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23.avril.201823.4.2018 // Les Crises

[Transcription] Interview de Sergueï Lavrov par la BBC

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Interview du Ministre des Affaires Étrangères russe – à prendre avec esprit critique…

Source : S. Hasan, 19-04-2018

Transcription :

Journaliste : Sergueï Lavrov, bienvenu à Hard Talk. La semaine dernière, le monde entier était profondément préoccupé par l’éventualité d’un conflit armé direct entre les USA et la Russie. D’après vous, dans quelle mesure avons-nous frôlé un tel scénario ?

Sergueï Lavrov : Je ne pense pas que nous ayons été très proches. Je pense que cette situation a été créée par nos collègues occidentaux qui se sont comportés de manière très irresponsable. Ils ont accusé les autorités syriennes d’avoir utilisé des armes chimiques contre la population civile et en même temps ils nous ont accusés en tant qu’alliés du gouvernement syrien. Sachant qu’ils l’ont fait sans attendre que les inspecteurs de l’OIAC visitent les lieux. En réalité, c’est au moment précis où les représentants de l’OIAC étaient prêts à se rendre du Liban en Syrie que ces frappes ont eu lieu. Comme l’ont expliqué nos militaires, le canal de liaison pour empêcher des incidents imprévus (ce qu’on appelle le ‘deconflicting’) fonctionne en permanence.

Journaliste : Donc pour être clair et éviter le jargon, ai-je bien compris que les Etats-Unis et leurs alliés vous ont préalablement informés des frappes en préparation, et vous, de votre côté, vous avez assuré que la Russie ne riposterait pas ?

Sergueï Lavrov : Je préférerais ne pas entrer dans les détails concernant ces contacts de travail entre nos militaires. Les militaires russes et américains ont un canal de liaison aussi bien entre les deux capitales qu’en Syrie même, et nos militaires discutent très professionnellement entre eux toutes ces questions. Ils se comprennent très bien. Ils comprennent probablement mieux que personne tout le risque de telles aventures.

Journaliste : Monsieur Lavrov, cette crise n’est pas terminée, n’est-ce pas ?

Sergueï Lavrov : Cela dépend de ceux qui ont organisé toute cette crise.

Journaliste : En regardant les déclarations de vos diplomates, la conclusion s’invite d’elle-même. Par exemple, votre ambassadeur aux USA a déclaré que ces frappes aériennes ne resteraient pas sans conséquences. Vladimir Poutine l’a qualifié d’acte illégal d’agression. Le monde veut savoir ce que la Russie a l’intention de faire ?

Sergueï Lavrov : C’est un constat des faits. Et il y a forcément des conséquences. Je dirais que nous avons perdu les restes de confiance à nos amis occidentaux qui préfèrent s’appuyer dans leurs actions sur une logique très étrange – ‘il n’y a pas de punition sans culpabilité’. Par exemple, ils nous punissent d’abord pour Salisbury et ensuite attendent que Scotland Yard termine l’enquête. D’abord ils punissent pour Douma en Syrie et ensuite ils attendent que les experts de l’OIAC viennent et examinent les lieux. Autrement dit, cette ‘troïka’ de pays occidentaux agit selon le principe ‘si vous êtes punis, vous êtes coupables’.

Journaliste : En ce qui concerne les incidents que vous avez mentionnés – Douma et l’affaire Skripal – nous en reparlerons en détail avec vous. Mais d’abord je voudrais encore parler avec vous de l’état de nos relations diplomatiques. La Représentante permanente des USA auprès de l’ONU Nikki Haley a déclaré que les Etats-Unis restaient ‘en état opérationnel’. Comment pouvez-vous réagir à ce genre de déclarations ?

Sergueï Lavrov : Il me semble qu’il leur faudrait d’abord remettre de l’ordre à la maison, à Washington. Nous pensons que les déclarations de ce genre peuvent être faites seulement par le chef des armées ou la direction militaire. Comme je l’ai dit, les militaires russes et américains disposent d’un canal de liaison pour prévenir les incidents imprévus, mais c’est une information confidentielle.

Journaliste : Vous parlez de déficit de confiance, plus exactement vous parlez d’une absence totale de confiance entre la Russie et les Etats-Unis.

Sergueï Lavrov : J’ai dit que nous sommes en train de perdre les restes de confiance, nous ne sommes pas encore à 0.

Journaliste : Pas encore 0. Je me demande simplement, au niveau le plus basique, quand vous, Ministre russe des Affaires étrangères, vous vous levez le matin et vous lisez sur Twitter que le Président américain et chef des armées vous menace de facto et vous dit : ‘La Russie, tiens-toi prête ! Des missiles beaux neufs et intelligents arrivent !’, que pensez-vous à ce sujet ?

Sergueï Lavrov : Eh bien je me dis que le Président américain a publié un Tweet.

Journaliste : Et comment réagissez-vous à ses Tweets ?

Sergueï Lavrov : Comme on dit, il faut juger sur pièces. Nous avons décidé de voir comment ces missiles ‘beaux, neufs et intelligents’ se montreront pendant les frappes, et nous avons calculé que les deux tiers des missiles n’ont pas atteint leur cible parce qu’ils ont été interceptés.

Journaliste : Mais vous n’avez aucune preuve, n’est-ce pas ?

Sergueï Lavrov : Le Ministère russe de la Défense a présenté son appréciation et il est prêt pour une discussion professionnelle à ce sujet.

Journaliste : Nous reviendrons encore sur la véracité de l’information fournie par tous les acteurs de ce conflit, mais à présent parlons un peu de diplomatie. La Première ministre britannique Theresa May et le Président français Emmanuel Macron ont très clairement souligné dans leurs déclarations que l’unique objectif de cette opération était de diminuer et d’empêcher l’usage de l’arme chimique par les autorités syriennes. L’opération n’avait pas pour but d’influencer le déroulement du conflit syrien et ne visait certainement pas à renverser le régime syrien à Damas.

Sergueï Lavrov : C’est ce qu’ils disent.

Journaliste : Et vous n’êtes pas d’accord ?

Sergueï Lavrov : Non, nous ne sommes pas d’accord. Votre émission s’appelle ‘Hard talk’ (discussion difficile), or nous avons besoin de ‘hard facts’ (des faits concrets). Et toutes ces déclarations sur le ‘highly likely’ (très probablement) sont tout simplement ridicules.

Journaliste : Pardon, quand vous dites ‘très probablement’, vous faites allusion à l’analyse selon laquelle les forces gouvernementales d’Assad ont utilisé l’arme chimique à Douma ?

Sergueï Lavrov : Non, quand je parle de l’expression ‘highly likely’, je veux dire que c’est une nouvelle invention de la diplomatie britannique derrière laquelle se cache le Royaume-Uni quand il punit les gens. Il déclare que ces gens sont ‘très probablement’ coupables. Vous savez, dans Alice au pays des merveilles de Lewis Carroll il y a la scène du procès, et quand le roi demande : ‘Faut-il d’abord écouter les jurés ?’, la reine crie : ‘Non ! D’abord la condamnation et le verdict des jurés ensuite !’ Voilà ce qu’est la logique du ‘très probablement’.

Journaliste : D’accord, c’est votre avis. Parlons de ce qui s’est passé à Douma. Permettez-moi de commencer d’abord par une question très simple. La Russie s’oppose à l’usage de l’arme chimique et pense que ceux qui utilisent l’arme chimique doivent être sanctionnés, n’est-ce pas ?

Sergueï Lavrov : Est-ce une question ? Je pensais que vous étiez bien mieux informé concernant la position russe à ce sujet. Vous posez une question avec une réponse évidente.

Journaliste : C’est évident, vous êtes d’accord. Parce que vous avez signé des accords appropriés, vous partagez la détermination de la communauté internationale à faire interdire et à éliminer complètement les armes chimiques.

Sergueï Lavrov : Oui, et bien plus, en 2017, nous avons terminé le programme de destruction de l’arme chimique en Russie, et cela a été officiellement confirmé par l’OIAC. Tout le Comité exécutif de l’OIAC a salué cette démarche. Alors que les USA, malheureusement, n’ont pas encore tenu leurs engagements, et au lieu de cela ils préfèrent le repousser éternellement.

Journaliste : Mais si je viens d’affirmer une évidence et que l’engagement de la Russie à ce sujet est clair, vous voulez donc certainement que les coupables de l’usage des armes chimiques à Douma (et leur usage est confirmé par des preuves accablantes) soient punis ?

Sergueï Lavrov : Attendez, attendez. Vous allez trop vite en besogne concernant les ‘faits’, encore une fois.

