l’a vu avec l’embargo russe après l’avion abattu. Les besoins énergétiques sont indispensables pour celà et le voisinage sous la houlette américaine s’est avéré des plus instable en commençant par les USA eux-mêmes. Le South stream et les projets russes en Turquie se sont avérés plus stables et plus solides que toute autre illusion à un moment crucial, sans parler de l’extrême technicité russe largement mise en évidence et aussi l’indispensable côté touristique. Ce rapprochement me semble sous cet angle assez solide entre la Russie et la Turquie. Le soutien russe à l’Iran va aussi dans le même sens pour rapprocher ce dernier de la Turquie.

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    • Jean // 26.11.2018 à 10h06

      Ce qui a rendu le rapprochement Poutine/Erdogan inévitable c’est avant tout la question Kurde que les US comptent utiliser pour déstabiliser durablement la région. Ce rapprochement sera sans doute durable si l’on prend en considération la purge de l’armée turque par Erdogan visant, selon moi, à la débarrasser de ses éléments atlantistes. Mais il ne faut jamais sous-estimer la puissance d’un empire, même sur le déclin.

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      • egogo // 26.11.2018 à 13h49

        ne négligeons pas la possible implication des Etats-unis dans le coup d’état manqué contre Erdogan .

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        • Jean // 26.11.2018 à 14h35

          C’est un avis personnel mais je ne serai pas étonné d’apprendre qu’il n’y a pas eut de coup d’État américain en Turquie mais qu’Erdogan a inventé cette fake news pour justifier sa purge et le rendre impossible.

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          • Alfred // 26.11.2018 à 14h41

            Divers indices suggèrent qu’au minimum il l’avait vu venir (certains disent qu’il a été prévenu par les russes) mais qu’il l’a laissé démarrer pour faire son grand ménage (cela a été l’occasion de taper sur des gens qui n’y étaient pour rien) et affermir son pouvoir. Après coup il est apparu que les putchistes avaient peu de chances de réussite.

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          • Jaaz // 26.11.2018 à 15h09

            Vous méconnaissez la profondeur de l’Etat profond en Turquie.
            Il n’y a pas de preuve d’une machination d’Erdogan. Qui plus est, reconnaissons qu’il faut être particulièrement doué et habile pour simuler un coups d’Etat dans un pays tel que la TR.
            Enfin, ce coup d’Etat est intervenu (de même que la suppression de l’avion russe plusieurs mois avant) dans un contexte de critiques d’Erdogan envers la position US et d’un rapprochement concomitant avec la Russie. De mémoire, les signatures entre Russes et Turcs des contrats pour la construction de la centrale nucléaire d’Akkuyu et du gazoduc TürkStream étaient sur le point d’intervenir lorsque le Mig russe a été abattu. Et, bien sûr, premier effet de cet événement: suspension de le signature des contrats, voire l’abandon de ces projets.

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            • Jean // 26.11.2018 à 18h50

              @Jaaz

              La CIA n’est pas stupide et si elle avait planifiée un changement de régime dans un pays aussi important pour l influence de l OTAN dans la région, je ne pense pas qu elle l aurait fait dans la précipitation avec un tel amateurisme. En un mot si la CIA avait prit le risque d un coup d Etat en Turquie, elle n aurait pas prit le risque d échouer et le temps nécessaire à cette prise de décision, ainsi que sa planification, aurait été plus long. Je pense aussi que si une tentative de coup d État avait réellement eut lieu, les rapports diplomatiques entre les USA et la Turquie seraient instantanément devenu encore plus mauvais qu ils ne le sont aujourd hui.
              Erdogan est un renard aussi, avant de se tourner vers la Russie, il s est assuré d avoir les coudées franches. Ce qui lui a en outre donné un bon prétexte pour entamer ce rapprochement alors que la véritable motivation de ce revirement fut la trahison d Obama sur le dossier Kurde.

