RAPPEL : une longue histoire de diffusion de la haine
Je rappelle que le type a été condamné pour « incitation à la haine raciale » le 18 février 2011 (1 000 euros d’amende avec sursis et plus de 10 000 euros de dommages et intérêts) pour les propos suivants.
Extrait de l’échange :
INTERVENANT : Certains employeurs s’adressent à des sociétés d’interim et leur disent « s’il vous plait, je ne veux pas d’arabes et de noirs »
ZEMMOUR : Mais ils ont le droit.
PRÉSENTATEUR : Non, c’est un délit. C’est un délit. Puni par la loi.
ZEMMOUR : Ils ont le droit d’embaucher qui ils veulent. (Source)
Le 17 décembre 2015, il a été condamné à 3 000 euros d’amende pour provocation à la haine envers les musulmans (pour des propos au journal italien Corriere della sera en octobre 2014).
Extrait de l’échange :
ZEMMOUR : « Les musulmans ont leur propre code civil, c’est le Coran. Ils vivent entre eux, dans les périphéries. Les Français ont été obligés de s’en aller. »
CORRIERE DELLA SERRA : « Mais alors que suggérez-vous de faire ? Prendre 5 millions de musulmans français, les mettre dans des avions pour les chasser ? »
ZEMMOUR : « Je sais, c’est irréaliste mais l’Histoire est surprenante. Qui aurait dit en 1940 que un million de pieds-noirs, vingt ans plus tard, allaient quitter d’Algérie pour revenir en France ? Ou qu’après la guerre, 5 ou 6 millions d’Allemands auraient abandonné l’Europe centrale et orientale où ils vivaient depuis des siècles ? »
CORRIERE DELLA SERRA : « Vous parlez d’exodes provoqués par des tragédies immenses. »
ZEMMOUR : « Je pense que nous nous dirigeons vers le chaos. Cette situation d’un peuple dans le peuple, des musulmans dans le peuple français, nous conduira au chaos et à la guerre civile. Des millions de personnes vivent ici, en France, mais ne veulent vivre à la française. » (Source)
1) 06/09/2016 : France 5 – C à vous (Anne-Sophie Lapix)
Je vous laisse apprécier les propos ET LA (NON-) RÉACTION DE LA JOURNALISTE ET DES INVITÉS, surtout ceux qui rigolent après :
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Florilège :
ZEMMOUR : l’islam se constitue dès le VIIe siècle dans la guerre, ça c’est sûr. Le texte est dangereux si on ne prend pas de distance avec lui.
LAPIX : C’est le cas de la plupart des musulmans en France non ?
ZEMMOUR : Mais il est interdit de prendre de la distance avec le Coran, d’interpréter le Coran depuis le IXe siècle. […] C’est tout le problème de l’islam
LAPIX : Vous reconnaissez qu’il y a des musulmans en France qui vivent dans la paix qui n’interprètent pas à la lettre le texte du Coran, qui sont totalement intégrés
ZEMMOUR : Ça c’est vous qui le dites !
LAPIX : Ce n’est pas vrai ?
ZEMMOUR : Non ! […] En Islam, il n’y a pas de musulman modéré, ça n’existe pas. Y a simplement des gens qui appliquent à la lettre et d’autres qui n’appliquent pas à la lettre, et [ces derniers] savent qu’ils ne sont pas des bons musulmans. » […] Ce qui n’a pas de sens c’est de dire l’Islam ne pose aucun problème. Quand on montre ce qu’est l’Islam, on dit ah non l’Islam c’est pas ça. Le djihad fait partie de l’Islam. Il y a le petit djihad psychologique et spirituel et le grand djihad. Le djihad guerrier militaire n’a jamais été supprimé. C’est un élément fondamental de l’Islam. Les soldats du djihad sont considérés par tous les musulmans, qu’ils le disent ou qu’ils ne le disent pas, comme des bons musulmans ». […]
Voltaire avait une très jolie formule que je cite : « [L’islam], c’est un réchauffé de judaïsme » c’est à dire que c’est une orthopraxie qui s’occupe de la vie des gens, exactement comme le judaïsme […]
LAPIX : Si l’Islam est notre ennemi juré, que fait-on ? On interdit l’Islam ?
ZEMMOUR : C’est compliqué, parce que l’Islam ce n’est pas qu’une religion. C’est une religion, il a les éléments constitutifs d’une religion selon la pratique chrétienne. Parce que Rémi Brague dit très justement, pour tous les Français, pour nous religion ça veut dire le catholicisme, la prière, le jeûne, le pèlerinage, sauf que l’Islam n’est pas seulement ça.
LAPIX : Alors qu’est-ce qu’on fait ? Est-ce qu’on leur interdit d’exercer leur culte, est-ce qu’on crée un système d’apartheid ? Est-ce qu’on doit discriminer ?
ZEMMOUR : Avant de dire qu’est-ce qu’on fait, il faut être sûr que le diagnostic est accepté. Or je constate que mon diagnostic n’est pas partagé. On a besoin d’un diagnostic.
Lapix : Il y a des millions de Musulmans en France, alors qu’est-ce qu’on fait ? […]
COHEN : La manière dont vous mettez un signe égal entre djihadisme et islam…
ZEMMOUR : Pour moi, c’est égal.
COHEN : Pour vous, c’est une guerre de de civilisation menée par l’islam sur notre sol. Non ! Elle est menée par une poignée de djihadistes qui ont commis les attentats
ZEMMOUR : Pour moi, non. Le djihad ça fait partie de l’Islam depuis l’origine de l’Islam Vous ne connaissez pas…
LAPIX : Vous pouvez répondre à ma question ? Alors qu’est-ce qu’on fait avec les musulmans ?
ZEMMOUR : Le sujet est global. Nous vivons depuis trente ans une invasion, une colonisation qui entraîne une conflagration. C’est à dire que dans les innombrables banlieues françaises où de nombreuses jeunes filles sont voilées, c’est également l’Islam, c’est également du djihad, c’est une lutte pour islamiser une terre qui n’est pas islamisée, une terre de mécréants, c’est l’occupation de territoires.
LAPIX : Qu’est-ce que vous faites avec les Musulmans en France, est-ce que vous les interdisez, est-ce que vous les chassez ?
ZEMMOUR : Il faut leur donner le choix entre l’islam et la France.
LAPIX : Donc s’ils sont Français, ils ne pratiquent pas l’Islam ?
ZEMMOUR : C’est compliqué parce que l’Islam ne s’y prête pas, ils doivent se détacher de ce qu’est leur religion.
LAPIX : Ce n’est pas déjà le cas ?
ZEMMOUR : Pas du tout. Par exemple, donner un prénom qui n’est pas français à ses enfants, ce n’est pas se détacher de l’islam. C’est vouloir continuer l’identité islamique en France et c’est vouloir transformer la France en un pays de plus en plus musulman.
LAPIX : Faire le ramadan ?
ZEMMOUR : Vous savez Bourguiba voulait l’interdire.
LAPIX : Manger Hallal ?
ZEMMOUR : Ils ont le droit de manger hallal chez eux simplement ils ne doivent pas obliger les cantines à leur servir hallal.
LAPIX : Est-ce que l’obsession identitaire n’est pas le pendant du djihadisme, même volonté de dérive vers des extrémités, vers l’extermination de l’autre, soit les musulmans soit les blancs catholiques.
ZEMMOUR : Ça ne vous a pas échappé que j’ai pas mon permis camion. Ce n’est pas moi qui ai tué 180 personnes [NB : 86 morts en vrai…]
LAPIX : Quand on commence à discriminer, on passe au ghetto, on peut passer à l’extermination aussi, ça se fait.
ZEMMOUR : Ça n’a rien à voir. Je n’ai pas tué 180 personnes à Nice. En criant « Allah akbar ». Ce n’est pas en criant « Bouddah est grand ».
LAPIX : Si demain un catholique tuait en criant le dieu catholique est grand je ne me sentirais pas responsable.
ZEMMOUR : Moi si. Culturellement oui.
LAPIX : Il faudrait interdire la religion catholique dans ce cas ?
ZEMMOUR : Vous avez remarqué ça n’a pas eu lieu… […]
LAPIX : Vous êtes déçu par le parti qui selon vous avait compris ce qui comptait, l’identité nationale, vous êtes déçu par Marine Le Pen, vous la reniez carrément ?
ZEMMOUR : Je n’ai pas à la renier… Je suis critique.
LAPIX : Ce que vous n’aimez pas c’est la France apaisée, revendiquée, ça manque de virilité selon vous ?
ZEMMOUR : Ça m’amuse parce que l’apaisement, ça a une connotation historique assez forte, c’est la politique de Chamberlain face à Hitler. Tous les pacifistes en France qui disent « il n’y a pas d’amalgame », c’est l’héritage d’un grand parti collabo qui existe depuis mille ans en France.
Lapix : Quand on veut la paix, on est lâche et collabo… ?
ZEMMOUR : Exactement ! Sous l’influence de Philippot, Marine Le Pen abandonne la question identitaire et elle pose une question de souveraineté qui n’est pas négligeable, je me suis battu pour le non à Maastricht, mais je pense que c’est une question qui a 25 ans de retard.
LAPIX : Pour vous c’est une question secondaire aujourd’hui ?
ZEMMOUR : Par rapport à l’identité, oui. Une république française islamique pourrait être souveraine, mais elle ne serait plus la France.
COHEN : Vous trouvez qu’elle a abandonné l’identité ? […] L’obsession identitaire a triomphé dans le débat public
ZEMMOUR : Ce n’est pas une obsession, terme médical . Où étiez vous pendant l’été, où étiez-vous depuis des années ? […]
OB : c’est-à-dire que si on continue comme ça, dans 5 ans, les musulmans vont voter FN pour faire barrage à l’extrême-droite, quoi…
ZEMMOUR : c’est autre sujet que j’aborde dans mon texte, le fameux « État de Droit » qui est aujourd’hui le cheval de Troie de l’Islam pour imposer une société holliste, c’est çà dire collective à travers les fameux droits et liberté individuels. Aujourd’hui l’Islam est très habile, il se sert de notre obsession individualiste pour imposer son modèle. C’est la phrase d’al-Qaradâwî, le théologien égyptien très proche des Frères musulmans qui disait « Nous vous vaincrons avec vos lois démocratiques et nous vous coloniserons avec nos lois islamiques »
COHEN : J’ai retrouvé deux fois le mot dictature dans l’introduction de votre livre
ZEMMOUR : Dictature au sens romain du terme. Je ne rigole pas du tout. C’est très sérieux, là je suis sérieux deux minutes [sic.]. Dictature est un mot qui, aujourd’hui, n’est pas compris [re-sic.]. En revanche, ce qui est compris, c’est que je pense que les juges gouvernent, la Cour Européenne des Droits de l’Homme, le Conseil d’État, on l’a vu pour le burkini, le Conseil constitutionnel, ils gouvernent avec leurs normes et ils imposent leurs normes à la volonté populaire. Je pense que c’est le contraire de la Démocratie. Ma Dictature, c’est le retour à la Démocratie, la volonté du peuple qui est vraiment respectée. Aujourd’hui, les juges ne respectent plus la volonté du peuple, au nom de l’État de Droit. On l’a vu encore pour le burkini…
N.B. il découvre à la fin de l’émission qu’il manque deux chroniques polémiques de sa part (son éditeur n’y étant apparemment pour rien)
2) 07/09/2016 : RTL – 6 minutes pour trancher (Yves Calvi)
Deuxième couche mercredi 7 (admirez la réaction de Calvi…) :
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Voici le dialogue intégral (rédigé par nos soins) :
CALVI : Je vais au cœur du débat tout de suite Éric puisqu’on est là pour ça vous et moi. Dès les premières lignes de votre introduction, vous nous dites que « L’islam est incompatible avec la France ». L’islam ou l’islamisme ? Et même avec la République.
ZEMMOUR : Absolument. D’abord avec la République et ensuite avec la France. Je vais vous expliquer très simplement. L’islam et l’islamisme c’est exactement la même chose.
CALVI : Vous ne faites plus la différence entre l’islam et l’islamisme ?
ZEMMOUR : Mais, je ne l’ai jamais faite moi, mais tout le monde la fait, je sais, mais moi je ne la fait pas. Je vais vous expliquer pourquoi d’abord sémantiquement. Tout simplement le mot, je vous la fait très courte, le mot islamisme a été inventé au XVIIIe siècle en France pour faire exactement comme les autres religions. Vous savez on a « christianisme »-isme, « judaïsme »-isme, « protestanstime »-isme, et donc on avait Islam. Et donc pour des soucis d’équilibre, on a inventé « islamisme » mais c’est le même mot. Au XIXe siècle, tout le monde disait islamisme pour islam. C’est le même mot. Alors maintenant on évacue la sémantique…
CALVI : Au-delà de, j’ai envie de vous dire, de la leçon d’Histoire, vous savez très bien qu’en privilégiant l’un plutôt que l’autre vous allez à tous les excès.
ZEMMOUR : Pas du tout, au contraire. Au-delà de notre discussion, pourquoi je ne fais pas de différence ? D’abord parce qu’il n’y a pas de différence. Parce que les islamistes, ceux qu’on appelle nous les islamistes, eux s’appellent des musulmans. Et d’ailleurs, quand vous dites « Daech », vous dîtes l’État Islamique. Pourquoi ? Parce qu’ils appliquent l’Islam. Tout ce qu’ils font est sous-tendu par des sourates de l’Islam. Quand ils égorgent des adversaires, c’est écrit dans le Coran, qu’il faut égorger les juifs et les chrétiens. Mahomet lui-même en a égorgé beaucoup et vous savez que pour l’Islam et pour tout musulman, Mahomet est « l’homme parfait », je mets ça entre guillemets parce que c’est comme ça qu’ils l’appellent, qu’il faut imiter.
CALVI : Vous venez de donner la définition parfaite de ce qu’est un extrémiste…
ZEMMOUR : Non
CALVI : …qui dans l’Islam devient parfois un islamiste et parfois un terroriste, et c’est cet amalgame qui vous savez fera la polémique…
ZEMMOUR : Non
CALVI : Et j’ai envie de vous dire, qui va nous faire du mal, qui va faire du mal à la société française.
ZEMMOUR : Non pas du tout, au contraire. Parce que votre logique, c’est la logique de toutes nos élites, c’est la logique du gouvernement qui pousse aujourd’hui à vouloir distinguer entre Islam et islamisme et donc quelle est la logique de ce raisonnement, on dit « pour éviter l’islamisme, eh bien il faut plus d’Islam ». Et donc, on nous organise plus de mosquées, on nous organise l’Islam de France etc. Moi je pense que le mauvais diagnostic conduit à une mauvaise solution et à un mauvais traitement. Au contraire, si on dit que l’islamisme est l’Islam, ça veut dire qu’il faut désislamiser des quartiers entiers français qui sont devenus islamisés. On n’est plus en France dans d’innombrables banlieues, c’était le thème de mon papier sur Moleenbeek…
CALVI : « Les français sont devenus étrangers dans leur propre pays » écrivez-vous…
ZEMMOUR : Oui, je le maintiens. Les français sont devenus étrangers dans leur propre pays, par exemple en Seine-Saint-Denis, par exemple dans d’autres quartiers, dans toutes les grandes banlieues des métropoles françaises. Oui, aujourd’hui on ne vit plus à la française dans ces quartiers-là, on vit à la musulmane. C’est-à-dire que les femmes sont pour la plupart voilées, que les hommes portent des tenues comme le prophète au VIIe siècle, qu’on surveille les jeunes filles en leur disant « tu n’as pas le droit de sortir avec untel, tu es une pute si tu t’habilles en mini-jupe », on surveille les garçons s’ils boivent de l’alcool. Ça s’appelle plus la France ça. Dans les cafés, il n’y a pas une fille. Excusez-moi, ça s’appelle plus la France.
CALVI : « La prétendue déradicalisation des djihadistes est donc une entreprise grotesque puisqu’il faudrait désislamiser » écrivez-vous. C’était exactement l’objet d’un de nos reportages ce matin. Désislamiser ?
ZEMMOUR : Oui, désislamiser. Oui.
CALVI : Comment pratique-t-on la désislamisation ? Comment vous faites ?
ZEMMOUR : Je vais vous le dire. Si vous voulez, vous faites une erreur classique en France, tout à fait normal, que Rémi Brague, vous savez le grand spécialiste de l’Islam diagnostique très bien « en France des catholiques aux plus grands bouffeurs de curés, quand on dit religion, on pense au catholicisme », c’est-à-dire qu’on identifie ça au catholicisme, et donc on voit les pratiques du catholicisme, c’est-à-dire le jeûne, la prière, vous voyez, etc. Sauf que l’Islam ce n’est pas ça. Ce n’est pas une religion l’Islam, c’est une loi, c’est un droit et c’est une nation. Ce n’est pas une religion.
CALVI : Vous avez envie de nous faire peur et….
ZEMMOUR : Mais je n’ai pas du tout envie de vous faire peur.
CALVI : Attendez. Je vais essayer de donner des exemples. Autant on peut être totalement d’accord avec vous quand vous dites « il est vital de répondre à la guerre de civilisation menée sur notre sol » vous dîtes « par l’islam » moi j’aurai envie de dire « par les islamistes, par les extrémistes, voire par les terroristes » mais vous venez de répondre à ma question donc je n’y reviens pas. Je vous cite toujours « si demain, il y avait 20, 30 millions de musulmans français bien décidés à voiler leurs femmes et à appliquer les lois de la charia, on ne pourrait préserver les règles minimales de la laïcité que par la dictature ».
ZEMMOUR : Oui.
CALVI : Mais, excusez-moi, cette projection dans l’avenir, elle est inconséquente, elle n’existe pas.
ZEMMOUR : Je vais vous dire, c’est déjà le cas.
CALVI : Non, il n’y a pas 20 ou 30 millions de musulmans dans notre pays sinon on le saurait.
ZEMMOUR : Non mais la loi…
CALVI : Et la charia n’est pas légale en France, elle n’est pas appliquée.
ZEMMOUR : Laissez-moi répondre. La loi interdisant la burka intégrale n’est pas appliquée. Voilà. Vous demandez à tous les flics, ils vous le diront. Pourquoi elle n’est pas appliquée ? Parce que depuis les émeutes de Trappes, vous vous souvenez, qui ont suivi le contrôle d’identité de cette femme qui était voilée entièrement, il y a eu des émeutes et donc maintenant les policiers ont mission et ont des consignes de ne pas contrôler les gens.
CALVI : Qu’est-ce qui vous permet de dire ça ? Il y a un moment où il faut avancer les preuves.
ZEMMOUR : Mais les preuves, c’est mon enquête auprès des policiers qui me l’ont dit.
CALVI : Alors, je cite un autre passage « il y a en France des centaines de Saint-Denis et de Molenbeek » ce qui fait référence justement à ces chroniques dont on parlait en début d’entretiens, « pour l’instant on confine l’armée dans un rôle scandaleux de gardiennage, de protection des édifices religieux etc. Mais l’État-major de l’armée sait qu’un jour viendra où il devra reconquérir ces terres devenues étrangères sur notre propre sol. Le plan est déjà dans les cartons, il a pour nom Opération Ronces. Il a été mis au point avec l’aide des spécialistes de l’armée israélienne. Quelles sont vos sources ?
ZEMMOUR : Quelqu’un très proche de l’État-major.
CALVI : Vous prétendez que l’armée française est prête à faire…
ZEMMOUR : Un nettoyage !
CALVI : À faire du nettoyage ?