Journaliste : Je ne pense pas.

Sergueï Lavrov : Il n’y a aucune preuve de l’usage des armes chimiques à Douma le 7 avril, et vous avez déjà…

Journaliste : Mais il y a des preuves

Sergueï Lavrov : Pouvez-vous… Pouvez-vous [arrêter de m’interrompre] ?

Journaliste : Emmanuel Macron et les Français ont clairement dit qu’ils disposaient d’informations sur les vols d’hélicoptères syriens gouvernementaux au-dessus de Douma. Ils ont des photos de bouteilles de gaz retrouvées sur les lieux de l’attaque. Ils ont également enregistré tous les usages d’armes chimiques par le gouvernement syrien durant les dernières années. Si vous combinez tout ces éléments, dans la mesure ou les Français, les Américains, les Britanniques…

Sergueï Lavrov : Je ne peux pas me permettre d’être impoli envers d’autres chefs d’Etat (ni envers le chef de mon Etat, évidemment), mais vous avez cité des dirigeants de la France, du Royaume-Uni et des Etats-Unis. Mais franchement, toutes les preuves auxquelles ils se réfèrent sont tirées des médias et des réseaux sociaux. Par exemple, les bouteilles de gaz. J’ai vu cette photo – une bouteille de gaz sur un lit, alors que le lit est intact, la vitre de la fenêtre n’est pas brisée. Ecoutez, vous devez être un peu plus sérieux. Pouvez-vous m’expliquer pourquoi frapper (la Syrie) si le lendemain, les inspecteurs de l’OIAC vont se rendre sur les lieux pour examiner ce qu’ils affirment s’être passé ?

Journaliste : Le représentant américain de l’OIAC dit qu’il y a de sérieuses raisons de craindre que la Russie tentait de détruire les preuves à Douma. Pouvez-vous affirmer de votre côté que la Russie ne faisait rien de tel ?

Sergueï Lavrov : Oui, je peux le garantir, mais vous savez, c’est absolument la même logique que Theresa May concernant Salisbury. Quand nous avons posé des dizaines de questions, quand nous avons demandé d’organiser une enquête conjointe, quand nous avons demandé un accès au processus de prélèvement d’échantillons, elle a répondu non, qu’ils ne répondront à aucune question tant que la Russie ne répondra pas aux leurs. Or la seule question qui nous était posée était celle-ci : « Expliquez nous comment vous l’avez fait. Est-ce Vladimir Poutine qui a ordonné d’empoisonner ces deux malheureuses personnes ? Ou est-ce dû au fait que vous avez perdu le contrôle de vos réserves d’armes chimiques ? » Pour toute personne raisonnable, c’est une situation particulièrement étrange… Mais revenons à Douma.

Journaliste : Oui, je reviendrai aux Skripal, mais revenons à Douma et à la question de la crédibilité. Vous avez d’abord déclaré que l’incident (chimique) à Douma n’avait pas eu lieu. Puis la Russie a changé de position et déclaré que quelque chose s’est effectivement produit, mais que c’était une mise en scène fabriquée par des pays russophobes.

Sergueï Lavrov : En effet, il n’y a pas eu d’incident (chimique). Ce qu’il y a eu, c’est une mise en scène. Aucune arme chimique n’a été utilisée.

Journaliste : Vous pensez que le Royaume-Uni est impliqué dans cette fausse attaque à l’arme chimique à Douma, n’est-ce pas ?

Sergueï Lavrov : L’Histoire a connu plusieurs tels précédents de ces dernières décennies. Ce que nous pensons effectivement, et nos renseignements pourraient partager les informations nécessaires avec leurs collègues britanniques, c’est…

Journaliste : Mais vous dites que vous avez des preuves irréfutables que c’est un faux, une mise en scène. Vous dites que les volontaires des Casques blancs y sont impliqués. Où sont vos preuves irréfutables ?

Sergueï Lavrov : Pour obtenir les preuves irréfutables il faut se rendre sur les lieux, et le…

Journaliste : Où sont les preuves irréfutables que tout cela a été mis en scène par les Casques blancs avec le soutien du gouvernement britannique ? Nous parlons de crédibilité. Où est votre crédibilité ?

Sergueï Lavrov : Ce que j’ai dit, c’est que les Casques blancs, on le sait, travaillent uniquement sur le territoire contrôlé par l’opposition, notamment le groupe Front al-Nosra. On sait que les Casques blancs tirent (régulièrement) la sonnette d’alarme concernant des prétendus incidents chimiques, comme il y a un an à Khan Cheikhoun, qui s’est avéré être un faux du début à la fin. Tout le monde sait que les Casques blancs sont financés par plusieurs pays, le Royaume-Uni y compris.

Journaliste : Mais ce ne sont pas des preuves irréfutables.

Sergueï Lavrov : Une seconde. Des preuves irréfutables de quoi ?

Journaliste : Vous avez dit avoir des preuves irréfutables qu’un pays russophobe, et vous vouliez dire le Royaume-Uni, travaillait conjointement avec les Casques blancs pour mettre en scène l’incident.

Sergueï Lavrov : Une seconde. Pourquoi dites-vous que j’ai désigné les Royaume-Uni ? Il ne faut pas me faire dire ce que je n’ai pas dit. J’ai dit ‘un Etat qui cherche à être le premier dans les rangs de la campagne russophobe’. Alors essayez de me citer sans déformer, sinon ce n’est pas très professionnel.

Alors, en parlant de preuves irréfutables, les inspecteurs de l’OIAC ont accepté de mener une enquête pour savoir ce qui s’est passé à Douma. Ils sont venus au Liban. Les autorités syriennes leur ont dit qu’ils obtiendraient immédiatement leur visa en arrivant à la frontière. Sept heures après cela la Syrie a été frappée. Pourquoi le faire à la veille de l’arrivée des inspecteurs ?

Journaliste : S’il s’avérait que les gouvernements de la France, du Royaume-Uni et des USA avaient raison et que vous aviez tort, et si le Président syrien Bachar al-Assad continuait d’utiliser l’arme chimique, comme il l’a fait en 2013 dans la Ghouta faisant jusqu’à un millier de morts, comme il l’a fait il y a un an à Khan Cheikhoun ou comme il vient de le faire à Douma, selon les Américains et leurs alliés. S’il s’avérait qu’ils ont raison et que vous avez tort, reconnaitrez-vous que le Président Bachar al-Assad doit être puni ?

Sergueï Lavrov : Vous savez, vous ne m’entendez pas. Plus exactement vous ne m’écoutez pas. Je viens de dire que l’acte d’agression a été commis moins d’une journée avant l’arrivée sur les lieux de l’attaque chimique supposée des inspecteurs internationaux, dont des citoyens américains, si je comprends bien.

Maintenant, en ce qui concerne ce qui s’est passé il y a un an à Khan Cheikhoun. C’était le 4 avril. Le lendemain le Secrétaire d’Etat américain Rex Tillerson m’a téléphoné et a demandé d’obtenir des autorités syriennes un accord pour permettre aux inspecteurs internationaux d’examiner la base aérienne d’où a décollé l’avion qui aurait embarqué cette bombe chimique. Le lendemain matin nous avons dit aux Américains que l’accord était obtenu. Ils ont répondu, ‘non, merci’ et ont frappé le lendemain. Nous avons demandé que les inspecteurs de l’OIAC se rendent sur les lieux, mais on nous a répondu que c’était très dangereux et que dans tous les cas ce n’était pas nécessaire parce que les Britanniques et les Français possédaient déjà tous les échantillons nécessaires. Nous avons alors demandé aux Britanniques et aux Français de nous expliquer comment ils avaient réussi à obtenir les échantillons dans un endroit aussi dangereux. Peut-être qu’ils ont des contacts avec les Casques blancs qui contrôlent ce territoire. Ils ont répondu que ces informations étaient confidentielles.

Il y a bien plus de faits que nous voudrions éclaircir et bien plus de questions légitimes en réponse de la seule question que nous entendons de la part des dirigeants et des médias occidentaux : ‘Pourquoi l’avez-vous fait ? Pourquoi avez-vous utilisé l’arme chimique au Royaume-Uni ? Pourquoi couvrez-vous Bachar al-Assad ?’ Et maintenant vous vous appuyez sur ces déclarations pour dire : ‘Et s’il s’avérait que vous aviez tort, alors quoi ?’ C’est très intéressant comme…

Journaliste : Vous êtes le chef de la diplomatie russe. Si d’autres incidents chimiques se produisaient et que les USA, le Royaume-Uni, la France et d’autres pays considéraient que c’est l’œuvre de Bachar al-Assad, il est certain qu’il y aurait de nouvelles frappes encore plus massives. Quel pourrait être le résultat ? Est-ce que la Russie prendra des contremesures ?