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            • Chris // 26.11.2018 à 19h02

              Abandon ?
              Ben non, Realpolitik ! Le Turkish Stream va bon train.
              https://www.rt.com/business/444344-russia-turkish-stream-opening/
              19 nov. 2018 Le président russe Vladimir Poutine et son homologue turc Recep Tayyip Erdogan ont participé lundi à une cérémonie officielle marquant l’achèvement du tronçon en mer du gazoduc Turkish Stream.
              La section offshore du gazoduc, qui s’étend sur 930 km (578 miles) et longe le fond de la mer Noire, est conçue pour acheminer du gaz russe sur le marché turc. La société russe Gazprom a commencé la construction de la section en mai 2017.
              Il sera poursuivi par une ligne de transit terrestre de 180 km (112 miles) destinée à l’approvisionnement en gaz des pays du sud et du sud-est de l’Europe. Les premières livraisons sont prévues pour fin 2019.
              Oui vous avez bien lu : Sud-Est de l’Europe.
              Selon Medvedev, deux options principales sont en cours de discussion conformément aux procédures en vigueur dans l’Union européenne et à la Commission européenne. Medvedev a cité la Grèce, l’Italie, la Bulgarie, la Serbie et la Hongrie comme marchés potentiels.
              De fait, en juin, le président Poutine a annoncé qu’une extension du pipeline « Turkish Stream » (aka TurkStream) vers la Bulgarie avait été approuvée.
              Le Premier ministre hongrois, Viktor Orban, a demandé à la Russie d’étendre le gazoduc Turkish Stream à son pays et à l’Europe.

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            • Jaaz // 28.11.2018 à 10h55

              @Chris
              Je suis bien au courant de la concrétisation du TürkStream ces derniers jours.
              Ce que je voulais dire, c’était qu’en conséquence immédiate de l’abattage du Mig, il a été prononcé d’abord la suspension de ce projet, voire envisagé son abandon.
              Sans doute s’agissait-il de postures…

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  • zigomar // 26.11.2018 à 10h21

    l’assassinat de Khassoghi est bien mystérieux. Il est tellement voyant et barbare que ses modalités ne remontent peut-être pas à MBS, mais sont délibérée et contre MBS. Peut-être même les turcs eux-mêmes se cachent derrière les exécutants ? En l’état des informations disponibles, c’est juste un horrible grand cirque dont on ne sait pas grand chose. Le « cui bono » pointe plutôt vers la Turquie ou tout état (Iran?) qui a intérêt à discréditer MBS voire l’Etat saoudien dans son ensemble. Car bien que totalement discrédité par le Yemen, par la prise d’otage des membres du gouvernement « familial » du pays, par l’affaire Harriri lui aussi retenu en otage, par les décapitations sordides qui perdurent et par le comportement anarchique et méprisant des dignitaires saoudiens lorsqu’ils visitent l’occident (orgies, dévastations d’hôtels, accidents mortels non impunis etc…), presse occidentale et gouvernements occidentaux restent absolument silencieux, ce qui signe le scandale face à l’acharnement diplomatico-militaire contre l’Iran par exemple…

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  • Kokoba // 26.11.2018 à 11h14

    Erdogan est une girouette.
    Un coup il joue la carte de la Russie, un coup celle de l’OTAN.

    Il a fait le choix d’une stratégie difficile : jouer les grands les uns contre les autres, faire monter les enchères pour accorder son soutien, ne jamais s’aligner completement pour pouvoir profiter un coup à droite et un coup à gauche.

    C’est une stratégie trés risquée. Les US ne sont pas du genre à accepter ce genre de finesse. Avec eux, c’est « soit tu es avec moi, soit tu es contre moi ». Et puis la situation régionale risque d’imposer à un moment d’avoir à choisir son camp.

    Les Russes devraient se méfier. Si cela devient vraiment nécessaire, je vois mal Erdogan choisir la Russie plutot que l’OTAN. Sauf si le rapport de force change ce qui n’est pas pour demain.