ZEMMOUR : C’est la bataille d’Alger qui recommencera. C’est exactement la même chose.
CALVI : Vous prophétisez une guerre civile…
ZEMMOUR : Oui, c’est même pire qu’une guerre civile.
CALVI : …Sans mentionner vos sources, vous vous rendez compte.
ZEMMOUR : Attendez. C’est pas vous, journaliste, qui allez me demander à moi, journaliste, de citer mes sources.
CALVI : Je le fais remarquer c’est tout.
ZEMMOUR : Je le tiens de source sûre, de gens très proches de l’État-major. Je n’ai pas indiqué ce nom « Ronces » en vain. Ils sont allés voir les spécialistes de l’armée israélienne. Les Français qui m’ont expliqué ça m’ont dit que, comme ils avaient fait à Gaza, ils leur ont conseillé de faire la même chose, ils leur ont expliqué comment il fallait faire, parce que les Israéliens sont des spécialistes évidement. Et donc le plan français est prêt. Parce que nous sommes dans une logique postcoloniale. Quand vous avez des immigrés qui ne s’adaptent plus au mode de vie français mais qui imposent leur mode de vie, ça s’appelle de la colonisation Yves Calvi. Et donc quand on a des terres colonisées, soit on se soumet – Islam ça veut dire « soumission » – soit on se révolte contre la colonisation.
CALVI : La polémique ne fait que commencer. Il était normal que nous en parlions aujourd’hui avec la sortie de ce livre « Un quinquennat pour rien » qui parait chez Albin Michel. Merci Eric Zemmour…
ZEMMOUR : Merci Yves Calvi.
CALVI : …d’être venu défendre votre livre, et je dirais même votre brulot sur l’antenne d’RTL.
ZEMMOUR : Merci à vous.
CALVI : Bonne journée.
=> Le 7 janvier n’a pourtant pas été du tout une « bonne journée » pour les auditeurs musulmans…
Enfin, le 14/09/2016 RTL a « réagi » par la voix de Jacques Esnous – directeur de l’information de RTL, invité de « La Médiasphère » sur LCI :
ESNOUS : Eric Zemmour, c’est, il faut mettre les choses au point, 5 minutes d’antenne par semaine sur 70 heures d’infos.
MOULIN LCI : Il ne faut pas s’en excuser…
ESNOUS : Ni je ne m’en excuse ni je suis son avocat. Nous, à RTL, nous sommes très scrupuleux sur la liberté d’expression et le pluralisme des opinions. Il se trouve qu’Éric Zemmour correspond à une façon de penser d’une grande partie de la population maintenant, de nos auditeurs aussi. Il est donc important que sa pensée soit exprimée. Il faut aussi qu’on puisse, nous journalistement, comme l’a fait Yves Calvi à l’occasion de la sortie du livre d’Eric, pointer peut-être les outrances. [sic !!!!]
=> « Bref, nos auditeurs sont racistes , il faut donc qu’on invite Zemmour ! »
Tradition chez RTL – je rappelle qu’après le Bataclan, Zemmour avait déjà proposé de « bombarder Molenbeek » (95 000 habitants… – certes, pas réellement, bien sûr, mais le propos est terrible), ce qui lui a valu le soutien de son employeur en novembre 2015 :
3) 09/09/2016 : RTL – On n’est pas forcément d’accord (Débat avec Domenach)
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CALVI : C’est de plus en plus évident, « l’identité » sera sans doute au cœur du débat pendant la présidentielle. Mais c’est quoi, au fait, l’identité ?
DOMENACH : C’est une excellente question, qu’on se pose d’ailleurs depuis que la France est France. Toujours, la France s’est constituée sur la question de l’identité et des menaces contre son identité, avec toujours, d’ailleurs, des prophètes de malheur pour nous annoncer qu’elle allait disparaître, s’effondrer. J’avais rappelé ici par exemple les textes de Léon Daudet, un des ancêtres d’Éric Zemmour…
ZEMMOUR : Là, tu me flattes !
DOMENACH : …qui nous expliquait que le stupide XIXème siècle annonçait la disparition de la France à cause de l’idée d’égalité, à cause de l’idée de progrès, à cause de la suppression des langues qui sont dites mortes, du latin et du grec, et de l’introduction des langues vivantes. Il avait même fixé à 2014 la fin de la France…
ZEMMOUR : On n’en est pas loin, on y est…
DOMENACH : On est encore vivants ! Et puis, il y aura encore quelqu’un qui nous dira qu’en l’an 3000 la France mourra. Donc, effectivement, il y a des menaces, il y a un doute, y a des questions sur ce principe spirituel. Moi, je dis pas « identité », je reprends le terme « d’idée de la France » que François Hollande a repris hier, mais que de Gaulle avait repris, qu’Ernest Renan avait agité, et qui dit mieux les choses. Parce que c’est un projet, la France, c’est pas seulement un regard sur une France muséifiée comme Zemmour, une contemplation morbide sur un passé révolu.
CALVI : On est au cœur de votre dernier livre, Éric Zemmour. Alors, vous êtes directeur de musée, mais d’un musée qui n’existe plus ?
ZEMMOUR : Mais d’un musée sublime !
DOMENACH : Mais personne n’a dit le contraire !
ZEMMOUR : Si, si, si… parce que, si on ne tient pas compte du musée, si on détruit le musée, c’est ce qu’on est en train de faire, si demain le pays devient autre chose, si demain le pays devient une république islamique par exemple, le musée, ton cher musée Nicolas Domenach, il sera détruit, il sera ravagé, il sera talibanisé. (à Domenach) : Tu es le complice des futurs talibans de la France. Voilà. En refusant le musée, tu le détruis.
DOMENACH : On peut agiter les peurs, ça n’en fait pas des réalités.
ZEMMOUR : C’est les réalités. Excuses-moi, t’as passé où l’été…
DOMENACH : C’est de la paranoïa ! Y a des problèmes, y a des menaces…
ZEMMOUR : Attends, t’as passé où l’été ? T’as entendu qu’il y avait Nice ? T’as entendu qu’il y avait les batailles, les bagarres à Sisco sur le burkini, t’as entendu hier les 3 femmes qui… Mais tu vis où ?
DOMENACH : En France, mais pas dans votre France paranoïaque. Une France qui a des problèmes, qui a des questions, …
ZEMMOUR : Non, elle n’a pas de problèmes, la France.
DOMENACH : Si, comme elle en a eu d’autre nature…
ZEMMOUR : Comme j’ai essayé de l’expliquer dans mon livre, la France elle est envahie, colonisée, et maintenant combattue. Conflagration…
DOMENACH : Délire !
ZEMMOUR : Non, pas délire. Envahie, parce que depuis des années il y a un flux d’immigration inouï, qui n’a jamais été vu dans l’histoire, que tu le veuilles ou non. Jamais dans l’histoire nous avons reçu autant d’immigrants qui ne s’intègrent plus, qui ne s’assimilent plus. Parce que, quand tu dis « c’est une idée », moi je veux bien, je veux bien que la France soit une idée, une fois que tu es sûr de ton identité. Parce que le général de Gaulle, il dit « je me suis toujours fait une certaine idée de la France », mais il dit aussi « il est bon qu’il y ait des français bruns, jaunes, noirs, mais il ne faut pas oublier que nous sommes d’abord un peuple de race blanche, de religion chrétienne et de culture gréco-romaine ».
DOMENACH : C’est pas rapporté, ça.
ZEMMOUR : C’est pas rapporté. Je te signale que quand Peyrefitte était vivant, personne n’a osé lui dire que c’était pas une phrase du général de Gaulle. Maintenant, c’est facile, quand il est mort.
CALVI : Réponse de Nicolas Domenach.
DOMENACH : J’ai lu le nouveau livre de Zemmour, qui franchit un cap supplémentaire puisque là maintenant il est dans l’appel à une dictature pour, au fond, faire la guerre et débarrasser, éradiquer tout ce qui est musulman. Et tous les millions de musulmans qui sont intégrés en France, d’ailleurs il explique que ce ne sont pas des musulmans parce que sinon ils seraient pas intégrés. Ce qui est un raisonnement complètement absurde. Pardon, c’est ce que vous écrivez, Éric Zemmour. Je vous ai lu, vous ne pouvez pas dire le contraire. Et que vous appelez à la dictature aussi. On peut délirer comme ça ! Y a des problèmes. Personne, surtout pas moi, je ne les a jamais niés.
ZEMMOUR : C’est faux. Enfin c’est pas grave…
DOMENACH : Simplement je dis que ce que vous appelez l’identité, et que moi j’appelle l’idée de la France, c’est vrai, est confronté à des problèmes. Il y en a d’autres ! Ne les réduisez pas à votre monomanie de la question de l’islam, y a d’autres problèmes de la France, sinon elle aborderait l’islam avec plus de sérénité. Ce sont des problèmes de l’ordre de l’histoire, c’est la fin de l’empire français, ce sont des problèmes de l’ordre de la mondialisation, de la domination des États Unis, et de l’émergence de nouvelles puissances, c’est la déchristianisation, c’est la crise économique, c’est la crise sociale, c’est l’absence de la gauche comme défenseur de l’idée de progrès. Donc, ce que je veux dire c’est que, même si on se mettait dans votre logique et qu’on éradiquait l’islam, on aurait toujours un problème avec l’idée de la France. Parce que nous ne sommes pas au clair avec nous-mêmes.
CALVI : Éric Zemmour, je vais reprendre une expression qui est utilisée, parce que maintenant elle est dans le discours politique, elle émane d’Alain Juppé : en quoi, même si notre identité a changé, ou tout simplement évolué, ne peut-elle pas être heureuse ?
ZEMMOUR : (rires) On sera très heureux, très heureux, dans la soumission à l’islam, on sera magnifiquement heureux, on sera tous frères, sauf ceux qui ne seront pas musulmans. On sera très heureux. Vous savez, la soumission, c’est le bonheur la soumission. Il y a un grand texte de La Boétie qui explique très bien ça. C’est tranquille, la soumission. C’est ce qu’il [ndlr : Domenach] cherche, ce qu’il veut, ce qu’il attend, ce qu’il espère. Mais la soumission c’est magnifique ! Dans toute l’histoire de France, puisqu’il a repris l’histoire de France, et je remarque que maintenant il me vouvoie, il met une certaine distance idéologique, il a raison. Quand dans toute l’histoire de France…
CALVI : Disons qu’il reste fidèle à des usages qu’apparemment vous ne respectez plus… Il a une certaine idée de la France, sans doute…
ZEMMOUR : Non, moi, j’ai une certaine idée de la France. Lui…
DOMENACH : Tu n’en as pas le monopole de la France, arrête !
ZEMMOUR : J’ai jamais dit que j’avais le monopole !
DOMENACH : Si, c’est une prétention insupportable. C’est écrit partout !
ZEMMOUR : Dans l’histoire de France, il y a toujours eu des Domenach,..
DOMENACH : Oui, et qui ont défendu la France.
ZEMMOUR : …Il y a toujours eu des gens qui se sont soumis à plus fort […] Il y a toujours eu des français qui se sont soumis à plus fort. Il y a eu les Bourguignons avec les Anglais, il y a eu les gens qui allaient embrasser le tsar en 1814, il y a eu les gens qui vénéraient Bismarck, et puis il y a eu pendant la guerre de 40 ceux que Domenach méprise et qu’il appelle les collabos, mais qu’est-ce qu’il est aujourd’hui ? (s’adressant à Domenach) Qu’est-ce que vous êtes aujourd’hui ? Des gens qui vous soumettez à l’islam, vous êtes le grand parti millénaire des collabos, parce que, ça, ça, c’est effectivement une grande tradition française.
CALVI : Maintenant qu’il vous a traité de collabo, il va falloir que vous lui répondiez, et ce sera la dernière intervention.
DOMENACH : C’est tellement excessif que c’est difficile d’y répondre. Ce que je ne comprends pas très bien même, c’est dans la stratégie politique. Je suis en désaccord radical sur sa conception de l’islam, je pense que l’intégration est tout à fait possible …
ZEMMOUR : Normal, tu connais pas l’islam.
DOMENACH : Attends ! Tu as une prétention…
ZEMMOUR : Moi, je lis ! Excuses-moi !
DOMENACH : Oui, les autres aussi ça leur arrive …
ZEMMOUR : Non ! Tu n’as pas lu le Coran, tu sais pas ce qu’il y a dans le Coran, tu sais pas ce qu’il y a dans la charia, tu sais pas, tu ne connais pas l’histoire de l’islam qui s’est constitué par la guerre !
DOMENACH : Tu as du mal à écouter les autres, fais un petit effort quand même pendant quelques minutes. Je ne comprends pas non plus pourquoi, stratégiquement, lui qui est un grand passionné des grandes batailles politiques à travers l’histoire et les siècles, je ne comprends pas pourquoi, au fond, il n’imagine pas qu’il faille, si c’est un ennemi aussi radical qu’il le dit, le diviser pour le mettre à mal, pour l’affaiblir, pour le tuer. L’islam, si on en fait un paquet comme ça, si on met tous les modérés en même temps que les extrémistes, alors à ce moment-là vous allez vers la défaite. Même tactiquement, et je terminerai en disant, il y a un côté positif dans le livre de Zemmour et de ses positions hyper radicales, c’est qu’il est en train de faire péter la droite extrême, lui, son inspirateur, il tape sur Marine Le Pen et sa France apaisée, il tape sur Philippot et il dit « vive Marion Maréchal-Le Pen ». Voilà ! c’est demain l’explosion de l’extrême droite.
ZEMMOUR : Je ne dis rien…
DOMENACH : Si, c’est écrit !
ZEMMOUR : Non, pas du tout. Et de toute façon, je me moque du Front National, c’est pas mon sujet !
DOMENACH : C’est écrit dans ton livre !
ZEMMOUR : Quand je ne dis rien sur le Front National, tu dis : « il soutient le Front National » ; quand je critique le Front National, c’est je critique le Front National ! Je m’en moque, je ne suis pas dans la bataille partisane !
CALVI : Vous venez d’écrire l’un et l’autre sur l’antenne de RTL le 1er chapitre d’un débat, qui va continuer, sur l’identité française, il n’y a aucun doute. Merci Nicolas Domenach, merci Éric Zemmour.
4) 12/09/2016 : LCI – L’invité de LCI matin (Audrey Crespo-Mara)
CRESPO-MARA : Une phrase a notamment choqué : « donner un prénom qui n’est pas français à son enfant, c’est vouloir transformer la France en un pays de plus en plus musulman ». « Un prénom qui n’est pas français » vous êtes trop intelligent pour savoir que ça n’a pas de sens. Un prénom en France, c’est d’origine chrétienne, musulmane, hébraïque. Est-ce que pour vous un prénom français c’est un prénom chrétien ?
ZEMMOUR : Exactement ! Je vais vous dire, ce fut la loi de la France pendant deux siècles, ce fut une loi établie par Bonaparte en l’an XI (1er avril 1803, ndlr). C’est une loi qui est restée, et l’on devait trouver les prénoms dans le calendrier – le calendrier des Saints chrétiens. Et cette loi, elle est restée sous la IIIe République, sous le général de Gaulle, et même jusqu’à Mitterrand. Elle a été abolie en 1993. Je ne vois pas pourquoi on ne rétablirait pas cette loi. Je pense que c’est une loi qui fait l’unité du pays, et qui oblige les nouveaux arrivants – je sais j’en suis, donc je connais cette règle. Mes ancêtres furent des nouveaux arrivants, ils ont respecté cette loi, ils ont donné des prénoms français, comme on dit, c’est à dire du calendrier chrétien à leurs enfants, ils n’étaient pas chrétiens.
Note OB : c’est évidemment faux, c’était de « tous les calendriers », ça ce saurait si on n’avait pas eu de prénom non chrétien avant 1993 !!!! Cf Ici par exemple.
CRESPO-MARA : Est-ce que vous estimez pour autant que Rachida Dati, Zinedine Zidane, Jamel Debbouze et Omary Sy sont moins Français que vous ? Que ces gens-là sont moins français que vous ?
ZEMMOUR : Vous savez, le grand sociologue Philippe D’ir-ibargne dit : « Il y a deux corps. Il y a le corps politique et le corps social » . Pour le corps politique, c’est-à-dire juridico-politique, évidemment qu’ils sont aussi français que moi. Ils ont une carte d’identité, ils sont français, ils ont la nationalité française, ils sont français comme vous, comme moi. Il n’y a pas de différence, heureusement. Mais, en revanche, pour le corps social, c’est-à-dire comment ils sont reçus par la population, par le peuple qui est là depuis 1000 ans, alors oui, ils sont moins Français que moi, parce que moi mes parents – et je les en bénis – ont fait l’effort de me donner un prénom, dans le calendrier comme on disait. C’est-à-dire français. Vous savez, pour vous citer Zinedine Zidane, c’est très intéressant, il y a eu trois grands joueurs dans l’histoire du foot français, qui sont tous issus de l’immigration : il y a eu Raymond Copa qui venait de l’immigration polonaise, il y a eu Michel Platini qui venait de l’immigration italienne, et il y a eu Zinedine Zidane qui venait de l’immigration berbero-algérienne.
CRESPO-MARA : Oui mais là encore, catholiques et musulmans…
ZEMMOUR : Oui, et alors ?
CRESPO-MARA : On n’a pas le droit dans le prénom d’un enfant de vouloir aussi montrer son identité qui est multiple ?
ZEMMOUR : Madame, on a son nom pour ça. On a son nom. Je ne demande pas d’enlever le nom. Et le prénom, justement, c’est la France. C’est la volonté d’inscrire son enfant non pas dans le passé de ses racines mais dans le futur de la France. Et donc, pardonnez-moi, de respecter l’histoire de France, de prendre des héros de l’histoire de France. Parce que, qu’est-ce que ça s’assimiler à la France : c’est s’imprégner des héros de l’histoire de France. Vous savez, Raymond Aron, qui était juif, disait « Qu’est-ce que s’assimiler à la France ? C’est pleurer davantage sur les défaites de Napoléon que sur la destruction du temple de Jérusalem ». Ça vaut pour tous. Il n’y a aucune raison que les autres ne respectent pas ce qu’ont respecté les précédents.
CRESPO-MARA : Est-ce que vous êtes pour autant d’accord avec Robert Ménard qui était ici il y a une semaine et qui m’expliquait qu’être français c’est être catholique et blanc ? Non, vous n’allez pas jusque-là ?
ZEMMOUR : Je ne sais pas ce qu’il a dit. Je ne sais pas ce qu’il a dit exactement, sa phrase exacte. Moi je me réfère toujours à la phrase du Général de Gaulle, vous savez la célèbre phrase du Général de Gaulle, qu’il faut citer entièrement…
CRESPO-MARA : Mais il est mort depuis un moment le Général de Gaulle. ZEMMOUR : Et alors ? CRESPO-MARA : Tout le monde le cite en ce moment, de l’extrême droite à la gauche … ZEMMOUR : Et alors ?
CRESPO-MARA : La France a évolué.
ZEMMOUR : Mais cette phrase il faut la citer entièrement. Il disait « il est bon qu’il y ait des français bruns, noirs et jaunes… mais il faut qu’ils restent une minorité car nous sommes avant tout un peuple de race blanche, de religion chrétienne et de culture gréco-romaine ». Pour moi, c’est ça la France. D’autant plus que moi je viens de l’extérieur. Donc, mes parents qu’est-ce qu’ils ont fait, comme des millions de gens qui venaient d’Italie, d’Espagne etc…
CRESPO-MARA : Donc, les juifs, les musulmans sont autant français que les catholiques aujourd’hui ?