Sergueï Lavrov : Avant de parler de ‘nouveaux incidents’ il faut d’abord prouver que Bachar al-Assad a effectivement utilisé l’arme chimique. Puis-je vous donner un bref…

Journaliste : J’ai seulement posé une question très simple parce que le monde veut savoir. Selon Nikki Haley, les USA sont « chargés et prêts à faire feu », et s’ils estiment – peu importe ce que vous pouvez penser de votre côté – que Bachar al-Assad a à nouveau utilisé des armes chimiques, il est clair qu’il y aurait une réponse militaire de leur part encore plus massive. Comment réagirait la Russie face à cela ?

Sergueï Lavrov : Vous savez, je ne travaille pas dans la voyance. Ce que je sais, c’est qu’il y a quelque temps, trois pays occidentaux, qui dirigent actuellement cette campagne hystérique, ont averti qu’en cas d’utilisation par Bachar al-Assad de l’arme chimique, ils utiliseraient la force. Je le considère comme un signal aux ‘méchants’, notamment aux Casques blancs, pour organiser des provocations. Maintenant, après la frappe aérienne du 14 avril, ils disent à nouveau qu’en cas de nouvel incident, ils réutiliseront la force. Et cela constitue un autre signal adressé aux combattants et aux extrémistes pour qu’ils relancent les activités militaires, ce qu’ils ont déja fait. Immédiatement après la frappe aérienne, ils ont tenté de lancer une offensive contre Damas. Ce que je veux dire, c’est que lorsque certains disent que la Russie est responsable de (l’accomplissement des engagements) de Bachar al-Assad dans le cadre de la Convention sur l’interdiction des armes chimiques, c’est tout simplement révoltant. Nous avons mené ce travail conjointement avec les USA.

Journaliste : Une dernière question sur la diplomatie avant d’aborder d’autres thèmes. Aujourd’hui les USA proposeront au Conseil de sécurité des Nations unies d’examiner une nouvelle résolution qui est selon eux nécessaire pour avertir Bachar al-Assad au nom de la communauté internationale qu’il ne peut pas utiliser à nouveau des armes chimiques. Êtes-vous prêt à coopérer avec les USA à l’ONU ? Cesserez-vous d’opposer votre veto à toutes les résolutions proposées par les USA et leurs alliés ?

Sergueï Lavrov : Pas toutes les résolutions. S’il est question de la reprise du mécanisme d’enquête qui n’est pas transparent ni indépendant et qui lui-même émet la sentence sans attendre le verdict du Conseil de sécurité des Nations unies, alors nous ne pourrons évidemment pas l’accepter. D’ailleurs, …

Journaliste : Vous n’accepterez pas.

Sergueï Lavrov : Vous savez ce que je pense ? Steve, s’il vous plaît, laissez-moi m’exprimer. Je pense que le seul but de cette résolution et de donner l’apparence, si la Russie et la Syrie acceptent de coopérer, ce qui est impossible du fait du contenu, mais si nous acceptions ils voudraient le présenter de sorte que ce sont les bombes nous ont contraint à négocier. C’est pourquoi la résolution exige que les autorités syriennes doivent accepter les négociations. Tout en faisant l’impasse sur le fait que le principal groupe d’opposition qu’ils soutiennent, ce qu’on appelle le groupe de Riyad en la personne de son président Nasser al-Hariri, qui a récemment appelé les USA à utiliser la force pas seulement en cas d’utilisation de l’arme chimique, mais partout où l’opposition lutte contre les forces gouvernementales.

Journaliste : Quelques brèves questions. Premièrement, pensez-vous que Bachar al-Assad est sorti vainqueur de cette interminable guerre syrienne ?

Sergueï Lavrov : Il ne faut pas penser aux vainqueurs et aux vaincus, ni à Bachar al-Assad ou ses opposants. Il faut penser avant tout au peuple syrien qui a besoin d’un répit des horreurs de 8 ans de conflit.

Journaliste : Quel est l’objectif final de la Russie en Syrie ? Ces derniers temps Moscou y envoie de plus en plus de matériel et d’effectifs. Est-ce que cela signifie que vous avez l’intention d’aider Bachar al-Assad tant qu’il ne contrôlera pas chaque centimètre du territoire syrien ?

Sergueï Lavrov : Notre objectif consiste à protéger la Syrie contre l’agression qui a commencé le 14 avril et laquelle ces trois pays, comme ils déclarent, ont l’intention de poursuivre.

Journaliste : Avez-vous l’intention de livrer au Président syrien Bachar al-Assad votre tout nouveau système antiaérien S-300 ? Si oui, cela pourrait préoccuper sérieusement Israël.

Sergueï Lavrov : Le Président russe Vladimir Poutine a déjà répondu à cette question. Il a rappelé qu’il y a quelques années, à la demande de nos partenaires, nous avions décidé de ne pas livrer les S-300 à la Syrie. A présent, après un acte d’agression révoltant des USA, de la France et du Royaume-Uni, nous étudierons les options pour assurer la sécurité de l’Etat syrien.

Journaliste : Si je comprends bien, les événements de ces derniers jours vous ont poussé à revoir votre position et maintenant vous êtes enclins à fournir ces systèmes de défense antiaérienne modernes en Syrie ?

Sergueï Lavrov : Cela nous convainc que nous devons fournir à la Syrie tout ce qui est nécessaire pour aider aider l’armée syrienne à prévenir toute agression.

Journaliste : Au moins 500 000 personnes ont été tuées en sept ans de guerre en Syrie. Au moins 12 millions de personnes ont dû quitter leur foyer. Au moins 5 millions d’entre elles se sont retrouvés en dehors de la Syrie. Vous pensez sérieusement que Bachar al-Assad est vraiment capable d’unir le pays, de guérir les blessures et de diriger la Syrie ?

Sergueï Lavrov : Nous n’avons jamais rien dit de tel. Notre approche se reflète dans la résolution 2254 du Conseil de sécurité des Nations unies – ce sont les Syriens eux-mêmes qui doivent décider du sort de la Syrie. Il faut une nouvelle Constitution, des élections, et que les Syriens décident eux-mêmes. Les tentatives incessantes de faire éclater la Syrie en morceaux vont à l’encontre de ce qui est dit publiquement et au niveau officiel. D’ailleurs la Syrie n’est pas la seule à souffrir des terribles conséquences de la guerre civile. Regardez l’Irak et la Libye. Et maintenant ceux qui ont mis ces pays dans un tel état veulent que la même chose soit faite en Syrie.

Journaliste : Maintenant parlons un peu de l’affaire de Sergueï Skripal et de sa fille Ioulia qui ont été empoisonnés dans la ville de Salisbury au sud de l’Angleterre. Aujourd’hui, dans cette interview, vous avez dit que la confiance était importante. Vous, Ministre russe des Affaires étrangères, affirmez que les services britanniques connus pour leur ‘autorisation de tuer’ sont impliqués dans cet incident. Peut-être que ces derniers propos étaient une plaisanterie de votre part. Dites, vous pensez vraiment que votre version sera prise au sérieux ?

Sergueï Lavrov : On nous a dit que ‘très probablement’ les Skripal ont été empoisonnés par les Russes parce qu’il n’existe aucune autre explication plausible. C’est pourquoi nous avons répondu qu’il existait d’autres versions plausibles.

Journaliste : Mais votre version n’est pas crédible.

Sergueï Lavrov : Et pourquoi donc ?

Journaliste : Avez-vous le moindre soupçon de preuve que les services britanniques ont essayé de tuer Sergueï Skripal ?

Sergueï Lavrov : Les Romains avaient déjà un critère : ‘Cherchez à qui profite le crime’. Je pense que la provocation aussi bien en Syrie que sur le territoire britannique a été on ne peut plus bénéfique pour le Royaume-Uni. Aujourd’hui le Royaume-Uni se retrouve sur le devant de la scène de la politique mondiale par un tel moyen très négatif, agressif et étrange.

Journaliste : Permettez-moi de relever l’incohérence de votre position. Pendant l’interview vous avez souligné avec force l’attachement de la Russie à toutes les conventions et accords internationaux sur l’interdiction des armes chimiques, y compris en soutenant l’activité de l‘OIAC.

Sergueï Lavrov : C’est exact.