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    • Jaaz // 26.11.2018 à 11h44

      C’est un peu plus compliqué que ça…
      Il faut surtout retenir que la TR a été sommée de participer activement à la guerre contre la Syrie, en tant que pays membre de l’Otan ayant une frontière commune avec la Syrie. On lui a promis une guerre rapide, nette, et sans bavure, à l’image de ce qui a eu lieu en Libye. C’est la raison pour laquelle il y a eu un brusque changement dans les mots d’Erdogan à l’encontre de Assad: de « frère » pendant très longtemps (la famille Assad passait régulièrement ses avances en TR avec les Erdogan), il est passé à « dictateur aux mains ensanglantés », conformément à la propagande otanesque.
      Engagé à contre-coeur, car contraint, il s’est rapidement fait à l’idée que cette guerre, particulièrement longue, n’allait pas prendre fin, au vu de la stratégie US, laquelle est allée jusqu’à soutenir les PYD. C’est cette stratégie US qui a fait perdre patience à l’Etat turc: des milliards investis dans l’accueil des millions de réfugiés, une instabilité à ses frontières, des daechiens obligés de passer par son territoire et des pays dits « partenaires » qui l’accusaient d’avoir une relation trouble avec ces daechiens, alors mêmes que ceux-ci sont un instrument de l’Otan. S’en était trop. Sans compter la provocation de l’avion russe abattu, dont on sait qu’elle n’émane pas d’Erdogan, même si celui-ci a été dans l’obligation de maintenir les apparences d’une chaîne de commandement officielle… Erdogan a compris que la stratégie US était celle du pourrissement, sauf que le bourbier était à ses frontières à lui, non à celles des US, de la FR ou du R-U… Le rapprochement avec des partenaires de confiance était donc inévitable, pour contraindre les US à envisager d’autres solutions que celle du pourrissement.
      Ainsi, plutôt que d’être une girouette, comme vous dites, disons qu’il s’agit davantage d’une capacité à s’adapter aux circonstances.

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    • Vincent P. // 26.11.2018 à 13h14

      Vous oubliez de prendre en considération les armes hypersoniques et les capacités de guerre électronique des Russes (et des Chinois!) : le rapport de force A changé !
      Un groupe aéronaval américain ne pèse plus bien lourd pour protéger son porte-avions de la seule énergie cinétique d’un seul de ces missiles, que sa vitesse rend également impossible à intercepter.
      Les muscles de l’U.S Army et de l’OTAN font désormais vraiment figure de gonflette, et l’hystérie des dirigeants Atlantistes montre bien leur réelle fébrilité :
      Dans le Grand Jeu, les anglo-saxons et leurs vassaux néo-cons n’ont (enfin!) plus la main !
      C’est la seule cause aux conflits en cours et à venir : notre effondrement est inévitable, et nos dirigeants nous le masquerons derrière un conflit majeur : on parie ? ou on s’insurge avant ?

      Erdogan hésitera-t-il entre l’Eurasie (U.E.E) connectée aux tubes Russes et aux infrastructures de la Chine, et l’U.E Atlantiste et en voie d’effondrement et à la porte de laquelle la Turquie frappe en vain depuis 20 ans ?
      L’OTAN ne transfère-t-il pas ses armes atomiques de la base turque d’Incirlik au Monténégro fraichement acquis ?
      Bien sûr le néo-sultan est une girouette : il ira donc dans le sens du vent !
      Quant à nous, nous pourrions bien subir quelques rafales.

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      • Jaaz // 26.11.2018 à 14h08

        Il va surtout dans le sens des intérêts de la TR, que les occidentaux ne prennent absolument pas en considération, compte tenu du bourbier entretenu sur place, de l’instrumentalisations des différents groupes armés (Daechiens, YPD/YPG…) et des répercussions directes sur le territoire turc.
        Le fait est qu’Erdogan a été complice des occidentaux dans le projet de destruction de la Syrie, solidarité otanesque oblige. Mais le fait est aussi que l’existence d’une guerre à ses frontières depuis maintenant 7 années l’obligent à ne plus se fier aux US et leurs vassaux.
        Il est évident que si la Syrie était frontalière de l’UE, les choses seraient bien différentes.