ZEMMOUR : Juridiquement oui, mais j’estime qu’en donnant des prénoms musulmans, ils refusent de s’approprier l’Histoire de France. Je l’ai dit à Rachida Dati qui a appelé sa fille Zorah [le prénom de sa mère, ndlr] : je trouve cela scandaleux ! Je lui ai dit, comme quoi, vous voyez je ne me cache pas !
CRESPO-MARA : Vous avez fait le point avec votre éditeur, il y avait deux chroniques, on en a beaucoup parlé, qui n’avaient pas été publiées dans ce livre, dont celle de Molenbeek où vous disiez qu’il fallait bombarder Molenbeek. C’est résolu ?
ZEMMOUR : C’est résolu. C’est rien. Une bêtise de rien du tout. CRESPO-MARA : C’était une crainte de procès de votre éditeur ?
ZEMMOUR : Mais pas du tout. Effectivement si jamais ils avaient craint les procès, ils n’auraient pas publié mon introduction, ma préface, qui est je crois dix fois plus sulfureuse que les deux chroniques. CRESPO-MARA : Qui est assez virulente. ZEMMOUR : Donc, c’est une erreur informatique, on a réparé ça, les gens ont un addendum, et puis voilà c’est tout.
CRESPO-MARA : « L’islam est incompatible avec la République et la France » écrivez-vous. Marine Le Pen hier soir sur TF1 à cette question « Est-ce que l’Islam est compatible avec la République ? » répond « Je crois que oui ». En ce moment, à côté de vous, Marine Le Pen elle est de gauche.
ZEMMOUR : Mais Marine Le Pen elle a toujours été de gauche ! Je le dis depuis 5 ans, depuis la campagne présidentielle de 2012 !
CRESPO-MARA : Économiquement ! Mais identitairement ?
ZEMMOUR : Mais identitairement aussi ! Elle est complètement endoctrinée par Philippot qui est une espèce de cheval de Troie chevènementiste. On peut le résumer comme ça.
CRESPO-MARA : Est-ce que pour vous le Front National c’est davantage Marion Maréchal-Le Pen qui l’incarne ?
ZEMMOUR : Chère Madame, il y a deux ans, on s’était vu et vous m’aviez demandé si je ralliais le Front National. Maintenant vous me demandez si je critique le Front National.
CRESPO-MARA : Je ne vous demande pas ça. Je vous demande si pour vous le Front National est davantage incarné par Marion Maréchal-Le Pen ?
ZEMMOUR : Mais je me manque du Front National. Ce n’est pas mon sujet le Front National. Vous avez vu j’ai écrit dans ce texte exactement ce qu’elle a dit hier, je l’ai écrit il y a trois mois, vous êtes d’accord avec moi, vous me l’accordez ? CRESPO-MARA : Je suis d’accord. ZEMMOUR : Bon, donc vous voyez bien que je l’avais diagnostiqué. Mais ce n’est pas mon sujet, je suis dans le diagnostic, je ne suis pas dans l’opération partisane.
CRESPO-MARA : Oui, mais vous parlez de Florian Philippot et de son élève docile Marine Le Pen. Vous en parlez clairement.
ZEMMOUR : Vous voyez, c’est la réalité. Je crois qu’elle se trompe de combat. Je crois qu’elle a 25 ans de retard. Le combat de la souveraineté, qui est légitime, je l’ai moi-même combattu en 1992, elle était encore jeune. Le combat de Maastricht, le combat de Chevènement, de Séguin, de Pasqua, de son père, c’était le combat pour la souveraineté. Il n’est pas méprisable, au contraire, il est indispensable. Sauf que, comme je le dis dans mon texte, une république islamique française pourrait être souveraine, mais ce ne serait plus la France.
CRESPO-MARA : Vous ne voyez pas de différence entre l’Islam et l’islamisme. Est-ce que vous voyez des millions de musulmans qui ont envie d’égorger des millions de catholiques en France ? Vous ne faites pas de différence entre Islam et islamisme ?
ZEMMOUR : Je ne fais aucune différence entre Islam et islamisme, tout simplement parce qu’il n’y en a pas.
CRESPO-MARA : Donc vous estimez qu’il y a des millions de musulmans qui veulent égorger des millions de catholiques. Si on vous suit, non ?
ZEMMOUR : Non, ne mélangez pas tout. Ne mélangez pas le dogme et les gens. Les gens n’appliquent pas forcément tous le dogme. Mais le dogme existe. Les catholiques ne sont pas tous des moines qui se retirent dans des monastères. Mais le dogme existe. Donc, les musulmans ne font pas tous le djihad, mais le djihad existe. Et c’est un élément essentiel de l’Islam. Et l’Islam est un dogme, c’est une loi, c’est plus qu’une religion. Rémi Brague explique très bien que tous les français, qu’ils soient catholiques ou pas catholiques, ou bouffeurs de curés, ont en tête comme schéma majeur de la religion la chrétienté, le christianisme. Or l’Islam n’est pas le christianisme. L’Islam a des repères de religion à la mode chrétienne, c’est-à-dire on prie, on jeûne, on fait des pèlerinages. Mais ce n’est pas seulement ça, l’Islam est une loi, l’Islam est une nation, et l’Islam est un code et donc il s’impose impérativement. Et d’autant plus impérativement que contrairement aux textes religieux juifs et chrétiens, c’est dieu qui parle directement et le texte est considéré comme incréé – c’est la grande polémique qui dure depuis 1000 ans dans l’histoire – c’est-à-dire que c’est dieu qui parle directement, on ne peut pas l’interpréter, car ce ne sont pas des hommes qui parlent. C’est pas Moïse, c’est pas Jésus, c’est pas Saint-Paul, c’est pas les évangélistes, non, on ne peut interpréter ça, c’est dieu qui parle directement.
CRESPO-MARA : « Il y a en France des centaines de Saint-Denis et de Molenbeek » écrivez-vous. Vous prétendez que l’armée française, avec l’aide de l’armée israélienne est prête à faire le nettoyage dans les quartiers, ça s’appellerait l’« Opération Ronces ». Vous dites que c’est une source très proche de l’État-major qui vous a confié ça, c’est ça ?
ZEMMOUR : Oui. CRESPO-MARA : Quand ? ZEMMOUR : Il y a six mois.
CRESPO-MARA : Non, quand ça aurait lieu ?
ZEMMOUR : Il n’y a pas de date. C’est les politiques qui décident ça. Les militaires appliquent ce que les politiques disent. Simplement, les militaires ils doivent être prêts. Et eux me disent qu’ils sont prêts. Mais évidemment qu’ils attendent des ordres du politique. Ça peut ne jamais arriver.
CRESPO-MARA : Pour aller sur le quinquennat, on a l’impression que vous êtes quand même obsédé par l’Islam. Vous citez le mot « Islam » plus de 300 fois, 307 fois exactement.
ZEMMOUR : Mais, excusez-moi, c’est moi qui suis obsédé par l’Islam ou c’est l’Islam qui tue en France depuis deux ans ? Est-ce que c’est moi qui tue…
CRESPO-MARA : C’est les djihadistes qui tuent…
ZEMMOUR : Attendez, attendez… qui tuent au crie de quoi ? au crie de qui ? Ils disent « Bouddha est grand » ? Ils disent « Audrey est magnifique, il faut tuer » ? Ils disent « Eric Zemmour est méchant, il faut tuer » ? Non. Ils disent « Allahu akbar », ça veut dire « Dieu est grand ».
CRESPO-MARA : Est-ce que pour autant ils disent la vérité ? Est-ce que pour autant on doit estimer qu’ils sont sensés ?
ZEMMOUR : Mais ce sont des musulmans.
CRESPO-MARA : Vous avez des millions de musulmans en France qui disent « ces gens-là ne sont pas musulmans ».
ZEMMOUR : Mais, ils savent très bien que c’est faux. Vous savez, arrêtez d’essayer de m’opposer aux musulmans. Je vais vous dire quelque chose, les musulmans savent très bien que ce que je dis est vrai, ils savent très bien que leur texte pose problème. Ils savent très bien que le Coran prévoit de tuer des juifs et des chrétiens à d’innombrables pages. Ils le savent très bien. Seulement moi je fais le pari – vous savez il y a une très belle phrase dans la Guerre du Péloponnèse de Thucydide, Thucydide dit « les hommes sont ainsi faits, qu’ils méprisent ceux qui les ménagent et respectent ceux qui ne leur concèdent rien ». Moi je pense que les musulmans me respecteront parce que je ne leur concède rien et que je leur dis la réalité. Et non pas, je ne fais pas semblant de leur dire « l’Islam ça ne pose aucun problème », et quand ils veulent appliquer leur Islam, on leur dit « oh bah non, ça ne va pas, oh bah non, c’est pas ça etc ». […]
ZEMMOUR : C’est ce que j’ai écrit et je pense que [Macron] c’est l’homme de la classe dominante. C’est les habits neufs de la classe dominante Macron.
CRESPO-MARA : Christiane Taubira à la Une de Libération parle « d’hystérisation de l’élection présidentielle », vous pensez la même chose ?
ZEMMOUR : Pas du tout. Je pense que c’est pas le problème.
CRESPO-MARA : Elle dit aussi qu’on va dans le mur. Elle est inquiète pour la France. Pour le coup-là, vous rejoignez son diagnostic ?
ZEMMOUR : C’est le pompier pyromane Christiane Taubira. Elle a mis sa petite pioche pour détruire un peu plus la France, et elle vient dire qu’elle est craintive pour la France. C’est l’incarnation de ces gens qui détestent la France et qui ont tout fait pour lui cracher dessus, et qui ont tout fait pour la culpabiliser, qu’elle était coupable de 1000 maux. Christiane Taubira c’est l’incarnation de ce parti collabo qui depuis 1000 ans est toujours contre la France ; Christine Taubira, elle ferait mieux de se taire ! Tandis que l’hystérisation c’est pas le sujet, le sujet c’est qu’elle a été confisquée par les partis politiques l’élection présidentielle. Que de Gaulle a perdu. C’est un problème fondamental.
CRESPO-MARA : Tous les matins, Eric Zemmour, je me pose une question récurrente, la question off mais devant les caméras. C’est off, entre nous.
ZEMMOUR : Allez-y, moi je m’en fous du off.
CRESPO-MARA : Qu’est-ce qu’ils vous ont fait les musulmans pour que vous leur en vouliez à ce point-là Eric Zemmour ? C’est en tout cas leur impression, leur sensation avec vos propos ?
ZEMMOUR : Je vous ai déjà répondu. Je viens de vous répondre. Je ne leur en veux absolument pas. J’ai aucune haine pour les musulmans. Mes ancêtres ont vécu avec eux pendant des siècles.
CRESPO-MARA : La guerre d’Algérie a eu lieu entre temps.
ZEMMOUR : Bien sûr, la guerre d’Algérie a eu lieu entre temps, et on n’était pas dans le même camp. Moi, mes ancêtres ont choisi la France, et je les bénis, encore une fois, et je bénis la France de nous avoir colonisés ! Vous voyez. Je ne suis pas dans la revanche, au contraire, je suis dans le remerciement. Mais je n’ai absolument aucune haine pour les musulmans.
CRESPO-MARA : Donc c’est aujourd’hui la fête de l’Aïd, vous leur souhaitez « bonne fête à tous » ?
ZEMMOUR : Évidemment. C’est pas le sujet. C’est pas mon sujet vous savez. Mon sujet, c’est qu’il y a un problème, vous avez cité la guerre d’Algérie, nous sommes dans la revanche de la guerre d’Algérie : le colonisateur ce n’est plus le Français, aujourd’hui, c’est celui qui vient du Sud, et qui a des comportements colonisateurs ! Parce que ne pas respecter la culture de la société qui vous accueille, c’est être un colonisateur !
CRESPO-MARA : Merci Eric Zemmour. Merci d’être venu sur LCI.
ZEMMOUR : Je vous en prie.
5) 16/09/2016 : BFM / RMC – Bourdin Direct (Jean-Jacques Bourdin)
BOURDIN : Notre invité ce matin, Éric Zemmour. Bonjour. « Un quinquennat pour rien » chez Albin Michel. Eric Zemmour, c’est clair, je ne vous invite pas pour l’audience, parce que j’ai lu que vous étiez invité pour l’audience…
ZEMMOUR : Ce n’est pas moi qui ai dit ça.
BOURDIN : Non, pas vous. J’en fais sans vous, ne vous inquiétez pas […] je vous invite par indépendance, par tolérance, et par souci d’équilibre. Que les choses soient très claires. Première question : j’ai lu bien évidemment avec attention la première partie de votre livre – je n’ai pas lu toutes les chroniques. Pourquoi écrivez-vous que Marine Le Pen a toujours été à gauche ?
ZEMMOUR : C’est marrant que vous commenciez par cette question parce que ça ne me paraissait pas essentiel dans mon texte.
BOURDIN : Dans une année politique, si !
ZEMMOUR : Oui, si vous voulez. Mais, écoutez c’est très simple, je la connais depuis très longtemps, je crois qu’elle a fondamentalement des réflexes de gauche, vous savez, comme on disait que Chirac avait des réflexes de gauche, comme on disait que Mitterrand avait des réflexes de droite. Il y a des tempéraments, on a étudié ça jadis. Elle, elle a un tempérament de gauche. Que ce soit sur les problèmes économiques, sociaux… Et aujourd’hui, on a l’impression que Florian Philippot, venant de la gauche chevènementiste, lui donne une espèce de structuration idéologique de son tempérament.
BOURDIN : Mais vous allez même beaucoup plus loin, vous dites : « elle est endoctrinée par Florian Philippot ».
ZEMMOUR : Non, je dis, c’est son mentor. Oui, c’est son mentor, si vous voulez. C’est son mentor.
BOURDIN : Oui. « C’est son cheval de Troie chevènementiste », » elle se trompe de combat », « elle a 25 ans de retard », « son concept de France apaisée » vous laissez entendre que c’est d’un ridicule absolu…
ZEMMOUR : Ah, mais, attendez, ça c’est deux choses différentes. Sur les 25 ans de retard, je m’explique parce que c’est le plus intéressant. Aujourd’hui, le Front National mène un combat pour la souveraineté, ce combat est tout à fait légitime, j’ai moi-même été contre le référendum sur Maastricht etc. Donc, vous voyez que ce n’est pas un combat que je méprise du tout. J’ai été proche de Philippe Séguin, de Charles Pasqua, donc, j’aurais mauvaise grâce. Ce que je dis, c’est que, ils ont 25 ans de retard, c’est à dire qu’aujourd’hui le combat majeur – vous savez, dans la politique il y a une hiérarchie, on ne peut pas conduire tous les combats, il y a une hiérarchie – le combat majeur c’est l’identité. Parce que nous sommes en danger de mort, c’est ça mon sentiment.
BOURDIN : Donc, d’ailleurs, vous écrivez, « la France ne se bat plus pour retrouver sa souveraineté mais pour ne pas perdre son identité », donc Marine Le Pen n’est plus dans la course, son analyse est fausse.
ZEMMOUR : Je pense que son analyse est surannée, pas faux, vous comprenez ce que je veux dire. Ce n’’est pas la même chose.
BOURDIN : Oui, « surannée » : elle date.
ZEMMOUR : Exactement. Il y a des pays qui ont perdu leur souveraineté comme la Pologne par exemple, qui a été partagée entre la Russie et la Prusse etc, et qui n’ont survécu que parce qu’elles ont gardé leur identité. C’est ça que je veux dire. Et que si demain, comme je dis, il y avait une république française islamique, elle pourrait être souveraine, mais ce ne serait plus la France.
BOURDIN : Je vais revenir, je vais revenir….
ZEMMOUR : Vous avez compris, vous voyez que je ne suis pas dans le combat partisan.
BOURDIN : Non mais je vais revenir sur la politique, on est en année politique, vous êtes un observateur de la vie politique… vous dites aussi de Nicolas Sarkozy : « je pense que c’est fini ».
ZEMMOUR : Je n’ai pas dit ça…
BOURDIN : Non mais vous l’avez écrit « il ne récupérera pas les électeurs populaires qui ne lui font plus confiance ».
ZEMMOUR : Ça je maintiens…
BOURDIN : Vous maintenez ?
ZEMMOUR : Oui, les électeurs populaires. Ça ne veut pas dire qu’il ne va pas gagner, vous comprenez ?!
BOURDIN : Pour qui allez-vous voter alors ?
ZEMMOUR : Ah ben ça, ça ne vous regarde pas (rires).
BOURDIN : Vous allez voter quand même ?
ZEMMOUR : Oui, bien sûr, comme toujours…
BOURDIN : Vous votez ? Bon. C’est vrai que vous avez envisagé de faire de la politique à un certain moment ? Ou de vous présenter à l’élection présidentielle.
ZEMMOUR : Ah, ce n’est pas la même chose. Qu’est-ce que c’est que faire de la politique ? J’estime que tous les deux on fait de la politique ! Vous êtes d’accord avec moi ?!
BOURDIN : Oui.
ZEMMOUR : Et plutôt de façon noble puisqu’on manie les idées… J’attends des questions sur les idées…
BOURDIN : D’abord il faut que vous sachiez une chose Éric, c’est que c’est moi qui pose les questions et qui décide…
ZEMMOUR : Mais justement j’attends les questions…
BOURDIN : … et qui décide des questions ici.
ZEMMOUR : Alors, la politique, je pense que j’en fais de la politique, je manie les idées, je défends des convictions : c’est faire de la politique. Après, il y a la politique partisane, l’action politique. Ça, je suis toujours resté un peu en marge. Je pense que mon combat à moi… J’ai lu cet été pas mal de livres et parmi ces livres celui, le dernier de Marcel Gauchet, et ce grand intellectuel dit : « nous ne sommes pas en manque aujourd’hui de mesures, de solutions, nous sommes en manque de diagnostic ». Eh bien, ce que j’ai essayé de faire c’est de poser un diagnostic.
BOURDIN : Donc, 8% à la présidentielle ?! Il paraît qu’il y avait un sondage. C’est vrai ou c’est faux ça ?
ZEMMOUR : Non, c’est vrai, il y a eu des sondages après » Le suicide français » et l’effervescence autour de moi. Il y a eu tout quoi.
BOURDIN : Bon ! Vous écrivez : « l’armée française a un plan, pour reconquérir les banlieues ». D’où tenez-vous cette information ?
ZEMMOUR : Eh bien, d’une personne proche de l’état-major français.
BOURDIN : L’état-major qui dément…
ZEMMOUR : Bien sûr ! Mais, je m’y attendais.
BOURDIN : Vous dites « comme à Gaza l’armée française a consulté les israéliens… »
ZEMMOUR : A cause de Gaza parce qu’ils avaient une expérience…
BOURDIN : Comment on fait alors ? Bombarder ? Nettoyer ? Tuer ?
ZEMMOUR : Je ne suis pas le chef d’état-major de l’armée française…
BOURDIN : Non, mais… Vous avez vu ce plan ?
ZEMMOUR : On m’en a parlé.
BOURDIN : Bon, alors, que contenait ce plan ?
ZEMMOUR : Ah, mais je n’en sais rien moi.
BOURDIN : On vous en a parlé mais on ne vous a pas dit.
ZEMMOUR : Non, on ne m’a pas montré les plans. Je n’en suis pas là. On m’a dit, on m’a parlé simplement de cette « Opération Ronces » qui est un plan prévu, mais ça ne veut pas dire qu’ils vont le mettre en œuvre, vous avez bien compris, ce sont les politiques qui décident ! Simplement, l’armée doit prévoir toute possibilité…
BOURDIN : Est-ce qu’il faudrait le mettre en œuvre d’ailleurs …?