Journaliste : Et vous soutenez notamment l’activité de l‘OIAC

Sergueï Lavrov : C’est exact

Journaliste : Vous savez mieux que moi que l’OIAC a envoyé les échantillons de la substance neuro-paralytique utilisée à Salisbury à quatre laboratoires différents, et tous ont confirmé qu’il s’agissait de ‘Novitchok’ (comme le disait le gouvernement britannique) de niveau de pureté élevé.

Sergueï Lavrov : Et c’est précisément le problème. La présence même de la substance A-234 à un niveau de pureté élevé et à très forte concentration est suspecte car…

Journaliste : Il est clair qu’elle vient de Russie, de l’ex-URSS. Tout le monde sait que c’est vous qui avez inventé ce gaz neuro-paralytique.

Sergueï Lavrov : Restons-en aux faits. Vous êtes peut-être un as pour poser des questions dures, mais il faut aussi savoir écouter ! En effet, cette substance a été élaborée en Union soviétique, mais ensuite l’un de ses inventeurs s’est enfui aux USA et a publié la formule en accès libre. Vous devriez vous-même vérifier cette information d’évoquer la question. Les USA ont même breveté cette formule et cette substance est officiellement en service dans les renseignements américains ou l’armée, je ne sais plus. L’A-234 est une substance qui tue rapidement et ensuite elle s’évapore rapidement. C’est pourquoi nos chercheurs disent que les échantillons prélevés deux semaines plus tard ne peuvent en aucun cas contenir une ‘très forte concentration’ de cette substance.

Journaliste : Nous revenons à nouveau à la question de savoir qui l’on croit ou non. Peut-être que ce que vous dites est crédible en Russie, mais en aucun cas dans le reste du monde. Plus de 100 diplomates russes ont été expulsés de plus de 20 pays occidentaux parce qu’ils estiment que c’est la Russie qui est coupable.

Sergueï Lavrov : Si vous voulez tout de même parler sur le fond, permettez-moi d’ajouter ceci. Samedi nous avons présenté un document avec les conclusions du Centre suisse d’analyse radiologique et chimico-biologique de Spiez (l’un des laboratoires que vous avez mentionnés) qui a effectivement découvert une ‘forte concentration’ d’A-234, mais hormis ça…

Journaliste : Je vous demande : faites-vous ou non confiance à l’OIAC ? La question est très simple. Vous semblez ne pas leur faire confiance.

Sergueï Lavrov : Mince ! Pour un Britannique vous avez d’horribles manières. Le rapport du laboratoire suisse affirme aussi qu’ils ont d’abord découvert la substance BZ, inventée, si je ne m’abuse, en 1955 aux USA, et mise en service dans les armées américaine et britannique. Nous avons envoyé à l’OIAC, à laquelle nous faisons confiance, une requête pour confirmer ou réfuter qu’en plus de l’A-234, le laboratoire suisse aurait découvert dans les échantillons du BZ. Maintenant nous attendons une réponse de l’OIAC, à laquelle nous faisons confiance, évidemment. Mais comme on dit, faisons confiance mais vérifions quand même.

Journaliste : Il ne nous reste pratiquement plus de temps et je dois encore vous poser une question sur les sanctions. Le ministère américain des Finances s’apprête à annoncer de nouvelles sanctions contre des personnes et des compagnies russes qui, estime-t-on, sont liées à l’armée syrienne. Le marché boursier russe avait sérieusement fléchi à cause des sanctions précédentes décrétées par le gouvernement américain. La Russie est au pied du mur.

Sergueï Lavrov : Merci pour votre compassion. Mais ne vous inquiétez pas, nous allons nous en sortir. Et ce n’est pas…

Journaliste : Le marché boursier s’est effondré de 10%, le rouble a chuté par rapport au dollar.

Sergueï Lavrov : N’avez-vous pas connu de périodes difficiles par le passé ? Vous vous souvenez, George Soros avait joué contre votre marché boursier et avait fait effondrer la Livre Sterling ? Mais ils ne s’agit pas simplement des menaces de punir ceux qui ont des contacts avec le gouvernement syrien. En fait, ils veulent punir tout le peuple russe pour avoir fait le ‘mauvais’ choix à l’élection présidentielle. Ils déclarent qu’ils ne nuiront jamais aux Russes du quotidien, mais seulement aux oligarques, aux politiciens et aux militaires qui déstabilisent soi-disant le monde, mais ils mentent. Leur véritable souhait consiste à causer des problèmes aux centaines de milliers de Russes, ceux qui ont été employés à…

Journaliste : Et c’est votre point faible.

Sergueï Lavrov : Oui, oui.

Journaliste : Et c’est votre point faible. Vous disposez peut-être du plus puissant arsenal nucléaire au monde, comme s’en vantait le Président russe Vladimir Poutine, mais votre économie est faible et vulnérable.

Sergueï Lavrov : Oui, c’est le cas et nous le savons. Mais notre économique a traversé de nombreuses épreuves depuis la Seconde Guerre mondiale. Je peux vous assurer que le gouvernement et le Président veillent attentivement à mettre en place les réformes nécessaires, et c’était le thème principal de la première partie de l’allocution du Président russe à l’Assemblée fédérale. Dans la deuxième partie, lorsqu’il a parlé de nouveaux armements, il a conclu par l’idée que nous sommes toujours prêts au dialogue sur la base du respect réciproque et de l’équilibre des intérêts.

Journaliste : Et dernière question. Le Secrétaire général de l’Onu Antonio Guterres a déclaré récemment que le monde était à nouveau plongé dans une guerre froide, mais si auparavant il existait des mécanismes qui prévenaient la possibilité d’escalade entre les USA et l’URSS, aujourd’hui ces mécanismes semblent absents. Cette conclusion est terrifiante. Vous travaillez à votre poste depuis 13 ans. Peut-on qualifier la période actuelle de la plus terrible dans votre mémoire ?

Sergueï Lavrov : L’un des mécanismes est d’avoir des canaux de communication normaux. Les canaux de communications entre Moscou et Londres ont été fermés à l’initiative britannique. Les contacts entre les militaires et entre toutes les agences chargées de la lutte antiterroriste ont été stoppés il y a longtemps, toujours à l’initiative de Londres. Le Conseil OTAN-Russie, qui était un mécanisme très utile pour promouvoir la confiance et la transparence dans les relations, a de facto été fermé par l’OTAN. A présent l’OTAN ne veut parler que de l’Ukraine sur cette plateforme. L’UE a également fermé toutes les voies de coopération avec la Russie et communique avec nous uniquement sur la Syrie et d’autres…

Journaliste : Mais avez-vous le sentiment qu’une nouvelle guerre froide a commencé ?

Sergueï Lavrov : Selon moi, la situation actuelle est pire que pendant la Guerre froide parce qu’à l’époque, il y avait au moins des canaux de communication, et il n’y avait pas une telle russophobie hystérique, qui ressemble à une sorte de génocide par les sanctions.

Journaliste : Vous pensez qu’aujourd’hui la situation est pire qu’à l’époque de la Guerre froide ?

Sergueï Lavrov : Oui, précisément à cause de l’absence de canaux de communication. Du moins il n’en reste pratiquement plus.

Journaliste : Cela rend la situation très dangereuse.

Sergueï Lavrov : J’espère que vous ne serez pas le seul d’entre vos compatriotes à s’en rendre compte, et que votre gouvernement en particulier le reconnaitra.

Journaliste : C’est difficile d’imaginer ou de se rappeler une période historique où la Russie ressemblait plus à un pariah et était aussi isolée qu’aujourd’hui. Vous avez la Coupe du monde de football cet été, et le Ministre britannique des Affaires étrangères Boris Johnson l’a déjà comparée à l’organisation par Adolf Hitler en 1936 des Jeux olympiques à Berlin.

Sergueï Lavrov : En 1938, c’est-à-dire après cette Olympiade, a été joué le match entre le Royaume-Uni et l’Allemagne. Vous pouvez trouver sur internet la photo de ce match où avant le jeu les joueurs allemands et britanniques font le salut nazi.

Journaliste : Que voulez-vous dire ?

Sergueï Lavrov : Je n’ai pas l’intention de parler de Boris Johnson. Nous avons déjà parlé avec lui pendant sa récente visite à Moscou. Qu’il se divertisse.

Journaliste : Notre temps est écoulé. Sergueï Lavrov, merci beaucoup d’avoir participé à l’émission ‘Hard Talk’.