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    • Alfred // 26.11.2018 à 14h49

      C’est plutôt l’Europe, la Grèce et Chypre qui devraient se méfier. Personne ne va venir à leur rescousse si Erdogan met ses menaces à exécution concernant les gisements d’hydrocarbures de la méditerranée orientale. Les américains n’ont plus de dents et jouent de toutes manière pour eux seuls. Rappelons quand même que lorsque les Grecs et les Turcs se sont affrontés à Chypre en 1974 la Grèce ET la Turquie étaient déjà membres de l’OTAN depuis plus de 20 ans (1952)…

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  • christian gedeon // 26.11.2018 à 12h04

    Que de bêtises,que de bêtises…tous les poncifs y sont,dont « l’axe  » Moscou,Ankara,Iran,Qatar,Damas..et pourquoi pas la Nouvelle Guinée Papaouasie,tant qu’on y est? Cette « axite aigüe « relève du fantasme. Et on ne tardera guère à s’en apercevoir. L’autre poncif est le changement d’alliances pour cause de meurtre de Kashooggi…sérieux?! le dernier poncif,c’est « les forces résiduelles de l’ei »…c’est qu’ils en tuent du monde,ces résiduels là,mdr! pas bien sérieux tout çà.

      +3

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  • Niyesüh // 26.11.2018 à 12h07

    Écrire qq chose rien que pour exister semble être le souci majeur de certains?!? Il faut se renseigner avant de….soi-disant, commenter. Primo:Erdoğan n’a jamais dit que « La Turquie est le seul pays à diriger ou apte à le faire » concernant le monde Musulman qui est aussi diversifié (Au moins) que le monde Chrétien !!! Secondo:Au nom de qui et en fonction de quels types de critères,les uns jugent les autres? Le Katar….rogue stage?!?!? Et qui a décidé cela?En fonction de ce que vous lisez dans la presse???Quelle presse? Occidentale?Elle est,au-moins,aussi censurée et contrôlée qu’en Chine sauf que ou vous ne le savez pas ou plutôt vous ne voulez pas savoir du tout?!? (Depuis l’Irak où les Américains ont mis au point le concept du « Embedded press or Journalists » sous couvert de sécurité. Ainsi ils pouvaient éviter de souffrir et être gênés comme ils l’avaient été pendant la guerre du Vietnam.) Avant de vous permettre de juger les autres pays,cultivez-vous un minimum et commencez par comprendre les enjeux stratégiques et ce dont il s’agit en réalité !

      +5

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  • Francil // 26.11.2018 à 15h58

    « […] Il est essentiel que la Syrie ne puisse pas rester un refuge sûr pour les groupes terroristes internationaux […]

    Malhonnêtes sur ce coup, » Foreign Affairs ». L’article de Vice n’indique en aucun cas que la Syrie loyaliste « reste un refuge sûr » pour terroristes. Tout juste mentionne-t-il les geôles kurdes, allié des US.

    Donc ils nous disent qu’il faut rester en Syrie pour lutter contre le terrorisme mais les takfiris en Allemagne viennent à priori droit de la zone sous contrôle otanesque. Grotesque.

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  • Domica // 26.11.2018 à 16h19

    Les français doivent comprendre, doivent savoir … Bonne journée
    https://www.facebook.com/pierrelecorf/videos/10157240824789925/
    – en anglais :
    https://www.facebook.com/shady.hulwe/videos/2109185115800217/

      +3

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  • Jaaz // 26.11.2018 à 16h55

    J’ai été « modéré » parce que j’ai osé LOLer les passages suivants? Sérieux???