ZEMMOUR : Ça c’est une bonne question ! Moi je pense que nous avons aujourd’hui de nombreux territoires qui ne sont plus en France ! C’est à dire que nous avons de nombreuses banlieues qui ne vivent plus…
BOURDIN : Qui sont colonisées en quelque sorte…
ZEMMOUR : Qui sont pour moi, c’est ce que j’explique dans le livre, qui sont effectivement… Si vous voulez, j’essaye de reprendre les mots. Pour moi, un étranger ou un immigré qui s’assimile au mode de vie français, et bien, il devient un français. En revanche, quand un étranger, et quand ils sont nombreux, vivent sur le territoire français et, non seulement refusent de vivre comme les français mais imposent leur mode de vie qu’ils avaient au pays, pour moi, ça s’appelle des colonisateurs ! C’est ce qu’ont fait les pieds-noirs en Algérie, c’est ce qu’ont fait les anglais aux Indes. Ça s’appelle des colonisateurs. Donc, les gens qui vivent aujourd’hui en France, habillés comme au VIIe siècle, comme le prophète Mahomet, qu’ils soient hommes ou femmes, moi je ne fais pas de distinction – pour une fois c’est moi qui n’en fais pas – et qui imposent un mode de vie inspiré strictement du Coran, ça s’appelle des colonisateurs.
BOURDIN : Bon « les colonisateurs », donc, nous sommes colonisés. Enfin, certains quartiers sont colonisés.
ZEMMOUR : Exactement.
BOURDIN : Donc, il faut intervenir.
ZEMMOUR : Il faut une libération. Il faut une libération.
BOURDIN : Une libération militaire hein ?! … Puisque vous dites même qu’il faut l’armée à Paris …
ZEMMOUR : Non ! Non…
BOURDIN : Oui ! Dans la capitale ! C’est ce que vous proposez…
ZEMMOUR : Non… Je ne propose pas… Elle y est ! Elle y est… Je dis que c’est ridicule… Non, non, là vous confondez… Je dis que, elle y est et qu’elle fait du gardiennage.
BOURDIN : Est-ce qu’il faut assouplir la législation sur les armes en France ?
ZEMMOUR : Non ! Ce n’est pas mon avis, J’y pense pas spécialement… moi, je suis français, donc pour moi… Je ne suis pas un américain donc pour moi c’est l’état…
BOURDIN : Ce que dit Trump…
ZEMMOUR : Non, je comprends ce que dit Trump… Vous savez, il ne faut pas balayer comme ça ce que dit Trump. Je vais vous dire quelque chose : un des premiers actes de la révolution française, que nous vénérons tous, ça été d’armer le peuple, c’est la garde nationale. Le peuple armé ce n’est pas forcément mal, ce n’est pas forcément méprisable. C’est aussi le peuple qui s’approprie sa liberté. Vous comprenez ? Alors bien sûr, il y a des inconvénients, on ne va pas parler du contrôle des armes, mais il y a aussi la noblesse du peuple qui s’arme parce qu’il veut reconquérir sa liberté. Je vois par exemple, en Corse – le comportement des corses est admirable. Il y a le procès de Sisco en ce moment…
BOURDIN : Ça y est, le jugement a été rendu…
ZEMMOUR : Bon ! Voilà ! Les corses eux ne cèdent pas devant la pression islamique et je les trouve admirables. Et j’aimerai que les français les imitent.
BOURDIN : Vous savez qu’il y a cinq français prévenus à Sisco, trois maghrébins, l’un a pris deux ans fermes, les deux autres de la prison avec sursis, trois frères… et puis deux corses qui eux aussi ont pris de la prison avec sursis.
ZEMMOUR : Oui. Si vous voulez je pense que les corses ont raison de défendre leur territoire contre de la prise de territoire…
BOURDIN : Et leur identité, corse.
ZEMMOUR : Oui ! Absolument ! Ça, c’est une autre discussion : française, corse et française.
BOURDIN : Corse ou française ?!
ZEMMOUR : Les deux, ça ne me gêne pas, si c’est dans le cadre de la France, vous comprenez ?!
BOURDIN : Bien ! Pour sauver la France, vous écrivez : « il faut abolir les droits de l’homme et du citoyen »
ZEMMOUR : Non !
BOURDIN : Si.
ZEMMOUR : Non
BOURDIN : Abolition des droits de l’homme et du citoyen
ZEMMOUR : Non ! Excusez, je sais ce que j’ai écrit, je vais répondre.
BOURDIN : Bon. « Préférence nationale », « réinstaller des discriminations entre français et étrangers »…
ZEMMOUR : Oui ! Là je dis oui…
BOURDIN : « Redonner au christianisme la primauté sur la société ».
ZEMMOUR : Culturelle, oui…
BOURDIN : Oui, « culturelle »… « désigner l’ennemi : l’islam »…
ZEMMOUR : Oui !
BOURDIN : « décréter l’état d’urgence »…
ZEMMOUR : Il est déjà décrété, ça ne sert à rien…
BOURDIN : Mais vous le dites quand même.
ZEMMOUR : Oui.
BOURDIN : Vous dites « remettre l’armée dans la capitale »…
ZEMMOUR : Non… Mais non, elle y est, elle y est…
ZEMMOUR : Peu importe…
BOURDIN : Peu importe, c’est pas le sujet… […]
ZEMMOUR : […] je peux répondre sur la déclaration des droits de l’homme ? Parce que c’est important… je ne suis pas d’accord, là, je ne suis pas d’accord… Vous avez vu ? J’ai dit oui pour tous les autres… en revanche, pour la déclaration des droits de l’homme et du citoyen justement […] Ce que je critique c’est le comportement des juges, Conseil d’Etat, Conseil Constitutionnel, Cour Européenne des Droits de l’Homme, qui depuis 30 ans ont justement trahi la déclaration des Droits de l’Homme et du Citoyen, je dis bien « de l’Homme ET du Citoyen » […] pour une conception anglo-saxonne qui se contente de défendre uniquement les « droits de l’Homme », « les droits Humains » ils disent, les droits de l’individu tout puissant, et j’explique que 1/ ça désintègre la société, 2/ ça désintègre la nation, parce que l’individu tout puissant se moque totalement de la société, ne lui demande que des droits et, 3/ cette conception excessive anglo-saxon des droits de l’individu est le cheval de Troie de l’Islam qui profite pour dire chaque fois : « mais, c’est notre liberté », les femmes se baladent dans la rue voilées ? « c’est notre liberté ». En burkini, « c’est notre liberté ». […] Or, si vous voulez, c’est une structure collective coercitive, voire totalitaire qui est l’islam, qui se sert de « les droits des individus » pour imposer sa vision et pour conquérir de nouveaux des territoires et des espaces publics.
BOURDIN : « les droits de l’homme sont ainsi devenus l’arme atomique de destruction des peuples européens »…. « pour sauver le peuple français, il faudra abolir la religion des droits de l’homme, c’est une question de vie ou de mort de notre civilisation ».
ZEMMOUR : Oui. « La religion des droits de l’homme ». Pas la « déclaration des droits de l’homme et du citoyen ».
BOURDIN : Et après, vous déclinez…
ZEMMOUR : Non.
BOURDIN : C’est une nuance…
ZEMMOUR : Non ! Ce n’est pas une nuance ! C’est deux conceptions…
BOURDIN : D’accord ! J’ai d’autres questions. Peut-on être français sans être Blanc ?
ZEMMOUR : Évidemment.
BOURDIN : Oui… Sans problème ? Alors les identitaires disent : « non ». On vous qualifie d’identitaire, est ce que vous êtes un identitaire ?
ZEMMOUR : J’en sais rien… Je défends l’identité française. Et l’identité française c’est toujours pareil, la fameuse phrase du général De Gaulle, qu’on ne cite jamais entièrement, et ça va répondre à votre question. Le général De Gaulle dit : « bien sûr, il est bon qu’il y ait des français noirs, jaunes et bruns ». Ça répond à la première partie de votre question. « Mais, il faut qu’ils restent une minorité car nous sommes avant tout un peuple de race blanche, de religion chrétienne, de culture gréco-latine ». Il le dit à Peyrefitte, il le redit dans les « Mémoires d’espoir ». Voilà ma réponse.
BOURDIN : Il a aussi dit, à propos des juifs : « peuples d’élites, communautariste, sûr de lui- même et dominateur »..
ZEMMOUR : Il n’a pas dit « communautariste », il a dit : « peuple d’élites, sûr de lui et dominateur ». (attention voir le contexte ici) :
BOURDIN : Oui, « sûr de lui et dominateur ». « Peuple d’élites, sûr de lui et dom auteur ».
ZEMMOUR : Oui. Ça a fait scandale, mais il y a du vrai.
BOURDIN : Il y a du vrai ?
ZEMMOUR : Oui, bien sûr… Et j’en suis ! Donc je connais…
BOURDIN : Oui, justement.
ZEMMOUR : Lui, il ne m’animait pas la langue de bois, il, n’était pas emprunté par le politiquement correct. C’est sûr qu’aujourd’hui, il serait au tribunal encore plus que moi.
BOURDIN : « Donner un prénom qui n’est pas français à son enfant, c’est se détacher de la France »
ZEMMOUR : Oui. Je peux vous répondre.
BOURDIN : Je vais prendre quelques exemples, vous allez me répondre. Djamel Debbouze, Zinedine Zidane , Elie Semoun, Omar Sy… Je ne sais pas moi… Najat Vallaud-Belkacem… Tiens… Je vais vous poser une question : ce matin, j’avais le père d’un petit garçon de quatre ans et demi qui a été tué à Nice, par le terrorisme, fauché par le camion. Sa mère s’appelle « Samira », est-ce qu’elle est moins française que vous et que moi parce qu’elle s’appelle « Samira » ? Franchement ?
ZEMMOUR : Alors… Très bien. Vous essayer de faire du pathos, mais ça ne marche pas avec moi. Mais c’est pas grave, c’est pas grave Jean-Jacques, c’est pas grave…
BOURDIN : Je n’essaye pas de faire du pathos…
ZEMMOUR : Je vais essayer de vous répondre rationnellement.
BOURDIN : Je ne fais pas de pathos, je vous pose une question : est-ce qu’elle est moins française que vous et moi ?
ZEMMOUR : Je ne sais pas si vous connaissez le grand sociologue D’Ir-ibagne qui fait une distinction très intelligente. Il dit : « il y a le corps social et il y a le corps politique », le corps politique c’est le corps politico/judiciaire, c’est-à-dire, que les français sont ceux qui ont une nationalité française. Omar Sy, Djamel Debbouze, cette dame, vous, moi… […] Ceux-là, ils sont aussi français que moi...
BOURDIN : Manuel Valls ?
ZEMMOUR : Ils sont aussi français que moi… Manuel, il ne s’appelle pas Manolo…! Ils sont aussi français que moi et que vous et on est tous français puisqu’on a la nationalité française ! Ça, c’est là corps politique. Maintenant, il y a le corps social, c’est à dire, l’acceptation par le corps social de l’appartenance au groupe. Et là, en se donnant des prénoms qui ne sont pas dans la tradition française, ils se mettent en dehors du groupe. Le groupe ne les reconnaît pas comme totalement français.
BOURDIN : Alors, vous voulez en revenir à la loi de Bonaparte […] qui a été abolie en 1993.
ZEMMOUR : Exactement ! La loi du 11 germinal an XI
BOURDIN : 1er Avril 1803…
ZEMMOUR : Voilà ! Et qui dit que : « il faut prendre des prénoms français dans le calendrier ».
BOURDIN : Non, elle ne dit pas ça. […] Elle dit : « les noms en usage dans les différents calendriers et ceux des personnages connus de l’histoire ancienne pourront seuls être reçus sous les registres de l’état civil ».
ZEMMOUR : Vous dites la même chose que moi.
BOURDIN : Il n’y a pas de références aux prénoms chrétiens.
ZEMMOUR : Parce que quand il dit calendrier, ça veut dire le calendrier des saints…
BOURDIN : Il y a le calendrier révolutionnaire, il existe…
ZEMMOUR : Oui.
BOURDIN : Alors, est ce que vous donneriez, le prénom de « Philogon » à votre fils, ou de « Vénéfride » ?
ZEMMOUR : Ne jouez pas avec les mots.
BOURDIN : Je ne joue pas avec les mots, je dis la réalité !
ZEMMOUR : Moi, je vais vous montrer quelque chose Jean- Jacques : l’instruction générale de l’instruction civile, 1983, la gauche est au pouvoir, d’accord ? Ils demandent l’application de la loi du 11 Germinal an XI. Et ils donnent les exceptions, les tolérances, des prénoms comme certains prénoms étrangers, comme « Nadine », comme « Manfred »… ou des prénoms tirés de la mythologie, comme « Achille », qui ne sont pas dans le calendrier mais bon !
BOURDIN : Ce sont de personnages connus de l’histoire ancienne » Achille »….
ZEMMOUR : Et, ils mettent en note, puisque on est en 83 et qu’il y a eu le regroupement familial depuis les années 70, donc, il y a eu de plus en plus de maghrébins. Donc, se pose la question des prénoms maghrébins. Ils écrivent : « ces considérations militent en faveur de l’admission des prénoms coraniques », vous voyez on lit bien « coraniques », « pour les enfants des français musulmans. Il y aurait d’ailleurs intérêt dans ce dernier cas, à ce que l’officier de l’état civil conseille discrètement aux parents d’adjoindre un prénom français au prénom coranique de leur enfant. Cette pratique serait en effet de nature à permettre ultérieurement une meilleure assimilation de l’intéressé à la communauté nationale ». C’est exactement ce que je viens de vous expliquer…
BOURDIN : On était en quelle année ?
ZEMMOUR : En 1983.
BOURDIN : Et on est en quelle année ?
ZEMMOUR : En 2016.
BOURDIN : Pourquoi vous êtes toujours dans le passé ? Pourquoi êtes-vous toujours passéiste, décliniste ?
ZEMMOUR : Attendez ! Pourquoi, quand le passé est mieux que le présent, on ne pourrait pas revenir au passé. La France des années 60, 70, encore des années 80, elle intégrait un milliard de fois mieux qu’aujourd’hui. Elle était un milliard de fois plus heureuse qu’aujourd’hui ! Elle n’était pas angoissée par un grand remplacement, une invasion, une substitution de population, une guerre civile. Donc, excusez- moi, quand le passé est meilleur, moi, je préfère revenir au passé.
BOURDIN : Puisqu’on parle du passé, nous avons eu un Président de la République qui avait un prénom étranger. Oui, Sadi Carnot.
ZEMMOUR : Vous nous ramenez loin là.
BOURDIN : Oui, Sadi Carnot. Prénom illégal ?!
ZEMMOUR : Oui…
BOURDIN : Mais vous pensez qu’un prénom un prénom français, d’origine étrangère est un prénom illégal ?
ZEMMOUR : Non…! Je n’ai pas dit « illégal », j’ai dit …
BOURDIN : Quoi ? Je ne comprends pas…
ZEMMOUR : Vous ne m’écoutez pas. Mais c’est très simple pourtant !
BOURDIN : Si ! J’écoute. Je ne vous comprends pas.
ZEMMOUR : Les étrangers doivent se faire accepter par le groupe. Moi-même,, ma famille venait de l’étranger. Enfin, ce n’était pas vraiment de l’étranger, l’Algérie était française, c’était plus compliqué. Mais qu’est-ce qu’ils ont fait ? La première chose qu’ils ont faite, ils ont fait deux choses : 1/ ils ont abandonné leur vêtements arabo/musulmans pour des vêtements français, européens. Et 2/ils ont donné des prénoms français à leurs enfants.
BOURDIN : Si j’ai envie de rendre hommage à ma mère, à mon père à mon grand- père, à ma grand-mère, Éric Zemmour ? J’ai le droit !
ZEMMOUR : Ah, oui, bien sûr, vous avez tous les droits Jean-Jacques Bourdin.
BOURDIN : Mais oui… J’ai le droit…
ZEMMOUR : Non ! Mais non. C’est là, c’est là où le mot « citoyen »… Mais, vous croyez que des générations du passé, d’italiens, d’espagnols, de polonais, qui ont fait l’effort de donner un prénom français…
BOURDIN : Ils aimaient bien s’appeler Giuseppe.
ZEMMOUR : Laissez- moi finir ! Non ! À l’époque, est-ce que vous croyez qu’ils n’aimaient pas leur père ou leur mère ? Mais qu’est-ce que cet argument ridicule…
BOURDIN : Bon ! Éric Zemmour, dernière question. Pourquoi avez-vous écrit, c’était en 2014, parce que ça m’intrigue : « le pouvoir doit rester dans les mains des hommes sinon il se dilapide. Dans l’histoire de France, les femmes sont les régentes, ça a toujours été comme ça, les femmes n’expriment pas le pouvoir, elles ne l’incarnent pas, le pouvoir s’évapore dès qu’elles arrivent au pouvoir » ? Pourquoi est-ce que vous avez écrit ça ?
ZEMMOUR : Ça n’a pas grand rapport avec ce texte, mais bon, c’est pas grave….
BOURDIN : Il faut assumer…
ZEMMOUR : J’assume toujours tout, alors, c’est pas moi qui ne vais pas assumer !
BOURDIN : Alors, assumez, assumez. C’est la soumission des femmes ça…
ZEMMOUR : Mais non, ne mélangez pas tout ! Il y a un rapport historique, presque anthropologique, entre le pouvoir et la virilité. C’est comme ça dans l’histoire, c’est comme ça dans nos inconscients collectifs. Quand une femme est au pouvoir, il y a une espèce de hiatus. Elle, elle n’assume pas complètement le pouvoir ou alors, elle l’assume trop et les gens, les peuples, ont du mal. Alors, ça existe, ça arrive, il y a Catherine ll de Russie… Il y a d’autres exemples de femmes de pouvoir, évidemment. Ce que je dis c’est qu’aujourd’hui, alors qu’il y a beaucoup de femmes dans la vie politique…
BOURDIN : Enfin, beaucoup… ?!
ZEMMOUR : Oui ! Dans les pays occidentaux.
BOURDIN : Oui, pas chez nous…
ZEMMOUR : Oui, un peu moins chez nous, parce que justement, ce serait intéressant comme discussion, c’est parce que je pense que la France est le dernier pays à croire encore un peu naïvement à la politique et au pouvoir. Les autres ont compris que le pouvoir n’était plus dans la politique.
BOURDIN : Le pouvoir doit être exercé par les hommes, si j’ai bien compris ?!
ZEMMOUR : Il y a un rapport entre le pouvoir politique. Quand il y a des femmes qui sont dans le pouvoir politique elles peuvent très bien l’exercer ! Vous faite semblant de ne pas comprendre.
BOURDIN : Non, on dirait les intégristes religieux qui soumettent leurs femmes. Vous êtes extraordinaire, vous vous ressemblez…
ZEMMOUR : Vous êtes dans l’amalgame !
BOURDIN : Je ne suis pas dans l’amalgame, je suis dans la réalité Éric Zemmour.