Source : S. Hasan, 19-04-2018

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Commentaire recommandé

Philou // 23.04.2018 à 07h47

Extraordinaire (c’est-à-dire tout simplement posé et centré) Lavrov !
…ses expressions faciales, outre celles de la surprise et de la colère diplomatiquement réprimées face à l’imbécillité et la grossièreté de son interlocuteur, sont véritablement celles d’un scientifique tentant d’analyser l’étendue et la profondeur de la maladie mentale qui affecte le grand délirant qui lui fait face, Stephen Sackur, l’imprécateur de « Hard Talk » sur la BBC, émission qui illustre à merveille le complexe de supériorité britannique (et anglo-saxon) : mépris et manipulation des faits, condescendance, hypocrisie, sentiment absolu et autiste de son bon droit (« rightfulness ») conçu comme une norme universelle…
D’autres analyseront, sans doute point à point, le bien- ou mal-fondé de l’un et de l’autre, je m’en tiens à ce constat de Lavrov : il n’y a pratiquement plus de canaux ouverts entre la Russie et le FUKUS (France, GB, USA), alors que ce dernier donne de nouveaux signaux aux terroristes modérément modérés pour qu’ils réitèrent leurs provocations sous faux drapeau, prétextes à de nouvelles agressions.
Minuit sonne donc déjà à la « doomsday clock »… QUE PEUT-ON FAIRE ?!!

48 réactions et commentaires

  • Owen // 23.04.2018 à 07h19

    Attention aux automatismes anachroniques: les Anglais ont peut-être fait le geste olympique, encore en vigueur avant la guerre, lui même repris au salut officiel romain.

    Cela fait quelques semaines qu’il y a des petites erreurs de communication de Lavrov et Zakharova. Notamment la présence du BZ parmi les échantillons envoyés pour analyses avec l’affaire Skripal: peut-être s’agit-il d’échantillons témoins pour vérifier la fiabilité des analyses demandées. Mais j’ai mal pour eux: difficile de rester zen et parfaits quand on est enseveli depuis des mois, des années, par de tombereaux d’injures et mensonges évidents. Et c’est bien le but.
    Stephen Sackur, qui pose des questions n’est évidemment plus un journaliste, juste un aboyeur.

    Quand on entend son homologue, Y le Drian, accumuler des idées creuses avec des mensonges dangereux, sans même de syntaxe, alors qu’il a fait hypokhâgne, est agrégé d’histoire et a enseigné en université, il n’y a en effet plus de mots à placer sur rien.

    Finalement, c’est B Griveaux qui a marqué le dernier jour d’une possible diplomatie française le 14 mars: « Nous ne faisons pas de politique-fiction sur des sujets aussi graves ».
    Maintenant, la diplomatie, c’est ça: https://francais.rt.com/france/50084-emmanuel-macron-vladimir-poutine-fox-news .
    Remarquons que les iraniens sont nos ennemis: ça y est, c’est fait. « Poutine extrêmement dur avec les minorités »: un pays à 128, ou 140 « minorités », bref…
    Plus qu’à attendre de voir comment Machin va franchir les limites de l’impensé, pire que Hollande, qui a fait pire que Sarkozy …

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    • Jo // 23.04.2018 à 09h40

      « Notamment la présence du BZ parmi les échantillons envoyés pour analyses avec l’affaire Skripal: peut-être s’agit-il d’échantillons témoins pour vérifier la fiabilité des analyses demandées. »

      N’avez-vous pas entendu ce que dit Lavrov? Il est impossible que les échantillons prélevés aient un tel degré de pureté. En outre le BZ (un incapacitant non mortel) est totalement compatible avec ce qui s’est passé et la « résurrection » des Skripal. Il suffit de visionner la vidéo de l’attentat contre Kim-Jung Nam avec du VX pour comprendre que les Skripal n’ont pas été victimes d’un agent chimique plusieurs fois plus mortel que le VX. Sans parler de l’absence de séquelles.

      L’arrogance et l’impolitesse du journaliste qui coupe la parole de Lavrov à plusieurs reprises est ahurissante.

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      • Philippe, le belge // 23.04.2018 à 10h35

        Par rapport à l’arrogance du journaliste, attention, c’est la marque de fabrique de l’émission et n’a donc rien de « personnel » contre Lavrov!
        Ca reste par contre une pratique détestable que l’on retrouve malheureusement de plus en plus partout.

        Petite annecdote, Richard Anconina à participé il y a deux semaines à une émission en direct sur la RTBF, en Belgique donc, où à plusieurs reprises il est resté coi, ou ne répondant que par quelques mots, aux questions de l’animatrice qui attendait qu’il s’exprime plus longuement. Il n’avait tout simplement plus l’habitude d’avoir la parole dans une émission de télé, sous entendu en France!

        Ceci dit, nous avons nos journalistes impolis chez nous aussi mais ça se limite aux émissions politiques.

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      • V_Parlier // 24.04.2018 à 21h22

        Je pense en tout cas que ceux qui ont répondu qu’il fallait des échantillons témoins de BZ pour l’analyse pourraient au moins expliquer, sans rentrer obligatoirement dans des détails approfondis, ce qu’on en fait. A défaut d’autres raisons, cela veut-il dire qu’il faut des témoins de toutes les substances qu’on recherche? Si oui, il y avait obligatoirement aussi un témoin « novichok » (voire plusieurs). Si oui, synthétisés et possédés par qui?
        Non, décidément, il n’y a pas que les Russes qui s’enfonceraient dans la communication. En face ça ne tient toujours pas debout. Enfin pour ce qui est de la Ghouta, sur la ZDF pourtant pas vraiment pro-russe, ça se tempère de plus en plus! -> https://www.youtube.com/watch?v=kGp3g_nqNZo .

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    • Jo // 23.04.2018 à 09h46

      « Attention aux automatismes anachroniques: les Anglais ont peut-être fait le geste olympique, encore en vigueur avant la guerre, lui même repris au salut officiel romain.  »

      Aucun anachronisme quand on connaît les liens entre la famille royale et les nazis:

      http://www.leparisien.fr/flash-actualite-monde/famille-royale-et-nazis-cachez-ce-passe-que-les-anglais-ne-sauraient-voir-19-07-2015-4956221.php

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      • Philippe, le belge // 23.04.2018 à 10h26

        Moi je me demande pourquoi les joueurs auraient fait un geste olympique lors d’un match joué en 38 qui ne doit donc avoir aucun lien avec l’olympisme!
        D’ailleurs il suffit de chercher un petit peu sur le net pour trouver l’information confirmant qu’il s’agit bien d’un salut nazi effectué pour ne pas déplaire aux allemands!. C’était peu après l’annexion de l’Autriche et que quelques mois avant les accords de Münich où France et GB légitiment l’avancée allemande en tchécoslovaquie…

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    • Mr K. // 23.04.2018 à 10h19

      @ Owen
      « Attention aux automatismes anachroniques » dites vous. Vous adressez à qui cette remarque?

      C’est l’échappé du Muppet’s show, Boris Johnson, qui a fait cette déclaration ignoble que la coupe du monde de football en Russie cet été était comparable à l’organisation par Adolf Hitler en 1936 des Jeux olympiques à Berlin.

      Cette déclaration de Boris Johnson est chargée bien évidemment de tout le poids de l’histoire du 3ème reich telle que nous la voyons aujourd’hui.

      Vous remarquerez que M. Lavrov ne fait que citer un fait. Oui, après 1936, en 1938, avant le match entre le Royaume-Uni et l’Allemagne les joueurs allemands et britanniques font le salut nazi.

      Euh, salut romain? Geste olympique? Vous êtes sérieux?

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    • Owen // 23.04.2018 à 12h51

      @ Jo
      Article et les commentaires : https://www.les-crises.fr/affaire-skripal-fake-news-a-la-une/

      L’agent incriminé A- 234, « Novichok » était pur et concentré deux semaines après le forfait, selon les laboratoires qui ont analysé les échantillons reçus. Or Lavrov dit que l’ A-234 est très volatil. C’est une chose.
      Le BZ est un autre neurotoxique, plus lent et moins puissant. L’un des laboratoires a confirmé à Lavrov avoir trouvé aussi ce neurotoxique dans les échantillons reçus. Hypothèse: les Skripal intoxiqués au BZ, et le A-234 rajouté au dernier moment avant envoi aux labos ?
      Mais Karen Pierce a expliqué à l’ONU que des échantillons imbibés de BZ ont été envoyés en compléments comme tests en aveugle (si j’ai bien compris) pour vérifier la capacité d’analyse des laboratoires. Je ne suis pas laborantin ni ministre, je n’en sais rien, mais si c’est une procédure classique, Lavrov aurait dû le savoir.
      Donc affaire à plusieurs possibilités. Le triumvirat USA/France/GB aime l’embrouille, c’est la communication qui lui convient. Si j’ai mal pour Lavrov et Sakharova, c’est parce qu’au contraire ils doivent être clairs dans leur communication et plus l’embrouille est épaisse, plus c’est difficile pour eux.