    « Le mois dernier, son gouvernement a dévoilé sa nouvelle stratégie syrienne, marquant le passage d’une mission axée sur la lutte contre l’État islamique à une mission visant à contenir l’Iran.  »
    « Le président turc semble se considérer comme un sultan des temps modernes, l’héritier légitime des dirigeants sunnites. Il est même allé jusqu’à prétendre que son pays « est le seul qui puisse diriger le monde musulman ». »

      +2

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  • RGT // 26.11.2018 à 22h00

    Erdogan est sans aucun doute un personnage exécrable mais il sait où il va et et ses positions de « girouette » lui permettent de trouver des alliances opportunistes afin de préserver les intérêts de son pays.

    Je ne suis pas du tout fan de la Turquie mais au moins ce dirigeant est arrivé à se débarrasser de la « protection » des USA afin de se concentrer sur les intérêts de son pays.

    Cet éloignement est sans aucun doute la cause du déchaînement médiatique à l’encontre de ce pays. En effet, tant que la Turquie était bien servile et bien alignée sur l’occident les critiques se faisaient très discrètes.
    Si ce pays vient à « trahir » l’occident je vous promets une tempête médiatique qui fera passer Poutine pour un agneau qui vient de naître.

    Si au moins « nos » dirigeants avaient la bonne idée de veiller aux intérêts des pays qu’ils sont censés « servir » nous aurions sans doute de meilleures conditions de vie.
    Mais, comme en Ukraine, ce sont les oligarques qui mènent la danse, et dans le cas de la France les « young leaders » qui nous asservissent encore plus aux intérêts des USA au dépends de ceux de la population « locale ».

    J’ai dans l’idée que si l’Italie parvient à « briser les chaînes » de l’UE elle se rapprochera immédiatement de la Russie, comme la Turquie, et y trouvera un intérêt immédiat. Et je pense que la Grèce devrait faire de même pour l’intérêt de sa population.
    [modéré]

      +6

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  • Nanie // 26.11.2018 à 22h57

    Les retournements frequents de vestes et de manches finiront par user les tissus qui s’affaisseront en charpie…mais à quel prix ? Pauvres Peuples!

      +1

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  • Fred // 27.11.2018 à 06h50

    La phrase sur les atrocités, y. c. les attaques chimiques contre son propre peuple, commises par El Assad décredibillise définitivement l’analyse.
    Fred

      +5

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  • christian gedeon // 27.11.2018 à 11h40

    je vais vous la faire courte…au MO et au PO ,on ne sait déjà pas ce qui s’est passé hier ou avant hier. Alors,ceux qui disent ce qui va se passer demain… sauf pour l’Iran sur lequel mon opinion est faite pour des raisons purement objectives,le reste c’est le brouillard le plus complet. Ceux qui paraissent les pires des ennemis aujourd’hui,seront peut-être les pires (lol) des amis demain. Rappelez vous une chose,si vous voulez donner consistance à vos analyses…les turcs comme les iraniens ne sont pas  » des arabes « … ils n’ont aucune chance de s’incruster durablement dans les pays de langue arabe. Qu’on se le dise et qu’on se le répète.

      +3

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    • Jaaz // 27.11.2018 à 17h44

      Votre rappel est très à propos et mérite effectivement d’être constamment rappelé avec certains auteurs (quasiment tous issus de l’Europe ou des E-U) qui, sous l’étiquette d’ « expert », pronostiquent tout et n’importe quoi tout et en usant de caricatures à deux balles, sans compter les infos fausses (les E-U qui auraient initialement eu comme projet de lutter contre l’EI…)

        +2

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  • Alfred // 27.11.2018 à 18h10

    Réalignement 3.6.2.7v10 ou bien leçon de « soft power  » américain numéro 147;
    https://www.zerohedge.com/news/2018-11-27/argentina-weighs-war-crimes-charges-against-saudi-crown-prince
    Mbs va venir au G20 … Ou pas.

      +0

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