ZEMMOUR : Vous devriez lire les dernières pages de « Tristes tropiques » de Lévy-Strauss, il explique très bien comment l’Islam n’enferme pas seulement ses femmes, elle enferme « tout ce qui est autre », les femmes et les non-musulmans. On réduit toujours aujourd’hui à un rapport avec les femmes, ça n’a rien à voir. Moi, je ne suis pas pour la soumission des femme et pour l’enfermement des femmes. Je suis désolé. Je suis occidental, européen, français ! Et depuis le moyen-âge, les femmes n’ont jamais été enfermées et n’ont jamais été soumises, tout ça c’est un mythe !
BOURDIN : Elles ont mis du temps à voter, à pouvoir voter…
ZEMMOUR : Ça n’a rien à voir. Vous savez pourquoi elles n’ont pas voté ? Vous savez pourquoi ? C’est la république qui ne leur a pas donné le droit de voter. Parce qu’à l’époque les femmes étaient proches des curés et de l’Eglise, qui voulait la restauration de la monarchie. Donc, si elles avaient voté, on aurait eu la monarchie. Vous auriez eu un roi Jean-Jacques Bourdin. Alors, arrêtez de jouer au progressiste sur mon dos.
BOURDIN : Je ne suis pas un progressiste particulièrement. Je suis… avec vous. Et je vous remercie d’être venu nous voir.
ZEMMOUR : Et je vous remercie de m’avoir invité.
6) 17/09/2016 : C8 – Salut les terriens (Thierry Ardisson)
ARDISSON : […] ça fait longtemps qu’on ne vous a pas vu dans cette émission Eric Zemmour, depuis le 6 mars 2010 exactement, lors d’un débat avec Rokhaya Diallo, vous aviez dit « la plupart des trafiquants sont noirs ou arabes ». Suite à cet épisode vous avez été condamné pour provocation à la discrimination raciale […] Je tiens aussi à préciser que ce n’est pas un débat contradictoire, je ne suis pas là pour critiquer vos idées, m’opposer à elles, je suis juste là pour vous écouter même si je ne partage pas toutes vos idées, vous avez le droit de les exprimer. D’ailleurs qui a dit ça ? On ne sait jamais si c’est Voltaire.
ZEMMOUR : On l’attribue beaucoup à Voltaire.
Note OB : non, ce n’est pas lui. Elle est de l’écrivaine anglaise Evelyn Beatrice Hall dans son livre de 1906, The Friends of Voltaire. De rien…
ARDISSON : Je ne partage pas vos idées mais je me battrais pour que vous puissiez les exprimer.
ARDISSON : Alors le livre s’appelle « Un quinquennat pour rien » c’est publié chez Albin Michel, il y a 49 pages fraîches et puis derrière il y a vos chroniques de RTL, moins deux.
ZEMMOUR : Non elles sont revenues.
ARDISSON : Elles sont revenues, très bien. Vous êtes N°1 des ventes.
ZEMMOUR : Il paraît…
ARDISSON : Au sujet du quinquennat puisque le titre est un quinquennat pour rien, vous dites qu’il commence avec le vert des drapeaux Maghrébins, Place de la Bastille, et qu’il se termine avec le rouge du sang des attentats.
ZEMMOUR : Oui et le drapeau tricolore que Hollande nous demande de mettre à nos fenêtres. Je trouve que ce quinquennat a été marqué par une histoire de drapeaux. C’est assez intéressant d’ailleurs, surtout quand ça tombe sur les socialistes qui depuis à peu près 40 ans méprisent la patrie, la nation, le drapeau, la Marseillaise etc. …. Il y a une espèce de jugement divin.
ZEMMOUR : Dans ce texte bien sûr, d’ailleurs le titre de ce texte c’est « la France au défi de l’Islam », je ne me cache pas derrière mon petit doigt.
ARDISSON : Alors déjà premier point qui est difficile à admettre mais c’est votre position, pour vous, l’Islam et l’islamisme c’est la même chose.
ZEMMOUR : Il faut toujours revenir à la sémantique, le mot islamisme est inventé au XVIIIème siècle, parce qu’on estime que tous les noms de religions se terminent par isme, catholicisme, protestantisme, judaïsme, bouddhisme et que l’Islam est le seul. Donc pour une espèce d’uniformisation linguistique on dit islamisme, et en arabe ça n’existe pas, on dit Islam. Et d’ailleurs quand on traduit Daesh, c’est l’État islamique, on ne dit pas l’État islamiste. Et au XIV siècle, tous les auteurs, qui d’ailleurs sont très sévères pour l’Islam, aujourd’hui ils se feraient insulter à la télévision tout le temps messieurs Tocqueville, Châteaubriant, voyez pas des esprits minables, il y a des phrases terribles, et ils disent islamisme. Ce n’est que depuis une trentaine d’années, vous avez compris qu’on essaye de distinguer, c’est une subtilité sémantique du politiquement correct.
ARDISSON : Et pour vous le Djihad est intrinsèque à l’Islam.
ZEMMOUR : Je suis désolé mais c’est dans le texte. Vous savez, en France, on est marqué et c’est bien normal puisque c’est le catholicisme qui est la religion depuis 1 500 ans en France, on pense ce qu’est religion égal catholicisme. Et donc tout ce que fait le catholicisme les prières, les pèlerinages, tout çà, pour nous, toutes les religions font la même chose. Eh bien non, l’Islam ce n’est pas une religion au sens catholique du terme, c’est une orthopraxie très stricte, c’est-à-dire que l’important c’est ce qu’on pratique. Il n’y a pas de capacité d’interprétation, c’est-à-dire que depuis la révolte des Mutazilites au IXème siècle, qui essayaient justement de mettre de la raison dans la foi, à l’image du catholicisme et du christianisme. Il y a eu une querelle et le califat, à l’époque, ça existait, a interdit l’interprétation. Le djihad c’est une prescription du Coran comme le pèlerinage à la Mecque, comme le jeune. Et donc, quand les gens de l’État islamique disent « on fait le djihad », ils sont des bons musulmans. Et d’ailleurs ils attestent toujours de sourates du Coran qui sont, je vous le rappelle, décrétées par Dieu c’est ce qu’on appelle le côté incréé du Coran. Et donc ça on ne peut pas discuter Dieu, on ne peut pas faire de l’exégèse.
ARDISSON : Si je vous suis Eric Zemmour, en France il y a 6 millions de djihadistes à ce moment-là ?
ZEMMOUR : Il n’y a pas 6 millions de djihadistes il y a une différence entre le dogme et les gens. Vous-même vous êtes de religion catholique et vous n’appliquez pas tout ce qu’y a dans les évangiles ? […] Et bien les musulmans c’est la même chose. Il y a le dogme et il y a les gens, les gens se bricolent avec leur religion comme nous tous. Sauf que le seul problème, c’est pour ça que par exemple les concepts de radicalisation sont grotesques. C’est que quand on dit il s’est radicalisé en 24 heures, c’est stupide, il ne s’est pas radicalisé, simplement il a appliqué une consigne du Coran qu’il n’appliquait pas avant. Mais c’est tout le problème et c’est le problème que doivent affronter en face les musulmans.
ARDISSON : Alors pour vous en fait c’est assez flippant il y a un plan orchestré par les monarchies du Golfe, par les wahhabites qui se résume en 3 mots : invasions, colonisations, conflagrations.
ZEMMOUR : Ce n’est pas un plan concocté par les monarchies. Non, les monarchies saoudienne et qatarie font ce que doit faire tout musulman, c’est-à-dire financer les constructions de mosquées, convertir le plus possible, répandre l’Islam dans le monde entier. Puisque je vous rappelle que l’Islam est une religion naturelle, c’est-à-dire il y a dans le Coran un texte qui dit [que] tous les hommes sont musulmans, vous, moi, nous sommes tous musulmans pour l’Islam. Et ceux qui ne le sont pas encore c’est parce qu’ils n’ont pas compris qu’ils l’étaient, mais c’est ça l’enseignement musulman. Donc les monarchies d’Arabie saoudite et compagnie, elles utilisent leur argent pour islamiser le monde. Deuxièmement, elles sont le produit d’une révolution fondamentaliste à la fin du XIXème siècle parce que si vous voulez le monde islamique était atterré par ses défaites, par les colonisations. Ça a commencé avec la conquête de l’Égypte par Bonaparte et ça remonte à toutes les colonisations. Et les musulmans et l’Islam disaient, « mais pourquoi on a été vaincus ? » et donc il y a eu deux tendances. Il y a les modernistes qui disaient parce qu’on ne s’est pas modernisés, on n’a pas justement été vers les Lumières mais c’est une infime minorité, ils ont été vaincus, ils ont vaincus par qui ? Par des gens comme l’Arabie saoudite, les salafistes, les wahhabites qui ont dit « non on a été vaincus, on est décadents, parce qu’on n’a pas assez appliqué le Coran, il faut revenir au Coran des origines, au Coran pur, aux textes ». Salafiste ça veut dire l’Islam pur.
Invasions, colonisations, conflagrations, c’est ce qu’on vit, c’est-à-dire que je pense qu’il y a un continuum entre la pression migratoire énorme, parce qu’il y a une explosion démographique de toute la planète en général et en particulier des populations musulmanes, donc il y a une pression sur les côtes européennes, puisque c’est le continent où il y a le moins d’enfants etc, depuis 40 ans. Après, ce que j’appelle la colonisation, on en parlera peut-être, c’est l’islamisation de quartiers entiers en France qui vivent à la mode islamique petit à petit avec les vêtements, la nourriture, les modes de vie etc, ça c’est ce que j’appelle la colonisation, parce qu’un étranger qui vient en France qui s’assimile ça devient un Français, mais si il ne s’assimile pas et qu’au contraire il impose son mode de vie, pour moi c’est un colonisateur. Et conflagrations, c’est les attentats qu’on a vécu depuis 2 ans.
ARDISSON : C’est la guerre des civilisations.
ZEMMOUR : Voilà !
ARDISSON : […] Vous vous y croyez, vous pensez qu’il a raison Huntington ?
ZEMMOUR : Je vais vous dire tout lui a donné raison à Huntington. Il dit nous sommes en conflit de civilisation, il dit pas seulement avec l’Islam d’ailleurs, il y a un autre conflit des civilisations, c’est entre l’Occident, l’Amérique en particulier et la Chine. Là, c’est un conflit pour la domination du monde, conflit classique comme on a eu avant 1914. Avec l’Islam, nous avons un conflit des civilisations qui nous ramène aux grands conflits du Moyen-Age.
ARDISSON : C’est-à-dire que pour vous depuis Charles Martel, on est dans un continuum on n’a pas finalement eu de rupture ?
ZEMMOUR : Depuis Mahomet. Il coupe la Méditerranée en deux. Tant qu’il y a l’empire romain, il y a une unité autour de la Méditerranée civilisationnelle. Apartir du moment où Mahomet qui apparaît au VIII ème siècle, çà coupe la Méditerranée en deux et donc il y a un affrontement entre les deux faces de la Méditerranée, et ça n’a jamais cessé. Et donc ce qu’on a pris pour une accalmie, on va dire la fin du XIXème siècle et le XXème siècle, c’est uniquement parce que c’était l’occident et l’Europe et la France en particulier qui gagnaient, qui étaient forts. À partir du moment où on est faibles, et qu’il y a cette force démographique, plus l’argent du pétrole, eh bien la guerre reprend de l’autre côté.
ARDISSON : Alors pour vous l’Islam c’est effectivement plus qu’une religion c’est une nation, c’est une loi, c’est une civilisation et vous vous dites l’Islam n’est pas soluble dans la république, c’est ça ?
ZEMMOUR : Je pense que l’Islam est inassimilable, mais c’est encore une fois toute l’Histoire qui le prouve. Quand les barbares venus de Germanie envahissent l’empire romain , ils se convertissent au christianisme, ils adoptent le latin comme langue. Quand les arabes envahissent l’empire d’orient, ils imposent Allah, la religion musulmane et la langue arabe. Et ça n’a jamais cessé, jamais il n’y a eu d’assimilation de l’Islam.
ARDISSON : Il y a quand même des musulmans français qui sont solubles dans la République ?
ZEMMOUR : Oui, bien sûr, bien sûr, il y a des musulmans français : c’est ce que je vous ai dit au début, distinguez le dogme avec les gens. Il y a des musulmans qui s’assimilent à la République qui s’acclimatent à la République, qui s’intègrent dans la République parce qu’ils le veulent, parce qu’ils prennent des distances avec l’Islam.
ARDISSON : Ce que vous dites c’est que ce que nous on considère comme un bon musulman, pour eux c’est un mauvais musulman c’est ça ?
ZEMMOUR : C’est Boualem Sansal qui m’a expliqué ça, vous savez le grand écrivain Algérien. Les concepts occidentaux de « musulman modéré » et « musulman radical » étaient stupides, et qu’ils n’avaient pas lieu d’être en terre d’Islam. Pour les musulmans il y avait les bons musulmans et les mauvais musulmans, et que ceux qu’on appelle « bons musulmans » sont ceux qui sont éloignés de l’Islam. C’est tout notre paradoxe, nous tenons un discours complètement à rebrousse-poil de la vérité de ce qu’on pense vraiment. On dit aux musulmans, c’est d’une grande hypocrisie, « vous inquiétez pas, il n’y a aucun problème, l’Islam ne pose aucun problème ». Et puis quand y nous disent, « Oui mais là euh, il faut que nos femmes soient voilées », on dit « Oh non, égalité hommes femmes quand même », et puis quand y nous disent, « Ah moi je serre pas la main aux femmes, vous savez à la RATP », « Oh non ça se fait pas », voyez, pourtant c’est l’Islam, ils sont des bons musulmans, ils ne viennent pas leur dire que l’Islam ne pose pas de problèmes, vous comprenez , on est complètement hypocrites.
ARDISSON : Alors dans votre livre quand même vous évoquez la dictature pour sauver la laïcité évidemment
ZEMMOUR : Pour sauver la République, la laïcité c’est la République, mais dictature au sens romain, c’est-à-dire on rétablit l’autorité du peuple.
ARDISSON : Cincinnatus.
ZEMMOUR : Non, non pas du tout, le référendum. J’estime qu’il faut redonner la parole au peuple, j’estime qu’il faut retrouver un régime qui a très bien fonctionné en France pendant 150 ans, qui était la République, c’est-à-dire la vraie République, la République assimilationniste, la république démocratique, c’est-à-dire la République qui ne connaît que le citoyen, qui ne fraye pas avec les communautés sous prétexte de Droits de l’homme.
ARDISSON : Qui n’a rien à voir avec le communautarisme Anglo-Saxon.
ZEMMOUR : Je ne vous le fait pas dire.
ARDISSON : Alors, vous dites à un moment qu’il faudra forcer les musulmans à choisir entre l’Islam et la France.
ZEMMOUR : Oui !
ARDISSON : Oui mais d’accord mais c’est l’Inquisition, enfin vous qui êtes juif vous savez très bien qu’on a forcé des juifs du temps d’Isabelle la catholique à dire « je ne suis plus juif »
ZEMMOUR : Non, c’est pas ça que je veux, vous prenez l’exemple juste, c’est très bien. En 1807 Napoléon a réunis le grand Sanhédrin avec des juifs des rabbins et des juifs laïques. Il leur a posé plusieurs questions, il leur a dit voilà, dans votre religion qu’est-ce qu’on pense du mariage, qu’est-ce qu’on pense de la France, qu’est-ce qu’on pense de ceci, qu’est-ce qu’on pense de cela. Ils ont fait des réponses, il leur a demandé d’éliminer ceci, cela, de renoncer à ceci, de renoncer à cela. C’est ça que je veux. C’est simple, on l’a fait pour les juifs, et c’est à cette occasion-là d’ailleurs, qu’il leur a imposé aussi les prénoms du calendrier.
ARDISSON : A cette époque il y avait 30 000 juifs.
ZEMMOUR : Il y avait 30 000 juifs et c’était Napoléon, c’était pas Hollande, ça c’est sûr. On dit que ça a bien fonctionné pour les Italiens etc. Il y a le grand historien Pierre Milza qui était mon maitre à Sciences Po, qui avait écrit un livre sur l’immigration Italienne dont il venait. Et il a fait un chiffrage qui est complètement méconnu et qui est très sidérant. Il a calculé qu’entre 1870 et 1940 il y avait eu 3,5 millions d’Italiens venus en France, est ce que vous savez combien il en est resté ? 1 100 000, c’est-à-dire qu’il en est reparti les 2/3. Pourquoi ? Parce que à l’époque, d’abord il n’y avait pas le regroupement familial qui est quand même une des plus grandes bêtises de l’après-guerre, et deuxièmement, il y avait un système d’assimilation qui faisait choisir les gens. C’est-à-dire que les gens avaient le droit de préférer leurs racines, leur pays, c’est tout à fait légitime, et dans ce cas-là, après un certain temps, ils repartaient dans leur pays, et ceux qui voulaient vraiment devenir Français restaient.
ARDISSON : Si je poursuis votre idée, ça veut dire si vous n’aimez pas la France quittez là comme disait l’autre.
ZEMMOUR : Ben oui.
ARDISSON : vous avez des citoyens Français qui sont des arabes musulmans qui sont des citoyens Français, qu’est-ce que vous en faites, vous allez pas les remettre dans des bateaux quand même ?
ZEMMOUR : Attendez, vous allez trop vite en besogne, d’abord, essayons de traiter les problèmes les uns après les autres, d’abord essayons de ne plus laisser rentrer personne, il y a 200 000 étrangers qui rentrent tous les ans depuis 10 ans, est ce que c’est bien utile, est ce que c’est normal ? Premièrement, deuxièmement arrêtons le regroupement familial
BOURDIN : Non, pardon, là je suis obligé d’interrompre, sur le regroupement familial, tu dis des bêtises.
ARDISSON : Idée de Giscard d’Estaing.
BOURDIN : Tu sais ce que ça représente le regroupement ?
ZEMMOUR : 20 000 par an.
BOURDIN : 20 000 par an.
ZEMMOUR : Non ce n’est pas ça.
BOURDIN : Tu sais quelles sont les conditions de regroupement familial aujourd’hui, c’est vraiment difficile.
ZEMMOUR : Le regroupement familial au sens large.
BOURDIN : Il y a la loi, tu interprètes la loi.
ZEMMOUR : Pas du tout. D’abord la loi ça se change, premièrement. Et deuxièmement au sens large, le regroupement familial…
BOURDIN : La loi on l’applique, c’est toi qui le dis.
ZEMMOUR : Je l’applique évidemment.
BOURDIN : 20 000 personnes dans le regroupement familial
ZEMMOUR : Non. Ça c’est la version officielle. Je peux finir ?
BOURDIN : C’est la vérité, Eric c’est la vérité
ZEMMOUR : les 20 000 c’est uniquement les enfants, il y a aussi près de 90 000 pour les mariages qui sont compris au sens large.
BOURDIN : C’est pas le regroupement familial.
ZEMMOUR : Si, au sens large, on va chercher une femme au village et on la ramène, on vient intégrer une diaspora…
BOURDIN : Et on fait 25 enfants, et on bénéficie d’aides sociales on connaît le discours, on connait le discours.
ZEMMOUR : Oui absolument.
PRAUD : Si je peux me permettre juste un mot parce que j’écoute Eric, que je connais bien, qui est un idéologue, mais je trouve que l’idéologie qu’il est parfois confronté à la réalité tout simplement. On l’est tous même avec des musulmans que nous connaissons tous. Enfin, tous ceux que je connais, aucun ne fait le djihad, aucun.
ARDISSON : Tous ceux que je connais ils sont cool
PRAUD : Je le dis parce que c’est une réalité, elle est importante cette réalité
ARDISSON : Comment vous voulez assimiler des gens quand un mec qui est Bac + 5, sous prétexte qu’il s’appelle Mohamed, ne trouve pas de boulot.