      @ Jo et Mr K
      Dans un peplum, vous verrez des bras levés. Pareil dans le Serment du Jeu de Paume, de David. Cherchez « timbre Pierre de Coubertain ».
      Ce geste était encore polysémique avant guerre, donc à quoi jouait Elisabeth II avec sa famille en 1933 ou 34 dans la vidéo ?
      La photo des joueurs en 1938: peut-être discipline sportive qui l’a emporté et politesse dans le pays hôte? (on est avant la guerre, plus facile dire après coup qu’ils n’auraient pas dû). Le salut nazi par affirmation idéologique n’a rien de certain.
      Ce qui n’empêche pas des grands bourgeois et aristocrates d’avoir fréquenté des gradés nazis, par entre soi, gens de même classe sociale.
      Si vous présentez ces documents à un anti-russe, ce n’est pas suffisamment probant. Il va vite vous retourner par-contre le pacte Motov-Ribentropp et la déclaration de guerre britannique contre Hitler, et c’est bon, il y a de quoi s’embrouiller. C’est de ça que Boris Johnson et Yves le Drian se nourrissent.

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      • Mr K. // 23.04.2018 à 20h02

        Dans la famille royale d’angleterre je voudrais l’oncle d’Elisabeth II.

        Pioche? Et bien non, son Oncle futur roi Edward III bien connu pour ses sympathies nazies apparaît dans la vidéo où la future Elisabeth II fait le salut nazi.
        Même si cela c’est gâté plus tard, beaucoup en Grande-Bretagne voyaient d’un œil favorable Hitler avant guerre.

        Extrait d’un article du figaro présentant cette vidéo : « Ce dernier [l’oncle Edward] est régulièrement présenté par les historiens comme un sympathisant nazi. Avant la guerre, sa future femme, Wallis Simpson, fut la maîtresse du dignitaire nazi von Ribbentrop, ambassadeur à Londres. C’est par elle que le futur roi noue des liens avec les dignitaires nazis. En 1937, après son abdication, devenu duc de Windsor, il effectue une visite remarquée en Allemagne où il rencontre Adolphe Hitler. »

        http://www.lefigaro.fr/international/2015/07/18/01003-20150718ARTFIG00044-le-salut-nazi-qui-embarrasse-la-reine-d-angleterre.php

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        • Owen // 24.04.2018 à 00h20

          En effet, Edward III, duc de Windsor cumulait tout, : nazi, raciste, antisémite.
          Gênant, au point qu’après son opportune abdication, il a été expédié sans lui demander son avis aux Bahamas pendant la guerre.

          Le salut de la vidéo est donc bien nazi.

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      • V_Parlier // 24.04.2018 à 21h26

        Vous écrivez: « Mais Karen Pierce a expliqué à l’ONU que des échantillons imbibés de BZ ont été envoyés en compléments comme tests en aveugle (si j’ai bien compris) pour vérifier la capacité d’analyse des laboratoires. »
        -> Donc ils ont du envoyer aussi du Novichok témoin, sinon ça n’a pas de sens. Et comme je l’ai écrit plus haut, il vient d’où celui-là?

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    • Christian Gedeon // 24.04.2018 à 11h05

      Le salut romain était bras tendu à l’horizontale après avoir frappé la poitrine de ce meme bras…faut pas tout mélanger . Et pas bras tendu à 45 degrés vers le haut. Attention aux similitudes trompeuses. Pour info.

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    • Betty // 25.04.2018 à 14h56

      « Notamment la présence du BZ parmi les échantillons envoyés pour analyses avec l’affaire Skripal: peut-être s’agit-il d’échantillons témoins pour vérifier la fiabilité des analyses demandées. »:
      Très intéressant c’est la justification soutenue par Marc-Mickeaël Blum – Chef du laboratoire de l’OIAC depuis juillet 2017 – précise: “The precursor of BZ that is referred to in the public statements, commonly known as 3Q*, was contained in the control sample prepared by the OPCW Lab in accordance with the existing quality control procedures. https://www.opcw.org/fileadmin/OPCW/EC/M-59/en/ecm59dg01_e_.pdf
      Sérieusement, il est censé de se poser la question de l’utilisation d’un « chemical warfare agent » comme agent témoin…
      *benzilate de 3-quinuclidinyle
      Quant au salut évoqué https://www.humanite.fr/berlin-1936-les-jeux-de-la-honte-613465

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      • owen // 25.04.2018 à 23h06

        Finalement, peut-être que les anglais ont intoxiqué les Skripal avec le BZ et mis cet agent en échantillon-témoin. Et d’autre part fabriqué ou récupéré un agent A-234 dit Novichok et mis en échantillon comme agent ayant intoxiqué les Skripal.

        Lavrov ne peut pas accuser une inversion des échantillons, puisqu’il n’a pas assisté à cette inversion si elle a été faite, à moins de déclencher un nouveau concert d’indignations. Mais il a fait savoir quand même à tous l’existence du BZ dans les échantillons, pour que les gens qui savent décoder comprennent.

        Il aurait fallu qu’il fasse des prises de sang sur les Skripal, mais il n’y a aucun moyen de les voir, justement, on ne sait même pas où ils sont. Et c’est peut-être pour cela, aussi, que les anglais ont refusé le visa à la cousine des Skripal, qui aurait pu faire ces prises de sang en cachette (ou pourquoi pas un prélèvement de cheveux qui contient et l’ADN et l’enregistrement des événements physiologiques ).

        Les Skripal vont être gardés au frais au moins plusieurs mois et on ne saura jamais le fond de l’affaire.

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  • briska // 23.04.2018 à 07h28

    Les faits et les liens logiques n’ont plus de prise sur la conscience journalistique on dirait.

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  • Philou // 23.04.2018 à 07h47

    Extraordinaire (c’est-à-dire tout simplement posé et centré) Lavrov !
    …ses expressions faciales, outre celles de la surprise et de la colère diplomatiquement réprimées face à l’imbécillité et la grossièreté de son interlocuteur, sont véritablement celles d’un scientifique tentant d’analyser l’étendue et la profondeur de la maladie mentale qui affecte le grand délirant qui lui fait face, Stephen Sackur, l’imprécateur de « Hard Talk » sur la BBC, émission qui illustre à merveille le complexe de supériorité britannique (et anglo-saxon) : mépris et manipulation des faits, condescendance, hypocrisie, sentiment absolu et autiste de son bon droit (« rightfulness ») conçu comme une norme universelle…
    D’autres analyseront, sans doute point à point, le bien- ou mal-fondé de l’un et de l’autre, je m’en tiens à ce constat de Lavrov : il n’y a pratiquement plus de canaux ouverts entre la Russie et le FUKUS (France, GB, USA), alors que ce dernier donne de nouveaux signaux aux terroristes modérément modérés pour qu’ils réitèrent leurs provocations sous faux drapeau, prétextes à de nouvelles agressions.
    Minuit sonne donc déjà à la « doomsday clock »… QUE PEUT-ON FAIRE ?!!

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  • Danielle // 23.04.2018 à 08h46

    Ce journaliste interrompt sans arrêt et n’écoute pas ce que dit Sergueï Lavrov. C’est vraiment agaçant. On voit qu’il est tout à fait conditionné et adhère entièrement à la vision otanesque.

    Monsieur Lavrov par contre reste très pondéré et remet quelquefois ce grossier journaliste à sa place.

    J’apprécie beaucoup Sergueï Lavrov, qui malgré les sanctions et les campagnes de dénigrement à l’encontre de son pays, sait garder ce calme et cette sérénité.

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    • Suzy // 23.04.2018 à 12h13

      Sergueï Lavrov prouve qu’il est un vrai diplomate : réfléchi, à l’écoute, argumente et ne juge pas sans preuves réelles et non preuves fictives comme celles que Macron brandit dans un petit tube de Monoprix, avec un sourire ironique.
      Qui rira bien rira le dernier. Sa complice de dernière minute, T.May lui a glissé une peau de banane sous les pieds, il a couru sans réfléchir. Comment après avoir critiqué et menacé la G.B. par rapport au Bréxit peut-il virer de bord !!!
      Cet homme n’est pas fiable, la Russie a raison de s’en méfier, c’est un homme comme Sergueï Lavrov qu’il nous faudrait en France.