ZEMMOUR : Ces gens-là ne devraient pas s’appeler Mohamed, leurs parents auraient dû leur donner des prénoms Français, c’était la règle depuis le 11 germinal an 11, mais ça remonte encore à Bonaparte, qui a été appliqué sous tous les régimes, qui a été appliqué sous le général De Gaulle, qui a été appliqué sous la IIIe République.
ARDISSON : Ça s’est arrêté à Mitterrand.
BOURDIN : Éric, on peut partager, mais, je ne peux pas te laisser parler des prénoms comme ça, on a le droit d’être fier de ses origines.
ZEMMOUR : Et quel rapport ?
BOURDIN : Quel rapport, on a le droit d’avoir envie de porter le prénom de son grand père, ou de porter le prénom d’une grand-mère.
ARDISSON: Ce qui est le cas de Rachid Dati qui a donné à sa fille le nom de sa mère.
BOURDIN : Et je vais te dire, aucun législateur, aucun penseur, aucun idéologue n’a le droit d’interdire, de m’interdire de donner le prénom que je veux à mon enfant.
ZEMMOUR : C’est la preuve exactement de la conception Anglo-Saxonne des droits de l’homme, « personne n’a le droit de m’interdire ».
BOURDIN : Pas du tout, moi Anglo-Saxonne un vieux Cevenol Anglo-Saxon.
ZEMMOUR : Alors donc De Gaulle était un dictateur ? Donc la IIIe République était tyrannique ? Et en plus les étrangers d’avant, les Italiens, les Espagnols, ils n’aimaient pas leurs mères, ils n’aimaient pas leurs grand mères.
BOURDIN : Ils s’appelaient Luigi
ZEMMOUR : Non, ils s’appelaient Louis
PRAUD : Un mot sur les prénoms parce que c’est vrai qu’il y a de nouveaux prénoms musulmans mais il y a également toute la communauté juive qui appelle aujourd’hui ses enfants Nathan etc mais je pourrais dire la même chose des Corses, je pourrais dire la même chose des Bretons et je pourrais dire la même chose des Basques. C’est-à-dire que depuis 20 ans, chacun revient sur l’identité de ses parents ou de ses grands-parents ce qui n’existait pas dans la France entre 45 et 80.
ZEMMOUR : Mais parce qu’on a abandonné la règle.
ARDISSON: Bien, pour conclure, moi je vais vous dire un truc très personnel, quand ce pauvre curé, le père Hamel s’est fait égorger là dans l’église, à côté de Rouen, à St Etienne du Rouvray, quand j’ai vu ça à la télé le matin, je me suis dit, il va y avoir des bombes dans des mosquées. J’ai dit « les gens vont aller faire sauter des mosquées, parce que bon »… Ben pas du tout, les gens, les catholiques et les musulmans se sont fait des hugs dans les églises. Ça ne vous fait pas réfléchir ça, que la réaction ait été à l’inverse de ce qu’on pouvait attendre, j’avoue que j’étais sur le cul.
ZEMMOUR : Qu’est-ce que vous voulez que je vous dise ? Vous êtes dans l’émotion, vous êtes dans le sentimentalisme, vous ne voyez pas que l’Histoire est tragique mais c’est votre génération, vous avez écrit un livre « mémoires d’un babys boomers ». C’est cette génération-là qui a cru sortir de l’Histoire, mais l’Histoire va revenir, va la ramener de force et je peux vous dire que ça va pas être joli.
ARDISSON: Merci Éric Zemmour. Je rappelle le titre de votre livre un quinquennat pour rien publié chez Albin Michel. Merci d’avoir été avec nous
7) 23/09/2016 : Télé Suisse
-Journaliste:Bonsoir à tous;ITW événement ce soir,car le polémiste français Eric Zemmour
est notre grand invité;il accepte de s’exprimer chez nous sur son nouveau livre, « Un quinquennat pour rien »,un véritable pamphlet qui dénonce l’islamisation de la France et le bilan de François Hollande.
Nous l’avons rencontré Mardi au « Beau rivage » de Genève.
J-Bonjour Eric Zemmour.
EZ-Bonjour.
J-François Hollande a été décoré hier soir du titre d’ « homme d’état de l’année »,c’est mérité ?
EZ-On sait pas si on doit en rire ou en pleurer,parce que c’est dérisoire.On sait pas d’ailleurs qui est ce club qui a remis ce titre, enfin,tout ça ne veut rien dire,on est dans la dérision,quoi,élu homme d’état de l’année,pourquoi pas champion du 100 m nage libre!Non mais c’est vrai,c’est n’importe quoi,mais pourquoi pas,ça lui fait plaisir,au moins !
J-Votre livre « Un quinquennat pour rien »,pourquoi ne pas l’avoir appelé,finalement, « DES quinquennats pour rien » ?
EZ-Alors là vous touchez juste,parce qu’on a songé à l’appeler « Encore un quinquennat pour rien » ,donc voyez vous n’êtes pas loin.Effectivement,on pourrait même dire que ça demanderait une réflexion presque institutionnelle,et moi qui ai voté contre la suppression du septennat,on pourrait même dire que depuis qu’il y a des quinquennats,les présidents ne servent plus à rien !
Ily a sans doute un lien,parce que ça les transforme en premier ministre,parce que c’est depuis le temps que l’union européenne prend de plus en plus de compétences,etc,enfin la discussion serait trop longue,mais effectivement on aurait pu titrer « Rien que des quinquennats pour rien »,ou etc…
J-Vous parlez certes de F .Hollande,mais le titre est un peu trompeur,c’est plutôt un pamphlet contre ce que vous considérez comme l’ennemi de la France,l’Islam.
EZ-Alors,c’est deux choses en fait,vous avez vu,il y a un bandeau « Chronique de la guerre des civilisations ».En fait,on a voulu faire deux choses,peut-être qu’on a été trop ambitieux, mais ce
qu’on a voulu montrer avec l’éditeur,on a songé à ne publier que le texte d’origine,le préambule,qui aurait pu faire un livre à lui tout seul.On a voulu donner plus aux gens,donner à la fois les chroniques sur quasiment tout le quinquennat et en même temps ce texte,qui est une mise en perspective des années qu’on vient de vivre;vous avez tout à fait raison,ce texte se suffit à lui-même.
Et c’est un texte qui est d’ailleurs intitulé « La France au défi de l’Islam »et qui explique,justement,en quoi la France est mise au défi par l’Islam,non parsl’islamisme,non pas l’islamisme radical,tous ces mots qui ont été inventés pour dissimuler la réalité,et pour fausser le diagnostic.
J-Mais si on regarde,vous écrivez : « L’Islam est incompatible avec la laïcité,avec la démocratie,avec la république laïque,l’Islam est incompatible avec la France, »,alors on fait quoi,on interdit l’Islam ?
EZ-C’est très simple,l’Islam est incompatible,je peux vous détailler,il est incompatible avec la laïcité
parce qu’il n’a jamais connu la laïcité,il ne connait pas la séparation entre le public et le privé,entre l’état et la religion,première étape.L’Islam est incompatible avec la démocratie parce qu’il estime que
l’autorité et le pouvoir viennent de Dieu,et la démocratie,comme vous le savez encore très bien en Suisse ,c’est le pouvoir du peuple,il est incompatible avec la république parce que la république c’est l’indépendance de la nation,et que l’Islam est une nation à elle toute seule,parce que l’Islam n’est pas seulement une religion,c’est notre erreur à tous,c’est que nous pensons la religion en termes chrétiens,or l’Islam n’est pas qu’une religion,c’est-à-dire :des rituels et des prières.
J-Alors on fait quoi,on interdit l’Islam en France ?
EZ-Je finis-l’Islam est un régime juridique,un droit et une nation,elle est une civilisation qui impose à ses pratiquants des obligations pour les moindres moments de leur vie.Et tout ça fait qu’effectivement,l’Islam est incompatible avec la France.
Je vous rappelle qu’Islam veut dire « soumission »,et que France vient de « franc » qui veut dire « libre ». Et vous voyez,il y a une incompatibilité totale,qui est redite par l’histoire.
J-L’Islam,c’est aussi la paix !
EZ-Ah oui,vous avez tout-à-fait raison,parce qu’on m’a longtemps suggeré ça,qu’en fait l’Islam a un double sens,c’est la soumission,et c’est aussi la paix par la racine « Salam ».
Mais en fait je crois avoir compris cette double signification:c’est qu’on a la paix que dans la soumission à l’Islam.
Et d’ailleurs,c’est exactement ce qui se passe aujourd’hui,l’Islam nous a déclaré la guerre parce que nous ne lui sommes pas complètement soumis,et d’ailleurs vous remarquerez que depuis 1989,les frères musulmans ont décrèté que la France est terre d’Islam.D’ailleurs Tariq Ramadan le dit crûment!Donc,si vous voulez,nous avons là une civilisation qui en défie une autre.
J-Le mot guerre,vous l’employez dans ce livre,guerre de civilisation,le mot est fort.Votre pays a traversé plusieurs guerres,pourquoi celle que vous décrivez ici est-elle plus grave que les autres ?
EZ-Pour l’instant,en terme de morts,elle n’est pas plus grave.Vous savez,les guerres de l’empire,la révolution ,les guerres de 14/18 et 39/45,tout ça nous a couté beaucoup de morts;là aujourd’hui,nous sommes dans une guerre qui change complètement de nature;les guerres que j’ai indiquées sont des guerres entre nations,qui sont issues de régimes westphaliens,c’est-à-dire entre états-nations,précisément.Nous avons donc des états qui incarnent des nations et qui se font la guerre pour savoir qui sera la plus puissante,qui dominera l’autre et qui dominera le continent.
En gros,en trois siècles nous avons eu un grand affrontement-ici ,vous étiez au balcon de cet affrontement-entre les trois grandes nations européennes que sont la britannique,l’allemande et la française.Et nous avons eu,depuis trois siècles,un affrontement pour la domination de l’Europe et du monde.
Cet affrontement s’est fini par l’effondrement de ces trois nations .Voilà,comme ça c’est simple,et nous sommes tous sous protectorat américain,qui est venu,tel le Deus ex machina,règler tout ça.
Aujourd’hui,nous avons un autre type de guerre,qui est le retour à une guerre pré-westphalienne,soit avant le traité de Westphalie qui remonte au moyen-âge,qui est une guerre comme on en a au VIIIe siècle,au IXe siècle,une guerre de razzias,d’actions ponctuelles,qu’ont très bien connues,très bien fomentées,les tribus arabes aux VIIe et VIIIe siècles;et nous revenons peu à peu à ce même affrontement entre l’Islam et la chrétienté,et en particulier avec la France,parce que la France est le cœur de la chrétienté,depuis toujours c’est de la France que soit,l’Islam a attaqué,soit il a été attaqué.Je refais cet historique et là,vraiment,il y a un conflit millénaire qui simplement renait de ses cendres.
J-Pour en revenir à l’identité ,dont vous parlez aussi abondamment dans ce livre,il y a la question des prénoms…Respecter la culture française,vous le dites,c’est donner des prénoms français,faire le contraire c’est s’éloigner de la France,c’est colonisateur d’appeler son fils Mohammed.
EZ-Alors ,vous réduisez ma pensée.C’est simple,la France a d’abord été,évidemment,une terre chrétienne,faite par l’Eglise,façonnée par l’Eglise et les rois qui étaient oints par elle,et ça,dans l’histoire,c’est indéniable !Deuxièmement,à partir de la loi du 11 Germinal an XI,qui est née en 1803,donc bien sous la révolution,avec Bonaparte à sa tête,il y a obligation de choisir les prénoms de ses enfants dans le calendrier des saints chrétiens.
J-Abrogée aujourd’hui…
EZ-Abrogée depuis 1993,et on y reviendra si vous voulez;moi,je suis pour le rétablissement de cette loi.Je pense que cette loi a été l’une des causes qui ont permis l’assimilation des populations venues de différents pays:les italiens,les espagnols,les juifs d’Europe centrale ,les russes,etc…Tous se sont pliés à cette règle .Il n’y avait pas de police des prénoms,comme l’a dit un homme politique français,il y avait simplement une pratique,et avec, la volonté des populations étrangères de s’assimiler au corps du peuple français et de montrer que les enfants participeraient et en deviendraient partie intégrante,s’agrègeraient à ce peuple,dans son histoire millénaire,parce qu’en donnant un prénom à son enfant ,on adopte l’histoire du pays.
On ne s’appelle pas Thibaut:on s’appelle Thibaut des croisades,et si on s’appelle Mohammed,c’est Mohammed le prophète.Ce n’est pas la même tradition,pas la même civilisation.
J-Mais ce n’est pas une allégeance à Daech que d’appeler son fils Mohammed…
EZ-Je n’ai jamais dit ça!Vous savez,Daech c’est anecdotique.C’est,au contraire,une allégeance à la civilisation islamique,à la civilisation coranique,c’est un prénom coranique.
J-Mais alors pour vous,Omar Sy,Zinedine Zidane,Djamel Debouzze sont moins français ?
EZ-Ah,c’est une question qu’on me pose toujours…La réponse est assez simple:le sociologue Philippe Gendron distingue entre le corps politique et le corps social.Le corps politique,c’est le droit,c’est la vérité,etc;effectivement,pour ce corps politique là,pour le droit de la nationalité,ces gens que vous citez sont évidemment aussi français que moi,nous sommes tous français puisque nous avons tous la nationalité française.
Maintenant,il y a ce que Gendron appelle « le corps social »,c’est-à-dire la façon dont le peuple français,le corps social français,reçoivent ces nouveaux français.
Vous savez,moi je ne suis pas un français de souche,mes ancêtres n’étaient pas français,ils ne le sont que depuis 1870,et donc je ne prétends pas que mes ancêtres étaient là aux croisades!Je ne suis pas le cousin de Larochefoucauld,donc je sais ce qu’il faut faire pour devenir français,et je dis que pour cela,mes ancêtres ont donné à leurs enfants des prénoms français,et que c’est comme ça que l’on a été mieux acceptés-pas toujours facilement-mais on a été mieux acceptés par le peuple français.Et je dis que ces gens là,qui ont donné ces prénoms à leurs enfants(Zinedine,Omar,etc…)voyez,ils ne sont pas ostracisés,ils font des carrières brillantes,qui sont dues à leurs qualités,mais aussi à l’accueil des français,et à la qualité des services publics français.Ces gens là ne sont pas martyrisés:mais je me dis qu’effectivement,c’est un signe de désaffiliation à la France,c’est tout ce que je dis !
J-On est en Suisse,ici la part de musulmans est de 5,5%,en France selon des études elle est à 6,7%,alors comment explique-t-on que chez nous,ça va et chez vous,visiblement pas,bien que la proportion soit similaire ?
EZ-Je pense qu’elle n’est pas similaire.Je pense qu’en France les chiffres sont faux;nous avons un institut,l’INED,qui passe son temps à donner des chiffres rassurants.Je n’en dirai pas plus.
Ensuite,je pense qu’il y a beaucoup plus de musulmans en France,nous avons la première communauté musulmane d’Europe,et en plus,nous avons la tradition française de l’assimilation.
C’est ce que je vous expliquais à propos du corps politique et du corps social .
J-Est-ce que c’est une erreur que d’avoir voulu l’assimilation ?
EZ-Ah,écoutez,ce n’est pas une erreur,c’est ce qui a fait le génie de la France!L’historien Fernand Brodel disait : « L’assimilation a permis l’intégration en douceur de générations d’étrangers ».
J-Et si on vous écoute,ça ne fonctionne plus en France maintenant ?
EZ-Ca ne fonctionne plus pour deux raisons:la première est que les élites françaises y ont renoncé,par exemple en abolissant la loi de 1803,la loi de Germinal AN XI, en 1993.
J-On n’a pas de telle loi en Suisse…
EZ-Non,mais vous avez tort parce que c’est une très bonne loi,vraiment une excellente loi.L’autre raison est que l’Islam n’est pas une simple religion,c’est une civilisation,une nation,et que nous voyons donc petit à petit l’émergence d’un peuple dans le peuple,qui a d’autres références,d’autres héros,d’autres cultures et d’autres modes de vie,et qui impose tout cela dans des territoires de plus en plus nombreux et importants.
Le problème français,il est fondamentalement là,au-delà de Daech,qui est une résultante des attentats,de ce que j’appelle la conflagration,une résultante de ce que j’ai appelé l’invasion,c’est-à-dire les flux migratoires,et la colonisation,c’est-à-dire le refus de s’intégrer,et au contraire d’imposer son mode de vie .
J-Parlons un peu de la Suisse:est-ce que vous aimez la Suisse,EZ ?
EZ-J’aime beaucoup la Suisse,je connais mal bien sur,pour moi c’était quand,enfant,j’allais y faire du ski,et que je découvrais le chocolat blanc;voyez,c’est vieux!Maintenant,ce que j’aime en Suisse,c’est surtout sa démocratie directe.Je pense qu’avec la trahison des élites française et occidentale,très bien diagnostiquée il y a trente ans par l’américain Christopher Lasch dans « La révolte des élites »,je pense qu’aujourd’hui nous ne pouvons plus compter sur nos élites pour défendre le peuple ;c’est d’ailleurs pour ça que le peuple se révolte,c’est ce que les élites appellent avec mépris le populisme,mais c’est la seule façon qu’a trouvée le peuple d’essayer de défendre son art de vivre.Et donc,il n’y a plus que la démocratie directe pour défendre le mode de vie du peuple.
J-En France,personne ne semble être capable de répondre à vos attentes:même Marine Le Pen est trop à gauche,c’est ça ?
EZ-Nous sommes dans une impasse politique en France;il n’y a pas de majorité politique pour défendre,incarner la majorité sociologique et idéologique qui devient évidente,et dont je suis l’une des expressions;le succès de mes livres en est une des expressions,mais il y en a beaucoup d’autres,et c’est une vraie impasse politique.
Ce n’est pas la première fois que la France est confrontée à une impasse politique,à travers un décalage entre les majorités sociologique et idéologique,et la majorité politique.Ca se traitera avec le temps,et en général,en France,ça se traite dans le sang.C’est ça,le drame français !
J-Un pronostic pour la présidentielle ?
EZ-Elle sera aussi inutile que celle de 2012 .
J-Vous voterez pour qui,EZ ?
EZ-Ca,ça ne vous regarde pas,et puis on verra bien !
J-A chaque apparition médiatique,vous suscitez soit l’indignation,soit l’adoration.Il y a eu des centaines de plaintes déposées contre vous auprès du CSA,la semaine dernière,après un passage télévisé. Etre détesté,ça vous excite ?
EZ-Vous savez,les plaintes étaient toutes organisées,orientées,dirigées,manipulées par le conseil contre l’islamophobie,ce ne sont donc pas de vraies plaintes.Ensuite,je ne suis pas détesté,je suis au contraire très aimé par les français.Je ne suis détesté que par une petite caste médiatique qui refuse le débat, aboie, insulte,et invective,ça ne m’excite pas,ça m’indiffère.
J-Ca ne vous donne pas envie,parfois,de dire :stop?Vous êtes père de famille,vous avez des enfants…
EZ-Vous savez,ça ne sert à rien,il faut donc l’accepter.
J-Vos moments d’évasion,EZ ?
EZ-Entre autres,la littérature…française !
J-Merci,EZ.
8) 03/10/2016 : BFM (Ruth Elkrief)
9) 27/09/2016 : Meeting à Versailles
« Face à des gens qui meurent pour leur foi, on devrait plutôt être admiratifs que méprisants »
10) 06/10/2016 : Mairie de Béziers
Aujourd’hui j’ai vu dans la presse que vous aviez dérapé « horriblement », « incroyablement » selon Le Point. Dans Causeur, vous parlez de terroristes islamistes et vous dites que vous respectez, entre guillemets bien sûr, leur action, le fait de mourir pour leur cause et vous dites que de l’autre côté, du côté des Français, on n’a peut-être personne qui est capable de mourir pour une cause. Est-ce que vous pouvez expliquer ? Parce que ça fait quand même polémique aujourd’hui.
Ecoutez, d’abord, je me permets de reprendre vos mots : je ne dérape pas. Je ne dérape jamais. J’ai le droit de m’exprimer. Comme disait Philippe Muray en parlant des bien-pensants : « Eux ne peuvent jamais déraper, ils sont la glace ». Ça c’est une première chose.
Deuxièmement je ne parle pas de terrorisme islamiste, je parle de djihadistes. Parce que le terrorisme c’est une action, ce n’est pas une politique. Ça c’est une deuxième chose.
La troisième : quoique je dise… Je dirais : « Il pleut », on dirait : « C’est scandaleux ! Il fait de l’incitation à la haine du soleil ! » Et « Il fait beau », « C’est scandaleux, il ne veut pas que les cultures poussent, il ne veut pas de pluie ». Donc je m’en moque un peu, voilà. Je pense effectivement que des gens qui meurent pour leurs idées sont respectables. Je respecte ce qu’ils font, ça ne veut pas dire que j’approuve le fait de tuer des innocents, je dis qu’ils prennent leurs risques, ils choisissent de sacrifier leur vie à la cause qu’ils défendent, à la foi qu’ils ont, à la religion à laquelle ils croient. Quelqu’un qui est prêt à mourir pour quelque chose, je trouve ça respectable. Dans l’histoire de France, moi je respecte ceux qui se sont sacrifiés pour défendre la France, pour défendre la Nation et une certaine idée du pays. Voilà, c’est tout. Maintenant qu’il y ait des gens à qui ça ne plaise pas, je m’en moque éperdument.
Quand on lit les cinquante premières pages de la fameuse introduction de votre dernier livre, on a l’impression que la guerre est déjà là, imminente. Vous nous donnez encore combien de temps ? Parce que le constat est quand même lugubre.
Je ne sais pas. Oui, le constat est lugubre. Enfin il est lugubre… je crois qu’il est lucide, donc voilà. Je ne sais pas ce qui va arriver, c’est ce que je réponds toujours. On me dit : « Comment on évite la guerre civile ? » Pour moi il y a une solution très simple : par la soumission. Peut-être que ce sera la solution choisie par la France, en tout cas par ses dirigeants et peut-être par une partie de sa population, je n’en sais rien. J’essaie aussi dans ce texte de donner quelques solutions qui ne sont en fait rien de miraculeux, qui sont une espèce de retour à la France assimilationniste du passé qui avait intégré des générations d’étrangers.
Mais quand on vous lit on voit que ce n’est pas possible de revenir à cette politique à la Jules Ferry.
Ce n’est pas possible parce que nos élites ne le veulent pas et que les derniers arrivants ne le veulent pas non plus.
C’est un problème de démographie, aussi.
Oui, mais pas seulement. C’est un problème, je vous dis, d’abord, de volonté du pouvoir, des élites (des élites intellectuelles, des élites médiatiques, des élites économiques) qui sont toutes vent debout contre ce principe-même d’assimilation. Vous voyez : quand je parle des prénoms français, c’est immédiatement des hauts cris, alors que ça a réglé la vie de la France pendant deux siècles. On m’explique que c’est ne pas aimer sa mère que de ne pas pouvoir donner le prénom de sa mère. Comme si les générations passées n’aimaient pas leur mère ! Donc voilà : oui, c’est impossible dans l’état actuel de la situation.
Vous parlez de grand remplacement, vous reprenez parfois ce terme. Mais la solution ce serait quoi ? La grande assimilation c’est presque impossible. La grande expulsion ?
Vous savez je ne suis pas là pour donner des solutions, je ne suis pas président de la République et en plus je crois comme Marcel Gauchet l’explique dans son dernier livre que pour l’instant nous ne devons pas chercher des solutions. Nous sommes en quête de diagnostics. Le diagnostic que je présente n’est pas accepté par tous, loin de là. Tant qu’on ne se mettra pas d’accord sur le diagnostic, on ne pourra pas donner de bonnes solutions. Donc je suis là d’abord pour donner un diagnostic et après on verra. Et le diagnostic, il est déjà refusé par toutes nos élites et par beaucoup de personnes, donc avançons à pas comptés.
Une dernière chose : il y quelques jours, la marine italienne a sauvé 6 500 migrants, beaucoup d’origine subsaharienne. Qu’est-ce que ça vous inspire quand les Européens vont pratiquement chercher les migrants au bord des côtes africaines ?
Vous savez, mon dernier livre s’appelait Le Suicide français donc… je pense que nous sommes une civilisation qui se suicide et qui tient à sauver les gens qui veulent nous envahir. C’est un choix de civilisation. Au nom de l’humanisme, au nom des “vertus chrétiennes devenues folles”, comme disait Chesterton, nous nous suicidons. Ça aussi, c’est dans le diagnostic.
L’affiche très classe pour le meeting de Béziers
11) 07/10/2016 : BFM (Thomas Misrachi)
Des mots qui blessent et qui provoquent une enquête : ceux d’Eric Zemmour. Le polémiste a dit son respect pour les djihadistes. Il répondait à une interview et il est avec nous pour s’expliquer ce soir. Bonsoir, merci d’être là Eric Zemmour.
Suite à vos propos, le parquet de Paris a ouvert une enquête pour apologie du terrorisme. Voici ce que vous dites très précisément. Au journaliste qui vous demandent si vous respectez des gens qui roulent en camion sur des enfants (référence bien sûr à l’attaque de Nice le 14 juillet dernier) vous répondez : « Quand des gens agissent parce qu’ils pensent que leurs morts le leur demandent, il y a quelque chose de respectable. Et en même temps de criminel et de mauvais, c’est ainsi, les humains sont complexes. Donc combattons-les, mais arrêtons de les mépriser ». Qu’est-ce que vous avez voulu dire par là ?
Vous savez il faudrait lire même la première question. Au départ on me dit : « ce sont des esprits faibles ». Et je dis non, ce ne sont pas des esprits faibles, ce sont des gens qui ont une théologie, qui ont une idéologie, qui ont une foi et qui agissent pour cela. Je dis qu’il faut arrêter de les mépriser parce que si on les méprise on ne peut pas bien les combattre. Respect, ça ne veut pas dire approbation ni estime, ça veut dire les prendre en considération. Les prendre en considération pour mieux les affronter. Vous savez le célèbre Sun Tzu, dans L’Art de la guerre, en Chine, disait que celui qui ne réfléchit pas et qui méprise l’ennemi sera vaincu. Donc en fait, ce que je veux, c’est prendre en considération l’ennemi, respecter l’ennemi pour mieux l’affronter et pour mieux le vaincre.
Puisque vous parlez de réflexion, ces propos, dans le contexte actuel bien sûr de terrorisme, d’alerte, est-ce que ce n’est pas non plus quelque part une forme de glorification du terrorisme ?
Mais écoutez : quelle glorification y a-t-il à dire que ces fanatiques sont prêts à mourir pour leur foi, pour leur idéologie ? Il n’y a aucune glorification. Je dis simplement…
Vous dites que vous éprouvez une forme de respect pour ces gens qui sont prêts à faire ça.
Non de respect pour l’idée de mourir pour sa foi et pour son idéologie. Pas pour ce qu’ils font ! Je ne respecte pas des gens qui tuent des enfants et des femmes ! Mais je dis : les gens qui se sacrifient et qui meurent, ça nous n’en sommes plus capables. L’important dans ma phrase, c’est la fin : « je respecte les gens près à mourir pour ce en quoi ils croient, ce dont nous ne sommes plus capables« . Nous ne sommes plus capables de mourir. Nous sommes morts jadis pour la Nation, nous sommes morts pour des idées. Aujourd’hui nous n’en sommes plus capables et je dis : nous avons une infériorité par rapport à…
Il y a des militaires, il y a des policiers, il y a des agents du renseignement qui prennent des risques avec leur vie tous les jours Eric Zemmour. On en est encore capable !
Bien sûr mais vous avez bien compris : je parle du pays, je parle du peuple, de la nation en général. J’essaie de mettre en garde les gens. Qu’est-ce qu’on leur dit aux gens ? On leur dit que c’est des abrutis, des imbéciles, des fous, qu’on va les déradicaliser en les mettant en asile psychiatrique, en maison de déradicalisation mais c’est grotesque ! Moi je dis qu’ils faut les prendre au sérieux et les affronter comme des ennemis, c’est tout !
Malgré tout vous prononcez ces mots, « quelque chose de respectable », qui peuvent être compris et ce sera l’issu bien sûr de la procédure comme de l’apologie du terrorisme. Est-ce que vous comprenez que les gens puissent être choqués ?
Ecoutez : les gens sont choqués parce qu’on leur ment. Je comprends très bien qu’ils soient choqués. Je comprends très bien qu’en particulier les familles des victimes aient un réflexe d’émotion bien légitime mais je leur dis : on leur ment. Je leur dis : on les trompe, on envoie leur vindicte légitime sur moi alors que je suis celui qui me bats depuis des mois, depuis des années pour justement éviter l’accumulation des victimes.
Vous vous considérez comme une victime ? Non je ne suis pas une victime par rapport à elles, ce serait dérisoire et impudent. Non, je me considère simplement comme l’objet d’une conjuration, oui, pour me faire taire. D’une conjuration des médiocres, d’une conjuration des minables, des journalistes envieux, sans talent, des prébendiers de l’antiracisme…
OB : salutations à M. Zemmour… Mais que fait Conspiracy Watch ?
Eric Zemmour, vous vendez beaucoup de livres, vous êtres sur RTL, vous écrivez dans Le Figaro…
Non non mais laissez-moi finir. Justement ! Tout l’objectif est qu’on ne m’entende plus. Toutes les raisons sont bonnes, on invente n’importe quoi ! Depuis un mois, on me dit que je suis raciste, xénophobe, que je suis anti-musulmans, islamophobe, et maintenant on me dit : apologie du terrorisme ! Faudrait choisir !
Ce sont deux choses différentes…
Non non il faudrait choisir ! Je ne peux pas être à la fois islamophobe, affronter les djihadistes (j’ai moi-même été sous protection) et en même temps être le complice des djihadistes ! Il faut choisir. Seulement ils ne choisissent pas parce que il y a une volonté uniquement de me faire taire.
Vous avez le sentiment d’être victime d’une conspiration, c’est ce que vous dites ?
D’une conjuration, oui. D’une conjuration, je le répète, de gens qui veulent m’abattre parce qu’ils ne veulent pas entendre le discours et le message que j’ai à dire.
Mais les mots ont un sens vous le savez mieux que personne…
Bien sûr que les mots ont un sens…
… vous qui les maniez avec tant d’aisance, quand vous dites : « quelque chose de respectable », ça claque ! Qu’est-ce qu’il y a de respectable dans la volonté de tuer des gens innocents ?
Il y a de respectable de mourir, c’est ça que je dis. Je ne dis que c’est respectable de tuer des gens innocents, justement : je fais bien la distinction puisque j’explique que dans la tradition chrétienne, un martyr c’est uniquement un homme qui meurt pour sa foi, alors que dans la tradition islamique c’est qui meurt pour sa foi et qui tue des infidèles. C’est ça qu’on me reproche de dire ! On ne peut pas me reprocher tout et le contraire ! Je vais vous dire : aujourd’hui, nous sommes simplement à un moment qui méprise les victimes. Vous croyez que celui qui dit qu’il faut allumer des bougies, chanter « Imagine » et pleurer ne méprise pas les victimes ?
C’est une autre forme de deuil, de respect…
Non. Quand vous avez le ministre de la justice qui porte plainte contre moi, il ferait mieux de mieux contrôler les prisonniers qui sortent de ces prisons pour assassiner des Français, il ferait mieux de ne pas inventer des centres de déradicalisation inutiles et ridicules où on leur apprend à caresser des chats pour apaiser leurs tensions belliqueuses, ça c’est grotesque ! Moi je combats vraiment le terrorisme dans les mots, avec ma réflexion et avec toute mon âme, et c’est justement pour ça qu’on veut me faire taire.
On vous a entendu Eric Zemmour. Est-ce que vous présentez ce soir vos excuses aux personnes qui ont pu être choquées par vos propos ?
Mais quelles excuses devrais-je présenter ?
Vous n’avez aucun regret ?
J’ai des regrets, si, si mes propos ont été exploités pour faire de la peine à des gens, mais je n’ai pas d’excuses… On a utilisé mes propos, on les a exploités, on les a tronqués, on a dit le contraire de ce qu’on dit depuis un mois. On ne peut pas tout dire ! Je répète aux gens qui se sentent meurtris, je leur dis : on vous trompe, on vous dupe, ne les croyez pas !
Mais ces gens-là, vous ne vous excusez pas auprès d’eux finalement ce soir ?
Mais pourquoi m’excuser ? Pourquoi passer son temps à s’excuser ? Je ne suis coupable de rien ! Je suis simplement coupable d’essayer de trouver les vraies raisons de la mort des victimes. C’est pour ça qu’on veut me faire taire.
Ça c’est la justice qui le décidera j’imagine. Le parquet de Paris a lancé une enquête après les propos qu’on a évoqués, est-ce que vous le comprenez ça ?
Absolument pas. Je vous le répète. C’est quand même extraordinaire ! Il y a des milliers de fichés S qui sont dans la nature et c’est contre moi qu’on ouvre une enquête pour apologie du terrorisme, moi qu’il y a quelques jours on traitait de raciste et d’islamophobe… Je vous le dis : il faut choisir ! Vous savez il y a des gens qui sont admiratifs vraiment du terrorisme, mais ceux-là ce n’est pas moi ! Quand il y a des combattants palestiniens qui tuent des enfants dans la rue uniquement parce qu’ils sont juifs, il y a des gens de gauche qui aujourd’hui m’insultent et qui disent : « Ce sont de grands combattants ! ». Quand les gens du FLN tuaient des enfants dans les cinémas, on disait : « Ce sont les combattants de la liberté et du nationalisme algérien ! » Quand des gens d’extrême gauche tuaient des pharmaciennes…
On ne va pas refaire toute l’Histoire puisqu’on parle de vous ici ce soir…
Non non mais c’est important ! Oui on parle de moi mais moi je parle de mes adversaires.
Alors justement puisque vous regardez un peu en arrière Eric Zemmour : Jean-Marc Rouillan, qui est un ex-membre du groupe armé action directe, d’extrême gauche, qui avait qualifié de « très courageux » les djihadistes lors d’une émission de radio. Quelle différence finalement entre ces propos et vos propos ?
Écoutez-moi je suis pour la liberté d’expression. Pour Rouillan comme pour les autres., il a le droit de dire ce qu’il veut. La démocratie, il y a un principe de base, c’est la liberté d’expression même pour les propos choquants. Moi, il y a des tas de propos qui me choquent tout le temps à la télévision. Qui ne vous choquent pas vous mais qui me choquent moi. Est-ce que je demande immédiatement à ce qu’ils soient punis par la loi ou par la justice ? Mais dans quel monde vivez-vous ? Dans quel monde vivons-nous où dès qu’il y a des propos qui vous choquent on demande à la justice de les punir ?
Vous avez peur de la prison ? Je vous pose la question parce que Jean-Marc Rouillan a lui été condamné à huit mois donc…
Mais qui n’a pas peur de la prison ?
La direction d’RTL avec qui vous collaborez dit être consternée par vos propos, c’est ce que rapporte le Parisien aujourd’hui. Est-ce qu’elle vous l’a fait savoir tout d’abord ?
Ça c’est entre elle et moi.
Est-ce que vous allez retourner au travail lundi et dans quelles conditions ?
Ecoutez, moi je retournerai au travail, c’est à eux de décider, ce n’est pas à moi. Moi je suis fidèle à mes employeurs et je fais mon travail comme je dois le faire. Votre question est très intéressante. Pourquoi posez-vous cette question ?
Parce que vous êtes là ce soir et on essaie de comprendre ce qui s’est passé avec vous…
Non non non. L’objectif de mes adversaires, c’est de me faire perdre mes emplois, c’est ma mort sociale. C’est la vieille méthode du maccarthysme et du communisme : on insulte, on menace et on veut tuer socialement, c’est ça l’objectif.
Vous avez été écarté d’une chaîne d’info concurrente, iTélé pour ne pas la nommer, est-ce que vous craignez d’être écarté de RTL ?
Vous savez il arrivera ce qu’il arrivera. Les gens sont libres et sont responsables. Moi je fais ce que je dois pour essayer de défendre mes idées, mes convictions, de me tenir droit, sans provocation inutile et sans irrespect, contrairement à ce qu’on dit, des victimes et des gens. Simplement je pense qu’il y a là une méchante conjuration et que je ne cèderai pas devant cette conjuration qui est, je vous le répète, faite uniquement pour me faire taire.
Vous êtes un habitué des polémiques, vous avez été condamné à deux reprises je crois…
Non, une seule reprise, parce que je n’ai pas voulu faire appel.
OB : parce que, pour Zemmour, quand tu es condamné, et que tu ne fais pas appel, ben t’es pas vraiment condamné, hein…
… cette nouvelle polémique intervient en pleine promotion de votre dernier livre. Est-ce que tout cela n’est pas aussi du marketing, du marketing… un peu particulier ?
J’ai fait exprès vous voulez dire ? Là ça devient ridicule…
Je ne sais pas je vous pose la question. On peut se poser la question.
Non non on ne peut pas se poser la question. Moi quand j’ai dit ça je ne pensais pas à du marketing comme vous dites. Si je faisais du marketing, vous savez… A chaque fois que j’ai eu un souci, j’ai été soit condamné soit relaxé, à chaque fois j’ai eu des problèmes professionnels. Vous savez, je joue ma peau moi à chaque fois ! Et à chaque fois je prends des risques ! Contrairement à d’autres qui sont là à m’insulter et qui répètent en boucle tout ce que dit le politiquement correct. Moi j’essaie de comprendre, moi j’essaie justement de défendre une certaine idée de mon pays. Ce n’est pas le cas de tout le monde.
Je vais vous reposer la question, parce qu’évidemment la situation est ce qu’elle est en France : si une personne a, comme vous dites, peut-être mal compris, mal interprété vos propos, est-ce que vous vous excusez malgré tout, est-ce que vous regrettez d’avoir pu faire mal à une victime, à une famille de victime qui était à Nice ce soir-là ?
Ecoutez… Je ne suis pas venu… Je déteste ces exercices de contrition convenue, imitée des américains. Je ne suis pas Bill Clinton, je ne suis pas Dominique Strauss-Kahn. Je ne suis pas là pour jouer un jeu que tous jouent. Voilà. Moi je défends sincèrement mes idées et je ne blesse personne. Je vais vous dire : les gens qui sont blessés sont des gens trompés. Je leur dis en face : je n’ai absolument pas voulu vous blesser. Évidemment, au contraire, je suis celui qui veux vous défendre, qui veut empêcher de nouvelles victimes. Je me bats pour ça. J’essaie justement de faire le diagnostic le plus approfondi pour ça et c’est justement pour ça qu’on veut m’opposer aux victimes. C’est un piège qui nous est tendu à elles et à moi, et on ne tombera pas dedans.