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  • Kiwixar // 23.04.2018 à 08h53

    Y en a qui cumulent. D’un côté, un pays plein d’hydrocarbures, avec chef d’Etat et chef de la diplomatie de haut calibre (tous deux adultes). De l’autre côté, des pays qui ont leur passé bien derrière eux et qui s’éloigne, en train de pomper leurs dernières gouttes d’hydrocarbures, importateurs, avec des marionnettes aux manettes et des bouffons à l’aboyage extérieur (mention spéciale pour BoJo et Ledrian). Ils ont bien raison de s’acoquiner entre semblables comme des poussins dans une basse-cour. Sic transit gloria mundi, et c’est bien triste, sans même la décence discrète de vieilles péripatéticiennes.

      +38

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    • moshedayan // 23.04.2018 à 13h22

      Bien vu !
      Il faut ajouter quand même des failles dans les réponses de Lavrov. Rien n’empêchait la Russie de répondre à Londres que « la forme d’ultimatum est inacceptable, mais les autorités russes ne sont pas à l’heure actuelle capables de dire si dans des anciennes républiques de l’ex-URSS, des individus ou organismes détiennent ou non un poison de type neurotoxique et qu’elles sont disposées à aider Londres dans l’enquête auprès des « suspects potentiels ». Quant à la Russie, elle n’a rien à se reprocher… » Il admet aussi les difficultés de l’économie russe face aux sanctions, c’est un aveu qui n’a pas besoin d’être dit. Comme d’ailleurs, quand il dit que les canaux entre militaires ne sont pas coupés. Ceci est inutile et laisse croire aux petits arrangements.
      Les Russes pensent -à tort ou à raison- que les « Trois O » n’auront plus facilement des ressources naturelles et que c’est bien cela qui nourrit leur agressivité. La Russie n’a rien à négocier sur ce plan, elle doit patienter car le système se grippe doucement – la montée du dollar face au rouble n’est que provisoire (comme un coup de poker, certes que « la 5e colonne » selon Jirinovski joue effectivement) s’ils tiennent bon l’effet retour des sanctions est inévitable.

        +5

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      • Theoltd // 23.04.2018 à 17h25

        Tres bon commentaire a mon avis, qui resume bien la course contre la montre qui se joue: sanctions d’un coté, et crise des ressources de l’autre. En mettant les pieds en Syrie, la Russie a grippé la belle machine destructrice de l’occident. mais ça va encore tanguer sec. Quoi qu’avec un Baril au dessus de 70, et a fortiori, 80 ou 90, la Russie se moquera éperdument des sanctions.

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  • Lucilin // 23.04.2018 à 09h47

    Il serait très intéressant de voir (vous pourriez le marquer en couleur) tous les passages qui ont rien été supprimés par la BBC…

      +7

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  • kasper // 23.04.2018 à 09h49

    je note que lui aussi affirme avoir des preuves mais ne les exibe pas…

    cela dit, impatient de comparer avec les performances de Johnson et Le Drian face aux journalistes russes.
    si ils ont le courage d’y aller, ca va sans dire.

      +5

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  • Vjan // 23.04.2018 à 10h29

    L’intelligence face à la bêtise crasse.
    La lecture de ce bref entretien suffit pour s’apercevoir que Sergueï Lavrov est de la race des très grands diplomates.
    Très informé, cultivé, direct dans son propos sans jamais se laisser embarquer par son interlocuteur ni dévoiler ce qu’il veut taire.
    Bien que Stephen Sackur se montre incisif et lui coupe souvent la parole, c’est pourtant Lavrov qui mène le dialogue en maintenant le fil de son discours jusqu’à son terme. Chaque tentative du journaliste pour le mettre en difficulté sur les agissements de la Russie se retourne immanquablement contre lui avec rappels de l’histoire, récente ou ancienne.
    Du grand art.

    Ah ! si nous avions des politiques français de la trempe de ce Lavrov ! 🙁

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    • Robur // 24.04.2018 à 12h36

      « Ah ! si nous avions des politiques français de la trempe de ce Lavrov ! ? »

      Nous en avons ! Simplement ils n’occupent pas de poste à responsabilité, et ça risque de devenir compliqué avec Emmanuel « Des-gens-qui-ne-sont-rien » Macron.

      Il ne faut pas non plus tomber dans le pessimisme, il existe des spécialistes brillants et mesurés. Cependant, depuis l’arrivée du petit Hongrois à l’Élysée, les néo-cons sont aux commandes, et – pour ne parler que du « Quai » – les spécialistes régionaux, jugés trop « conciliants », ont été remplacés par des spécialistes stratégiques. Ce sont généralement eux qu’on entend parler de « responsabilité de protéger » à longueur de temps.

        +1

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  • Jean // 23.04.2018 à 10h29

    Sur le site de la diplomatie française, je vous conseille d’aller voir la page d’accueil actuelle et un texte du Ministre des Affaires Etrangères Le Drian complètement hallucinant. On se croirait sur un blog complotiste de bas étage pas sur un site officiel de la France.

    https://www.diplomatie.gouv.fr/fr/

    Non aux manipulations de l’information !

    « Rappelez-vous Alep. On nous a rétorqués qu’il n’y avait pas eu d’attaques chimiques, puis tout fait pour empêcher l’enquête ; les habitants de Douma se seraient sacrifiés, gazés eux-mêmes pour mettre le régime en accusation, avec la complicité des renseignements occidentaux ! Quel complotisme ! À trop manipuler, on se manipule soi-même ! Tout cela ne vise qu’à instiller le doute, pour nous diviser. » Intervention de Jean-Yves Le Drian, ministre de l’Europe et des affaires étrangères devant le Sénat-16.04.2018

    https://www.diplomatie.gouv.fr/fr/politique-etrangere-de-la-france/manipulations-de-l-information/

      +14

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  • Christian Gedeon // 23.04.2018 à 10h33

    Partie d’échecs en cours. Le discours de Lavrov est celui d’un homme qui maîtrise son affaire. Posé,qui avance pas à pas,et ne veut pas faire de vagues avant le Mondial. Les quelques semaines qui viennent seront tout en retenue de la part des Russes et tout en provocations de la part des….autres. Il faut donc s’attendre à quelque chose qui puisse aider les…autres à boycotter le Mondial.

      +12

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  • step // 23.04.2018 à 10h41

    « Pour un Britannique vous avez d’horribles manières »: Qu’un diplomate aussi chevronné que Lavrov en arrive a de telles extrémités, c’est plus qu’inquiétant.

      +11

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    • Theoltd // 23.04.2018 à 12h54

      Oui Lavrov abuse un peu des pleonasmes.
      Dire: pour un britannique, aurait suffit!

        +5

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  • max // 23.04.2018 à 10h52

    Sur le constat de Lavrov rien à redire.
    Mais le journaliste signal, l’impuissance de la Russie qui a peut être le plus puissant arsenal nucléaire du monde et qui malgré tout se fait damer le pion (même avec des accusations bidonnées).
    Lavrov admet que la situation est pire que durant la guerre froide mais du temps de la guerre froide la GB n’aurait pas fait ses opérations de bizutages le sourire aux lèvres car la crainte d’une réaction de l’URSS aurait calmé l’audace de la GB.
    Ainsi il n’y aurait pas eu d’affaire Skripal car des citoyens de la GB en auraient subie les représailles.
    En ce qui concerne le PIB de la Russie en terme de parité de pouvoir d’achat, il est supérieur a celui de la GB ce que Lavrov aurait du signaler au journaliste (Russie 6eme place et GB 9eme).
    Du coté de la Russie, on ressent la volonté de ne pas aggraver la situation, l’OTAN en profite et risque de continuer
    L’autre théâtre de tension est en mer de Chine, la GB reste y à sa place et les USA sont prudents.
    D’importantes manœuvres militaires chinoises ont eu lieu a la frontière de Taiwan, c’était la Corée du Nord en inversé.
    http://www.eastpendulum.com/brouilleur-bombardier-drone-ces-appareils-chinois-qui-tournent-autour-du-taiwan
    Si la GB vis a vis de la Russie ne réapprends pas à avoir le respect ses provocations vont continuer.

      +3

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  • JLR72 // 23.04.2018 à 11h55

    Entretien plus qu’intéressant, mettant en lumière l’arrogance britannique et la maîtrise russe. B. Johnson et JY. Le Drian devraient très sérieusement s’inspirer de Lavrov. E. Todd, dans une interview récente à France Culture, souligne les qualités des deux principaux dirigeants russes (Poutine, Lavrov) en matière de politique internationale, de réflexion stratégique, de références historiques dont le niveau excède celui des leurs homologues occidentaux. Pour ma part, je le rejoins sur cette analyse au regard des présidents et ministres des affaires étrangères actuellement en poste en France et au sein de nos alliés (Trump & Pompéo, May & Johnson, Macron & Le Drian).
    A la lecture de cet entretien, plusieurs éléments m’ont interpellé dont un en particulier:
    le journaliste, comme les autorités US, UK et françaises, se contente de présomptions fortes (« highly likely ») pour accuser sans ménagement et avec certitude la Russie.
    Lorsque Lavrov expose sa vision de l’attaque chimique et de l’implication des casques blancs, que dit-il à Lavrov? Avez-vous des preuves « irréfutables »; termes qu’il répète à plusieurs reprises (le postulat étant que les russes sont évidement des menteurs et des manipulateurs).
    A croire que le journaliste ne se rend même plus compte de cette incohérence flagrante.

      +11

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    • Ben // 23.04.2018 à 13h40

      Oui. Ce passage sur le « highly likely » (très probablement) m’a aussi frappé. Lavrov évoque « Alice aux pays des merveilles » pour argumenter de manière imparable contre les accusations en sorcellerie dont les Russes font l’objet. L’autre imbécile de journaliste répond « C’est votre avis ». N’importe quoi. Minable. Cela prouve que ce type est un ignare en plus d’être un crétin arrogant. Lavrov doit passer beaucoup de temps à mépriser des interlocuteurs comme ça. On en a fabriqué en quantités industrielles ces derniers temps dans nos soi-disant démocraties libérales. Ces gens nous font honte.

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  • lecrabe // 23.04.2018 à 12h01

    On dira ce qu’on voudra sur les US, il y est encore possible d’interviewer un officiel russe. En France, on commente entre copains des videos facebook…

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    • Philippe, le belge // 24.04.2018 à 14h49

      US? On est en Grande-Bretagne là, si je ne me trompe…

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  • TuYolPol // 23.04.2018 à 12h31

    On reviendra à cette interview récente de Todd où il remarque que « le niveau intellectuel des diplomates russes et des dirigeants russes est très supérieur à celui des Occidentaux ». Confirmation, encore une fois.
    Y a-t’il une seule intervention de nos troïkeux qui se distingue de l’agitation de derrière les latrines de la cour de récré ?

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    • Jean // 23.04.2018 à 13h24

      Vers la 9ème minutes pour ceux qui voudrait passer la partie « Syrie ». Il fait d’ailleurs à petit coucou à « son ami Oliver Berruyer » au passage. 😉

      La Parole de Satan
      https://youtu.be/iEldyA6jvJs

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      • JLR72 // 23.04.2018 à 16h09

        +1 @Jean!
        Un entretien que j’invite tout le monde à écouter…

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    • moshedayan // 23.04.2018 à 17h38

      TuYoiPol, j’apprécie Todd et connait bien la Russie, dire « niveau intellectuel » n’est pas juste selon moi, les dirigeants russes ne sont pas plus intelligents : la seule chose qui les rend plus forts est aujourd’hui « la maîtrise de soi » et la vue d’objectifs clairs. En face les « Trois O » trépignent de nervosité, d’agressivité et de hargne ce qui rend leurs actions grossières, dangereuses. Mais restons prudents. Theresa May a réussi son coup (si les Skripal ont été victimes de Poutine ou de Londres même, puisqu’ils ne disent plus rien et semblent même accepter le « statut de témoins sous incognito ». On ne les reverra plus selon moi (soit grassement payés soit éliminés un peu plus tard si tout est faux). Maintenant, la 2e étape, le boycott de la Coupe du Monde est en préparation. Enfin, dans quelques jours, attendez-vous les Français à ce que votre président Macron refuse de se rendre à St Petersbourg ( y a que Brigitte qui peut l’empêcher ? parce que la ville et les musées y sont vraiment magnifiques…)

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      • TuYolPol // 23.04.2018 à 22h06

        C’est vrai que dans l’affaire Skripal, rien de probant ne peut franchir les barrages des services les plus puissants des « Trois O », comme vous dites. Aucun témoin, aucun enquêteur, aucune victime n’est à l’abri ni sur le sol anglais ni ailleurs, aucune vérité autre que celle qui a été choisie d’avance, aucun scénario non compatible avec le plan.
        Je suis plutôt d’accord avec votre précaution à propos du « niveau intellectuel », qui met l’accent sur le fait que des plans apparemment imbéciles, grossiers, excessifs, désordonnés, incompréhensibles, s’expliquent davantage par la perversité inavouable et sous-jacente que par l’inintelligence. En d’autres termes, la dissonance cognitive ne laisse que peu de marge de manoeuvre. Ceci nous pousse de notre côté à chercher des solutions à cette dissonance manifeste, car notre détecteur de connerie hurle à plein régime.

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  • Cyrène // 23.04.2018 à 13h59

    Fascinant entretien, qui donne à voir l’étendue de la maîtrise diplomatique de Sergueï Lavrov, qui est le Metternich de son époque. Il me paraît clair que Lavrov marquera l’Histoire comme étant le plus grand diplomate de son temps (au-delà de ses évidentes qualités de diplomate il est évident que la longévité à son poste l’a certainement aidé à une projection de long-terme, quand la durée de « mandat » de ses homologues occidentaux est trop brève pour qu’ils songent à autre chose qu’à ces réseaux dont ils auront besoin par la suite pour se « reclasser » efficacement, financièrement parlant).

      +9

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  • Pinouille // 23.04.2018 à 16h36

    Indépendamment de l’avis que l’on peut avoir sur les affaires du moment concernant la Russie, il est à noter que (sauf erreur de ma part) les médias français ne donnent jamais la parole aux officiels russes, et ne retranscrivent à aucun moment le discours officiel de la Russie. Ainsi, la position russe n’est expliquée qu’à travers le prisme (déformant?) des journalistes/chroniqueurs/intellectuels français.

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    • Ben // 23.04.2018 à 22h06

      C’est particulièrement vrai pour ce qui est de TÉLÉ MACRON ( Arte) et RADIO MACRON (France culture). C’est en les écoutant qu’on se rend compte du crétinisme deshinibé des CSP+. Le quotidien « LE MONDE de MACRON » aussi est parfait, mais un poil trop caricatural. Je préfère la subtilité trotsko-atlantiste de MEDIAMACRON et les ruses du célèbre patron de presse moustachu à destination des nigauds qui se croient de gauche. Du grand art.

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  • Louis // 23.04.2018 à 17h50

    Les journalistes de nos jours sont d’une impolitesse crasse. Le type confond « dureté » et impolitesse alors que cela n’a rien à voir. On peut être excellent en débat et pousser l’autre dans ses retranchements sans pour autant être grossier, en fait c’est même généralement l’inverse. Un bonhomme me couperait la parole de cette manière, la première fois je l’avertis de ne pas recommencer, la seconde fois je me tire.

      +4

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  • tchoo // 23.04.2018 à 21h27

    Je note, tout même au milieu de ce flot de positisme de Lavrov qu’il évite parfois de rrépondre aux questions ou répond à côté.
    D’où une impression de léger malaise, comme si le « gentil » diplomate nous cachait des choses.
    Le journaliste, tout imbu de son arrogance n’est même capable de le remarquer

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  • Emmanuel Florac // 23.04.2018 à 22h55

    Même l’officine pro-occidentale basée à Londres appelée « Observatoire Syrien des droits de l’homme » a déclaré que la défense aérienne syrienne avait intercepté la grande majorité des missiles occidentaux:
    http://www.syriahr.com/en/?p=89324
    C’est dire le sérieux et la crédibilité des affirmations de nos gouvernements du « camp du bien », et de leurs médias aux ordres.

    À côté de ceux-là, le vieux diplomate madré Lavrov passerait presque pour un modèle de franchise…

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  • R.C. // 23.04.2018 à 23h14

    Lavrov est incontestablement un vrai diplomate, un grand diplomate.
    Ce que j’admire, c’est sa capacité à conserver un flegme imperturbable (j’allais dire « britannique », mais ce serait une grossièreté dans le cas présent…) face à l’un de ces journalistes dont le seul talent avéré est de couper systématiquement leur interlocuteur et de rester vissés sur leurs propres préjugés .

    En fait, Hard talk, signifie ici « difficile de pouvoir s’exprimer jusqu’au bout »…

    Pour ma part, je n’ai pas pu aller jusqu’au bout du texte. Ces coupures incessantes m’insupportent : ce que dit Lavrov est intelligent et passionnant ; le questionnement de son interviewer est, le plus souvent, pitoyable.
    Mais impossible de botter le c… de ce paltoquet qui, en plus, doit être satisfait de son « impertinence » !

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