12) 10/10/2016 : BFM (Jean-Jacques Bourdin) – Christian Estrosi
Les propos de Zemmour, qu’en avez-vous pensé ?
Choqué.
Vous avez été choqué ?
Insupportables, oui. Je le dis très clairement. Voilà, c’est tout.
Qu’est-ce qui vous a choqué ?
Mais que Zemmour fasse aujourd’hui cet amalgame épouvantable… Vous savez, avec la tragédie que j’ai connue à Nice…
Mais oui, oui, c’est pour ça que je vous pose la question, Christian Estrosi.
… reconnaître une certaine dignité à un djihadiste qui est à l’origine de la mort de 86 personnes, de centaines de blessés, de ces cicatrices irréversibles, de ces souffrances pour toutes ces familles… Je reconnais à Eric Zemmour d’avoir eu la qualité de ne pas être de langue de bois, de dire un certain nombre de vérités. Mais là je dis à Eric Zemmour qu’il a dépassé les bornes. Que face à tant de souffrance, lorsqu’il y a des barbares qui se comportent de telle sorte et qui ne se battent pas pour des convictions… Ce ne sont pas pour des convictions. Ils instrumentalisent et ils essaient peut-être de générer des convictions chez ceux qui seront leur seconds couteaux, et par les bras agissant, mais en réalité c’est un Islam politique, c’est l’instrumentalisation d’une religion à des fins politiques sur le dos de musulmans qui se reconnaissent dans les règles de la République française.
13) 11/10/2016 : LCI (Audrey Crespo-Mara) – 2e réponse de Rachida Dati
14) 06/10/2016 : Son avocat…
15) 07/10/2016 : Élisabeth Levy
Lire aussi ici : « La phrase de Zemmour peut choquer, mais la liberté c’est aussi être choquée »
16) 07/10/2016 : Christophe Barbier
Eric Zemmour, mode d’emploi. Parce qu’à mal le combattre, bien entendu, on le valorise. Qu’a-t-il dit exactement ? Qu’il fallait arrêter de mépriser les djihadistes, qu’il les respecte parce qu’ils meurent pour leur foi. Bien entendu, c’est un raccourci, c’est regarder d’un seul côté de la médaille. Ce sont d’abord des gens qui tuent, et pas pour leur foi, pour une espèce de sauvagerie qui a été habillée d’une certaine foi, récupérée par des mentors islamistes le plus souvent, sans compter bien entendu les problèmes psychiatriques de ces gens-là. Ne nous attardons pas. Ils tuent des adolescents regroupés pour écouter un concert, des innocents qui sortent du spectacle du feu d’artifice du 14 juillet, bref : ces gens qui tuent sont des assassins, ils ne s’attaquent pas à des soldats armés en face d’eux, en respectant les règles de la guerre. Non, ce sont des meurtriers sauvages. Ils méritent donc, bien sûr, qu’on les combattent, mais aussi qu’on les méprisent. Les mépriser, ça ne veut pas dire les sous-estimer, ça veut dire les déchoir de toute valeur morale dans leur combat. Rappelons-nous le scandale qu’avait été celui d’un ancien président de la République expliquant qu’il pouvait respecter les soldats allemands qui avaient, eux aussi, donné leur vie. Quel scandale ! Comment respecter des gens qui servaient le nazisme ? On est exactement dans la même erreur de langage pour Eric Zemmour.
Mais pour combattre Eric Zemmour il faut aussi regarder sous ces propos provocateurs ce qu’il y a d’intéressant. Et il nous dit qu’en effet les démocraties, elles, ne sont plus capables de mourir pour leurs valeurs. Et c’est assez exact : nous n’avons pas envie de mourir pour Rakka, pour Mossoul, pour Alep, pas même pour Riga ou pour Kiev. Nous voulons des guerres avec zéro mort, ultra-technologique. Nous ne voulons que meurent que des soldats qui ont choisi ce métier de manière professionnelle, pas les enfants de la conscription. Les démocraties ont donc à se poser la question suivante : comment lutter contre un ennemi qui de ce côté-là, psychiquement, est terriblement redoutable ?
Et puis enfin, pour bien attaquer, pour bien combattre Eric Zemmour, il ne faut surtout pas l’envoyer en Justice. D’abord parce que la justice, c’est parfois une loterie, et qu’en regardant le droit de près, on trouve toujours des infractuosités pour ce genre d’inepties. Au nom du droit à la liberté d’expression, au nom de la complexité des idées, puis parce que ses raisonnements sont souvent tortueux, Eric Zemmour peut s’en sortir. Il aura donc non seulement une tribune — parce qu’un tribunal, c’est une tribune — mais en plus il pourrait gagner. Non, il faut le combattre en dépiautant mot à mot, ponctuation par ponctuation, ce qu’il dit. Là, la machine intellectuelle s’effondre assez rapidement. Surtout, ne pas en faire un martyr, parce que visiblement ce vocable-là, il l’aime.
17) 07/10/2016 : Philippe Bilger
Eric Zemmour fait partie de notre espace intellectuel, politique et médiatique. Ses livres ont énormément de succès et notamment Le Suicide français qui était un remarquable ouvrage. Il a ses inconditionnels absolus et ses adversaires frénétiques. Pour ma part, je me suis toujours situé dans une zone, dans un rapport de sympathie critique. Si j’ai discuté tel ou tel de ses propos, en effet la plupart du temps j’ai approuvé la pertinence de sa pensée, de ses écrits et de ses paroles.
Pourtant il vient de susciter une nouvelle polémique et j’avoue d’ailleurs qu’il n’y a pas de semaine où il ne provoque, ne stimule ou ne soit attaqué, un tout petit peu comme son ami Robert Ménard à Béziers. Qu’a-t-il donc déclaré dans cet entretien passionnant qu’il a donné à Causeur ? Il a déclaré qu’au fond il respectait les djihadistes parce qu’ils étaient capables de mourir pour leur cause alors que nous, nous ne savons plus le faire. Dès que j’ai lu cette phrase j’ai compris qu’il aurait des problèmes et j’ai bien vu, peut-être, le malaise qu’elle suscitait. Et au fond ce malaise vient presque en permanence de l’incroyable téléscopage qui se passe chez lui entre une extrême intelligence, une volonté de liberté totale, et peut-être une exigence, un désir de provocation. Je comprends très bien le sens de cette phrase, et il n’était pas honteux de dire qu’il respectait des djihadistes qui avaient commis le pire, alors qu’on sait pertinemment, profondément, qu’Eric Zemmour n’est pas quelqu’un qui fait l’apologie de ces attentats et de ces atrocités mais les dénonce et les dénigre.
A partir du moment où on pense, où on écrit, où on parle librement, est-ce que les gens pourraient avoir une autre obsession que de judiciariser à toutes forces ce qu’il pense, ce qu’il écrit et ce qu’il dit ? Je trouve que l’action qui va être engagée contre lui est un scandale parce qu’en réalité ceux qui l’engagent savent pertinemment qu’on ne peut pas une seconde reprocher à Eric Zemmour de se faire le défenseur de ces atrocités. Et c’est instrumentaliser la procédure de l’État de droit pour la faire servir à n’importe quoi. Alors, bien sûr, Eric Zemmour manquerait dans notre paysage intellectuel, politique, médiatique si en permanence on limait, on émasculait sa pensée et ses propos.
Mais je voudrais terminer sur une donnée toute simple, à partir du moment où j’ai affirmé des réserves, parfois, à son égard. Mais à cause de son incroyable intelligence, libre et courageuse, à cause de sa franchise civique, à cause du fait que des êtres comme lui sont trop rares pour qu’on les supprime comme ça par un trait de dictature intellectuelle ou par une police de la pensée totalement scandaleuse et qui fait trop de ravages en France. Eh bien à cause de tout cela, que je porte au crédit d’Eric Zemmour, il est évident que s’il n’existait pas, il faudrait l’inventer.
Défendre Éric Zemmour
Alors que Zemmour est pris dans la tempête qu’il a lui-même créer en tenant des propos polémiques, des personnes médiatiques, politiques ou d’intellectuels (voire des anonymes) défendent comme il le peuvent le héraut Zemmour. En observant leurs argumentations, force est de constater qu’ils tentent davantage de défendre la personne que l’idée ou le droit. Dans le cas présent, ils passent à côté de la question principale : Zemmour parle-t-il de manière glorieuse ou admirative des terroristes ? Pour cela, ils usent de plusieurs « arguments » qui sont autant de sujet connexes mais qui ne touchent pas la cible.
1/ IL N’A PAS VRAIMENT VOULU DIRE CELA
Christophe Barbier (Editorialiste)
Lorsqu’il dit respecter les « soldats » de l’Etat islamique parce qu’ils meurent pour leur foi, le polémiste utilise en fait un raccourci: par ses propos, il dénonce l’incapacité des démocraties occidentales à mourir pour leurs propres valeurs. Pour mieux combattre les provocations d’Eric Zemmour, il faut avant tout savoir les décortiquer.
Philippe Bilger (Magistrat Honoraire)
Dès que j’ai lu cette phrase, j’ai compris qu’il aurait des problèmes, et j’ai bien vu – peut-être – le malaise qu’elle suscitait. Et au fond, ce malaise vient presque en permanence de l’incroyable télescopage qui se passe chez lui entre une extrême intelligence, une volonté de liberté totale, et peut-être une exigence, un désir de provocation. Je comprends très bien le message de cette phrase et il n’était pas honteux de dire qu’il respectait des djihadistes qui avaient commis le pire alors qu’on sait pertinent, profondément qu’Eric Zemmour n’est pas quelqu’un qui fait l’apologie de ces attentats et de ces atrocités, mais les dénonce et les dénigre.
Elizabeth Lévy (Journaliste)
Eric Zemmour aurait peut-être dû dire la phrase « il faut les prendre au sérieux ».
Maitre Olivier Pardo (Avocat d’Eric Zemmour)
Il voulait dire que les membres de l’Etat islamique ne sont pas des faibles d’esprit, c’est une organisation forte. L’amalgame avec ceux qui soutiennent les terroristes, c’est stupéfiant, idiot et dangereux
Puis en échange lors d’un débat :
Avocate Victimes du 13 Novembre : – Il appelle à respecter des terroristes, mon cher confrère.
Avocat Eric Zemmour : – Ne lui faites pas dire ce que vous avez envie…
Il n’a pas vraiment dit ce qu’il a dit, ou il voulait dire autre chose…il existe apparemment un décodeur spécial Zemmour, qui traduit en propos non condamnables tout ce qui est dit par Zemmour. Du coup, il ne dépasse jamais la limite, puisque lorsqu’il le fait, c’est qu’on a pas bien compris… pratique !
2/ ERIC ZEMMOUR N’EST PAS UN DJIHADISTE
Régis de Castelnau (avocat)
Éric Zemmour, si l’on en croit le déferlement médiatique, se serait donc converti à l’islam radical.
Elizabeth Lévy (journaliste)
Des attentats commis par Zemmour, excusez-moi, mais je n’en connais pas. Et par ailleurs, on ne peut pas l’accuser de sympathie excessive pour l’islam radical. […] Je fais appel à votre bonne foi, vous connaissez Eric Zemmour, vous connaissez ses combats, et vous connaissez ses propos.
Maitre Olivier Pardo (Avocat d’Eric Zemmour)
A un moment donné, il faut choisir ses attaques contre Eric Zemmour. Soit on dit qu’il attaque l’Islam, qu’il est quelqu’un qui est contre les musulmans. Soit maintenant on vient nous expliquer qu’il serait une sorte de laudateur de l’Etat islamique. A un moment donné, il faut arrêter, il y a des choses graves qui se passent, et ce n’est pas Eric Zemmour qui aujourd’hui est à la tête de l’Etat islamique, c’est ridicule. […] Je trouve aberrant qu’on vienne dire un instant qu’Eric Zemmour est pour l’apologie du terrorisme islamique alors que tout son combat est l’inverse.
Ça tombe bien qu’Eric Zemmour ne soit pas terroriste ou djihadiste, parce que personne ne l’a prétendu. Entre tenir des propos qui valorisent des terroristes et en être, il y a une grande différence. Les individus condamnés pour apologie de terrorisme ne sont pas (dans leur quasi intégralité) des djihadistes ou des terroristes : ils ont simplement valorisés leurs actes à un moment.
Et pour ce qui est de notre connaissance de Zemmour que nous devrions juger sur son parcours, ses propos critiques envers l’Islam ne le dédouane pas de dire tout et n’importe quoi. Au contraire, cela vient confirmer une approche particulièrement pyromane d’un polémiste qui provoque en tenant des propos sans en maîtriser la portée ni la valeur. Il existe de plus, une jonction entre ses propos contre l’Islam et les musulmans et son respect, son admiration portée aux terroristes : celle d’une volonté de bipolarisation, d’un manichéisme, d’une scission de la société française. Eric Zemmour a à cœur de nourrir chaque clan pour mieux les opposer. Les musulmans entendent qu’ils ne sont pas français, que s’ils sont non violents ils ne sont pas de bons musulmans, puis qu’il est tout à fait respectables d’être djihadiste. Quand de l’autre côté, il dit que tous les musulmans veulent nous détruire et que nous devrions être prêt à mourir. Ainsi, tout en prophétisant une guerre civile à venir, il met tout en œuvre pour que celle-ci arrive : sorte de prophétie auto-réalisatrice. Est-ce qu’Eric Zemmour fait tout pour éviter cette guerre civile dont il parle si souvent, ou est-il celui qui renvoie les musulmans pacifistes vers les djihadistes et annonce aux citoyens français qu’ils doivent se préparer à mourir pour se défendre ?
3/ IL NE FAUT PAS ALLER EN JUSTICE
Christophe Barbier (éditorialiste)
Pour bien attaquer, pour bien combattre Eric Zemmour, il ne faut surtout pas l’envoyer en justice. D’abord parce que la justice c’est parfois une loterie et qu’en regardant le droit de près, on trouve toujours des anfractuosités pour ce genre d’inepties, au nom du droit à la liberté d’expression, au nom de la complexité des idées. Et puis parce que ses raisonnements sont souvent tortueux, Eric Zemmour peut s’en sortir. Il aura donc non seulement une tribune – parce qu’un tribunal c’est une tribune – mais en plus, il pourrait gagner. […] Surtout, ne pas en faire un martyr puisque visiblement ce vocable-là, il l’aime.
Philippe Bilger (Magistrat Honoraire)
A partir du moment où on pense, où on écrit, où on parle librement, est-ce des gens pourraient avoir une autre obsession que de judiciariser à toutes forces ce qu’il pense, ce qu’il écrit, et ce qu’il dit. Je trouve que l’action qui va être engagée contre lui est un scandale, parce qu’en réalité, ceux qui l’engage savent pertinemment qu’on ne peut pas une seconde reprocher à Eric Zemmour de se faire le défenseur de ces atrocités, et c’est instrumentaliser la procédure de l’Etat de Droit pour la faire servir à n’importe quoi.
Régis de Castelnau (avocat) Cette façon d’hystériser le débat, et d’en appeler immédiatement à l’intervention du juge pénal en dit long sur ce goût très français de la punition dès lors qu’il s’agit de l’expression d’opinions avec lesquelles on n’est pas d’accord […] Chacun sait bien qu’en faire une victime, surtout à l’aide d’une accusation imbécile va bien sûr lui donner l’auréole du martyr. […]Il ne serait pas difficile de pulvériser nombre d’inepties proférées, à mon sens par, l’essayiste, mais par paresse et pour faire taire l’adversaire, on va demander au juge de punir quelqu’un pour ses opinions mais aussi lui faire payer aussi son succès dû à l’écho qu’elles reçoivent.
Elizabeth Lévy (journaliste)
Il faut aussi rappeler que le débat ne doit pas se passer dans les prétoires.
Maitre Olivier Pardo (Avocat d’Eric Zemmour)
Ce que vous faites, ce que vous dites est stupide et scandaleux, parce que si vous êtes l’avocate des victimes du terrorisme et tout ce que vous avez trouvé à faire pour combattre les terroristes, c’est d’aller attaquer Eric Zemmour, je vous le dis, vous êtes complètement à côté de la plaque. […] Je suis absolument scandalisé qu’on puisse perdre son temps, et perdre son énergie alors qu’il y a de vrais risques dans ce pays, alors qu’il y a un Etat islamique qui nous combat, de trouver comme ennemi Eric Zemmour. Je ne comprends pas qu’on puisse agir de la sorte.
Il ne faudrait donc pas aller en justice contre Eric Zemmour aux arguments suivants : il vaut mieux parler en dehors des tribunaux, il pourrait gagner, cela lui donnera une tribune, il ne faut pas tout judiciariser, Eric Zemmour est évidemment innocent, n’en faisant pas une victime ou un martyr, il y a d’autres choses à faire quand même. Et ces arguments de cour d’école, en plus d’interroger sur l’intérêt même de posséder un système judiciaire (et donc une République), sont tenus par deux journalistes et deux hommes de loi… !?
Ces arguments pouvant s’appliquer à tous et pour toutes les situations, il est bon de les retenir pour les utiliser lorsque cela vous arrange…
4/ DÉFENDONS LA LIBERTÉ D’EXPRESSION !
Régis de Castelnau (avocat)
Dans notre pays, on adore invoquer la liberté d’expression « valeur intangible » de la République, mais dans les faits on la déteste puisqu’on l’a encadrée dans pas moins de 400 textes visant à la limiter ou à l’interdire. […]
Et, au sujet des propos de Jean-Marc Rouillan :
C’est une opinion, et qui mérite discussion, mais en aucun cas une « apologie du terrorisme » au sens de la loi, même si en cherchant bien, on peut y trouver une vague empathie pour ceux qui combattent les armes à la main. Ce qui n’a pas empêché la levée de boucliers et une condamnation à huit mois de prison ferme de l’ex-terroriste.
Elizabeth Lévy (journaliste)Rouillan, il a quand même un petit dossier avec le terrorisme, des attentats commis par Eric Zemmour, je n’en connais pas. […] Du point de vue de la liberté d’expression, à laquelle je tiens, personnellement, je n’aurais pas souhaité que monsieur Rouillan soit condamné.
RAPPEL : Jean-Marc Rouillan a été condamné à 8 mois de prison ferme pour « apologie de terrorisme » après avoir déclaré dans l’Express à propos des attentats du 13 novembre : « le courage avec lequel se sont battus les terroristes du 13 novembre, dans les rues de Paris en sachant qu’il y avait près de 3 000 flics autour d’eux…on peut dire plein de choses sur eux — qu’on est absolument contre les idées réactionnaires, que c’était idiot de faire ça, mais pas que ce sont des gamins lâches ».
Dans le genre « on a pas réagi mais on était pas d’accord »… un peu tard… et un peu intéressé…
D’ailleurs le contrepoids de la liberté d’expression, c’est être responsable de sa parole, au sens où on doit peser nos mots, et aussi assumer les conséquences de ceux-ci, car cette liberté est encadrée pour tout le monde, Zemmour compris.
Rachida Dati en octobre, pose la vraie question – admirez la réaction mythique de la journaliste face à un début de remise en question éthique…
Bilan : Livre le plus vendu sur Amazon (le 16/09/16), toutes catégories confondues :
Bien joué !
À bientôt, pour la suite des actions pyromanes de Zemmour – qui appelle donc à une forme de djihad contre nos concitoyens musulmans :
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